Graphismes et édition
Souvent, le trait des mangas josei se veut très épuré. Celui d'Akimi Yoshida ne déroge pas à la règle, mais contrairement à quelques-unes de ses semblables, il se veut un peu plus étoffé, notamment du point de vue des décors. Si certaines séquences de dialogues en restent dépourvues, la mangaka n'oublie pas de sublimer la ville de Kamakura, bien sûr par la représentation de ses monuments, mais aussi en restituant l'ambiance de ses quartiers, son rapport à la vie calme et sa nature omniprésente, le tout cintré par quelques reliefs montagneux à l'horizon.
Akimi Yoshida retrouve un trait plus « simple » pour ses personnages, mettant souvent de côté le réalisme pour étendre la palette d'émotions. Nous aurons ainsi lors des phases humoristiques des visages résumés en quelques traits et dépourvus de nez, et certains personnages seront plus souvent représentés ainsi qu'en mode réaliste (Chika), voire constamment pour des rôles plus secondaires (la gérante de la boucherie Nakamura, judicieusement surnommée Ronaldinho). Dans les moments les plus importants ou pour les protagonistes les plus sérieux, la mangaka sait cependant offrir des visages beaucoup plus détaillés et proportionnés. En revanche, on pourra noter un petit souci récurrent sur le positionnement des pupilles, offrant par moment aux personnages une sorte de strabisme divergent. Cette coquetterie fortuite ne gêne cependant en rien le reste de la lecture.
Dans un format classique, Kana nous propose une édition de qualité, fidèle à l'originale, en respectant les illustrations en couleurs offertes en introduction de chaque volume et en quatrième de couverture. Du côté de l'adaptation, nous noterons la transposition presque totale des onomatopées : il faut dire qu'Akimi Yoshida les place souvent dans des phylactères, ce qui incite à l'adaptation, ou les dessine de manière très discrète, auquel cas le rajout français est aussi grand. Confiée à Pascale Simon, la traduction est assez fluide, même si l'on aimerait ressentir davantage les différents niveaux de langage (et l'accent du Kansai de Masa). Quelques erreurs et approximations sont à relever, notamment dans le second volume où l'on notre quelques confusions de nom. Mais dans l'ensemble, la lecture reste fluide et agréable.
Quand vient la fin de l'été...
Kamakura Diary, c'est ce parfum que vous sentez à la fin des vacances, quand les dernières chaleurs de l'été vous insufflent l'énergie d'appréhender la rentrée. C'est une odeur de pins, un chant de cigale, le bruit étouffé des vagues qui rebondit sur le flanc des collines, portant avec lui les embruns de la mer. C'est l'histoire du Dieu protecteur de la vallée, que votre grand-père vous a encore racontée cette année, mais que vous avez encore écoutée même si vous la connaissez par cœur. C'est la photographie d'un temple, imprimée sur une carte postale que vous ont envoyée des cousines éloignées, mais dont vous prenez régulièrement des nouvelles. Tiens, l'aînée a un nouvel emploi ? Et le nouveau petit copain de la cadette, c'est le bon cette fois ? Et la dernière, non mais tu as vu sa coupe de cheveux ? Et c'est qui celle-là, à droite de la photo ?
Parce que c'est la vie, parce que c'est notre histoire, Kamakura Diary parlera à tous les lecteurs ayant un minimum d'ouverture d'esprit. Au vu du résumé, vous pensiez lire une série tire-larme ? C'est bien mal connaître la force de caractère des sœurs Kôda. Et puis, à une ère où les familles se composent, se décomposent et se recomposent, cette famille est aussi un peu la nôtre. Narrée par une Akimi Yoshida au sommet de sa maturité, Kamakura Diary est une œuvre essentielle, incontournable et universelle.
Dossier mis en ligne le 24/10/2014.
(c)
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Fiche de la série : Kamakura Diary
fiche de la série vo : Umimachi Diary
Fiche de l'auteur : Akimi Yoshida
Dossier réalisé par Tianjun
UMIMACHI DIARY © 2007 Akimi YOSHIDA / Shogakukan Inc.
