Tetsuya Toyoda, un auteur aussi rare que précieux
Tetsuya Toyoda (豊田徹也) est né au Japon en 1967 dans la ville de Hitachi, au sein de la préfecture d'Ibaraki, sur la côte Est de l'îme de Honshu.
Se montrant intéressé par le milieu du manga à partir de son adolescence, il essaie, dès l'année 1987, à l’âge d’à peine vingt ans, de percer via le concours du magazine Afternoon des éditions Kôdansha en présentant une histoire courte, mais il échoue malheureusement à remporter un prix.
Il se dirige alors vers une carrière classique d’employé au sein d’une grande entreprise, mais il ne renonce jamais vraiment à son intérêt pour le manga, si bien que seize ans plus tard, en 2003, il finit par percer en remportant enfin le prix du concours du magazine Afternoon grâce à son histoire courte « Goggles », la première publication professionnelle de sa carrière, et le récit donnant son nom au recueil éponyme.
Dès lors, il restera toujours fidèle aux éditions Kôdansha, et publiera quasiment tous ses récits dans le magazine Afternoon.
Dès le mois d’octobre 2004, il entame ce qui reste, à ce jour, son manga le plus long et le plus célèbre, Undercurrent (アンダーカレント), qu’il achève l’année suivante. Publiée en France par les éditions Kana en septembre 2008, cette histoire en un seul épais volume connaît une belle popularité au Japon, en installant Toyoda parmi les plus prometteurs portraitistes de la société du moment, à travers des personnages particulièrement justes. La reconnaissance est toutefois peut-être encore plus forte dans notre pays, l’oeuvre devenant un beau succès de la collection Made In de Kana, remportant le Prix Asie de l’ACBD en 2009, et étant nommée dans la sélection officielle du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême cette même année.
Undercurrent nous immisce dans une histoire intimiste. Alors que c’est le jour de réouverture aux bains publics Tsuki no Yu, les habitués défilent à l'accueil. Sur toutes les bouches, une seule question : le mari de Kanae est-il revenu ? Voici deux mois qu'il a disparu, parti en voyage avec le syndicat des bains, il s'est envolé dans la nature. Bien qu'elle essaie de le cacher, Kanae vit douloureusement cette disparition qui résonne pour elle comme un abandon. Fort heureusement, M. Hori, envoyé par le syndicat, soulagera la tâche des deux femmes travaillant là. Le soutien moral de ce nouvel assistant parviendra-t-il à apaiser les tourments de la jeune femme ?
Mais à part Undercurrent, Tetsuya Toyoda se spécialise essentiellement dans le registre des histoires courtes, en en dessinant un certain nombre pendant les premières années de sa carrière, ce qui a abouti sur la sortie de deux recueils en format broché.
Tout d’abord, en décembre 2009, le livre faisant l'objet de ce modeste dossier, Coffee Jikan (珈琲時間), recueil sorti en France dans la collection Latitudes des éditions Ki-oon le 9 octobre 2014 sous le nom Coffee Time comme déjà dit précédemment.
Ensuite, Goggles (ゴーグル), qui a vu le jour dans son pays d’origine le 23 octobre 2012, et qui est arrivé en France, lui aussi au sein de la collection Latitudes des éditions Ki-oon, le 10 octobre 2013.
Goggles est un recueil qui regroupe six histoires fragiles et délicates, qui offrent la peinture de moments de vie volés, et qui convient le lectorat à un voyage au cœur du Japon intime du mangaka, entre rires et larmes. Mais pour en savoir plus sur ce recueil, vous pouvez consulter le dossier qui lui a été consacré il y a quelques mois.
Cependant, depuis la sortie de Goggles, la carrière de Tetsuya Toyoda dans le milieu du manga s’est, malheureusement, faite plus discrète, puisqu’il n’a, depuis, publié aucun nouveau livre broché. On peut tout de même noter sa participation en 2015, aux côtés de très talentueux artistes comme Hitoshi Ashinano (Escale à Yokohama), à Mushishi Gaitanshuu (蟲師外譚集), une anthologie collective hommage au sublime manga Mushishi de Yuki Urushibara, puis sa collaboration en 2020 à MANGA Day to Day, un « manga-relais » en deux volumes, qui fut initié sur internet via un compte twitter officiel, et au fil duquel plus d’une centaines d’artistes se sont relayés afin de dépeindre la vie quotidienne dans un monde post-coronavirus.
