Voyage de Ryu (le) - Actualité manga

Voyage de Ryu (le) : Critiques

Ryû no Michi

Critique de la série manga

Publiée le Jeudi, 26 Janvier 2012

Troisième titre de la collection Vintage de Glénat, le Voyage de Ryû est un manga des années 1970 de Shotaro Ishinomori, un auteur presque aussi célèbre qu’Osamu Tezuka au Japon.

Ryû est un jeune garçon endormi depuis des années dans un vaisseau spatial. Ce vaisseau se crashe sur ce qui semble être la Terre, ce qui provoque en même temps le réveil de Ryû. Tout le monde est mort depuis longtemps à bord. Lorsqu’il sort du vaisseau, il y constate une planète Terre sur laquelle la nature semble avoir repris tous ces droits. Pas de trace de technologie à proximité, juste une végétation dense, un ex-mont Fuji devenu volcan en éruption, et surtout des bêtes qui ont évolué et qui ressemblent plus à des monstres à présent… D’abord dépité, Ryû, dont les facultés mentales se sont accrues inexplicablement durant son sommeil, décide de partir à la recherche de la civilisation. Il trouvera quelques compagnons de voyage humains, mais son périple l’amènera à voir quel point l’humanité est devenue faible face aux animaux, à la végétation, aux mutants, et même aux machines qu’ils ont construites.

Ce manga de Shotaro Ishinomori adapte à la sauce japonaise le mythe de la fin de l’humanité engendrée par les guerres nucléaires, sujet qui fut à la mode dans les films américains des années 1960. On y trouve çà et là quelques références à des films cultes de l’époque, comme la Machine à Explorer le Temps ou la Planète des Singes. Ces références permettent de situer le manga dans son époque, mais aussi d’introduire plus facilement un récit riche et complexe sur l’avenir de notre planète et de l’humanité. Le thème a été effectivement de nombreuses fois visité et revisité sur tous les supports, mais l’œuvre ici présente possède certaines qualités qui ne la rendent pas inintéressantes malgré son âge et le recul que l’on peut avoir sur ce type de fiction.

En réalité, ce qui frappe et qui fait probablement office de plus grande qualité du manga, c’est le trait d’Ishinomori. Lors de séquences assez classiques, le style n’est pas particulièrement remarquable. En revanche, dès que la tension monte, Ishinomoi détaille énormément ses décors sur des plans larges, ou n’hésite pas à zoomer sur des scènes violentes pour interpeller le lecteur. Ce procédé est aussi utilisé dans un autre manga d’un tout autre style de la collection Vintage de Glénat, Ashita no Joe. Il en ressort un aspect contemplatif, qui facilite encore l’immersion dans ce monde impitoyable.

Pour ce qui est de l’intrigue en elle-même, on est réellement amener à voyager, à côtoyer toutes sortes d’environnements, qu’ils soient futuristes ou préhistoriques, et certains passages tiennent indéniablement en haleine. Dans ces moments, on a tout simplement envie de savoir la suite, où tout est possible pour les personnages, le meilleur comme le pire, mais plutôt du pire. Car ne le nions pas, Ishinomori fait le procès des mauvais actes de l’Homme dans ce manga, et c’est extrêmement désespérant. C’est au travers des découvertes de Ryû lors de son voyage que le lecteur s’en rendra compte. Par ailleurs, le discours de l’auteur sur ce sujet est parfois tellement excessif qu’il en devient trop grossier pour convaincre pleinement.

Un autre problème provient des personnages. Peu sont réellement intéressants, car écrasés par un Ryû omniprésent et qui possède la science infuse. Sans doute Ishinomori a-t-il voulu incarner en Ryû la dualité de l’humanité, partagée entre ses désirs et ses excès. Mais du coup, certaines conclusions sont un peu trop faciles. Reste une sorte de « bestiaire » très complet, qui comprend des monstruosités sanguinaires comme des plantes carnivores, des hommes-singes ou des loups télépathes, et aussi des variantes humanoïdes assez… déconcertantes, mais pas inintéressantes.

Ne boudons toutefois pas notre plaisir. Malgré ces artifices, le Voyage de Ryû est un manga extrêmement plaisant à suivre, qui fera subir au lecteur tout un panel d’émotions, de l’effroi à la joie, et surtout qui devrait laisser un bon souvenir dans l’ensemble.


raimaru


Note de la rédaction
Note des lecteurs
17/20

Evolution des notes des volumes selon les chroniques:

17.00,18.00,18.00,15.00,13.00

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