Afterschool Charisma - Actualité manga

Afterschool Charisma : Critiques

Houkago no Charisma

Critique de la série manga

Publiée le Lundi, 04 Janvier 2016

L’académie St Kleio est un établissement des plus particuliers qui créé et éduque des clones de personnages célèbres historiquement, de Napoléon Bonaparte à Adolf Hitler en passant par Freud. Mais au milieu se trouve Shiro Kamiya, adolescent pourtant ordinaire dont le père travaille pour St Kleio. Bien qu’il évolue au milieu de sa bande d’amis, certains condamnent la présence d’un individu qui n’a rien d’illustre.
Mais plus important encore, est-ce qu’un clone est voué à embrasser sa propre voie, ou doit-il forcément connaître le même destin que son original ? C’est ce qui est sous-entendu lorsque la copie de John Kennedy, alors en pleine campagne présidentielle, est assassinée…


Afterschool Charisma est l’œuvre de Kumiko Suekane, un manga qui travaillait autrefois dans le jeu vidéo et qui s’est fait connaître en dessinant le titre Blood+ A puis la présente série, bien qu’elle ait quelques autres projets au compteur. Afterschool Charisma démarre en 2009 au Japon dans le magazine de prépublication Gekkan Ikki, et s’achève en 2014 en même temps que la revue pour un total de douze volumes.

Avec un thème pareil, le titre se classe clairement entre le thriller et la science-fiction. En effet, c’est assez rapidement que la série s’oriente vers une intrigue à rebondissement, une guerre des clones durant laquelle la condition de ces copies, conformes ou non, est remise en question. En s’orientant vers les personnages historiques, l’auteure appuie sa question sur les bienfaits du clonage ainsi que sur la condition même d’un clone : celui-ci doit-il être considéré comme une simple copie ou comme un être humain qui a la main mise sur sa destinée ? Le développement de cette thématique est plutôt lent, il n’est pas palpable dès les premiers chapitres puisqu’il fait attendre que l’intrigue s’enflamme pour saisir les enjeux et la portée du récit et de ses thèmes.


Dès lors, le scénario proposé par Afterschool Charisma est des plus complexes et étant donné la parution parfois longuette à cause du rythme de publication japonais, il n’était pas évident de se remettre dans le bain à la sortie d’un nouvel opus. Kumiko Suekane sait très bien quelle direction prendre pour son récit, et ce dès les tous premiers volumes. Pour le lecteur, ce n’est pas forcément chose évidente, mais une lecture sans interruption conséquente de l’intégralité de la série rend le cheminement clair. La complexité de l’intrigue est essentiellement due aux nombreux rebondissements et personnages secondaires, dont un long flashback qui s’oriente vers eux, mais grâce à une construction finalement claire du récit, tout devient très fluide dès lors qu’on procède à une lecture suivie.
En douze tomes et étant donné la richesse du scénario, difficile de s’ennuyer. Chaque opus apporte son lot de chamboulements, de révélations, changeant même parfois les enjeux du tout au tout. D’une part, la série affirme sa dimension de thriller, presque psychologique, mais ne se privent pas d’intégrer des éléments de grand spectacle grâce à la montée en puissance de l’intrigue et une richesse des rebondissements qui viennent souvent nous surprendre là où on s’y attend le moins.

A côté de ça, Kumiko Suekane gratte une galerie de personnage extrêmement nombreuse, si bien qu’on les reconnaît surtout grâce au personnage historique qu’ils représentent. Certains se conforment à leur version originale, d’autres non, ce qui rend l’ensemble intéressant à suivre et les choix de chacun toujours passionnants puisqu’ils suivent une réflexion. Shiro, bien qu’il apparaisse différent de ses congénères au début de l’intrigue, n’est pas un grand héros voué à s’élever parmi les siens. En tant que personnage, sa mentalité n’est pas très marquante et ce dernier est parfois tellement éclipsé par d’autres figures importantes du récit qu’on a tendance à l’oublier un peu avant la moitié de la série. En revanche, c’est par ses choix et sa propre vision de St Kleio que Shiro devient une figure majeure du récit réellement appréciable. A côté de lui, certains de ses camarades sont très peu exploités alors qu’ils ont un réel cachet de par la sympathie qu’ils transmettent. On peut aussi regretter la mise de côté de quelques petites intrigues sentimentales qui auraient apporté une belle ampleur à la série, ce qui aurait aussi mis en avant la dimension des clones par le chemin amoureux qu’ils empruntent.



