Un drôle de père - Actualité manga
Dossier manga - Un drôle de père
Lecteurs
20/20

Graphismes et Adaptation

 
   
Dans la lignée de ses compatriotes au sein du Feel Young, Yumi Unita nous propose un graphisme assez unique en son genre, qui se démarque par son sens du minimalisme. La mangaka ne s'encombre pas de détails ni de surcharge expressive dans ses planches, ce qui peut nous faire ressentir une certaine maladresse ou une certaine froideur de prime abord. Les corps sont élancés, propices parfois à certaines exagérations dans les proportions, tandis que les visages tendent vers un faux réalisme, qui sublime les ponctuelles déformations caricaturales. En fait, le style graphique contribue presque entièrement à l'émotion suscitée par la série, qui s'y fait rare et nous surprend lorsqu'elle surgit ponctuellement, à l'instar de ces petits moments de bonheur innocent qui peuvent égayer notre journée. Les illustrations couleurs offertes par l'auteur en ouverture de chapitre nous ramènent d'ailleurs à une certaine insouciance infantile, par un choix de couleurs pastels propices à la douceur et à la nostalgie.
   
Arrivée en France dans un format similaire à l'édition originale, Un drôle de père aura pu être boudé du fait de son prix. La qualité du support peut justifier de dépasser les dix euros, mais difficile de se lancer dans le vide vers un titre dont on ne pouvait prévoir les qualités (surtout lorsque la série n'était pas encore terminée). Malgré l'absence de jaquette, les couvertures (aux illustrations différentes de l'édition originale) séduisent par leurs couleurs vives, tandis que l'encrage et le papier sont irréprochables, à quelques rares exceptions près. La traduction est quant à elle tout aussi satisfaisante, Akata/Delcourt nous offrant un lexique court mais pertinent en fin de tome, pour nous apporter des précisions sur les us et coutumes de la vie japonaise. On pourra en revanche attendre davantage de travail sur le niveau de langage des enfants (plus efficace par exemple dans Love so Life, titre du même éditeur), mais c'est avant tout une question de goût. Bref, l'éditeur nous offre un format assez unique pour une série qui l'est tout autant !
   
    
 

Autour de la série

 
 

L'anime

 
Annoncée en janvier 2011 sur le compte Twitter du magazine Feel Young, la série animée fut lancée six mois plus tard sur la chaîne japonaise Fuji TV et plus particulièrement sur sa célèbre tranche horaire « noitaminA ». Elle arriva en France quelques jours plus tard, par la magie du simulcast et grâce à Wakanim, et compte onze épisodes, diffusés de juillet à septembre 2011.
 
Lors de la distribution de la série en dvd/blu-ray, les spectateurs japonais purent découvrir quatre épisodes spéciaux de cinq minutes chacun, s'intercalant entre certains épisodes. D'où le placement  particulier de ces bonus, numérotés 2.5, 3.5, 6.5 et 8.5. En France, Wakanim a regroupé ces quatre chapitres sur sa plate-forme sous la forme d'un ultime épisode.
     

 
Le projet, confié au studio Production I.G., fut dirigé par Kanta Kamei, une figure assez peu connue de l'animation qui avait notamment réalisé le film Tales of Vesperia : The first strike en 2009. Très vite, il a été décidé de ne couvrir que la première partie du manga, qui était encore en cours lors de la conception de l'anime. Comme nous l'avons décrit, l'enfance et l'adolescence de Rin nagent dans deux orientations très différentes, et le réalisateur a préféré ne s'intéresser qu'à la première plutôt que de chercher une ambiance intermédiaire.
 
Malgré l'inversion de certains chapitres, les péripéties des quatre premiers volumes sont retranscrits avec une justesse et une fidélité remarquable, tant du point de vue de la narration que dans les choix graphiques. Sur ce dernier point, on soulignera les séquences d'ouverture qui emploient des tons crayonnés, rappelant les illustrations de Yumi Unita. Le casting vocal et les musiques finissent de sublimer cette superbe illustration, qui nous ouvre un nouveau regard sur le manga sans le trahir pour autant. Et l'opening, interprété par Puffy AmiYumi, devrait vous rester en tête un bon moment !
     
     
 

Le film live

    
L'été 2011 fut faste pour la licence, puisque le août 2011 arriva dans les salles obscures nippones le film live adapté du manga. Annoncé depuis juin 2010 dans les pages du Feel Young, cette version en prises de vue réelles fut guidée par le prolifique réalisateur Hiroyuki Tanaka, dit Sabu.

 
   
Tourné dans les quartiers résidentiels de Kawasaki, dans la préfecture de Kanagawa, le film se voit doté d'un casting trois étoiles. Le rôle de Daikichi fut confié au célèbre Ken'ichi Matsuyama, devenu célèbre au Japon (et dans le Monde !) pour les rôles de L dans Death Note et de Masaru Kato dans Gantz. Mais si la carrière de l'acteur n'est plus à faire, les quelques années le séparant de la trentaine se ressentent dans sa prestation. Citons également la présence de la belle Karina, de Mirei Kiritani, de Gô Ayano,... et bien d'autres. Mais l'on retiendra surtout la présence de la petite Mana Ashida qui fut véritablement révélée par son incarnation de Rin. Cette graine de star a ensuite pris son envol dans la saga Liar Game, jusqu'à avoir une série dérivée dédiée à son personnage, et a même fait une apparition du côté d'Hollywood en 2013 dans le blockbuster Pacific Rim !
 
