Cyborg kuro-chan - Actualité manga

Critique de la série manga

Publiée le Mardi, 03 Avril 2012

Lui, c’est Kurochan ! On dirait un chat ordinaire ? Il ne faut pas s’y fier ! Lorsque ses deux maitres ont le dos tourné, il sort griffes, épées et mitraillettes pour défendre leur maison ! Kidnappé et robotisé par le docteur Gô, le voilà devenu une créature très dangereuse et particulièrement rebelle. Sur son chemin, il croisera de nombreux adversaires, devenant peu à peu ses amis, et la ville ne sera pas épargnée par leurs combats explosifs !

Sorti par l’éditeur Pika en 2003, Cyborg Kuro-chan fait figure de véritable ovni comme peuvent l’être les mangas humoristiques. L’auteur, Naoki Yokouchi, joue sur le non-sens de tous les instants, et sur un grand défouloir général très régressif. Les histoires prennent souvent des allures de cours de récréation à l’échelle urbaine, où les mitraillages, les explosions et les destructions de bâtiment sont légion ! Se basant sur un scénario aussi réduit que déjanté, le mangaka se permet tous les délires, sans grande cohérence ni réflexion, en plaçant néanmoins quelques références parodiques de-ci de-là, qu’il s’agisse de culture otaku ou japonaise, voir de références à des standards du cinéma américain comme Die Hard ou Indiana Jones.

Ce concept rafraichissant fonctionne bien dans les premiers volumes mais montre vite ses limites et s’essouffle bien trop rapidement, les différents épisodes courts auto-conclusifs s’enchainant à un rythme effréné, et intégrant une pléthore de personnages tous aussi fous les uns que les autres : un savant fou machiavélique et son assistant dévoué, un rival éternel, des robots extra-terrestres,… au point que l’on s’y perde rapidement. Le cinquième volume offre un tournant intéressant dans la série, puisque l’auteur décide d’offrir pour une fois une histoire assez longue, aux enjeux importants. Un tome plutôt intense et réussi, mais le récit prendra par la suite une tournure plus grave, en offrant des moments d’émotions et de tragique dans un contexte qui ne s’y prête absolument pas. Dès lors, le lecteur aura véritablement du mal à appréhender les péripéties des protagonistes, l’équilibre étant rompu. L’auteur s’autorise même à intégrer le passé tragique de Kuro-chan, en mettant en scène un massacre de chats au premier degré… un comble. Le manga se destinant aux plus jeunes, comment expliquer une telle dérive ? La conclusion de l’œuvre se veut également hésitante entre moments délirants et scènes tragiques, et il faudra attendre le happy end pour souffler enfin.

À série déjantée, graphisme déjanté ! Le mangaka opte pour un graphisme particulièrement original, mélange improbable entre un style caricatural déformé et rétro, et un design simpliste rappelant des cartoons américains modernes tels que « Les super nanas » ou « Le laboratoire de Dexter ». Le résultat de ce cocktail peut nous laisser perplexe, au point de douter du talent graphique de l’auteur : sur certains passages, un enfant de dix ans aurait pu faire mieux… mais au final, on a du mal à imaginer le manga avec un autre style, plutôt adapté pour un jeune lectorat, et restant lisible malgré la pagaille ambiante.

L’adaptation offerte par Pika s’avère très inégale. Le lecteur appréciera la retranscription totale des onomatopées pour rendre parfaitement le dynamisme de la série, ou encore le lexique en début de volume pour saisir les quelques références disséminées. Du moins, quand il se rapporte au bon volume… On regrette en revanche que d’autres gags soient très mal retranscrits (l’exemple sur Pikachu, cf tome 4) voire laissés tels quels. Enfin, le langage des personnages est souvent très ordurier et vulgaire, ne le destinant pas aux oreilles des jeunes lecteurs. La qualité du support est quant à elle, étonnamment respectable pour un titre de cet acabit, avec un papier épais et un encrage réussi.

Cyborg Kurochan est donc le manga de tous les paradoxes : une histoire déjantée qui sert de défouloir mais qui se prend trop au sérieux, des personnages tous aussi fous les uns que les autres mais qui expriment parfois des liens trop dramatiques, et un style original et déroutant qui pêche par simplicité. Difficile alors de trouver un public pour cette série. Les plus vieux trouveront le manga trop régressif ou n’assumant pas ses idées premières, et les plus jeunes ne saisiront les références parodiques et pourront être perturbés par un langage ordurier et des passages particulièrement sanglants et macabres. Voilà donc un manga auquel on ne peut accrocher que par coup de foudre, ou jamais…


Tianjun


Note de la rédaction

Evolution des notes des volumes selon les chroniques:

12.00,14.00,11.00,12.00,14.00,12.00,13.00,11.00,12.00,10.00,14.00

Les critiques des volumes de la série