La série a donc tout pour être passionnante et suffisamment originale dans son approche pour qu’on s’y intéresse. Pourtant, le seul défaut de l’œuvre semble indépendant de la volonté de son auteure : la fin de l’histoire. La série s’étant arrêtée sur le dernier numéro du magazine de parution lui aussi stopper, on imagine rapidement les contraintes imposées à Kumiko Suekane. Au final, les derniers chapitres contribuent à faire monter l’intensité et dénouent les thématiques de l’œuvre, mais les derniers rebondissements sont trop accélérés et reposent sur de trop grandes facilités scénaristiques, sans compte que le manque de finalité par rapport au sort des personnages est évident. Pour autant, on voit très bien où la mangaka a voulu en venir et même si elle semble précipitée, la conclusion se suffit aisément à elle-même.

Le trait de l’auteure peut en rebuter certains, celle-ci misant sur de nombreux personnages dits « bishônen » et quelques aspects de fan-service qui deviennent finalement très discrets. Mais dans son trait, son style, sa mise en scène et sa manière de construire les visages, la dessinatrice fait ressortir la facette sombre de son récit. On ne le remarque pas d’emblée, mais après quelques volumes, l’atmosphère sombre d’Afterschool Charisma est visuellement palpable, le coup de crayon de l’auteure n’est donc pas en décalage avec le thème de l’œuvre.


Quant à l’édition, Ki-oon a livré une très bonne copie pour chacun des douze opus. Les épais volumes bénéficient d’un papier de qualité, d’une impression honorable, et surtout d’une traduction sans aucune fausse note, ce qui n’était pas forcément gagné étant donné l’intrigue complexe de la série. L’éditeur a fait un bel effort sur les couvertures qui bénéficient d’un vernis sélectif sur du papier couché mat, donnant un  relief qui colle à la noirceur du titre.

En somme, Afterschool Charisma est à conseiller à ceux qui sont à la recherche d’un thriller efficace, d’un récit rythmé, intéressant et intelligent qui traite aussi bien son histoire que ses thématiques. Et si la conclusion peut sembler précipiter, bouder l’œuvre de Kumiko Suekane serait dommage, d’autant plus que la mangaka a su aller au bout de ses idées malgré les impératifs.



Critique 2

Voilà un titre complexe comme on en voit peu ! Un seinen à la frontière du thriller et de la science-fiction, une œuvre d'anticipation qui nous pousse à réfléchir, et il n'est donc pas étonnant que ce soit Ki-oon qui nous propose ce titre qui ne dénote pas du tout avec le reste de leur catalogue !

L'académie St Kleio est une école à part, elle accueille peu d'élèves et ces derniers ont tous une particularité : ce sont les clones de personnages historiques illustres ! De Mozart à Einstein en passant par Freud et Napoléon, ils sont tous les copies d'individus ayant laissés leurs empreintes dans l'histoire ! Tous à l'exception de Shiro qui se trouve être le seul élève banal de l'école, ce qui lui doit d'être mal perçu par certains d'entre eux.
Shiro se pose donc nombre de questions sur sa présence au sein de cette école, mais tous se posent la question de l'utilité de leur présence en ce monde. Doivent-ils reproduire ce que leurs originaux ont accompli, ont-ils le droit d'avoir une volonté propre ? Autant de questions que nous nous poserons durant la lecture de ce titre !

