Dvd Chronique animation - Japan Sinks 2020
Masaaki Yuasa est peut-être l'un des réalisateurs d'animation japonaise les plus appréciés actuellement, notamment par son style assez unique et des œuvres qui ont fait mouche. Faisant ses débuts en 2004 avec Mindgame, l'artiste se fera remarquer à plusieurs reprises, que ce soit avec The Tatami Galaxy, l'adaptation du manga Ping Pong de Taiyô Matsumoto, l'acclamé Devilman Crybaby en 2018, et plus récemment Keep Your Hands Off Eizouken ! . Et tandis que nous attendons toujours son film Ride Your Wave dans nos contrées, alors que son futur Inu-Oh a aussi été annoncé dans nos salles obscures, la dernière série animée en date de Masaaki Yuasa vient d'être rendue disponible sur Netflix mondialement. Place cette fois à Japan Sinks 2020, une œuvre catastrophe sur la possible disparition du Japon.
A l'origine de la série, on trouve le roman Nihon Chinbotsu de Sakyo Komatsu, sorti chez nous sous le titre La submersion du Japon. Plusieurs fois réédité dans nos contrées (notamment en 2011, opportunité marketing douteuse pour profiter du triste impacte des catastrophes de mars de la même année), il a aussi été adapté en film live par Shinji Higuchi dans le film Sinking of Japan.
Masaaki Yuasa est à la réalisation de ce projet en 10 épisodes avec l'appui de Pyeon-Gang Ho, sur le scénario de Toshio Yoshitaka qui adapte donc l'intrigue du roman d'origine. Kensuke Ushio, fidèle compositeur des œuvres de Yuasa déjà entendu sur Devilman Crybaby et Ping Pong, reprend du service à la musique, tandis que Naoya Wada a conçu le character-design. A noter qu'une adaptation manga explorant davantage l'univers de la série animée a été lancée à destination de l'application de lecture Mangamo.
Une série de séismes plonge le Japon dans l'effroi le plus total. Des experts en viennent à alerter le gouvernement que le pays pourrait bien sombrer, mais bon nombre d'habitants restent livrés à eux même pour leur survie. C'est le cas de la jeune Ayumu, une adolescente qui se dédie à l'athlétisme en vue des Jeux Olympiques. Elle et sa famille, composée de son jeune frère Gô, de son père Kôichirô et de sa mère Mari, rejoints par quelques compagnons de route, vont entamer un véritable périple dans le but de trouver un moyen de survivre à la grande catastrophe imminente.
Une épopée catastrophe dans les règles de l'art
En première lecture dans Japan Sinks 2020, difficile de passer à côté du schéma du film catastrophe parfaitement respecté d'un bout à l'autre. Pas de grand patriotisme américain comme il est souvent de coutume dans ce genre, mais un focus sur un Japon condamné à sombrer suite à de multiples catastrophes naturelles. Néanmoins, on retrouve dans la série de Masaaki Yuasa et Pyeon-Gang-Ho une idée de la famille, souvent présente dans les grosses productions occidentales de ce type. Le récit est autant une histoire de survie que le récit de la famille d'Ayumu, vouée à se fissurer et/ou à se consolider au fil des événements, avec en service de thématiques le sacrifice pour les siens ou l'amour de sa famille, entre autre. Un petit monde qui sera accompagné, au fil des arcs, par différents personnages qui auront leur rôle à accomplir aux côtés de la famille de l'héroïne. En somme, c'est un déroulement très classique pour ce type de fiction, et ce n'est pas spécialement par cet aspect que Japan Sinks 2020 surprend. Au contraire même : Une fois les mécaniques de l’œuvre compris, on devine ponctuellement certaines surprises du scénario. Mais là où la série trouve son identité par rapport aux productions du genre, c'est dans son aura générale. L’œuvre de Yuasa ne cherche pas à faire dans le grand spectacle ou dans le sensationnalisme visuel, loin de là. Certains seront même peut-être déroutés par l'atmosphère qui se dégage souvent, ne serait-ce par le contraste entre la bande-originale très électro de Kensuke Ushio par rapport aux événements gravent qui ont lieu. C'est une alchimie assez étonnante, qui passera ou cassera selon les spectateurs, mais peut faire mouche pour donner une atmosphère globalement mélancolique saisissante.
