Taxi Driver

Où est le bien, ou est le mal ?

Je dois bien avouer que cette tendance des dramas autour de la thématique de la vengeance me questionne toujours. Et pas que les dramas d'ailleurs. Bien évidemment, il est toujours assez jouissif de voir les opprimés se venger des oppresseurs, de voir comment ils y sont arrivés. Mais dans ce cas-là, où se trouve la justice ? Est-il juste de réparer soi-même un tort ou bien d'attendre que le système le fasse pour nous ?

Les lois sont sensées être faites pour protéger les individus, mais quand est-il quand ces lois sont appliquées par des institutions corrompues, par des gens qui préfèrent favoriser leur propre réseau de connaissances que d'être intègres. La corruption est une sombre réalité de la Corée du Sud. On peut expliquer cette corruption par un système politique assez jeune et une élite politique qui l'est autant. Mais également par un système privilégiant la cooptation. Beaucoup de dramas parlent de ce genre de thématique, comme « Taxi Driver ». Les dramas « Life » et « Stranger Forest » par exemple. La corruption est une réalité, et une limite du système judiciaire. Là où je verrai le problème, ce serait dans la systématisation de cette corruption. Je me demande : est-elle vraiment si prégnante en Corée du Sud ? Je sais qu'elle est très étendue, et le résultat des dernières élections présidentielles là-bas en est le parfait exemple : une élection du moins pire malgré toutes les casseroles qui ont suivi les deux candidats pendant toute la campagne. Et pas des petites. Est-ce que cela veut dire qu'elle se trouve même à l'échelle le plus bas ? Qu'il est impossible de l'affronter, de la contourner ? Le fatalisme des protagonistes de « Taxi Driver » nous dit que non. À voir si la réalité pourrait être plus nuancée, ou alors aussi déprimante que celle qui nous ait dépeinte ici...

Autre problème, mais là qui serait presque inhérent au genre policier en lui-même : la vision des criminels. Dans « Taxi Driver », ils sont presque tous présentés comme des sortes de génies du mal, des criminels assoiffés de sang ou simplement des gens sans aucun cœur. On nous présente le point de vue des victimes, sans jamais vraiment nous présenter les criminels, ce qui les ont poussés à en arriver là. La dimension social du crime est totalement occulté, et c'est une volonté de l'histoire. Nous sommes sensés éprouvés de la sympathie pour les victimes et non pour leurs agresseurs. Notre groupe de héros est assez catégorique là-dessus : le président de Merlebleu fait enlever les criminels pour les « réformer ». Do-Gi n'hésite pas à user de toutes sa force pour les contraindre... Dans cette vision du monde, on occulte totalement l'idée d'une justice réparatrice plutôt qu'une justice répressive. On considère dans ces cas-là que tout criminel ne mérite pas le pardon et doit être exclu de la société à tout jamais. Et ça, c'est un sujet qui se discute. Car les criminels ne sortent pas de nulle part, et certains, s'ils avaient eu d'autres opportunités dans leur vie, si la société leur avait permis de s'insérer, peut-être n'aurait-il pas « dévié » du droit chemin. Difficile de l'imaginer dans « Taxi Driver », les criminels faisant souvent partie de grosses organisations criminelles, mais on peut y voir un début de réflexion dans la deuxième affaire de notre Taxi Arc-en-ciel. En effet, ils vont devoir remettre à leurs places trois lycéens qui ont été trop loin dans le harcèlement d'un de leurs camarades. Ici, s'attaquant à des mineurs, ils vont décider d'employer la « méthode douce » et se contenter de leur faire avouer leurs péchés. Le plus récalcitrant du groupe aura le droit à un traitement de « faveur » et devra vivre une vie bien éloignée de celle aisée qu'il a toujours connu, pour se remémorer chaque jour ce qu'il aura fait subir aux autres. Un tout début de justice réparatrice, mais une exécution assez discutable.

Pour être honnête, cette question n'a pas de bonne ou de mauvaise réponses. En revanche, il serait bon que les séries policières soient un peu moins manichéennes et commence à nous proposer plus souvent ce genre de questionnement, plutôt que de toujours choisir la solution de facilité d'opposer le bien au mal. Bref, un propos un peu plus nuancé, plus social serait le bienvenue...