Digimon Adventure - Actualité manga
Dossier manga - Digimon Adventure
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18/20

Et les films dans tout ça ?


Qui dit série à succès dit long métrage, et Digimon n’a pas échappé à la règle. Chaque série de la franchise (ou presque) a eu droit à ses adaptations dans les salles obscures mais dans le cas de Digimon Adventure, la formule fut un peu différente.

Le 6 mars 1999 sort le film sobrement intitulé Digimon Adventure dans les cinémas japonais. Plus précisément, c’est dans le cadre du Toei Anime Fair du printemps 1999 que le film est diffusé en salles, aux côtés du dixième film Dr Slump et du film de la fameuse "saison 0" de Yu-Gi-Oh ! . Durant une vingtaine de minutes, ce premier film sort en salles un jour avant la diffusion du premier épisode de la série télévisée. Au court de celui-ci, la toute première bataille de Digimon vue par les Enfants Élus de la première série est montrée, un événement majeur qui sera d’ailleurs cité dans Digimon Adventure, expliquant l’origine de cette génération de sauveurs du Monde Digital.

La particularité de ce premier film est son esthétique, si originale dans sa direction artistique qu’il est difficile de le voir comme un simple film de monstres pour enfant. A la réalisation, un animateur commençait à faire ses preuves : Mamoru Hosoda. Le style visuel du film est d’ailleurs très différents de la série télévisée, bien qu’on reconnaisse les personnages, ce qui apporte un certain cachet à la production. Pourtant, c’est bien Katsuyoshi Nakatsuru, character-design des quatre premières séries Digimon, qui a la charge des personnages. Dans sa réalisation ainsi que son animation, le film se montre impeccable, vif et prenant, le tout sublimé par son ambiance un brin décalée par sa musique. La bande-originale du film ne compte qu’une seule piste en dehors du générique d’ouverture de la série, Butter-Fly par Koji Wada : le Boléro de Ravel dont les différentes phases sont jouées selon l’intensité de l’action. Bien qu’il soit court, ce premier film sonne donc comme une expérience assez unique et pour celui qui entame son visionnage de Digimon Adventure par cette production, dans l’ordre chronologique des événements donc, la sensation d’avoir affaire à un anime de monstres différent des autres est plus qu’évidente.

Le 4 mars 2000, un jour avant la diffusion de l’épisode 51 de Digimon Adventure sur les petits écrans japonais, le Toei Anime Fair de printemps de l’année 2000 démarre, accueillant le tout premier film One Piece aux côté du second et dernier film de la première série Digimon. Digimon Adventure : Bokura no War Game ! ("Notre jeu de guerre !" en français) est une nouvelle fois réalisé par Mamoru Hosoda qui s’inspirera énormément de cette production pour réaliser Summer Wars en 2009. Le film, long d’une quarantaine de minutes, se déroule quelques temps après la fin de Digimon Adventure, alors que les Enfants Élus ont repris une vie normale. Mais lorsqu’un Digi-Œuf éclot et donne naissance à une créature qui engloutit les données d’internet, l’informatique du monde entier déraille et perturbe l’équilibre de la planète. Ce sont Taichi et Kôshirô, seuls présents durant les vacances de printemps, qui tenteront d’endiguer la menace avant d’être rejoints par Yamato et Takeru, en séjour chez leurs grands-parents.

Une fois encore, un film Digimon surprend par son esthétique et sa réalisation, mais aussi par son intrigue cette fois-ci. Si le premier métrage présentait des événements déjà évoqués par la série télévisée, l’intrigue ici est totalement inédite. Plus que présenter un nouveau combat pour cette génération d’Enfants Élus, elle assure la continuité dans le développement des personnages, dans la relation entre Taichi et Sora par exemple, l’amourette entre les deux étant un sujet revenant même subtilement dans les films Digimon Adventure tri. Yamato s’est émancipé, lui aussi. Son opposition avec Taichi constitue même l’objet central du climax du moyen-métrage, une séquence sublime de par ses messages (l’alliance de l’humanité face à un ennemi commun) et sa mise en scène qui en fait un moment aussi intense que poétique. Le second et dernier film de Digimon Adventure tient donc ses promesses même si ça ne signifie par la fin des apparitions de Taichi et sa bande dans les films Digimon. Il y aura, certes, Digimon Adventure tri à partir de 2015, mais la troupe apparaîtra aussi dans les deux films Digimon Adventure 02.