Trop de drame tue le drame ?
On le devine assez rapidement dans la série : Japan Sinks 2020 n'épargnera que peu ses personnages qui seront victimes et/ou spectateurs d'événements violents qui prendront parfois la vie des leurs. Le ton est assez bien donné dans le premier épisode, et atteint son apogée dans la conclusion du second, plutôt bouleversante. Mais paradoxalement, l'une des faiblesses du récit est alors présentée : La volonté de parler des malheurs et des pertes est omniprésente, si bien que chacun pourra parier sur la prochaine victime de la catastrophique situation dépeinte. La volonté de montrer le drame est si forte qu'elle semble même forcée au bout d'un moment, ce qui tend à devenir risible. Si certains décès s'avèrent intéressants pour leur côté soudain et la mise en avant d'effets sous-jacents du séisme, d'autres sont totalement gratuits. Triste constat sur les derniers épisodes : La volonté d'épurer le casting principal est si forte que les pertes humaines se voient venir à des kilomètres. Une chose est sûre, Masaaki Yuasa ne voulait pas s'encombrer de trop de personnages.
Catastrophe naturelle... et d'écriture ?
Japan Sinks 2020 est une série relativement courte. Longue de 10 épisodes seulement, elle doit mener le parcours de personnages d'un point A à un point B sans trop perdre de temps, et le tout en développant un propos et des idées pour ne pas tomber dans le bête récit catastrophe qui ne saisirait son spectateur que par son spectaculaire et son émotion. Et de l'émotion, il y en a , au point d'être beaucoup trop forcée par rapport aux éléments développés plus tôt dans notre chronique. Alors, on peut se questionner sur les facultés d'écriture que peut présenter la série. Globalement, l'anime aborde pas mal de petites choses, des thèmes allant de l'optimisme au deuil, en passant par les rêves et l'espoir pour le peuple japonais. On ne peut donc peut lui reprocher une certaine densité dans son écriture. Mais comme nous l'avons dit, il est relativement court d'aborder tant d'idée en une dizaine d'épisodes, et c'est peut-être ce qui amène le plus gros défaut de l’œuvre. On pourrait alors qualifier de Japan Sinks 2020 de série bancalement écrite, ou du moins de série qui gère ses thématiques et son déroulement de manière maladroite. Il semble y avoir d'abord des soucis de découpage, si bien qu'on aura parfois l'impression d'avoir loupé un épisode, à plusieurs reprises. Soit, certains développements parvenant finalement, à un moment donné, à rattraper quelques erreurs précédentes, notamment les retombées de la fin du deuxième épisode.
Difficile aussi d'omettre d'immenses facilités d'écriture tout le long. En général, le bon personnage arrive au moment idéal pour venir en aide à nos figures principales en plein tourment. Des sorte de deus ex machina à tout va et extrêmement pratiques, ce qui a tendance à lasser. Dans cette optique, la série introduira même quelques surprises pour relancer le drame et sceller le sort de différents personnages, sans que cela ait été vraiment introduits au préalable. Mais le plus complexe demeure sans doute les personnages eux-même d'une manière générale, ces derniers étant rendus souvent insensibles et agaçants pour certains. On n'en dira pas plus pour ne pas dévoiler certains événements majeurs, mais il sera sûrement difficile d'apprécier Gô jusqu'au bout, le gamin et son parler anglais à tout va ayant de quoi horripiler. Car les personnages aiment souvent s'exprimer en anglais... sans parfois qu'on sache réellement pourquoi.
Ou plutôt, si, dans le cas de Gô. Le garçonnet amène en partie l'un des discours politiques de la série sur le rapport entre un Japon traditionnel et son rapport aux cultures étrangères, notamment la culture américaine. Une thématique abordée tôt mais explorée surtout sur la toute fin, à grand renfort d'un groupuscule conservateur et abject dans ses idées (un simi Front National en fait) et... un rap de personnages qui arrive comme un cheveu sur la soupe, pour permettre aux quelques survivants de débattre sur leur vision du Japon. C'est globalement très grossier, si bien qu'il est parfois compliqué de voir où Masaaki Yuasa veut en venir.