Et c'est justement ce qui le rend intéressant. Si dans un premier temps le titre se présente comme une œuvre classique traitant d'adolescents dans un internat, on y suit leurs relations, leurs amitiés, les conflits de certains, très vite le titre va prendre une autre ampleur et la question du libre arbitre sera rapidement posée.
Par exemple, lorsqu'une élève destinée à reproduire les bienfaits de son modèle décide d'épouser une autre existence, alors qu'officiellement l'école valide son choix, elle va être purement et simplement « corrigée » et remplacée par un autre exemplaire d'elle même afin d'être rééduquée…
A ce moment on bascule vraiment dans un malaise concernant les clones, et le titre de son côté arbore un ton de plus en plus malsain et dérangeant...ce qui n'en rend la lecture que plus attractive !
Et si shiro est celui qui catalyse toutes les interrogations dans un premier temps, rapidement cela va se déplacer vers ses camarades : se posent alors de nombreuses questions d'éthique, des questions sur les droits de l'homme même… Les clones ont-ils les mêmes droits que les autres êtres humains ? Doivent-ils même être considérés comme des êtres humains à part entière ou bien comme de simples sujets d'expériences ? Quelle est alors la part laissée à leur libre arbitre ?
Autant de questions que sous-tend le titre et qui le rendent aussi prenant !

Cependant toutes ces questions ne trouveront pas de réponses au bout des douze tomes qui composent la série. Bien entendu une part de réflexion est laissée pour le lecteur qui doit s'interroger sur cette œuvre d’anticipation, puisque désormais le clonage n'est plus réellement de la science-fiction...pourtant d'autres questions ne trouveront pas de réponses…
On pourrait dédouaner l'auteure en parlant de fin précipitée étant donné que le magazine de prépublication dans lequel Afterschool charisma était publié s'est terminé, on peut alors penser que l'auteure n'a pas eu toute la marge de manœuvre souhaitée pour clore son histoire, mais malgré ça, force est de constater que bien des points sont bancales et viennent poser problème durant la lecture. Le premier et peut-être le principal est le manque de rythme… On a des tomes où ils ne se passent pas grand-chose, avec certaines accélérations, des révélations surprenantes et où tout le reste est terriblement mou voir ennuyeux.
Nous avons nombre de personnages qui ne servent quasiment à rien et qui ne sont pas exploités, et nous avons même quelques sous-intrigues qui ne trouveront pas réponse à l'issue du récit.
De même on trouve des incohérences narratives qui viennent inutilement compliquer les choses : dès le premier tome est annoncé à la télévision l’assassinat du clone de John Fitzgerald Kennedy, tout comme son modèle. Cela fait la une des journaux et tout le monde parle de destin se reproduisant. Et subitement quelques tomes plus tard l'école dévoile l'existence des clones au monde entier...qui était déjà au courant pour Kennedy...on ne comprend plus !

Au final on se retrouve avec une série intrigante, prometteuse, mais qui ne tiendra malheureusement pas toutes ses promesses sur la longueur et nous laissera sur notre faim.

Le travail de Ki-oon sur l'édition est irréprochable comme à leur habitude. Les tomes sont soignés, les traductions impeccables, sans coquilles, avec des couvertures en relief de toute beauté...encore de l'excellent travail !

Le trait de l'auteure est assez classique et n'apporte pas le petit plus qui manque à la série, les personnages se retrouvent avec des physiques qui ne correspondent pas à leurs originaux, afin de les rendre plus attractifs pour le lectorat, apportant un petit coté bishonen sans le moindre intérêt…

Un titre intéressant qui pose des questions qui le sont tout autant, mais qui souffre d'une narration quelque peu maladroite et qui se conclut trop vite pour nous satisfaire pleinement ! Vraiment dommage.

Chroniqueur: Takato / Erkael

Note de la rédaction
Note des lecteurs
17/20

Evolution des notes des volumes selon les chroniques:

17.00,13.00,16.00,16.00,15.00,16.00,17.00,14.00,16.00,15.00,15.00,14.50

Les critiques des volumes de la série