Critique de la série manga
Publiée le Vendredi, 21 Mai 2010
« Comme elles », c’est l’histoire de deux filles aux personnalités différentes, qui vivent aussi bien l’amour et l’amitié de façon totalement opposée. Cette série, composée de treize tomes, commence comme beaucoup de shôjos : par la rentrée scolaires. C’est le moment de toutes les rencontres, des nouvelles amitiés, et sans doute, le temps de nouvelles aventures. Kanori, l’héroïne, n’est pas au début de ses surprises. Elle se lie très vite d’amitié avec la mystérieuse Sakagami, qui n’hésite pas à dire qu’elles sont les meilleures amies. Cette dernière, assez étrange par moment, est un personnage difficile à comprendre. On se demande si elle ne voudrait pas du mal à Kanori, si sa naïveté ne serait pas ruse, excès d’innocence, ou plus simplement, une maladresse de l’auteure. En effet, Sakagami étant très différente de l’héroïne, mais aussi, des filles classiques des shôjos, il n’est pas aisé de la cerner avec certitude. Elle devient alors parfois dérangeante, son comportement devenant trop bizarre et incompréhensible. Mais il ne faut pas s’essouffler au cours de la lecture. En effet, l’auteure réussit à faire évoluer ce personnage dans le sens attendu par les lecteurs. La nouvelle Sakagami plaît alors. Mais pour la découvrir, une longue lecture est nécessaire, jusqu’au dernier tome. L’opposition avec Kanori est très nette : elle qui coule des jours heureux, un amour plutôt paisible avec celui qui inonde son cœur, fait figure d’héroïne plutôt classique. Le lecteur est davantage à l’aise lorsqu’il est question de ce personnage. Bien heureusement, elle occupe une place privilégiée dans l’histoire.
Les lecteurs qui s’attendent à lire une histoire d’amitié entre deux jeune filles se trompent de voie. En effet, il sera très déçu de constater que Kanori et Sakagami se séparent bien vite, et n’entretiennent plus réellement de lien l’une envers l’autre. Ce point est très particulier, et ne correspond en aucun cas à ce qu’on a l’habitude de lire. En ce sens, « Comme elles » relate une histoire toute particulière. Néanmoins, Kanori, très ordinaire, se soucie de son prochain. Ce personnage, dans lequel beaucoup de lecteurs peuvent se reconnaître, semble être le plus réaliste de cette série. La jeune fille, malgré ses différends avec Sakagami, se soucie beaucoup d’elle, jusqu’à en mettre son couple en péril. Elle n’accepte pas la solitude de sa camarade de classe, et les moqueries des nouvelles « amies » de cette dernières. Mais Kanori reste une jeune fille, ordinaire, et à l’image de beaucoup, ne réagit souvent que très peu. L’auteure nous dévoile ses pensées, et c’est grâce à ces détails intimes que les lecteurs découvrent ses interrogations et surtout, l’intérêt que Kanori porte à Sakagami. Finalement, on se dit que « Comme elles » est une histoire d’amitié : entre une jeune fille au caractère facile et qui semble constituer un modèle de lycéenne, entourée de ses amies, et une autre beaucoup plus réservée, presque associable parfois, incomprise par tous.
Mais l’auteure n’oublie pas de compliquer cette histoire, qui pourrait paraître bien simple au départ. En effet, les deux jeunes filles, différentes, semblent pourtant avoir la même conception de l’amitié. Ou du moins, elles doutent facilement de la sincérité des autres. Les trahisons laissent parfois des traces indélébiles.
« Comme elles » est donc une série très intéressante. Néanmoins, il ne faut pas manquer de souligner la longueur de l’histoire, et de certaines scènes parfois. En effet, il est possible de décrocher de sa lecture plus d’une fois, par défaut d’intérêt. A certains moments, l’histoire semble s’éterniser, et on ne saisit pas forcément l’intérêt de relater deux histoires différentes de deux filles, dans une seule série. Car c’est le ressenti qui surgit en nous bien souvent. Malgré les petits liens fragiles qui unissent les deux adolescentes, certains tomes semblent n’être qu’une alternance des deux histoires, sans réel fond. De plus, le personnage de Sakagami, très perturbé, n’est pas accessible à tous. En effet, il est très difficile de s’y identifier, de compatir, ou même, de le comprendre. La jeune fille est parfois on ne peut plus irréelle, et ses mésaventures semblent sans sens. On se surprend alors à penser que par rapport à Kanori, elle est trop extraordinaire. Mais finalement, après réflexion, Sakagami ne serait-elle pas si différente de beaucoup d’adolescentes en mal de vivre ?
Pour conclure, Sakura Fujisue nous offre une série intéressante, qu’il faut lire jusqu’au dernier tome pour réellement s’y attacher. Les lecteurs ayant arrêté avant restent alors sur une opinion plutôt négative, qui aurait finalement pu changer. Certains diront avant lecture qu’une histoire d’amitié, c’est du déjà vu. Ca n’est pas le cas ici. Enfin, quoi de plus fort que l’amour pour rapprocher deux adolescentes et faire de leur amitié une belle histoire…