Une technique qui a ses limites
La patte Yuasa est particulière, ce qui se remarque par une esthétique unique et ce dès le premier coup d’œil, dès qu'on la met en parallèle avec les standards actuels. Pourtant, le cachet est là dès les premiers épisodes, et le style très fin, long et déformé qu'impose le réalisateur se marie parfaitement avec de beaux environnements et des jeux de couleur qui font frétiller la rétine sur quelques scène à l'ambiance visuelle épatante. Mais toute cette alchimie trouve des limites au fil du visionnage, aussi c'est une descente assez vive dans la qualité graphique qu'on constate. L'animation se fait alors plus fainéante, tandis que ces fameux jeux de couloir deviennent absents. Mais à cette disparition peut être associée une figure de style : La patte colorée de l'anime disparaît au même rythme que le Japon, pour ensuite aborder les couleurs ternes du déclin. Reste alors un dernier point, parfaitement représenté par quelques scènes qui manquent clairement de finition. Pour apporter de la vie, Masaaki Yuasa propose de vrais jeux de déformation, de faciès notamment. Mais un manque d'aboutissement se ressent, pour laisser place à bon nombre de plans souvent grotesques. Il n'est en fait pas étonnant que toute la réalisation trouve ses limites : Yuasa ne cesse d'enchainer les projets, aussi il serait peut-être temps que le réalisateur trouve un temps de répit pour se ressourcer, et revenir avec une force d'envergure.
Que peut-on en tirer ?
De notre point de vue, Japan Sinks 2020 est une série qui dégage de grandes ambitions, mais qui se révèle finalement bancale sur une grande partie. Peut-être est-ce parce que Yuasa a voulu aborder trop de points en peu de temps, mais toujours est-il que l'écriture n'est pas au beau fixe, tant le récit évolue maladroite et a besoin d'interventions providentielles pour évoluer, tandis que moult propos sont abstraits et introduits au marteau-piqueur. Pour autant, le visionnage garde un côté plaisant, à plusieurs égards. Visuellement, la patte Yuasa est présente et propose même de sublimes jeux de couleur ainsi qu'une direction novatrice toujours pleine de fraicheur aujourd'hui. Certaines scènes choc demeurent réussies et nous accrochent sans mal, tandis que l'aventure de survie des personnes donnent envie de connaître le fin mot de l'histoire, malgré le déroulement maladroit de tout ce périple. Il y a clairement à boire et à manger dans Japan Sinks 2020, et beaucoup pourraient tout bonnement apprécier pour le côté catastrophe et dramatique du titre qui n'épargne ni le spectateur, ni les personnages, mais aussi la très jolie fin pleine d'espoir et qui utilise parfaite les compositions musicales. Mais pour un spectateur un poil plus regardant, la pilule aura peut-être plus de mal à passer.
Du côté de l'adaptation...
Netflix oblige (ou du moins sauf exception), les anime spécifiques de la plateformes proposent un doublage français en plus de la version originale sous-titrée. Chose appréciable, on trouve ici un casting varié, composé de figures bien habituées à l'animation nippone et d'autres qui se font plus rares dans le milieu. C'est le cas de Nathalie Karsenti (Amanda Young dans la saga Saw, et Gamora dans le Marvel Cinematic Universe) qui interprète une Mari extrêmement posée, son timbre de voix collant à merveille au personnage. A côté de ça, Julien Chatelet (All Might dans My Hero Academia) campe un Kôichirô bien noble et vivant, Grégory Laisne (Finnian dans Black Butler) un Kite aussi charismatique que parfois ambigu, ou encore Anaïs Delva (aka notre Elsa nationale dans La Reine des Neiges) pour une Ayumu humaine et intrépide. Un bien beau casting donc, chacun rendant globalement honneur à son personnage.
Pour autant, tout n'est pas parfait dans l'adaptation. On regrettera une série qui ne passe pas automatiquement en sous-titre français lors de la fameuse séquence de rap, en japonais, ce qui poussera le spectateur à revisionner le passage en vostfr pour le saisir, celui-ci cherchant à condenser une partie du message politique de l’œuvre en un temps record. Un petit changement de genre soudain est aussi à noter, ce qui pourrait aussi venir du manque de précision derrière l'utilisation excessive de tirades anglaises dans la série.
