Akumetsu - Actualité manga

Critique de la série manga

Publiée le Vendredi, 26 Février 2016

Bien avant le très controversé et très discuté Wolf Guy, Akumetsu est la première collaboration des auteurs Yogo Yuki et Tabata Yoshiaki, une collaboration fructueuse beaucoup plus réussie que celle qui suivra !

Mais Akumetsu est un titre très particulier à ne pas mettre entre toutes les mains et il faut vraiment savoir à quoi s’attendre avant de pénétrer dans cet univers si particulier, un univers sanglant et quelque peu dérangeant, d’ailleurs pour l’anecdote, sur la couverture du premier tome, on trouve la mise en garde : « pour public averti » ! Donc maintenant que vous êtes averti, franchissez donc le pas !

Dans le Japon actuel les choses vont mal, la récession économique appauvrie les classes les plus pauvres pendant que les politiques, les banquiers et autres hommes d’affaires s’enrichissent grassement, la nation est corrompue, les leaders ne pensent qu’à eux…il faut agir ! Et c’est un lycéen qui va le faire, il va enfiler un masque, sortir son arme à feu et sa hache et aller massacrer gaiement tous ces hommes perfides ! Quoi de plus normal ?
On plonge très rapidement dans cet univers, trois pages serviront d’introduction et c’est tout. D’ailleurs la couverture ne nous trompe pas sur la marchandise, on sait d’emblée qu’on aura affaire à une série violente. C’est donc après une petite introduction que la première intervention de notre anti-héros commence…alors que la terreur s’installe il semble jubiler, pour arriver à ce qu’il avait annoncé dés le début, c’est à dire tuer sa victime ; au moins il ne prend personne en traître.
On est choqué par cette violence en apparence gratuite, mais on l’est tout autant d’assister à la mort du héros, avant de le retrouver le lendemain comme si de rien n’était…et ce à de très multiples reprises…
Au départ cela paraît totalement incohérent mais malgré tout on fait avec, on se laisse porter par le coté régressif et jouissif du titre, c’est bien plus tard que les explications arriveront.
Dans la première partie de la série donc on suit Akumetsu qui enchaîne les meurtres de plus en plus violent avant de mourir lui même. Cela va très vite, et à peine une victime trouve t-elle la mort qu’en vient une autre.

On trouve donc un premier temps deux niveaux le lecture diamétralement opposées. Le premier, le plus simpliste est de se contenter de ce déluge de sang et profiter de ces mises à mort, il faut le dire, inventives. C’est primaire, mais cet aspect régressif a quelque chose de fascinant. C’est un défouloir qui nous propose des plaisirs coupables : qui n’a jamais rêvé d’aller massacrer ces pourritures qui s’enrichissent sur notre dos, travailler plus pour gagner moins…on se met volontiers à la place de Shô, notre héros sanglant, un anti-justicier idéaliste plus criminel que sauveur.
Le second niveau de lecture est une critique acerbe de la société Japonaise, mais qu’on pourrait étendre à tous les pays industrialisés, les auteurs se lâchant et dénonçant les leaders, bien sur personne n’est cité, il ne s’agit que de personnages fictifs mais qu’importe, le rapprochement est vite fait. Une pure critique de nos sociétés capitalistes qui privilégient les riches au détriment des plus pauvres. Mais très rapidement les exemples pris viennent surtout faire référence au Japon et au Japon seulement.

Au fil des tomes, avec l’explication de l’immortalité de Sho, un peu tiré par les cheveux, mais cohérente, le premier aspect va s’effacer et les auteurs s’attarderont de plus en plus à la critique sociétale, un peu comme s’ils en avaient gros sur le cœur et que ce titre leur servait de défouloir pour évacuer toutes leurs frustrations (un peu ce qu’il feront mais de manière plus discutable dans Wolf Guy).

Les personnages secondaires sont vraiment très secondaires dans ce titre porté réellement à bout de bras par Sho / Akumetsu. Sa personnalité est un savant mélange de maturité et de cynisme, malgré sa bonne volonté, on ne peut lui enlever un aspect psychopathe qu’il développe surtout dans les premiers tomes.

Le dessin est réussi, vraiment accrocheur, un peu chargé par moment, mais aidé par une mise en page intelligente.

Une série vraiment spéciale qu’on la prenne au premier ou au trente cinquième degré, prenante de bout en bout jusqu’à une conclusion à l’image de la série, pessimiste mais réaliste.
Une excellente expérience à condition de savoir ce qu’on a entre les mains, sinon le choc risque de procurer plus de déplaisir qu’autre chose, mais une expérience à tenter !


erkael


Note de la rédaction

Evolution des notes des volumes selon les chroniques:

16.00,16.00,16.00,16.00,16.00,16.00,16.00,15.00,14.00,15.00,13.00,14.00,17.00,17.00,16.00,15.00,16.00,16.00,17.00

Les critiques des volumes de la série