Chronique animation - Made in Abyss: L’aurore de l’âme des profondeurs- Actus manga
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Dvd Chronique animation - Made in Abyss: L’aurore de l’âme des profondeurs

Samedi, 07 Mars 2020 à 11h00 - Source :Univers Animation

C'est un euphémisme de dire que la suite de la série animée Made in Abyss, l'une des belles réussites de 2017, était attendue par les fans, tant l'équipe de l'anime a su sublimer l'univers aussi fascinant que cruel imaginé par l'auteur du manga d'origine, Akihito Tsukushi. Et cette attente, elle a récemment enfin été récompensée grâce à Wakanim, qui n'a pas tardé à nous faire découvrir la suite ! Cette suite, elle prend la forme d'un long-métrage d'environ 2h: Made in Abyss : Fukaki Tamashii no Reimei, renommé chez nous Made in Abyss: L’aurore de l’âme des profondeurs. Sorti au Japon le 17 janvier dernier, celui-ci ne se sera fait attendre qu'un gros mois dans notre pays, Wakanim ayant pu proposer fin février quelques séances-événements au Grand Rex à Paris puis dans quelques cinémas Kinépolis de province, en attendant son arrivée sur la plateforme (sans doute dans quelques mois). De notre côté, c'est lors de l'une de ses séances-événements que vous avons eu la chance de découvrir ce film.


 
Une petite précision évidente pour commencer: étant donné qu'il s'agit là de la suite directe de la saison 1 de l'anime, si vous n'avez pas vu cette dernière (ou au moins ses films récapitulatifs) le film n'aura que peu d'intérêt, dans la mesure où il vous plongera au beau milieu de l'histoire et de l'exploration de l'Abysse.

  

Vu que la série narrait les événements des trois premiers tomes du manga d'origine, ce film, très logiquement, s'applique à adapter l'arc autour de Bondold, correspondant aux volumes 4 et 5 de la version papier. A travers les mises en garde d'Ozen puis la découverte du passé horrible de Nanatchy à la fin de la saison 1, on a bien compris qu'une sorte d'antagoniste s'est installé en la personne de Bondold, le sifflet blanc Seigneur de l'aurore, prêt à toutes les expérimentations. Et pour poursuivre sa route vers les Tréfonds, nos trois héros doivent obligatoirement gagner le 6e niveau en passant par l'avant-poste de la ligne de front du 5e niveau, qui n'est autre que la base de cet homme aussi mystérieux qu'inquiétant. On retrouve alors, au début, Rico, Légu et Nanatchy en train de progresser depuis le 4e niveau jusqu'à cette fameuse base. Cela passe par de nouvelles découvertes des environnements de l'Abysse, entre un champ de fleurs qui a été récemment interdit car il recèle une espèce d'insecte particulièrement dangereuse et horrible, un poisson meilleur en goût qu'en apparence, où la découverte des conditions atypiques du 5e niveau qui est bien plus large que haut. Mais ça passe aussi par quelques informations qui auront parfois une grande importance, notamment sur le fait que les sifflets blancs ne peuvent être utilisés que par leur propriétaire, ou que les reliques ont un nombre limité d'utilisations, y compris l'incinérateur de Légu dont il va donc devoir prendre soin... et tout simplement par la rencontre avec de nouveaux personnages: tout d'abord les "mains en prières", sbires de Bondold à l'apparence assez étrange et à l'esprit très scientifique (pour faire simple, ils aiment tout autant que Bondold faire des expériences), puis Prushka, jeune fille amicale et adorable sympathisant vite avec nos héros alors qu'elle se présente comme la fille de Bondold et qu'elle adore son papa... et, enfin, Bondold lui-même, qui fait ici sa vraie entrée en scène après avoir été plusieurs fois évoqués avec effroi dans la saison 1. Et quelle entrée en scène !



Car la réelle découverte de Bondold est on ne peut plus immersive et, d'emblée, dès sa première apparition avec sa horde de "mains en prière", suscite froideur, inquiétude, voire angoisse au vu de la réaction terrifiée de Nanatchy face à celui qui l'a brisé. L'homme se montre d'abord étonnamment accueillant avec nos trois jeunes héros, mais il ne peut pourtant qu'inciter à la plus profonde méfiance, d'autant qu'il y a le fait qu'il semble pouvoir observer Nanatchy depuis longtemps et qu'il y a les agissements froids des mains en prières... Tout est fait pour que le Seigneur de l'aube suscite réellement l'inquiétude, et cette inquiétude ne fera que se confirmer. Tandis que l'on a l'écho d'un homme prêt à bafouer jusqu'à l'environnement et l'équilibre naturel de l'Abysse pour faire ses expérimentations, on découvre aussi toute l'horreur d'un être froid, qui semble prêt à aller très loin pour ses desseins, y compris sur Légu, voire même peut-être sur sa propre "fille"... Peu à peu, la figure inquiétante devient une figure effrayante, puis une menace terrible qui semble impossible à battre, et qui à vrai dire ne semble même pas humain...