A l'origine de la série, on trouve le roman Nihon Chinbotsu de Sakyo Komatsu, sorti chez nous sous le titre La submersion du Japon. Plusieurs fois réédité dans nos contrées (notamment en 2011, opportunité marketing douteuse pour profiter du triste impacte des catastrophes de mars de la même année), il a aussi été adapté en film live par Shinji Higuchi dans le film Sinking of Japan.
Masaaki Yuasa est à la réalisation de ce projet en 10 épisodes avec l'appui de Pyeon-Gang Ho, sur le scénario de Toshio Yoshitaka qui adapte donc l'intrigue du roman d'origine. Kensuke Ushio, fidèle compositeur des œuvres de Yuasa déjà entendu sur Devilman Crybaby et Ping Pong, reprend du service à la musique, tandis que Naoya Wada a conçu le character-design. A noter qu'une adaptation manga explorant davantage l'univers de la série animée a été lancée à destination de l'application de lecture Mangamo.
Une série de séismes plonge le Japon dans l'effroi le plus total. Des experts en viennent à alerter le gouvernement que le pays pourrait bien sombrer, mais bon nombre d'habitants restent livrés à eux même pour leur survie. C'est le cas de la jeune Ayumu, une adolescente qui se dédie à l'athlétisme en vue des Jeux Olympiques. Elle et sa famille, composée de son jeune frère Gô, de son père Kôichirô et de sa mère Mari, rejoints par quelques compagnons de route, vont entamer un véritable périple dans le but de trouver un moyen de survivre à la grande catastrophe imminente.
Une épopée catastrophe dans les règles de l'art
En première lecture dans Japan Sinks 2020, difficile de passer à côté du schéma du film catastrophe parfaitement respecté d'un bout à l'autre. Pas de grand patriotisme américain comme il est souvent de coutume dans ce genre, mais un focus sur un Japon condamné à sombrer suite à de multiples catastrophes naturelles. Néanmoins, on retrouve dans la série de Masaaki Yuasa et Pyeon-Gang-Ho une idée de la famille, souvent présente dans les grosses productions occidentales de ce type. Le récit est autant une histoire de survie que le récit de la famille d'Ayumu, vouée à se fissurer et/ou à se consolider au fil des événements, avec en service de thématiques le sacrifice pour les siens ou l'amour de sa famille, entre autre. Un petit monde qui sera accompagné, au fil des arcs, par différents personnages qui auront leur rôle à accomplir aux côtés de la famille de l'héroïne. En somme, c'est un déroulement très classique pour ce type de fiction, et ce n'est pas spécialement par cet aspect que Japan Sinks 2020 surprend. Au contraire même : Une fois les mécaniques de l’œuvre compris, on devine ponctuellement certaines surprises du scénario. Mais là où la série trouve son identité par rapport aux productions du genre, c'est dans son aura générale. L’œuvre de Yuasa ne cherche pas à faire dans le grand spectacle ou dans le sensationnalisme visuel, loin de là. Certains seront même peut-être déroutés par l'atmosphère qui se dégage souvent, ne serait-ce par le contraste entre la bande-originale très électro de Kensuke Ushio par rapport aux événements gravent qui ont lieu. C'est une alchimie assez étonnante, qui passera ou cassera selon les spectateurs, mais peut faire mouche pour donner une atmosphère globalement mélancolique saisissante.
Trop de drame tue le drame ?
On le devine assez rapidement dans la série : Japan Sinks 2020 n'épargnera que peu ses personnages qui seront victimes et/ou spectateurs d'événements violents qui prendront parfois la vie des leurs. Le ton est assez bien donné dans le premier épisode, et atteint son apogée dans la conclusion du second, plutôt bouleversante. Mais paradoxalement, l'une des faiblesses du récit est alors présentée : La volonté de parler des malheurs et des pertes est omniprésente, si bien que chacun pourra parier sur la prochaine victime de la catastrophique situation dépeinte. La volonté de montrer le drame est si forte qu'elle semble même forcée au bout d'un moment, ce qui tend à devenir risible. Si certains décès s'avèrent intéressants pour leur côté soudain et la mise en avant d'effets sous-jacents du séisme, d'autres sont totalement gratuits. Triste constat sur les derniers épisodes : La volonté d'épurer le casting principal est si forte que les pertes humaines se voient venir à des kilomètres. Une chose est sûre, Masaaki Yuasa ne voulait pas s'encombrer de trop de personnages.
