Saiyuki - Actualité manga

Saiyuki : Critiques

Saiyuki

Critique de la série manga

Publiée le Mardi, 22 Décembre 2015

A travers une histoire plutôt banale, Saiyuki est toutefois un titre satisfaisant, et même agréable à lire. Malgré les inégalités au sein même de chaque tome, le niveau reste globalement élevé pour qui saura apprécier le genre. Il faudra savoir être indulgent vis-à-vis des répliques, souvent dans le même esprit que les précédentes, et la prétention des personnages. Néanmoins, on trouve dans cette lecture un véritable bon moment, et une source insoupçonnée d’intérêt. Tout d’abord, la notion d’amitié, qui est évidente : comment se supporter, comment assumer des sentiments quand on veut rester fort ? Les émotions sont ici perçues comme une faiblesse, une blessure. D’ailleurs les héros de Saiyuki en ont tous une. Mais cette faille est en réalité l’origine de leur force d’esprit, ce qu'ils ont bien du mal à reconnaître. Car malgré des caractères suffisants, chaque parole est mûrement réfléchie. S’il faut la chercher plus loin que l’on aurait pu l’espérer, une certaine philosophie se dégage du mode de vie des quatre compères. Et, si l’intrigue n’avance pas, cette première saison de Saiyuki ne nous ne le renvoie pas uniquement comme un manque, une tare. Car l’attention toute particulière de Kazuya Minekura pour le charisme et la psychologie de ses personnages est appréciée. Plus que l’aspect quête pour sauver le monde, caractéristique d’un shonen bien senti, la série flirte largement sur les plates bandes du shojo, et joue la carte de l’attachement affectif aux personnages. Travaillés, ceux-ci jouent le rôle des combats et du but à poursuivre afin de se mettre en valeur, mais c’est indéniablement l’aspect shojo qui prime sur ce titre. C’est cette double appartenance qui a fait la force du manga, et qui continue à la faire pour les lecteurs assidus.

C’est donc joyeusement qu’on remarquera un schéma assez simple dans l’épopée des compagnons : on avance, on rencontre des yokais, on les aplatit en gagnant en assurance en même temps, et on repart. Entre temps, on mange, on se sauve mutuellement, on s’amuse avec les soit disant ennemis … En bref, Saiyuki est peut être une quête, à la base, mais celle-ci agit plus comme moteur pour l’humour et le développement de charismes atypiques. Sur fond d’histoire mythologique, peu innovante, la mangaka joue en effet beaucoup sur les flashs back, qui donnent de la profondeur aux personnages tout en amenant le côté dramatique incontournable, et l’expérience accumulée par nos héros. Ceux-ci apprennent de leurs erreurs et dépassent leurs faiblesses, ce qui rejoint ici le caractère shonen de la série. Enfin, l’humour est une source intarissable d’inspiration pour l’auteure : parfois redondantes, les remarques sont souvent piquantes, et il est amusant de voir le malaise de grands gaillards face aux sentiments humains. De plus, les personnages secondaires ne sont pas oubliés, eux aussi ont droit à une part de développement, et l’opposition claire et nette que l’on retrouve souvent entre Bien et Mal disparaît rapidement, tant on peut s’attacher aux « ennemis » de la bande à Sanzo.

D’un point de vue plus terre à terre, Saiyuki est, là encore, très inégal. Malgré des pages de chapitres magnifiques, une mise en couleur superbe au début de chaque tome, ainsi qu’un travail étonnant sur certaines expressions faciales, la série a de nombreux défauts. Tout d’abord, les deux premiers tomes sont difficiles à lire tant le graphisme y est encore brouillon et peu harmonieux. Heureusement, les dessins s’améliorent, pour le plus grand plaisir des lecteurs. Et même si le trait reste peu fluide, le style de Minekura a de quoi charmer, à travers ces corps longilignes, un peu anguleux sur les bords. Par contre : les décors ? Quasiment absents, et c’est dommage. Certaines fioritures auraient pu améliorer l’impression de gène devant les scènes de combat, par exemple. Le gros point faible réside sans nul doute dans l’édition. Panini, en plus d’un prix ridicule qui ne date pourtant pas d’hier, et ce même si l’on apprécie le format du manga, n’a pu remplir les espérances des lecteurs naïfs. En effet, certaines pages sont très sombres, d’autres affreusement pixellisées, le papier trop fin, … La série, qui déjà divise le lectorat, ne méritait pas ça.

Pour terminer, il faut préciser que le manga est antérieur à l’anime, qui est d’ailleurs bien plus léger : les graphismes sont moins travaillés, ils en deviennent ternes et banals, et l’atmosphère est bien plus sage et calme que la série papier. Il ne reste donc qu’à continuer à suivre les aventures des quatre compères vers l’ouest, en espérant que l’action va avancer dans ce deuxième arc : c’est gentil de faire 9 tomes pour poser les personnages, mais en rajouter ne serait que répétition inutile. On attend du neuf, et des réponses aux questions que l’on peut se poser, notamment vis-à-vis de certains personnages encore très mystérieux.


NiDNiM



Note de la rédaction
Note des lecteurs
17.5/20

Evolution des notes des volumes selon les chroniques:

16.00,17.00,17.00,15.00,16.00,16.00,18.00,16.00,17.00

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