Manga Interview de Kôta Hirano (Drifters, Hellsing)
Parmi les mangakas invités à Japan Expo se trouvait un fort joli nom : Kôta Hirano, mondialement connu pour Hellsing, mais également pour sa dernière série en date Drifters dont il est venu présenter l'adaptation animée.
Bien que présent relativement peu longtemps sur le salon, l'artiste donna quelques séances de dédicaces où il a visiblement comblé ses fans en prenant le temps de faire à chaque fois un dessin et en leur offrant quelques petits cadeaux. A tel point que ses dédicaces ont duré plus longtemps que prévu !
Du côté de la presse, ce fut un peu pareil. Gentil et serviable, Kôta Hirano répondit avec le sourire à nos différentes questions. Compte-rendu !
Kôta Hirano, merci à vous d'avoir accepté cette interview. Un élément qui frappe et qui est jouissif à la lecture de Hellsing et de Drifters est le sentiment que vous êtes entièrement libre et que vous faites ce que vous voulez. Comment êtes-vous arrivé à cette liberté de ton ? En tant qu'artiste, cette liberté de création vous est-elle primordiale ?
Kôta Hirano : Je crée selon mes envies, mes idées, absolument comme je le veux. Je ne me fixe aucune règle et laisse libre cours à mon imagination sans jamais me limiter ni me frustrer.
Votre éditeur ne vous pose jamais de limites ?
(Kôta Hirano paraît très heureux de cette question) Ma maison d'édition Shônen Gahosha est une des rares maisons d'édition japonaises à laisser autant de libertés aux auteurs. Ils ne me brident jamais, et je pense que c'est pareil avec leurs autres auteurs, surtout au sein du magazine où mes séries sont prépubliées (ndlr : le magazine Young King Ours, auquel nous devons aussi, entre autres, Sun-Ken Rock, Samidare, Anus Beauté, Excel Saga...). Pour un mangaka comme moi qui ai un univers si... atypique, c'est quelque chose de très précieux.
Je pense que la plupart des autres maisons d'édition ne procèdent pas comme ça et réglementent quand même beaucoup plus les choses. A mon avis, si je disais à une autre maison d'édition que je vais faire un manga dans lequel ce qu'il reste des nazis va exploser la ville de Londres, l'idée ne serait pas acceptée (rires).
Que ce soit dans Hellsing ou dans Drifters, il y a énormément de références et personnages historiques, mais aussi de références mythologiques et de clins d'oeil à la culture pop (que ce soit le manga, l'animation...). Ainsi, derrière le côté un peu « bourrin » de Hellsing et de Drifters, on ressent une grande culture. Comment avez-vous accumulé tout ça ?
Oulala, c'est compliqué (rires). Je ne me considère pas comme quelqu'un ayant beaucoup de culture, et si ça se voit comme ça ce n'est pas volontaire. Je suis simplement un otaku ! Toutes ces références viennent de ce que je vois et lis par passion otaku. Et en tout cas, je ne fais pas de recherches spécifiques.
Hellsing, votre premier succès mondial, était apparemment à l'origine une histoire courte à tendance érotique du nom de « The Legend of Vampire Hunter ». Qu'est-ce qui vous a donné envie de reprendre la base de ce récit pour en faire le manga à succès que l'on connaît ?
On peut lire ici et là que ce récit s'appelait « The Legend of Vampire Hunter », mais c'est une erreur, en réalité il se nommait déjà Hellsing.
Il est vrai que beaucoup de monde considère ce récit comme ancré dans un registre érotique/hentai, mais personnellement ce n'était pas du tout mon intention de faire un manga dans ce genre, je voulais simplement créer une histoire d'action un peu osée. Par la suite, je me suis dit « pourquoi ne pas enlever le côté osé et continuer de montrer cet univers étrange en se centrant plus sur l'action ? », et c'est comme ça qu'est née la série Hellsing.
