World Embryo - Actualité manga
Dossier manga - World Embryo

Quand l’au-delà vous pond un œuf


Que vos proches disparus depuis belle lurette tentent de quitter l’au-delà où ils étaient confortablement installés afin de prendre contact avec vous, c’est une chose. Qu’ils vous laissent Qu’ils vous laissent avec un email, une photo et, surtout, un cocon qui ne contient rien d’autre qu’un bébé qui n’est rien de moins que leur copie conforme, c’en est une autre ! Improbable ? Surement. Inconcevable ? Certainement. C’est pourtant sur ce singulier point de départ que s’ouvre World Embryo. De quoi laisser circonspect, mais surtout curieux ! Où donc Daisuke Moriyama compte-t-il nous emmener ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que le mangaka ne se privera pas, dès le départ, de brouiller les pistes quant à ce qui nous attend à la lecture de son œuvre. Ca tombe bien, c’est ça qu’on aime !

Mais commençons par le commencement. Si l’on regarde World Embryo d’un point de vue très extérieur, on a l’impression d’être face à une série qui oscille entre shonen et seinen avec ce qu’il faut de pouvoirs qui en jettent et de monstres aux tronches affreuses pour amuser et satisfaire le chaland. En soi, ce n’est pas tout à fait faux. Mais ce n’est pas tout à fait vrai pour autant. L’œuvre de Daisuke Moriyama a de quoi divertir, certes, mais se classe clairement dans une catégorie supérieure à la moyenne. La raison à cela est simple. Au lieu de se contenter du service minimum et fainéant, la série apporte de la complexité et des concepts intéressants lorsque c’est nécessaire tout en restant suffisant accessible pour ne pas tomber dans le puit des séries rendues abscondes à trop vouloir en faire. Tout commence en effet assez simplement, avec un personnage principal qui n’est autre qu’un adolescent en apparence lambda. On remarquera néanmoins rapidement que sa situation familiale est quelque peu singulière. Il a perdu sa mère lorsqu’il était très jeune, le laissant seul avec son père. Ce dernier a par la suite pris sous son aile les deux filles (Shizuru et Amane) de son mentor, décédé lui aussi. Ils ont ainsi formé un semblant de famille, à quatre, jusqu’à ce que le père de Riku (la grande majorité absent à cause de son travail) et la plus âgée des sœurs décident de rendre cette famille encore un peu plus tangible en se mariant. Riku se retrouverait dès lors avec Shizuru comme belle-mère et Amane comme une tante s’inscrivant davantage dans le registre de demi-sœur. Voilà qui n’est pas des plus simples. Et si vous êtes d’ores et déjà perdus, ça ne risque pas de s’arranger par la suite ! En effet, cette situation relativement compliquée sur le papier ne deviendra jamais tout à fait une réalité étant donné qu’Amane est décédée quelques jours seulement avant le mariage prévu. Ce dernier a du coup été repoussé à une date indéterminée. Du coup, dans les faits, Riku vit la majorité du temps seul avec Shizuru.





Voilà pour la situation familiale de notre héros. On ne peut cependant pas éviter un petit retour sur Amane étant donné l’importance de la demoiselle au sein du récit. La jeune fille est décédée il y a deux ans de cela dans l’explosion et l’incendie de l’hôpital dans lequel elle avait pris l’habitude de faire du bénévolat. Cet hôpital, elle y avait été pour la première fois quelques années auparavant pour faire se faire soigner. C’est d’ailleurs à cette époque que Riku a rencontré Yohei. Cet hôpital, c’est également celui où travaillait le frère de Togo, décédé lui aussi dans les mêmes circonstances qu’Amane. La rumeur courait que tous deux entretenaient une liaison ou, en tout cas, avaient des sentiments l’un pour l’autre. Cependant, c’est au moment même où Riku allait être fixé sur cette épineuse question que sa tante, dont il était depuis longtemps déjà amoureux, a disparu. Autant dire que le jeune homme ne s’est jamais remis de cette mort soudaine. On comprend dès lors mieux le choc que provoque, chez notre héros, la réception d’un message contenant une photo d’Amane, apparemment récente, se tenant juste devant les ruines de l’hôpital au sein duquel elle est censée être décédée. Il va du coup sans dire que notre bonhomme va se précipiter sur les lieux. La désillusion sera cependant grande au moment où Riku se rendre compte qu’en lieu et place de sa précieuse tante, il va tomber sur une bande de racailles fort peu heureuses de s’être fait interrompre alors qu’ils s’en prenaient à une jeune femme en détresse. Ca sent la correction pour notre héros mais, fort heureusement, c’est là que débarquent Yohei et Rena. L’ancien ami de Riku sort son pote de cette mauvaise passe et c’est pile poil à ce moment que les téléphones de chacun se mettent à sonner. Malheur à celui qui décroche, il est bon pour se transforme en une créature à l’aspect vaguement humanoïde. Yohei a beau prévenir tout le monde, les racailles devant faire avec une cervelle aux capacités limitées, elles ne tarderont bien évidemment pas à se transformer. C’est alors que Riku va découvrir les kanshu, mais aussi les utilisateurs de jinki. Ces derniers travaillent pour le FLAG, une société qui s’est justement donné pour but d’éradiquer les kanshu et de découvrir la fameuse « source de contamination » qui semble être l’origine de ces créatures. Quoi qu’il en soit, le jeune homme va trouver un cocon au sein de l’hôpital désaffecté et le ramener chez lui. Mais le cocon ne tarde pas à éclore et Riku se retrouve alors nez-à-nez avec une version nouveau-né d’Amane. Une version dotée de certains pouvoirs et qui semble, d’une manière ou d’une autre, liée aux kanshu ! Quoi qu’il en soit, cette petite ne tardera pas à se faire baptiser Neene.

