Gravitation - Actualité manga
Dossier manga - Gravitation
Lecteurs
19.50/20

La musique en second plan

 
 
Ce qui est bien avec Gravitation, c’est l’attachement de l’auteur à la musique et au monde du showbiz. La mangaka part avec une réelle décision d’exploiter cet univers. Entre le groupe qu’elle a fait naître, le décrivant un peu difficilement d’ailleurs, et les ficelles du métier, elle revendique clairement un manga à thématique musicale. On aperçoit d’ailleurs bien les difficultés des artistes. Shuichi n’arrive plus à écrire de chansons, Hiro a peur que la « passade » qu’est son groupe sabote son avenir et il songe à abandonner leur rêve commun. Plus tard, ils doivent à tout prix se faire connaître par des émissions pas forcément musicales pour faire parler d’eux, accepter de faire la première partie de nombreux concerts, un peu comme une seconde main. Enfin, le groupe doit absolument atteindre un certain objectif de vente et ils se battent pour trouver une maison de disque à leur hauteur. Parfois, leur manager leur fait faux bon ou bien ils se doivent de chercher un nouveau membre pour le groupe. Autant d’obstacles difficiles, d’étapes compliquées dans la formation et l’évolution de leur carrière d’artistes. Tout ça apparait plutôt bien aux débuts de la série. Vraiment, on lit facilement entre les lignes que l’auteur s’attache vraiment à la construction de leur notoriété. La romance entre Yuki et Shuichi s’instaure finalement assez rapidement dans le manga, ainsi que le dynamisme de l’univers musical, pour l’instant élément principal du titre. Sans trop s’étonner, on admire nos deux garçons en train de s’embrasser, bien que l’on perçoive parfaitement la froideur de Yuki. Le couple a cependant l’air de fonctionner, grâce à Shuichi qui fait tout pour le faire vivre, parfois pour deux, et grâce à la nonchalance de son partenaire. On aime donc bien la narration centrée sur le monde musical de Bad Luck, ça fonctionne. Et ce même si on se perd beaucoup dans les personnages secondaires, qui ont malgré tous un rapport plus ou moins direct avec l’univers de la musique. On peut dire, en tout cas, que tous les protagonistes sont hauts en couleur et généralement assez prometteurs, même pour les inclassables tels que Toma Seguchi ou sa femme, Seguchi dirigeant une maison de disques et faisant lui-même partie eu groupe des Nittle Grapser. On en apprend donc toujours un peu plus l’évolution des Bad Luck dans le monde du showbiz, grâce aux nombreux personnages. Mais ceux-ci ont également un peu tendance à faire dériver puis chavirer le manga. Rage et K. ont beau avoir un métier en rapport avec le monde musical, c’est par exemple eux qui amènent le plus de n’importe quoi dans la narration.

Et puis il y a le reste. Le reste où l’on oublie totalement le groupe et l’importance de la musique, pour faire passer tout le reste avant. Tout ce qui nous éloigne peu à peu, finalement, de notre intérêt pour le titre et de sa capacité à mettre le monde du showbiz en avant. Pour preuve que les motivations de Shuichi et les moyens par lesquels il arrive à ses fins ne sont pas toujours des plus purs, regardons le début de la série. Alors que Shuichi est privé de musique par sa mère, il reçoit la visite de Yuki qui tente de le prendre de force afin de lui montrer jusqu’où les sentiments qu’il exprime vont le conduire. Mais le Shuichi est un être complexe qui accepte les émotions mais pas les démonstrations physiques, ce qui fait que sa relation avec son bel écrivain n’est pas prête d’avancer … Et voilà sa préoccupation de départ. Voilà ce qui le perturbe vraiment. Ce gosse ne pense finalement qu’à sa relation amoureuse, et l’auteur s’y attache parfois un peu trop. Mais un autre drame autrement plus important se met en place juste devant le pauvre Shindo qui n’en avait pas besoin : Hiro, son meilleur ami et soutien de toujours lui annonce que la musique, c’est fini pour lui. Il rend sa guitare et veut se concentrer sur des choses plus importantes. C’est donc la grosse dispute, réconfort made in Yuki, mais Hiro se rend bien vite compte l’erreur qu’il vient de commettre … La musique c’est tout pour lui et arrêter serait stupide. Aussi, lors de la cérémonie de fin d’année de l’école, les deux compères improvisent un concert inattendu et se font remarquer par Sakano, le manager de la célèbre maison d’édition N-G. Le début de la gloire arrive pour les deux lycéens un peu perdus faisant de la musique à deux sous, et la carrière de Bad Luck se fait projeter d’un coup d’un seul dans un univers bien réel dont ils ont bien souvent rêvés. Jusque là, c’est un peu fantasmagorique mais encore assez logique comme déroulement. Et c’est tout ce qu’on verra de l’évolution de carrière des jeunes gens. Après, ça part dans tous les sens et on ne les verra chanter que de temps en temps, et toujours à d’autres fins, toujours sans réelle implication.
 