  


Étonnamment, alors que Digimon n’a eu qu’un succès finalement éphémère en France, une sortie cinéma des deux films d’Adventure premier du nom fut programmée le 4 avril 2001. Évidemment, un film de 20 ou 40 minutes, voire même une heure seulement, paraît inconcevable. Aussi, Saban a concocté tout un programme pour proposer un film Digimon de 85 minutes : prendre les deux films de la première série et le premier de Digimon Adventure 02, Digimon Adventure 02 : Débarquement de la tempête Digimon !! L'évolution suprême !! Les Digi-Oeufs dorés, charcuter le tout et bricoler les dialogues pour donner lieu à une seule production qui donnerait l’illusion d'un tout. Si l’intrigue du premier film reste étonnamment fidèle à la version d’origine, malgré des modifications dignes de Saban, c’est sur les deux parties suivantes que la catastrophe se montre. Des éléments de Bokura no War Game ! sont modifiés de telle sorte à avoir un impact sur le premier film de la deuxième série qui, pourtant, n’a aucun lien avec les productions précédentes dans son intrigue. Le résultat est évident d’un point de vue narratif : le tout est confus et sans queue ni tête. Et une fois encore, les dialogues sont remaniés de telle sorte à caler des blagues et jeux de mots à tout va, si bien que la troisième et dernière partie de Digimon – Le film n’a strictement plus rien à voir avec la production d’origine, sans compter les nombreuses coupes qui éliminent des séquences cruciales. Concernant la partie sur Bokura no War Game !, mention spéciale à la relation entre Taichi et Sora, retouchée pour devenir niaise là où la version originale restait suffisamment subtile pour montrer les sentiments naissants entre les deux, sans jamais en faire trop.

Aussi, est-ce utile de signifier que la bande-originale a été entièrement retouchée ? Le film, tel qu’il est sorti en occident, propose nombre de compositions chantées, aux paroles aussi profondes que sur le générique français, des pistes qui seront parfois reprises dans la version occidentale de Digimon Adventure 02. Évidemment, le Boléro de Ravel n’est plus, préférez plutôt quelques chansons populaires du rock américain comme The Rockafeller Skank de Fatboy Slim pour ne citer que cette piste. En guise de générique de fin, une reprise de Kids in America par le groupe Len. Oui, le film occidental Digimon aura marqué la surenchère de l’occidentalisation de la licence, et un massacre artistique qui aura rarement été aussi violent pour un anime.




Enfin, connaissez-vous Angela Anaconda ? Cette série canadienne, crée en 1999, a la particularité de son esthétique qui donne l’illusion de visages humains collés dans un ensemble en papier, un peu comme ce que Wallace et Gromit faisait avec la pâte à modeler. Exception faite qu’Angela Anaconda n’a pas gagné le statut de série qui a marqué son temps, sans compter sa tonalité assez particulière et absurde. Le rapport entre cette série et Digimon Adventure, c’est que Saban a jugé bon de créer un court métrage spécial d’Angela Anaconda en guise d’introduction au film. Au court de celui-ci, Angela et ses amis vont voir Digimon – Le film au cinéma, ridiculisant ainsi volontiers la série originale en se moquant sans vergogne de ses codes et ses concepts, faisant passer l’œuvre pour une série abrutissante sans prendre en compte son fond. Si la monture occidentale du film Digimon est une honte en soi, c’est peut-être cette introduction qui laisse le goût le plus amer dans la bouche des fans, même aujourd’hui.

Notons qu’en ce qui concerne Digimon en France, que ce soit Adventure ou les séries qui suivront, nous n’avons jamais connu que la version sabordée par Saban. Aussi, les versions originales ne restent accessibles qu’à l’import. Il est alors navrant de constater, que ce soit la série ou les films, que ce qui nous a été offert sonne comme une contrefaçon qui ne ressemble en rien aux productions de Toei Animation.


Les éditions françaises


A l’image du succès de Digimon qui a rapidement décliné, montrant que la franchise n’a été qu’un phénomène de mode auprès des plus jeunes au début des années 2000, la série Digimon Adventure a eu droit des éditions sur supports physiques compliqués.

En 2001, les premiers épisodes paraissent sur support VHS et DVD, chaque volume ne proposant que trois épisodes. Ce type de produit, ciblant surtout les enfants, est souvent voué à une édition éphémère, les parents n’achetant qu’un volume ou deux à leurs petites têtes blondes, sans compter que le phénomène Digimon n’allait pas s’étendre sur la durée. L’édition s’arrête sans avoir proposé l’intégralité de Digimon Adventure, après une quarantaine d’épisodes distribués, environ. A cette époque, seul le film Digimon, qui sortira au format vidéo en octobre 2001, sera une valeur sure pour les fans.