Il faut savoir que sur le début de Hellsing, au vu de l'univers atypique, on a d'abord voulu tester l'accueil auprès des lecteurs, et c'est pour ça que le début de la série peut paraître un peu décousu. La réaction ayant été plutôt positive, c'est devenu une vraie série.
Tout ça pour dire que concernant l'histoire courte considérée comme érotique/hentai, je ne voulais absolument pas faire un récit dans ce genre. A cause de ça, je la considère comme ratée.
Et puis quand on parle de hentai au Japon, cela va beaucoup plus loin dans le degré de perversité !
Comment vous est venu en tête le concept si fun de Drifters, où vous mêlez personnages historiques et créatures de fantasy qui se battent tous les uns contre les autres ?
J'ai été fortement inspiré par une œuvre : Sengoku Jieitai. Il s'agit à l'origine d'un roman de Ryô Hanmura, qui a ensuite été adapté en film et en manga. Ce sont les versions manga et cinéma qui m'ont donné l'idée de cet univers.
(ndlr : le film est connu en France sous le nom Les Guerriers de l'Apocalypse, il a été réalisé en 1979 et compte notamment dans son casting Sonny Chiba. Il a eu droit à un remake nommé Samurai Commando : Mission 1549 dont on connaît aussi en France la version manga sortie chez Kana).
Dans le registre du manga, d'ailleurs, quels sont les auteurs, les titres qui vous ont fait la plus forte impression ?
Indéniablement Akira de Katsuhiro Otomo auquel je voue un culte. L'Habitant de l'Infini est aussi une fresque qui m'a beaucoup marqué.
Il y a aussi un manga en cours de parution dont je ne rate aucun chapitre : Hyôge Mono de Yoshihiro Yamada (ndlr, manga inédit en France), qui se passe d'ailleurs pendant l'époque Sengoku !
Et du côté du cinéma, dont ont sait que vous êtes également friand ?
Je suis très amateur du cinéma d'action de John Woo, et récemment j'ai adoré Deadpool.
Pour en revenir à Drifters, qu'est-ce qui vous intéresse le plus dans cette reprise de personnages historiques et qui ont donc déjà leur propre histoire ?
Justement le fait que chacun a déjà son histoire ! Le fait qu'ils viennent de différentes époques et pays me permet des fantaisies et des interactions originales, car forcément certains personnages connaissent des choses que d’autres ne pouvaient pas savoir selon leur siècle ou le pays d'où ils viennent.
Concernant l'adaptation animée de Drifters que vous êtes venu présenter, quel rôle tenez-vous ? Supervisez-vous le projet ? Ou au contraire, laissez-vous l'équipe de l'animé tout gérer ?
Je ne fais pas grand chose dessus : je valide, je donne quelques conseils... mais sinon je les laisse tranquilles. Très souvent je valide les choses sans problème. Il arrive aussi que l'équipe de l'animé me demande des commentaires sur certains éléments, alors je leur réponds de façon plus précise.
En tout cas, je suis satisfait du résultat ! Contrairement à la première version animée de Hellsing qui m'avait refroidi. Les OAV Hellsing Ultimate m'avaient davantage plu, et je suis heureux d'avoir pu retrouver une partie du staff de ces OAV sur Drifters.
Les lecteurs du manga Highschool of the Dead ont pu remarquer qu'un personnage porte votre nom et vous ressemble beaucoup, que ce soit dans son apparence ou dans ses passions.
C'est un clin d'oeil du dessinateur Shôji Satô, et il ne m'avait pas prévenu ! En fait, vous le savez peut-être déjà, mais à l'origine HotD est un récit de Daisuke Satô, quelqu'un que je connais bien et qui un jour m'a demandé conseil pour une adaptation manga. Je ne m'estimais pas assez bon dans le dessin de zombies et lui ai donc conseillé de la confier à Shôji Satô que je trouvais très doué. Apparemment, ça a tellement fait plaisir à Mr Satô qu'il m'a mis dans le manga sans vraiment me prévenir (rires).