 
 
 
 
Typiquement, quelque chose de ridicule. Quand on est célèbre, tout le monde se retourne dans la rue, les fans viennent jusque dans les studios d’enregistrement … C’est un peu ce qui arrive à Shuichi Shindo, petit chanteur en vogue qui décolle en ce moment, s’attirant son lot de fans … mais pas seulement. Depuis que Bad Luck monte dans la popularité de la maison qui les produit, leurs rivaux perdent patience. Le groupe ASK ne souhaitant pas perdre la face contre un chanteur aussi ridicule (et on le comprend, quelque part …), leur leader va tenter de remettre les pendules à l’heure ne faisant chanter Shuichi au moyen de photos compromettantes alors qu’il entreprend de le laisser se faire violer par des connaissances à lui. Notre petit héros ne cède que lorsque Taki Aizawa, son bourreau, le menace d’entacher le nom de Yuki. Mais ce dernier ne l’entend pas de cette oreille, et dès qu’il apprend cette anecdote par le meilleur ami de celui qu’il est supposé connaitre mieux que tout le monde, Yuki pète un câble. Il se venge en bonne et due forme, avant d’annoncer à Shuichi que plus rien ne lui arrivera par sa faute, puisqu’il compte bien disparaitre de sa vie … Les révélations de Yuki ne font que renforcer le stéréotype du personnage sombre et torturé qui ne peut plus aimer-mais-c’est-pas-de-sa-faute et qui va finalement dévoiler un cœur tendre. Le pire sera sans doute la déclaration de notre héros national qui banalise son viol, piétinant ainsi toute once de psychologie et de pertinence. Ce si classique procédé aurait pu être une pièce maitresse du récit, au lieu de quoi cela reste un détail dans le scénario, comme si un viol n’était pas grave ni important … Mais quelle horreur, quelle honte et surtout quelle maladresse dans ces déclarations !

Ce n’est finalement pas tellement la musique qui nous intéresse dans ce manga, ou du moins qui passionne l’auteur. Celle-ci préfère se concentrer sur une émission à laquelle Shuichi va devoir participer. En cuisinant. Véritable pari pour le groupe Bad Luck qui a besoin de briller pour faire vendre. Et c’est le parfait exemple pour illustrer le manque de régularité de la mangaka dans son intérêt pour la musique. Si elle songeait réellement à faire un manga à ce propos, elle aurait pu y ajouter de la finesse, ou faire à la manière de Beck un réel parcours du combattant pour parvenir à réaliser des concerts dignes de ce nom. Là tout est trop facile, et surtout sans logique, sans implication, sans passion. La preuve en est Hiro, qui va -encore- décider de quitter le groupe. Sauf que cela entraine -encore- la décision de Shuichi d’abandonner. Un mini complot se monte alors autour d’eux, pour remotiver les deux amis que l’on croit unis à vie dans le désir de faire de la musique ensemble ... mais qui sont simplement par l’appât du gain. Un million de vente, et nos deux héros décrochent chacun de leur côté un rendez-vous très spécial avec l’élu(e) de leur cœur. De quoi motiver les troupes, et pas qu’un peu ! Bravo l’image des stars actuelles de la musiques, véritablement habitées par leur passion et leur musique …
  
 

© Maki Murakami - GENTOSHA COMICS INC.

Commentaires

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gonxkirua

De gonxkirua [108 Pts], le 19 Juin 2013 à 14h15

17/20

Ce dossier n'est pas du tout une mauvaise critique mais me paraît sincère et me donne presque envie de les lire. 