Catastrophe naturelle... et d'écriture ?
Japan Sinks 2020 est une série relativement courte. Longue de 10 épisodes seulement, elle doit mener le parcours de personnages d'un point A à un point B sans trop perdre de temps, et le tout en développant un propos et des idées pour ne pas tomber dans le bête récit catastrophe qui ne saisirait son spectateur que par son spectaculaire et son émotion. Et de l'émotion, il y en a , au point d'être beaucoup trop forcée par rapport aux éléments développés plus tôt dans notre chronique. Alors, on peut se questionner sur les facultés d'écriture que peut présenter la série. Globalement, l'anime aborde pas mal de petites choses, des thèmes allant de l'optimisme au deuil, en passant par les rêves et l'espoir pour le peuple japonais. On ne peut donc peut lui reprocher une certaine densité dans son écriture. Mais comme nous l'avons dit, il est relativement court d'aborder tant d'idée en une dizaine d'épisodes, et c'est peut-être ce qui amène le plus gros défaut de l’œuvre. On pourrait alors qualifier de Japan Sinks 2020 de série bancalement écrite, ou du moins de série qui gère ses thématiques et son déroulement de manière maladroite. Il semble y avoir d'abord des soucis de découpage, si bien qu'on aura parfois l'impression d'avoir loupé un épisode, à plusieurs reprises. Soit, certains développements parvenant finalement, à un moment donné, à rattraper quelques erreurs précédentes, notamment les retombées de la fin du deuxième épisode.
Difficile aussi d'omettre d'immenses facilités d'écriture tout le long. En général, le bon personnage arrive au moment idéal pour venir en aide à nos figures principales en plein tourment. Des sorte de deus ex machina à tout va et extrêmement pratiques, ce qui a tendance à lasser. Dans cette optique, la série introduira même quelques surprises pour relancer le drame et sceller le sort de différents personnages, sans que cela ait été vraiment introduits au préalable. Mais le plus complexe demeure sans doute les personnages eux-même d'une manière générale, ces derniers étant rendus souvent insensibles et agaçants pour certains. On n'en dira pas plus pour ne pas dévoiler certains événements majeurs, mais il sera sûrement difficile d'apprécier Gô jusqu'au bout, le gamin et son parler anglais à tout va ayant de quoi horripiler. Car les personnages aiment souvent s'exprimer en anglais... sans parfois qu'on sache réellement pourquoi.
Ou plutôt, si, dans le cas de Gô. Le garçonnet amène en partie l'un des discours politiques de la série sur le rapport entre un Japon traditionnel et son rapport aux cultures étrangères, notamment la culture américaine. Une thématique abordée tôt mais explorée surtout sur la toute fin, à grand renfort d'un groupuscule conservateur et abject dans ses idées (un simi Front National en fait) et... un rap de personnages qui arrive comme un cheveu sur la soupe, pour permettre aux quelques survivants de débattre sur leur vision du Japon. C'est globalement très grossier, si bien qu'il est parfois compliqué de voir où Masaaki Yuasa veut en venir.
Une technique qui a ses limites
La patte Yuasa est particulière, ce qui se remarque par une esthétique unique et ce dès le premier coup d’œil, dès qu'on la met en parallèle avec les standards actuels. Pourtant, le cachet est là dès les premiers épisodes, et le style très fin, long et déformé qu'impose le réalisateur se marie parfaitement avec de beaux environnements et des jeux de couleur qui font frétiller la rétine sur quelques scène à l'ambiance visuelle épatante. Mais toute cette alchimie trouve des limites au fil du visionnage, aussi c'est une descente assez vive dans la qualité graphique qu'on constate. L'animation se fait alors plus fainéante, tandis que ces fameux jeux de couloir deviennent absents. Mais à cette disparition peut être associée une figure de style : La patte colorée de l'anime disparaît au même rythme que le Japon, pour ensuite aborder les couleurs ternes du déclin. Reste alors un dernier point, parfaitement représenté par quelques scènes qui manquent clairement de finition. Pour apporter de la vie, Masaaki Yuasa propose de vrais jeux de déformation, de faciès notamment. Mais un manque d'aboutissement se ressent, pour laisser place à bon nombre de plans souvent grotesques. Il n'est en fait pas étonnant que toute la réalisation trouve ses limites : Yuasa ne cesse d'enchainer les projets, aussi il serait peut-être temps que le réalisateur trouve un temps de répit pour se ressourcer, et revenir avec une force d'envergure.