  

Travaillant efficacement le Seigneur de l'aube et l'effroi total qu'il peut susciter, le film installe là un antagoniste redoutable sur tous les points, froid, cruel par pur esprit scientifique, "papa" terrible, et aussi profondément intelligent et appliqué dans ses desseins, ses plans, son utilisation des "mains en prière" (qui ne sont pas de simples sbires) et celle de certaines reliques. Ses agissements sinistres parviennent à capter l'attention, ne serait-ce que parce que le récit sait exploiter encore et toujours les différentes facettes de l'univers, comme différentes reliques ayant leur importance au fil de l'affrontement, ou sur le secret de la fabrication des sifflets blancs à base des pierres de reflet de vie... Les enjeux sont alors clairs et bien présents: pour descendre au 6e niveau, Rico devra non seulement se trouver un sifflet blanc, mais aussi, avec l'aide de ses amis, vaincre Bondold. Une partie du long-métrage se tourne alors vers une certaine action un affrontement complexe, justifiant bien le fait de voir le tout sur grand écran. Malgré quelques brefs raccourcis de mise en scène et quelques rallonges, l'action est fluide et intense dans ses enjeux. Et dans l'opposition à Bondold, la coopération entre nos héros sa s'avérer essentielle, et Légu devra jouer un rôle bien particulier avec son Incinérateur, d'autant plus que sa mystérieuse nature et son possible statut d'aubade attirent irrémédiablement l'attention et la convoitise du Seigneur de l'aurore... Les questionnements sur ce qu'est Légu restent alors toujours aussi présents à travers différents aspects, notamment la douleur qu'il ressent.



Bondold, lui, tout au long du film et de son conflit avec nos héros, ne cesse d'apparaître toujours plus froid, toujours plus inquiétant voire terrifiant dans ses desseins qui se révèlent toujours plus... Et tout cela, sans doute le ressent-on encore plus à travers sa relation avec sa "fille", Prushka, demoiselle que l'on a vite appris à aimer de part sa gentillesse et son énergie, mais autour de qui finissent par se dévoiler des vérités tristes et déchirantes. Alors que Prushka adore plus que tout son "papa" et qu'elle rêve de découvrir l'Abysse et le monde, quelles sont ses origines ? Qu'est-ce que Bondold a-t-il l'intention de faire d'elle ? Pourra-t-elle être sauvée ? Les réponses se dessinent surtout dans la deuxième moitié du film, qui offre une efficace montée de tension dramatique et d'émotion, jusqu'au dénouement qui confirme à nouveau qu'on ne nous épargnera rien dans ce récit de plus en plus sombre. Et bien sûr, tout ceci n'est pas gratuit et a son utilité dans l'intrigue, ne serait-ce que pour la perspective qu'a Rico d'obtenir un Sifflet blanc, et la symbolique à la fois triste et belle dudit sifflet...

  

Techniquement, tout comme dans la saison 1, l'équipe du film a su magnifier l'univers créé par Tsukushi dans le manga, en accentuant l'action, en intensifiant également les moments d'émotion les plus déchirants (essentiellement autour de Prushaka... quitte à quand même parfois un peu trop forcer pour arracher des larmes) tout comme l'effrayante froideur de Bondold... Les faune et la flore riches de la saison 1, elles, laissent ici place globalement à un cadre plus froid, plus inquiétant, dans la mesure où le plus gros du film se déroule dans la base de Bondold, bâtie sur d'anciennes ruines. Le résultat est tout aussi efficace, le sentiment de froideur étant vraiment là. En revanche, si certains passages de la saison 1 vous mettaient déjà en pls, préparez-vous bien pour se long-métrage, car une nouvelle fois l'horreur et le malsain sont des choses que l'équipe a aussi tenu à beaucoup soigné et approfondir, jusqu'à offrir de véritables visions crues de dégoût, affirmant alors de plus belle toute la cruauté de cet univers.



En résulte un film qui, si l'on excepte quelques petites rallonges, captive tout autant (ou presque) que la saison 1. Une nouvelle fois, le staff, loin de se contenter d'adapter "bêtement" le manga, a cherché et est parvenu à approfondir l'expérience, que ce soit visuellement, musicalement, émotionnellement... On en ressort assez marqué, attendant déjà impatiemment (et fébrilement) la suite, celle-ci étant d'ores et déjà annoncée en anime et risquant d'être encore plus terrible, au vu de ce qui est proposé dans les tomes suivants du manga...
  
L'avis du chroniqueur
Koiwai

Samedi, 07 Mars 2020
16.5 20

commentaires

cm17

De cm17, le 07 Mars 2020 à 12h51

Merci Koiwai pour cette chronique qui donne à la fois envie de voir cette suite et inquiète sur l'émotion suscitée qui ne nous sera pas épargnée !!!

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