 
 
Si l'anime jouait la carte de la fidélité, le film s'autorise quant à lui bien plus de liberté par rapport à l’œuvre de Yumi Unita. Outre la condensation due au format, on ressentira que le film a du rentrer de force dans le moule du schéma en trois actes. Il en ressort quelques rebondissements artificiels, à l'opposé de l'esprit de la série qui prend son temps pour sublimer les petits riens du quotidien. Cette trahison prend tout son sens lors du dernier « climax » du film, qui repose sur une fugue de Kôki et Rin, un acte impensable de leur part dans le manga. Et que dire de ces séquences inutiles où l'on voit Daikichi se mettre à danser ?
    
 
    

Le guide book

  
Faisant le liant entre manga, anime et film live, le guide book de la série, intitulé Usagi Drop 9.5, paraît au Japon le 8 juillet 2011.
 
  
 
Il se compose de plus de 150 pages, proposant des photos du film, une présentation des acteurs, quelques captures, une galerie de dessins et de croquis de l'anime, de la conception des personnages jusqu'aux décors, de nombreuses illustrations issues du manga, les premières esquisses des protagonistes, et même un chapitre inédit ! Bref, un objet immanquable pour les fans de la saga.
  
  
  
       
      

Age de raison

    
 
Parce que nous avons tous été des enfants, parce que nous avons tous grandi, parce que nous aspirons tous à perpétuer notre histoire en devenant parent, nous ne pouvons rester insensible lorsqu'une œuvre s'attaque au sujet de la famille, l'un des socles qui nous définit en tant qu'être humain. Par le prisme d'une situation incongrue, Yumi Unita remet en évidence des actes pourtant naturels mais qui, dans les mains d'un tuteur novice devant tout apprendre du jour au lendemain, prennent un tour totalement nouveau. On relativise alors la portée de nos actes, des petits riens du quotidien que l'on croit acquis mais pour lesquels nos parents ont fait bien des sacrifices. A travers les regards néophytes de Daikichi et de Rin, Un drôle de père est une ode à la paternité et à la vie, et nous montre que toutes les familles ont une histoire aussi importante, aussi précieuse que le lien qui les unit.
  
Alors oui, bien souvent, la vie nous réserve bien des surprises, bonnes comme mauvaises, et le destin peut prendre un tour inattendu. Nos rêves d'enfants, nos aspirations pour notre descendance, peuvent se voir balayés par les aléas de l'existence et par l'émergence de sentiments nouveaux. Et si l'aboutissement peut décevoir, on doit pourtant tendre sa main vers le pardon, en comprenant ce qui a pu amener à une telle situation. Et ne pas oublier les joyeux moments du passés, farouchement conservés dans nos souvenirs. Car il conviendra, un jour, d'écrire à notre tour la même histoire.
     
 
Dossier mis en ligne le 08/11/2013.
  
Références :
Akata/Delcourt
Wikipedia
MyAnimeList
Site officiel de l'anime : www.usagi-drop.tv
 
 
Fiche du manga : Un drôle de père
Fiche du manga vo : Usagi Drop
Fiche de l'auteur : Yumi Unita
 
 

Dossier réalisé par Tianjun


USAGI DROP © YUMI UNITA 2006 ­ SHODENSHA Publishing Co., Ltd

Commentaires

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raitto

De raitto [2150 Pts], le 11 Novembre 2013 à 11h27

J'avais adoré les 4 premiers tomes et la relation père/fillette et j'ai malheureusement décroché à partir du tome 5 car les tribulations d'ado ne m'intéressait pas du tout (sans parler de la fin...). Bref un peu déçu par la tournure qu'a pris cette série. Très bon dossier en revanche.

Tehanu

De Tehanu [205 Pts], le 10 Novembre 2013 à 19h52

Dossier fort lyrique qui vire presque à l'eau de rose et carrément à la béatification des valeurs familiales. :-) C'est un parti pris comme un autre sur le focus de l'oeuvre, mais ça diminue un rien l'objectivité du chroniqueur et son propos.

 

En ce qui me concerne, la série est agréable jusqu'à son tome 4 et s'arrête là pour moi qui appréciait surtout le thème de l'homme qui doit remettre en question son mode de vie pour le bien-être de son enfant. La suite explore davantage le tourment de l'enfant qui a perdu ses parents et tourne plus vers l'enquête et l'introspection de l'adolescente, et se termine sur une note réellement dérangeante d'un point de vue plus psychologique que moral. 

 

Peu importe qu'il n'y ait aucun lien de sang entre les deux. Daikichi représente la figure paternelle depuis que la petite a six ans, et il l'a élevé pendant dix ans, comme un père, et il se considérait lui-même comme son père. Il s'agit clairement d'un complexe d'Electre non résolu (et mal amené), et qui aurait dû être traité très sérieusement par Daikichi, pour le bien-être de Rin, au lieu d'accepter simplement cette situation de manière très passive et presque résigné, quasiment incompréhensible même quand le même personnage s'inquiétait pour des raisons bien plus "triviales" et communes dans les premiers tomes sur son rôle de parent.

 

Bref, très déçue par la tournure prise par le titre d'un point de vue du choix narratif, alors que j'adore le style de la mangaka et ai beaucoup apprécié son histoire sur les quatre premiers volumes. La dernière image du itre pour moi, c'est donc une photo de Rin qui montre une bouche édentée, et c'est très bien comme ça. 

blablate

De blablate, le 10 Novembre 2013 à 10h44

20/20

merci pour ce dossier. Sa m'a donner envi de me lancer et j'ai deja commander le premier tome^^

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