Que peut-on en tirer ?
De notre point de vue, Japan Sinks 2020 est une série qui dégage de grandes ambitions, mais qui se révèle finalement bancale sur une grande partie. Peut-être est-ce parce que Yuasa a voulu aborder trop de points en peu de temps, mais toujours est-il que l'écriture n'est pas au beau fixe, tant le récit évolue maladroite et a besoin d'interventions providentielles pour évoluer, tandis que moult propos sont abstraits et introduits au marteau-piqueur. Pour autant, le visionnage garde un côté plaisant, à plusieurs égards. Visuellement, la patte Yuasa est présente et propose même de sublimes jeux de couleur ainsi qu'une direction novatrice toujours pleine de fraicheur aujourd'hui. Certaines scènes choc demeurent réussies et nous accrochent sans mal, tandis que l'aventure de survie des personnes donnent envie de connaître le fin mot de l'histoire, malgré le déroulement maladroit de tout ce périple. Il y a clairement à boire et à manger dans Japan Sinks 2020, et beaucoup pourraient tout bonnement apprécier pour le côté catastrophe et dramatique du titre qui n'épargne ni le spectateur, ni les personnages, mais aussi la très jolie fin pleine d'espoir et qui utilise parfaite les compositions musicales. Mais pour un spectateur un poil plus regardant, la pilule aura peut-être plus de mal à passer.
Du côté de l'adaptation...
Netflix oblige (ou du moins sauf exception), les anime spécifiques de la plateformes proposent un doublage français en plus de la version originale sous-titrée. Chose appréciable, on trouve ici un casting varié, composé de figures bien habituées à l'animation nippone et d'autres qui se font plus rares dans le milieu. C'est le cas de Nathalie Karsenti (Amanda Young dans la saga Saw, et Gamora dans le Marvel Cinematic Universe) qui interprète une Mari extrêmement posée, son timbre de voix collant à merveille au personnage. A côté de ça, Julien Chatelet (All Might dans My Hero Academia) campe un Kôichirô bien noble et vivant, Grégory Laisne (Finnian dans Black Butler) un Kite aussi charismatique que parfois ambigu, ou encore Anaïs Delva (aka notre Elsa nationale dans La Reine des Neiges) pour une Ayumu humaine et intrépide. Un bien beau casting donc, chacun rendant globalement honneur à son personnage.
Pour autant, tout n'est pas parfait dans l'adaptation. On regrettera une série qui ne passe pas automatiquement en sous-titre français lors de la fameuse séquence de rap, en japonais, ce qui poussera le spectateur à revisionner le passage en vostfr pour le saisir, celui-ci cherchant à condenser une partie du message politique de l’œuvre en un temps record. Un petit changement de genre soudain est aussi à noter, ce qui pourrait aussi venir du manque de précision derrière l'utilisation excessive de tirades anglaises dans la série.
De Cedak [1065 Pts], le 19 Juillet 2020 à 16h02
J'ai passé un très bon moment (et très triste) à regarder cette série. Une serie qui montre a quel point la vie ne tient qu'à un fil face aux catastrophes naturelles. Malgré quelques longueurs dans certains episodes ou de perte de rythme et le fait que je partage ce qui est dit dans cette chronique sur la mort de cerrtains personnages, je recommande cette petite serie de 10 épisodes.
De kayukichan [648 Pts], le 14 Juillet 2020 à 22h49
pour ma part, je suis très mitigée avec cette série, elle m'a beaucoup déçue, autant au niveau de l'histoire que visuellement. cette série m'a laissé un goût un peu amer dans la bouche, et ça me déçoit de savoir que Masaaki Yuasa soit derrière ^^'