Il faut ensuite attendre 2007 pour avoir droit à une édition plus décente de Digimon. L’éditeur L.C.J. entreprend la tâche de proposer les trois premières séries, les seules sorties en France à l’époque, dans une série de 7 coffrets DVD. Maladroite, l’édition propose les séries Digimon Adventure, Digimon Adventure 02 et Digimon Tamers à la suite, avec la fin d’une œuvre et le début d’une autre sur le même coffret. S’il était difficile pour l’éditeur de proposer VF et VO, ce qui reviendrait à proposer deux séries sur un coffret, on reprochera à L.C.J. le manque d’implication du côté des visuels, mélangeant artworks des deux premières séries sur l’ensemble des coffrets, y compris deux de Tamers. En ce qui concerne Digimon Adventure, les épisodes sont répartis sur les trois premiers coffrets, le troisième proposant aussi les débuts de Digimon Adventure 02. Si on peut voir cette édition d’un mauvais œil, gardons à l’esprit qu’avoir droit à une édition intégrale des trois premières séries était inespéré au milieu des années 2000. Notons alors que cette édition n’a pas dû rencontrer un grand succès, preuve en est le joli format digipack troqué contre des boitiers amarays dès le troisième coffret. Néanmoins, L.C.J. est allé au bout de son édition, un effort qu’on se doit de saluer.


  
  
  


Commentaires

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Rei366

De Rei366 [74 Pts], le 30 Juillet 2017 à 22h20

Un bel article.

A noter que contrairement au reste de l'Occident, la version allemande d'Adventure (comme de toutes les autres séries Digimon jusqu'à Savers) a été conçue à partir de l'originale, seuls les noms occidentaux ont été empruntés à la version SABAN.
Evidemment, comme la série était destinée aux enfants, les chansons (opening, ending, inserts) ont toutes été adaptées en allemand (en retenant les mélodies de base). Reste que le travail est clairement d'un autre niveau que la VF. Ce n'est probablement pas un hasard que ce pays ait importé la plupart des séries et les ai multi-diffusées sur RTLII et Tele5.
D'ailleurs, certains films de Adventure Tri ont eu droit à une diffusion TV (satellite). Et la série originale est en cours d'édition DVD (doublage/vo).

Yumekoi

De Yumekoi [103 Pts], le 04 Juillet 2017 à 18h53

J'ai bien aimé le lire, contente que vous ayez fait un dossier dessus :)

Digimon Adventure est un très bon anime, celui de mon enfance ^^

Après je ne l'avais pas vu en version française à l'époque et la première fois que j'ai entendu la version française, j'étais restée sans voix...?!

Pour moi Digimon Adventure est la meilleure saison de toute la série (j'ai tout de même regarder jusqu'à la saison 6) Après la plupart des longs animes se dégradent au fil des saisons...

Les OST sont superbes !!

Il y a bien 2 choses que je ne supporte dont l'un est très bien évoquée dans le dossier : cette habitude que les gens ont de comparer Digimon et Pokémon (selon moi Digimon est bien meilleur dans l'enchaînement et surtout il y a une réelle histoire qui se construit alors que Pokémon a plus l'air d'être une suite de petites histoires, même si la saison est pas mal. Même si je trouve Digimon meilleur, c'est Pokémon qui a su garder le succès auprès du public français. Maintenant si je demandais au gens de mon âge s'ils connaissent Digimon, il n'y a que 1/50 des personnes qui vont réagir alors que Pokémon tout le monde connaît)

La deuxième chose que je ne supporte pas chez l'adaptation française en dehors des voix, c'est leur habitude de changer les noms des personnages à cette époque pour justement s'adapter au public français, comme ils ont fait avec Ranma 1/2... Heureusement qu'ils ne le font plus de nos jours !

Merci infiniement d'avoir écrit ce dossier, ça m'a rappelé de bon souvenir :3

Chernabog

De Chernabog, le 02 Juillet 2017 à 00h28

18/20

Très bon dossier, par contre, 4Kids Entertainment et Saban sont bien deux sociétés différentes, même si elles ont tout deux à peu près les mêmes méthodes méprisables lorsqu'il s'agit d'adapter des animes japonais...

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