It’s Okay, That’s Love - Actualité manga
Dossier manga - It’s Okay, That’s Love

La vision des maladies mentales en Corée : une œuvre dont l’objectif est de faire évoluer les mentalités


La Corée du Sud est un pays dans lequel tout ce qui touche à la psychologie est encore très tabou. Le psychiatre ou le psychologue sont souvent perçus comme des personnes incompétentes ou des médecins ne traitant que les individus ayant des troubles mentaux sévères. Cette vision a tendance à stigmatiser ceux qui s’y rendent et, en conséquence, les coréens sont très souvent dissuadés d’aller consulter. La dépression, par exemple, y est vue comme une marque de faiblesse et la personne dépressive comme responsable de son état (en conséquence, elle est souvent plus blâmée qu’aidée). De même, le suicide y est un autre maux (quatrième cause de décès dans le pays du matin calme). Bien souvent, les chiffres ont révélé que le manque de prévention des traitements psychiatriques et de la toxicomanie sont étroitement liés à ces chiffres.  Par ailleurs, le nombre de psychiatres est assez restreint (en 2011, 3005 psychiatres exerçaient en Corée contre 15 171 en France par exemple). Mais, il serait hypocrite de penser que la situation est bien meilleure dans d’autres Etats : de manière générale, la psychologie reste un sujet tabou et l’Hexagone n’est pas sans échapper pas à ce constat même si des améliorations sont notables depuis quelques années.
  
  

  
  
Ainsi, un drama comme It’s Okay, That’s Love, plus qu’un simple programme de divertissement, délivre des messages forts sans tomber dans le mélodrame. Nous y retrouvons des psychiatres prêts à tout pour aider leurs patients et qui ne les jugent pas. De règle générale, ils sont très compatissants. C’est le cas lorsque, le docteur Jo s’exprime ainsi : « De fausses déclarations, un délit, garder le silence… Tu veux que j’agisse comme un juge ? Je suis docteur. Il n’y a qu’une chose qui m’intéresse et c’est leur blessure ». Les troubles comportementaux ne sont plus décrits comme une « anomalie », une « maladie » mais une « blessure ». Avant de désigner les malades par leur pathologie, les docteurs Jo Dong-Min, Ji Hae-Soo et Lee Young-jin mettent en avant l’idée selon laquelle, derrière le malade, existe un être humain qui souffre.  Ainsi, ce sont les seuls à traiter normalement Park Soo-Gwang, colocataire d’Hae Soo et Dong Min, et souffrant du syndrome de Gilles de La Tourette (trouble neurologique se manifestant par des tics moteurs et vocaux). Lorsqu’il est en crise, le premier réflexe de la plupart d’entre nous serait de nous éloigner et de le traiter de « fou » et pourtant, le drama réussit à nous faire dépasser nos préjugés pour être pris d’affection pour le personnage.  Celui-ci explique d’ailleurs avoir été battu par son père en raison de son trouble et entretient des rapports compliqués avec ce dernier qui ne comprend pas la maladie de son fils. Il s’exprimera notamment de la façon suivante : « Les gens pensent qu’on ne peut même pas reconnaitre notre famille ou les gens qu’on aime. Ils croient qu’on ne se sent pas coupables même quand on blesse les autres. Mais on n’est pas du tout comme ça. On est normaux comme la plupart des gens. On a juste un petit défaut ». Son propos illustre parfaitement la société dans laquelle la personne touchée par des troubles mentaux est souvent déshumanisée.

La série cherche à faire comprendre aux spectateurs que les troubles mentaux apparaissent souvent en raison de traumatismes très difficiles à surmonter et qui laissent des traces dans notre inconscient. C’est le cas du couple ayant  développé des troubles déclenchés par le viol de l’épouse ou encore de Jang Jae-Yeol qui développe une schizophrénie en raison des violences qu’il a subi dans son enfance et d’un évènement en particulier. Tout cela permet de faire émaner du du public une certaine compassion à l’égard de ceux-ci. It’s Okay That’s Love tente de démontrer tout le monde peut être touché un jour par une maladie mentale et, en ce sens, Dong-Min dira que « Tout le monde peut être dépressif », personne n’est à l’abri. Ainsi, même Jae-Yeol qui a réussi dans la vie (auteur célèbre de romans), qui est beau et intelligent ; en somme, qui est l’archétype de la personne « normale » et « bien sous tous rapport », est atteint de schizophrénie. Il est d’ailleurs d’autant plus complexe pour ses proches d’y croire au vu de sa personnalité et, même si certains signes se manifestent, ces derniers prendront du temps pour s’en rendre compte. De même, le drama nous fait prendre conscience que nous sommes tous plus ou moins « malades » à notre niveau. Tout le monde a ses névroses (plus ou moins marquées) même Hae Soo qui est psychiatre. Chacun, à sa manière, à ses tocs, ses obsessions. Ceux-ci en deviennent presque une preuve de notre identité en tant qu’être humain.
  
  

  
  
Enfin, au travers du père d’Hae Soo est également traité la question du Handicap lourd ce qui est très rare pour un drama (inédit pour moi).
  
  
  


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