A vrai dire, je n'ai regardé que l'animé de Gravitation et j'ai vraiment bien aimé; il y a mieux c'est vrai, mais l'histoire est là et ça ne part pas en mode WTF?. Alors surement que l'animé ne représente que les premiers tomes, et qu'il a peut-être dû être arrangé?!

NiDNiM

De NiDNiM [912 Pts], le 18 Juin 2013 à 23h13

Je vous remercie vraiment pour vos réactions. Cela me fait plaisir de voir que vous avez su voir le but de mon dossier, qui n'était pas de critiquer gratuitement mais d'essayer d'avoir un véritable regard objectif sur cette série. Honnêtement, c'est mauvais. Mais c'est un mythe alors c'est vraiment sujet à discussion.

C'est agréable de voir que je n'ai pas de retour négatifs de gens qui ne comprendraient pas la démarche. Merci ! 

Crystalis

De Crystalis [187 Pts], le 18 Juin 2013 à 17h36

20/20

Merci pour tous ces renseignements, au moins ceux qui n'ont pas lu la série savent à quoi s'attendre maintenant... 

Personnellement, je continue à me demander si la mangaka n'a jamais réalisé que ce manga est juste incompréhensible... Personne ne lui a-t-il jamais fait la réflexion ?

Mais bon, il faut bien reconnaître que Gravitation est "resté dans les mémoires" comme l'un des premiers yaois (même si il est loin d'être le meilleur de son époque : Zetsuai 1989 [& Bronze], Fake, Kizuna, Ai no kusabi [roman ensuite adapté en OAV], Honō no Mirāju sont, de mon point de vue, largement plus travaillés et plus profonds).

Très bon dossier en tout cas !

Aigakin

De Aigakin [4138 Pts], le 18 Juin 2013 à 15h57

20/20

Vraiment trop génial! Merci pour tout ces renseignements.

CLO

De CLO, le 17 Juin 2013 à 16h30

18/20

Très bon dossier ! c'est un miracle en soit d'avoir pu aussi bien analyser un manga aussi mauvais et incompréhensible . rien que pour ça :  je dis respect ! j'ai  personnellement craquée et arrêtée de le lire au 5ème ou au 6ème tome et je vois que je n'ai rien raté à la lecture de ce dossier.... en revanche, même si les dj sont super crus et trash... je les préfère au manga original car au moins le but est clair : c'est du porno pur et dur. n'ayant rien compris et donc rien retenu de l'histoire originale, les invraissemblances des scénarii des dj ne m'ont pas choquées. Après c'est clair, que c'est du porno gore. vraiment pas pour tous.

LeFake

De LeFake, le 16 Juin 2013 à 10h28

20/20

Très bon dossier!

Même si je possède les 12 tomes de "Gravitation", je n'ai pu réellement m'insurger contre ce qui était dit car c'est malheureusement un peu (beaucoup?) vrai. J'aime beaucoup la série, elle me fait rire tant elle est WTF, mais c'est sûr que niveau scénario et dessin, ce n'est certes pas un chef d-oeuvre.

 

Ce dossier a le mérite de dire ce qui n'est pas extra dans la série et ses dérivés, sans pour autant dire "C'est de la m***e!" ce qui est très appréciable. Au moins, les potentiels futurs lecteurs sauront à quoi s'en tenir et donc qu'ils ne devront pas attendre le chef d'oeuvre du siècle!

NiDNiM

De NiDNiM [912 Pts], le 14 Juin 2013 à 16h24

Ah ah ah.

C'était le but, je crois que la série a tendance à provoquer la même réaction si on la prend au millième degrés. 

Peut être. 

Rukia05

De Rukia05 [1807 Pts], le 14 Juin 2013 à 16h18

19/20

Après ce dossier j'ai une folle envie de commencer Gravitation dont la profondeur, le réalisme et le scénario complexe ne font plus aucun doute O:-) 

Bon sérieusement, merci pour ce dossier (à) j'avais le sourire aux lèvres durant toute la lecture ;) 

chisatoMichizane

De chisatoMichizane [940 Pts], le 14 Juin 2013 à 15h19

20/20

Merci!! ;) comme toujours le docciers est génial! Merci <3

Azu

De Azu, le 14 Juin 2013 à 14h40

20/20

Merci pour cet exelent dossier.

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