Critique de la série manga
Publiée le Vendredi, 23 Janvier 2015
Les Oni. Vénérés pendant des siècles comme des dieux ou craints comme des démons, ces symboles du folklore japonais sont pourtant bien réels. Ils ne doivent leur statut de légende qu’à leur souhait de demeurer dans l’ombre… Une obscurité où certains humains sont venus les trouver afin de pactiser avec eux, pour la gloire ou la fortune.
Mais le temps des offrandes et des divinités semble aujourd’hui révolu.
Les vieilles croyances et les temples tombent les uns après les autres,
les anciens pactes se brisent. Pour ne rien arranger, une grande partie
des Oni ne supporte plus de rester en arrière-plan de l’espèce humaine
et elle passe à l’attaque, en plein cœur de Tokyo.

Humains et Oni : quel est le véritable ennemi ?
Lutter contre ces Oni belliqueux tout en gardant leur existence secrète est le difficile travail de la jeune Kyôko Karasuma, inspectrice à Asakusa.
Membre de l’unité spéciale de sécurité, cette orpheline à la recherche de ses origines traque les Oni sans relâche, pour fuir un passé qui l’effraie.
Mais sa rencontre avec le démon Kirio Uchida et les révélations qui s’en suivent vont l’obliger à faire face à la question qui la hante : est-elle vraiment humaine ?
À ses côtés dans la lutte anti-Oni : son coéquipier, Raymond Kumano, un borgne doté d’un sale caractère et d’une force physique hors du commun.

A la recherche d’un démon lycanthrope, ce dernier a accepté de rentrer dans l’unité afin de mener à terme une vengeance qui l’obsède.
Cependant, et aussi redoutable que soit l'efficacité des membres de la brigade, les attaques perpétrées par les Oni gagnent en nombre et en éclat, obligeant les pouvoirs publics à entrevoir d'autres solutions que cette petite escouade. Malheureusement, certains politiciens tentent de tirer profit de ce marasme et deviennent malgré eux les marionnettes de leurs ennemis.
Car en attaquant en plein jour les humains et en assassinant les politiciens pacifistes, les Oni ne semblent chercher qu’une seule chose : la guerre !

Un seinen à fortes personnalités
Kyôko Karasuma, Inspecteur à Asukusa est publié depuis 2003 au Japon sous le titre original Karasuma Kyoko No Jikenbo, dans le magazine Comic BIRZ de l’éditeur nippon Gentosha Comics. En France nous suivons les aventures de Kyôko depuis novembre 2005 grâce à l’éditeur Taïfu Comics (10e et dernier tome paru en octobre 2012)
Ce seinen fait partie de ces lectures qui refusent de se dévoiler au premier rendez-vous. Mystérieuses, presque nébuleuses, les bases policières mêlées de fantastique nous emmènent dans le quotidien assez inhabituel de deux inspecteurs qui chassent l’Oni, sans que le lecteur puisse en saisir les tenants ou les aboutissants.

Fort heureusement, le charisme grandissant des protagonistes fournit une excellente raison de patienter et, pendant que l’écran de fumée se dissipe, on découvre un trio d’une grande densité.
L’héroïne, Kyôko, débute l’histoire en tant qu’adolescente surdouée, mais tourmentée par des sujets heureusement plus profonds que ceux des jeunes de son âge. Antithèse de la gossip girl, Kyôko affronte une crise identitaire nettement plus épineuse que le commun des mortels : est-elle humaine ou démon ?

Le scénariste Ohji Hiroi dresse un intéressant parallèle entre les Oni que l’agent spécial doit combattre et le démon qui fait partie d’elle-même. Au fur et à mesure que les adversaires se montrent de plus en plus puissants, les murailles de son refus s’effritent. L’aveuglement fait d’abord place au doute puis à l’évidence de sa nature hybride, dont l’origine et les enjeux nous demeurent encore inconnus.
Si aux jeunes adultes torturés vous préférez les baroudeurs têtus qui frappent avant de réfléchir, vous vous tournerez vers le violent Raymond, dont les poings défoncent les Oni les plus robustes.
Néanmoins, à l’image de la rapidité hors norme de sa coéquipière, la puissance de cet inspecteur solitaire n’est pas sans conséquence sur la survie de son corps et de son âme, qui pourrait bien basculer dans le gouffre obscur de la vengeance.
Dernier pilier de la série : le chef de la section spéciale, Kôzô Mitamura.
Moins présent que Raymond et Kyôko, cet homme aux allures de grand-père jovial est pourtant d’une redoutable efficacité à chacune de ses apparitions.
Ancien dirigeant d’une unité de lutte anti-Oni, Mitamura possède toujours plusieurs coups d’avance sur ses ennemis comme sur ses amis, et fait preuve d’une remarquable intelligence. Surnommé Oni par les démons eux-mêmes, il force le respect en même temps que la crainte, l’admiration conjointement à l’inquiétude. Une fois de plus, la frontière entre humains et démons n’est plus qu’une simple ligne…
Fort de ses personnages principaux diablement séduisants et de quelques protagonistes secondaires au caractère bien trempé, cette série prend petit à petit son envol et se transforme progressivement en thriller haletant.

