Fake - Actualité manga
Dossier manga - Fake
Lecteurs
20/20

L’humour à en mourir


On parlera un peu plus bas de la profondeur que peut engendrer le manga, mais avant cela il y a un point important voire primordial à soulever : l’humour. C’est lui, notamment, qui sauvegarde la série du cliché dramatique qui la guette à chaque tome où les sentiments prennent un peu d’ampleur, menaçant à tout instant de se noyer dans les stéréotypes vus et revus sur une relation pavée d’obstacles. Un souvenir, une enquête, un meurtre, autant de choses qui peuvent réveiller les sentiments. Et bien l’auteur s’en sort magistralement pour éviter les chutes redondantes ou pleines de bons sentiments. D’un moment romantique, elle en fait une situation propice au rire par l’empressement de Dee ou la résistance souvent peu efficace de Ryo. De même, l’acharnement de JJ ou le caractère obtus et colérique du chef Smith sont autant de composantes qui ajoutent à l’humour sous jacent à la série. Humour qui n’hésite pas à ressortir en toutes circonstances, que ce soit autour de nos héros ou de personnages secondaires, que ce soit après une enquête difficile ou au boulot. Tout est source de badineries et d’amusement, un aspect du manga qui allège beaucoup une narration qui aurait pu se montrer poussive et abusant des effets du dramatique. Un simple baiser devient alors la cible d’une intervention d’un élément extérieur, une caresse entraine la persévérance d’un Dee qui renonce finalement sous le manque d’adhésion de son partenaire ... Tout ça fait partie de l’humour de Fake, puisque l’auteur n’hésite pas à tourner en dérision les difficultés émotionnelles de Ryo et les conséquences sur son partenaire. On rit alors beaucoup des défauts de chacun, exagérés pour l’occasion. L’admiration de JJ, l’énervement du chef Smith, la décontraction de Drake, la séduction de Diana, le côté sadique de Rose sont autant de petits rien qui, une fois légèrement amplifiés, donnent cet aspect atypique et caractériel à la série en passant par le rire. Difficile en effet de résister aux manigances de Rose ou à l’entrain de JJ quand ils veulent vraiment nous amuser de par leur potentiel humoristique bien réel, existant en chaque protagoniste.



 

Et pourtant, ce même aspect « rire » n’a pas que des bons côtés. En effet, si le manga tente d’en faire une qualité et s’y réussit plutôt bien, l’humour reste un défaut inhérent à la narration quand il est mal dosé. Les situations qui provoquent ce genre de réactions sont en effet souvent téléphonées, prévisibles et peu changeantes. Un moment d’intimité entre nos deux héros, signée par l’arrivée intempestive de l’un ou l’autre des éléments perturbateurs de la série, et cela devient lourd. Que ce soit Vikky, Cal, Rose, JJ ou Diana tout le monde s’y met pour les déranger, et ceci pendant les six premiers volumes -mais surtout le tout début de la série-. On se demande alors si partout où se trouvent Dee et Ryo on doit s’attendre à des complications peu crédibles de ce genre ... Les coïncidences se font un peu abusives, et n’ont lieu que pour combler la célérité de la mangaka à se faire rapprocher nos amoureux, alors que la consécration de leur amour n’aboutit qu’à la toute fin de l’œuvre. Il faut donc bien combler, et pour cela on utilise allégrement ces interventions peu discrètes et manquant clairement de finesse. Au bout d’un moment, cet humour là en particulier commence à peser, alors que les touches plus légères et plus pertinentes continuent de fonctionner à merveille. L’évolution de nos héros est alors très limitée, toujours interrompue par le hasard et même les réflexions de Ryo sont parfois entachées d’un agent extérieur qui vient troubler une conclusion évidente ou une prise de conscience nécessaire. Ce qui a pour conséquence de prêter une certaine lenteur à Ryo en ce qui concerne la prise de décision. Il lui faudra notamment de nombreux chapitres pour progresser alors qu’il balançait un peu entre hésitation, refus et laisser aller. Ainsi, l’histoire stagne pendant de longues périodes où seules les enquêtes, trop courtes pour être passionnantes, occupent le lecteur. Et lorsque -miracle !- les deux jeunes gens se retrouvent dans l’intimité, Ryo gâche tout par son air paniqué, interrogateur et peu assuré, ce qui a le don de refroidir Dee. En somme, Sanami Satoh profite de l’humour de sa série pour la saboter à plusieurs reprises, sans toutefois y arriver réellement. En effet, une fois les premières critiques passées on s’habitude assez facilement au style et la relecture est bien plus facile, fluide et largement moins pesante quand on sait ce qui nous attend.
 
 

FAKE © Sanami Matoh/BIBLOS Co., Ltd.

Commentaires

DONNER VOTRE AVIS
Aigakin

De Aigakin [4138 Pts], le 23 Septembre 2011 à 14h23

20/20

Fake est une très belle oeuvre et fort heureusement pour moi,j'ai eût la chance que qu'elle qu'un met en vente la première saison(7 volumes)en occaz. C'est dommage qu'il ne le réédite pas pour ceux qui désir l'avoir dans leurs collection. Perso,je le conseille au fan de yaoi.

VOTRE AVIS



Si vous voulez créer un compte, c'est ICI et c'est gratuit!

> Conditions d'utilisation