A partir de ce moment, les évènements vont rapidement s’enchainer. Riku va être la cible de nouvelles attaques de kanshu et, cette fois-ci, se fera infecter. Il parviendra néanmoins à résister à la transformation. Mais ce n’est que partie remise et Yohei, décidé à sauver son ami, se sacrifiera pour lui, lui léguant son jinki et lui donnant par la même occasion la possibilité d’endiguer sa transformation en kanshu, devenant à la place un manipulateur de jinki. Dans le même temps, le chasseur de jinki, Takao, fait également son apparition et s’en prend aussi bien aux kanshu qu’aux utilisateurs de jinki, faisant un carnage partout où il passe, jusqu’à se retrouvé confronté à Riku. Ce dernier devra quant à lui faire équipe avec Rena, pour le meilleur et pour le pire. La jeune femme aura en effet bien du mal à s’adapter à ce nouveau partenaire. Un nouveau partenaire qui fera d’ailleurs l’objet d’une attention toute particulière de la part du FLAG de par sa particularité, mais aussi à cause de Neene. Neene qui, au passage, ne semble pas laisser complètement insensible la « source de contamination » qui ira même jusqu’à sortir de sa tanière pour la rencontrer. C’est dans cette nouvelle configuration qui promet pas mal d’action et de rebondissement que World Embryo peut véritablement débuter.

Il faudra donc un peu de temps pour que Daisuke Moriyama mette en place l’ensemble des éléments qui vont constituer l’intrigue de son récit mais c’est à la fois nécessaire et salutaire. Nécessaire parce que cela offre à son œuvre une certaine envergure et une solidité indéniable qui vont permettre à l’auteur de poursuivre son histoire en sachant où aller et comment y arriver. Salutaire parce que cela permettra au lecteur de s’y retrouver malgré les nombreuses notions qui sont abordées et le florilège de personnages qui ne tardera pas à se présenter à lui. Bref, tout est en place pour que l’œuvre soit une réussite et elle le sera, de par maitrise dont fait preuve le mangaka au niveau de sa narration et de par la maitrise qu’il aura de son sujet, du début à la fin, tout en ne manquant pas, à plus d’une occasion, de nous laisser sur le cul fasse à quelques révélations pas piquées des hannetons !





Un zeste de folklore


De prime abord, l’intrigue proposée par World Embryo s’inscrit surtout dans une réalité contemporaine et met en avant des technologies actuelles avec un petit côté science-fiction (tout proportion gardée). C’est effectivement l’atmosphère générale au sein de laquelle s’inscrit la série. Elle va, cependant, petit à petit mettre en place différents éléments qui vont se rapprocher, de près ou du loin, de la mythologie et des traditions nippone. On pense surtout ici aux kyukis et à l’ile où tout a commencé. Nul besoin d’en dire davantage à ce sujet ou de développer plus loin la notion de kyuki, car ce serait gâcher une partie de la découverte à la lecture de la série. Toujours est-il que cela confère une nouvelle dimension des plus plaisantes à l’univers de la série et lui procure également une saveur supplémentaire. Mine de rien, l’œuvre de Daisuke Moriyama possède dès lors un background que l’on se surprend à explorer avec un intérêt d’autant plus grand qu’on ne l’aurait pensé au départ.  

Ca parait peu mais, en même temps, combiner ainsi différentes composantes est également ce qui, en définitive, fait la différence et rend l’œuvre d’autant plus attrayante à suivre. C’est aussi l’une des marques des grands artistes.
  
  
  


© Daisuke Moriyama / Shonengahosha Co.Ltd.

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