Aux combats personnels menés par les protagonistes principaux vient d’abord s’ajouter une intrigue politique complexe qui donne de l’épaisseur à la trame de fond.
Entre la quête de pouvoir pour la place de Premier ministre et les divergences dans l’attitude à adopter face aux Oni, les politiciens stigmatisent les nombreux défauts de notre espèce : avidité, lâcheté, obstination, etc.

Le portrait fait des dirigeants japonais n’est pas tendre, mais certainement pas irréaliste. Une analyse intéressante qui demande réflexion, maturité et temps…
Yusuke Kozaki sait lui aussi tirer des bénéfices de ce délai de création.
Au travers d'une mise en scène travaillée et de chorégraphies efficaces, il apporte toute l’action nécessaire au titre, en alternant avec les phases de dialogues, en proposant des affrontements très différents les uns des autres.
Combats de rue, duels au sabre, poursuite à la vitesse du son, guérilla urbaine, évasion de prison ou encore opération commando, tout est fait pour varier les plaisirs, dans un souci constant du détail.
Sur les 10 tomes, on apprécie également les progrès artistiques de ce dessinateur, dont le chara-design et la gestion des ombres s’affinent, en plus d’un talent présent depuis le début pour les effets de vitesse, parfaitement rendus.
Ceux qui l'ont découvert via le character design de la saga vidéoludique No More Heroes retrouveront avec plaisir l'expression de son art en deux dimensions et noir et blanc…
À l’heure où les éditeurs nippons chassent avec une impatience grandissante une hypothétique poule aux œufs d’or, Kyoko Karasuma, Inspecteur à Asakusa a eu le bon goût de nous rappeler que, pour faire un bon manga, il faut généralement du temps…
Mais le temps des offrandes et des divinités semble aujourd’hui révolu.
Les vieilles croyances et les temples tombent les uns après les autres,
les anciens pactes se brisent. Pour ne rien arranger, une grande partie
des Oni ne supporte plus de rester en arrière-plan de l’espèce humaine
et elle passe à l’attaque, en plein cœur de Tokyo.

Humains et Oni : quel est le véritable ennemi ?
Lutter contre ces Oni belliqueux tout en gardant leur existence secrète est le difficile travail de la jeune Kyôko Karasuma, inspectrice à Asakusa.
Membre de l’unité spéciale de sécurité, cette orpheline à la recherche de ses origines traque les Oni sans relâche, pour fuir un passé qui l’effraie.
Mais sa rencontre avec le démon Kirio Uchida et les révélations qui s’en suivent vont l’obliger à faire face à la question qui la hante : est-elle vraiment humaine ?
À ses côtés dans la lutte anti-Oni : son coéquipier, Raymond Kumano, un borgne doté d’un sale caractère et d’une force physique hors du commun.

A la recherche d’un démon lycanthrope, ce dernier a accepté de rentrer dans l’unité afin de mener à terme une vengeance qui l’obsède.
Cependant, et aussi redoutable que soit l'efficacité des membres de la brigade, les attaques perpétrées par les Oni gagnent en nombre et en éclat, obligeant les pouvoirs publics à entrevoir d'autres solutions que cette petite escouade. Malheureusement, certains politiciens tentent de tirer profit de ce marasme et deviennent malgré eux les marionnettes de leurs ennemis.
Car en attaquant en plein jour les humains et en assassinant les politiciens pacifistes, les Oni ne semblent chercher qu’une seule chose : la guerre !

