Taxi Driver

La vengeance, une fin en soi ?

Ce drama fait partie de cette tendance assez prononcée dans les dramas coréens : les histoires de vengeance assez cru. Ici, nous nous trouvons face à un petit gang qui tente de réparer les torts dans la société en permettant aux victimes de se venger de leurs agresseurs. Cette thématique de la vengeance est assez présente dans les créations coréennes. On la retrouve dans la filmographie du célèbre Park Chan-Wook avec sa « trilogie de la vengeance », ou dans des dramas comme « Angry Mom » (une mère s'infiltrant dans le lycée de sa fille pour la venger)...

Dans « Taxi Driver », les épisodes se ritualisent ainsi : une quête de vengeance se fera en deux épisodes à peu près, le premier où l'on découvre la situation de la personne à venger, puis l'installation du système du Taxi Arc en Ciel. Souvent une infiltration de Do-Gi dans la société, l'établissement en question. Dans le deuxième épisode, l'escalade avant la résolution de l'affaire. Nos protagonistes ici ont décidé de se venger car ils jugent le système défaillant. Ils décident de se faire justice eux-même. On voit ici d'ailleurs que cette décision, si elle aura un impact pécunier pour nos victimes, leur apporteront une véritable paix. Elles leur redonneront le goût de vivre, comme pour Maria. Elle permettra à notre jeune lycéen de la deuxième mission de retrouver un environnement scolaire sain quand ses trois bourreaux seront renvoyés. Bref la vengeance est une bonne chose en soi pour les victimes.

La vengeance est-elle donc une bonne chose ?

Je vais être honnête : si des systèmes judiciaires ont émergées de partout, c'était avant tout pour éviter aux gens de se faire justice eux-mêmes, mais c'était également un moyen de réguler la société . Cela n'a pas toujours été fait dans les meilleures intentions bien sûr, mais à partir du moment où l'on se fait justice soi-même, peut-on encore parler de justice ? Peut-on faire confiance aux lois ?

Dans le cas des victimes de Taxi Driver, celles-ci ont essayé de faire confiance au système. Maria avait appelé son assistante sociale, avait accordé sa confiance à un policier. Mais ces derniers étaient dans le coup. Pour l'histoire de l’hameçonnage au téléphone, le nombre faramineux de victimes rendaient la récupération de l'argent par les autorités quasi impossible, etc... même la procureure Ha-Na tentera de s'en tenir à ses valeurs, à son intégrité, à sa foi en la justice. Mais cette dernière ne sera pas suffisante pour sauver son collègue. Alors elle décidera de contourner un peu les règles pour se faire justice. Elle qui ne cessait de répéter à tout bout de champ qu'il ne fallait pas contourner la loi... La douleur, la tristesse et l'impuissance ont le don de faire basculer les gens.

La vengeance est elle une fin en soi ? Narrativement, c'est un élément efficace. Elle peut être le déclencheur d'une histoire. L'objectif du héros qu'il devra atteindre pour accéder à son objectif. Dans la réalité, c'est un peu plus complexe. La vengeance peut amener à une certaine sérénité, une certaine liberté, mais elle peut aussi avoir des conséquences. Ceux dont on se sera vengé ont également des proches, qui voudront peut-être également se venger, et ainsi démarre une spirale infernale. Dans « Taxi Driver », ils évitent ce problème en n'impliquant pas les victimes. Ceux qui accomplissent la vengeance sont des personnes extérieures. Ce qui fait qu'en tant que spectateur, on est un peu dans un entre deux. On est satisfait pour les victimes, mais un peu mal à l'aise devant certaines méthodes du Taxi Arc-en-ciel. Devant la punition des lycéens, un peu violente tout de même, ou bien celle de Madame Kim, l’instigatrice des appels frauduleux. Avaient-ils vraiment besoin de la séduire à ce point ? Bref. Disons que c'est une question de perception, et de votre degré d'empathie. Comme dirait la procureure Kang à Do-Gi : « vous n'en profitez pas un peu pour vous défoulez sur eux, vu que vous ne pouvez pas vous venger vous-même? »