Interview réalisée par Koiwai. Remerciements à Kôta Hirano, à son interprète, et à Japan Expo pour la mise en place de cette rencontre.
Bien que présent relativement peu longtemps sur le salon, l'artiste donna quelques séances de dédicaces où il a visiblement comblé ses fans en prenant le temps de faire à chaque fois un dessin et en leur offrant quelques petits cadeaux. A tel point que ses dédicaces ont duré plus longtemps que prévu !
Du côté de la presse, ce fut un peu pareil. Gentil et serviable, Kôta Hirano répondit avec le sourire à nos différentes questions. Compte-rendu !
Kôta Hirano, merci à vous d'avoir accepté cette interview. Un élément qui frappe et qui est jouissif à la lecture de Hellsing et de Drifters est le sentiment que vous êtes entièrement libre et que vous faites ce que vous voulez. Comment êtes-vous arrivé à cette liberté de ton ? En tant qu'artiste, cette liberté de création vous est-elle primordiale ?
Kôta Hirano : Je crée selon mes envies, mes idées, absolument comme je le veux. Je ne me fixe aucune règle et laisse libre cours à mon imagination sans jamais me limiter ni me frustrer.
Votre éditeur ne vous pose jamais de limites ?
(Kôta Hirano paraît très heureux de cette question) Ma maison d'édition Shônen Gahosha est une des rares maisons d'édition japonaises à laisser autant de libertés aux auteurs. Ils ne me brident jamais, et je pense que c'est pareil avec leurs autres auteurs, surtout au sein du magazine où mes séries sont prépubliées (ndlr : le magazine Young King Ours, auquel nous devons aussi, entre autres, Sun-Ken Rock, Samidare, Anus Beauté, Excel Saga...). Pour un mangaka comme moi qui ai un univers si... atypique, c'est quelque chose de très précieux.
Je pense que la plupart des autres maisons d'édition ne procèdent pas comme ça et réglementent quand même beaucoup plus les choses. A mon avis, si je disais à une autre maison d'édition que je vais faire un manga dans lequel ce qu'il reste des nazis va exploser la ville de Londres, l'idée ne serait pas acceptée (rires).
Que ce soit dans Hellsing ou dans Drifters, il y a énormément de références et personnages historiques, mais aussi de références mythologiques et de clins d'oeil à la culture pop (que ce soit le manga, l'animation...). Ainsi, derrière le côté un peu « bourrin » de Hellsing et de Drifters, on ressent une grande culture. Comment avez-vous accumulé tout ça ?
Oulala, c'est compliqué (rires). Je ne me considère pas comme quelqu'un ayant beaucoup de culture, et si ça se voit comme ça ce n'est pas volontaire. Je suis simplement un otaku ! Toutes ces références viennent de ce que je vois et lis par passion otaku. Et en tout cas, je ne fais pas de recherches spécifiques.
Hellsing, votre premier succès mondial, était apparemment à l'origine une histoire courte à tendance érotique du nom de « The Legend of Vampire Hunter ». Qu'est-ce qui vous a donné envie de reprendre la base de ce récit pour en faire le manga à succès que l'on connaît ?
On peut lire ici et là que ce récit s'appelait « The Legend of Vampire Hunter », mais c'est une erreur, en réalité il se nommait déjà Hellsing.
Il est vrai que beaucoup de monde considère ce récit comme ancré dans un registre érotique/hentai, mais personnellement ce n'était pas du tout mon intention de faire un manga dans ce genre, je voulais simplement créer une histoire d'action un peu osée. Par la suite, je me suis dit « pourquoi ne pas enlever le côté osé et continuer de montrer cet univers étrange en se centrant plus sur l'action ? », et c'est comme ça qu'est née la série Hellsing.
Il faut savoir que sur le début de Hellsing, au vu de l'univers atypique, on a d'abord voulu tester l'accueil auprès des lecteurs, et c'est pour ça que le début de la série peut paraître un peu décousu. La réaction ayant été plutôt positive, c'est devenu une vraie série.