Un seinen à fortes personnalités
Kyôko Karasuma, Inspecteur à Asukusa est publié depuis 2003 au Japon sous le titre original Karasuma Kyoko No Jikenbo, dans le magazine Comic BIRZ de l’éditeur nippon Gentosha Comics. En France nous suivons les aventures de Kyôko depuis novembre 2005 grâce à l’éditeur Taïfu Comics (10e et dernier tome paru en octobre 2012)
Ce seinen fait partie de ces lectures qui refusent de se dévoiler au premier rendez-vous. Mystérieuses, presque nébuleuses, les bases policières mêlées de fantastique nous emmènent dans le quotidien assez inhabituel de deux inspecteurs qui chassent l’Oni, sans que le lecteur puisse en saisir les tenants ou les aboutissants.

Fort heureusement, le charisme grandissant des protagonistes fournit une excellente raison de patienter et, pendant que l’écran de fumée se dissipe, on découvre un trio d’une grande densité.
L’héroïne, Kyôko, débute l’histoire en tant qu’adolescente surdouée, mais tourmentée par des sujets heureusement plus profonds que ceux des jeunes de son âge. Antithèse de la gossip girl, Kyôko affronte une crise identitaire nettement plus épineuse que le commun des mortels : est-elle humaine ou démon ?

Le scénariste Ohji Hiroi dresse un intéressant parallèle entre les Oni que l’agent spécial doit combattre et le démon qui fait partie d’elle-même. Au fur et à mesure que les adversaires se montrent de plus en plus puissants, les murailles de son refus s’effritent. L’aveuglement fait d’abord place au doute puis à l’évidence de sa nature hybride, dont l’origine et les enjeux nous demeurent encore inconnus.
Si aux jeunes adultes torturés vous préférez les baroudeurs têtus qui frappent avant de réfléchir, vous vous tournerez vers le violent Raymond, dont les poings défoncent les Oni les plus robustes.
Néanmoins, à l’image de la rapidité hors norme de sa coéquipière, la puissance de cet inspecteur solitaire n’est pas sans conséquence sur la survie de son corps et de son âme, qui pourrait bien basculer dans le gouffre obscur de la vengeance.
Dernier pilier de la série : le chef de la section spéciale, Kôzô Mitamura.
Moins présent que Raymond et Kyôko, cet homme aux allures de grand-père jovial est pourtant d’une redoutable efficacité à chacune de ses apparitions.
Ancien dirigeant d’une unité de lutte anti-Oni, Mitamura possède toujours plusieurs coups d’avance sur ses ennemis comme sur ses amis, et fait preuve d’une remarquable intelligence. Surnommé Oni par les démons eux-mêmes, il force le respect en même temps que la crainte, l’admiration conjointement à l’inquiétude. Une fois de plus, la frontière entre humains et démons n’est plus qu’une simple ligne…
Fort de ses personnages principaux diablement séduisants et de quelques protagonistes secondaires au caractère bien trempé, cette série prend petit à petit son envol et se transforme progressivement en thriller haletant.

Aux combats personnels menés par les protagonistes principaux vient d’abord s’ajouter une intrigue politique complexe qui donne de l’épaisseur à la trame de fond.
Entre la quête de pouvoir pour la place de Premier ministre et les divergences dans l’attitude à adopter face aux Oni, les politiciens stigmatisent les nombreux défauts de notre espèce : avidité, lâcheté, obstination, etc.

Le portrait fait des dirigeants japonais n’est pas tendre, mais certainement pas irréaliste. Une analyse intéressante qui demande réflexion, maturité et temps…
Yusuke Kozaki sait lui aussi tirer des bénéfices de ce délai de création.
Au travers d'une mise en scène travaillée et de chorégraphies efficaces, il apporte toute l’action nécessaire au titre, en alternant avec les phases de dialogues, en proposant des affrontements très différents les uns des autres.
Combats de rue, duels au sabre, poursuite à la vitesse du son, guérilla urbaine, évasion de prison ou encore opération commando, tout est fait pour varier les plaisirs, dans un souci constant du détail.
Sur les 10 tomes, on apprécie également les progrès artistiques de ce dessinateur, dont le chara-design et la gestion des ombres s’affinent, en plus d’un talent présent depuis le début pour les effets de vitesse, parfaitement rendus.
Ceux qui l'ont découvert via le character design de la saga vidéoludique No More Heroes retrouveront avec plaisir l'expression de son art en deux dimensions et noir et blanc…
À l’heure où les éditeurs nippons chassent avec une impatience grandissante une hypothétique poule aux œufs d’or, Kyoko Karasuma, Inspecteur à Asakusa a eu le bon goût de nous rappeler que, pour faire un bon manga, il faut généralement du temps…
Evolution des notes des volumes selon les chroniques:
15.00,16.00,17.00,16.00,16.00,18.00,19.00,17.00,17.00,17.00