Ken-ichi, le disciple ultime

L’esprit des arts martiaux

Bien que la série ne soit pas un shônen sportif, elle incite indéniablement à s’intéresser aux différents arts martiaux présentés dans ses pages. Les techniques d’entraînements ainsi que les combats ont beau être largement exagérés dans leur représentation des coups et des effets, on sent bien qu’il y a un travail de recherche évident derrière. Le fun et le spectaculaire est placé en avant, mais le titre nous rappelle que ces techniques ont des fondations bien réelles, et respectées dans ses principes.
Petit tour d’horizon de l’origine des arts martiaux enseignés à Ken-ichi par les maîtres de Ryôzampaku :

Jiu-jitsu : littéralement, la technique de souplesse. Il fut développé au Japon et spécifiquement créée à l’origine pour combattre des adversaires armés. Elle consiste principalement en des projections et des prises de soumission, et donc peu de coups directs sont portés. On peut dire qu’il s’agit de la version ancienne de disciplines comme le judo et l’aïkido. Le principe est de vaincre l’adversaire en retournant sa force contre lui, d’où son nom de technique souple.
Détail amusant, l’origine du nom « Akisamé », le maître de jiu-jutsu de Ryozampaku, provient sans doute de la légende du docteur Akiyama, qui comprit le principe du jiu-jutsu en voyant une branche de saule ployer sous le poids de la neige sans se rompre. Cela collerait assez bien au personnage du manga.

Muay Thaï : ou boxe thaïlandaise, le sport national en Thaïlande, immensément populaire dans son pays d’origine. Il s’agit d’une technique qui permet un usage intensif des coudes et des genoux, soit les parties les plus dures du corps humain, ce qui en fait une discipline relativement risqué, car un mauvais coup peut avoir des conséquences graves. Il s’agissait à l’origine d’une technique utilisée durant les batailles, et elle possède donc son lot de techniques décisives.
Il s’agit d’une pratique très physique, et qui demande probablement plus de courage que les autres styles lors d’un combat entre deux pratiquants.
Pour en avoir un avant-goût, les films de Tony Jaa (Ong-bak, l’honneur du dragon) sont une bonne référence.

Karaté : littéralement, la main vide, peut-être l’art martial le plus connu et la plus pratiqué dans le monde entier, rendu populaire notamment grâce aux nombreux films qui le mettent en scène. Un style direct et efficace, redoutable même quand on considère les techniques anciennes.

Arts martiaux chinois : la Chine est tellement riche en style divers qu’il serait impossible de les lister de manière exhaustive. Le terme générique est Kung-fu, ou wushu en chinois. C’est notamment le style employé par Jet Li et Jackie Chan, soit une technique gracieuse, voire acrobatique, basé sur l’utilisation de l’énergie, le chi, contenu dans le corps humain. Le Taï chi également, derrière ses airs de techniques relaxantes, est un art martial chinois redoutable.

Et vous, après avoir lu le manga, vous est vous intéressé à ces arts ancestraux ? Peut-être même avez-vous débuté l’apprentissage de l’un d’entre eux ?
 
 
  
 
 

Combats réalistes surréalistes

Dans un shônen d’arts martiaux, l’accent est bien sûr mis sur les affrontements, et il est plus que primordial que les combats soient dynamiques et bien menés. Aucun soucis à se faire de ce côté. En tant que manga basant son système de combat sur des arts martiaux bien réels, Les duels de « Ken-ichi, le disciple ultime » présente un étrange mélange de cohérence et d’incohérence.
L’effet des coups portés est bien trop puissant, spectaculaire, que pour être réaliste, surtout dans le cas de combats de maîtres. Les explosions de ki, les souffles d’air dégagés par la pression du poing, tout cela fait partie intégrante de la panoplie des combattants puissants de la série.
Néanmoins, on reste loin, très loin, d’un titre comme Dragon ball par exemple, dont le début était lui aussi basé sur les arts martiaux.
Les techniques décrites sont bien réelles, et d’un très haut niveau pour la plupart. Les renforcements musculaires de Ken-ichi sont basés sur des besoins vitaux, notamment l’équilibre, la puissance dans les jambes, dans les abdos, ou les exercices respiratoires.
« Ken-ichi, le disciple ultime », c’est un peu une sorte de fantasme, les techniques de combat qu’on rêverait tous de maîtriser, élevé à un niveau surhumain.

Pourtant, à aucun cas moment de la série ne sent-on une glorification de la violence à travers les arts martiaux. En effet, Ken-ichi, ses maîtres et ses compagnons ne lancent jamais les hostilités, ne se servent jamais de leur force contre des plus faibles, et le combat reste toujours la dernière extrémité.
On sent de la part de l’auteur un grand respect pour les arts martiaux, dans la façon dont il insiste bien qu’on ne devient pas un maître du jour au lendemain, que cela demande énormément d’efforts, et qu’une puissance acquise trop rapidement ne peut qu’être néfaste. La série n’insiste pas sur les tournois (il y en a qu’un seul, assez court, dans toute la série jusqu’à présent), car elle préfère amener les arts martiaux à un niveau plus quotidien, dans un monde sans règles, là où ils sont réellement utiles, afin de défendre ses valeurs et ceux qui nous sont chers, pas à prouver qu’on est le meilleur dans le cadre d’une compétition et à exposer sa force. Rien que les maîtres de Ryôzampaku par exemple vivent presque reclus derrière leurs lourdes portes, sans jamais faire étalage (sérieusement) de leur incommensurable supériorité sur un humain lambda.

La série possède un message très positif, un réel respect de la philosophie derrière les arts martiaux anciens (ce dont manque généralement leur version sportive, malheureusement), tout en demeurant complètement divertissante et pas prise de tête. Rarement un manga de combat aura su nous faire rêver à la manière d’un Dragon Ball et ses kaméhaméha (dont tout jeune garçon a au moins reproduit une fois le geste) tout en nous proposant des bases crédibles, qui nous sont tout à fait accessibles, si par exemple nous décidions, après avoir vu le Kao Loi d’Apachaï, de nous lancer dans la pratique du muay thaï, ou après avoir assisté à une démonstration de Sakaki, de nous lancer dans le karaté.