Tout ça pour dire que concernant l'histoire courte considérée comme érotique/hentai, je ne voulais absolument pas faire un récit dans ce genre. A cause de ça, je la considère comme ratée.
Et puis quand on parle de hentai au Japon, cela va beaucoup plus loin dans le degré de perversité !
Comment vous est venu en tête le concept si fun de Drifters, où vous mêlez personnages historiques et créatures de fantasy qui se battent tous les uns contre les autres ?
J'ai été fortement inspiré par une œuvre : Sengoku Jieitai. Il s'agit à l'origine d'un roman de Ryô Hanmura, qui a ensuite été adapté en film et en manga. Ce sont les versions manga et cinéma qui m'ont donné l'idée de cet univers.
(ndlr : le film est connu en France sous le nom Les Guerriers de l'Apocalypse, il a été réalisé en 1979 et compte notamment dans son casting Sonny Chiba. Il a eu droit à un remake nommé Samurai Commando : Mission 1549 dont on connaît aussi en France la version manga sortie chez Kana).
Dans le registre du manga, d'ailleurs, quels sont les auteurs, les titres qui vous ont fait la plus forte impression ?
Indéniablement Akira de Katsuhiro Otomo auquel je voue un culte. L'Habitant de l'Infini est aussi une fresque qui m'a beaucoup marqué.
Il y a aussi un manga en cours de parution dont je ne rate aucun chapitre : Hyôge Mono de Yoshihiro Yamada (ndlr, manga inédit en France), qui se passe d'ailleurs pendant l'époque Sengoku !
Et du côté du cinéma, dont ont sait que vous êtes également friand ?
Je suis très amateur du cinéma d'action de John Woo, et récemment j'ai adoré Deadpool.
Pour en revenir à Drifters, qu'est-ce qui vous intéresse le plus dans cette reprise de personnages historiques et qui ont donc déjà leur propre histoire ?
Justement le fait que chacun a déjà son histoire ! Le fait qu'ils viennent de différentes époques et pays me permet des fantaisies et des interactions originales, car forcément certains personnages connaissent des choses que d’autres ne pouvaient pas savoir selon leur siècle ou le pays d'où ils viennent.
Concernant l'adaptation animée de Drifters que vous êtes venu présenter, quel rôle tenez-vous ? Supervisez-vous le projet ? Ou au contraire, laissez-vous l'équipe de l'animé tout gérer ?
Je ne fais pas grand chose dessus : je valide, je donne quelques conseils... mais sinon je les laisse tranquilles. Très souvent je valide les choses sans problème. Il arrive aussi que l'équipe de l'animé me demande des commentaires sur certains éléments, alors je leur réponds de façon plus précise.
En tout cas, je suis satisfait du résultat ! Contrairement à la première version animée de Hellsing qui m'avait refroidi. Les OAV Hellsing Ultimate m'avaient davantage plu, et je suis heureux d'avoir pu retrouver une partie du staff de ces OAV sur Drifters.
Les lecteurs du manga Highschool of the Dead ont pu remarquer qu'un personnage porte votre nom et vous ressemble beaucoup, que ce soit dans son apparence ou dans ses passions.
C'est un clin d'oeil du dessinateur Shôji Satô, et il ne m'avait pas prévenu ! En fait, vous le savez peut-être déjà, mais à l'origine HotD est un récit de Daisuke Satô, quelqu'un que je connais bien et qui un jour m'a demandé conseil pour une adaptation manga. Je ne m'estimais pas assez bon dans le dessin de zombies et lui ai donc conseillé de la confier à Shôji Satô que je trouvais très doué. Apparemment, ça a tellement fait plaisir à Mr Satô qu'il m'a mis dans le manga sans vraiment me prévenir (rires).
Interview réalisée par Koiwai. Remerciements à Kôta Hirano, à son interprète, et à Japan Expo pour la mise en place de cette rencontre.