Mobile Suit Gundam SEED - Actualité anime

Critique de l'anime : Mobile Suit Gundam SEED

Publiée le Mardi, 01 Septembre 2015

La saga Gundam est sans aucun doute la saga d’animation japonaise la plus longue qui soit. 13 séries d’animation, plus d’une dizaine de séries d’OAV, près d’une vingtaine de films et longs métrages… Voici des chiffres qui caractérisent la saga à l’heure où votre serviteur écrit ces quelques lignes. En France, le succès n’est pas au rendez-vous et nous ne pouvons compter que sur une poignée de chapitres de la saga pour satisfaire notre appétit d’otaku. Parmi ces œuvres disponibles dans l’hexagone figure Gundam SEED, série de 50 épisodes réalisée en 2002.

Gundam SEED a pour avantage d’être un tout nouveau point de départ dans la saga. La série s’inscrit dans la politique des univers alternatifs, des sagas indépendantes au grand cycle inauguré par les premières séries Gundam, qui peuvent donc fait office de premier visionnage tant ils ne nécessitent pas de notions de la part du spectateur. Gundam SEED ouvre l’univers de l’Ere Cosmique (ou Cosmic Era) et fait office de réécriture de la toute première œuvre Gundam, s’inspirant de ses bases en mettant aux goûts du jour le scénario et en changeant les thématiques… l’idéal pour démarrer la saga, surtout quand on a peur des robots géants !

Dans un monde futuriste, l’homme a créé un humain partiellement artificiel, doué de capacités physiques et mentales hors du commun, les Coordinateurs. Nouvelle espèce humaine à part entière, ce peuple est devenu victime de discrimination et s’est reclus dans des colonies spatiales ou dans les différentes nations neutres. Des tensions se sont rapidement crées entre les deux peuples, autrement dit entre la Terre et ses colonie. Les tensions ont dégénéré en conflit, la guerre est désormais totale entre l’Alliance Terrienne et l’armée des Coordinateurs de ZAFT. Sur une colonie neutre, Heliopolis, le jeune Kira Yamato est un de ces humains modifiés profitant de jours paisibles, jusqu’au jour où les armées de ZAFT infiltrent la colonie de manière explosive pour dérober 5 prototypes de Mobile Suit, des robots géants faisant office de véhicule de guerre, les Gundam. Suite à un concours de circonstance, Kira se retrouve aux commandes de l’un de ces engins et se voit contraint de lutter aux côtés de l’Alliance Terrienne pour la protection de ses proches qui ont trouvé refuge dans l’Archangel, nouveau navire terrien. L’entrée de Kira dans la guerre sera d’autant plus grande car dans le camp ennemi se trouve Asran Zala, son ami d’enfance.

S’il est long de raconter le synopsis de Gundam SEED et que le premier épisode peut se révéler déstabilisant, il ne faut pas bien longtemps pour le spectateur d’apprendre à connaître cet univers, ses concepts et ses enjeux. En moins de 5 épisodes, nous sommes familiarisés avec la série et apprécions le scénario à ses différentes surprises, et ce que l’on connaisse déjà Gundam ou non.
L’intrigue utilise une formule plutôt classique : Deux amis d’enfance séparés par la guerre, un héros combattant pour son salut et celui des siens. Gundam SEED réutilise ainsi le schéma de la toute première série Gundam : Un héros aux capacités de pilotage incroyable, luttant aux côtés de l’armée terrienne dans un navire de combat. Dans son déroulement, Gundam SEED rappelle aussi cette première œuvre : Une épopée spatiale, puis un atterrissage sur Terre, dans les déserts avant d’atterrir en quartier général allié. Certains personnages rappellent des personnages de la série originale Gundam, c’est un fait, mais en termes de ressemblance, on s’arrête là. La série possède son propre récit, son propre univers et ses propres enjeux. Sur les devants de scènes, on observe le combat dramatique entre Kira et Asran, ces deux amis d’enfance opposés par la guerre, mais pas seulement. A l’instar d’Amuro Ray, tout premier héros de la saga, Kira évolue, murit, se forge sa propre opinion vis-à-vis du conflit, et se lit à un équipage constitué de personnalités diverses et attachantes. Tous les membres de l’équipage de l’Archangel bénéficient de leur propre développement et nul n’est laissé de côté. Et si ces individus paraissent pour les « gentils » de l’histoire, Gundam SEED évite le manichéisme en présentant en parallèle 4 pilotes ennemis aussi intéressants et qui ne manqueront pas d’évoluer psychologiquement. Et parce qu’une série télé sans héros masqué ne serait pas Gundam, le calculateur Raw Le Creuset fait office d’intrigant ennemi aux intentions ambiguë. En bref, c’est une flopée de personnages plus intéressants les uns que les autres qui s’offrent à nous.

Gundam SEED captive par un rythme soutenu en permanence. Passé les dix premiers épisodes, chacun d’entre-eux apporte son lot de surprises et de rebondissements. Pour quiconque se lancerait dans Gundam pour la première fois, c’est une véritable dépendance qui se créer. La tension dramatique monte crescendo au fil des épisodes jusqu’à atteindre un point culminent à l’épisode 30 qui marque un chamboulement de la série. A partir de cet épisode, Gundam SEED choisit définitivement sa propre voie et se démarque de la toute première œuvre Gundam. Les enjeux changent radicalement, des personnages trouvent une nouvelle fois, des machines plus puissantes font leur entrée en scène… Le rythme n’en devient que plus effréné et l’avalanche de retournements de situations se fait incessante. Certains épisodes comme le quarantième s’avèrent même percutant, tous les éléments de l’histoire se mettent en place afin de réponse à quelques mystères de la série et bien entendu aboutir à une immense bataille finale spatiale, marque de fabrique de la saga Gundam d’une manière générale. Les trois derniers épisodes de Gundam SEED sont riches en émotion, tant certains sacrifices se montrent bouleversants. La série n’est pas la plus noire de la saga, loin de là, mais ce final fait honneur à la franchise dans son ensemble.

En réalité, il existe deux approches possibles pour Gundam SEED, la première décrite précédemment est celle d’un nouveau spectateur non initié à Gundam. Mais pour l’inconditionnel de la saga, certains détails font grincer des dents. Le fait que la série soit une réécriture de l’œuvre d’origine n’est pas un souci en soi, on y voit justement un excellent moyen de proposer la saga à un public plus jeune, parfois allergique aux séries antérieures aux années 2000. Seulement, certains petits éléments distillés ci et là puisent un peu trop dans la réutilisation de séquences phares de la licence. La limite est parfois presque franchie entre l’hommage et la repompe, notamment par le biais de certaines répliques ou de petits détails qui peuvent agacer le vieux fan aigri. Gageons que cela ne fait pas de Gundam SEED un repompage pur et simple des bases de la saga tant la série possède ses personnages souvent originaux, juste inspirés des précédents héros de la licence, et une histoire qui parvient largement à se démarquer de Mobile Suit Gundam, premier du nom.

Un point négatif qui vient entacher notre visionnage et son rythme est la présence presque systématique d’épisodes résumés entre deux arcs de la série. Pour expliquer la chose simplement, deux cycles majeurs de l’histoire de Gundam SEED sont séparés par un épisode montrant un personnage revenir sur les premiers évènements du conflit, guerre que le spectateur a encore en tête si son visionnage se fait d’une seule traite. Ces épisodes permettent néanmoins de développer le point de vue de quelques personnages, mais ça s’arrête là. Un épisode, pourquoi pas, mais deux, la lourdeur est bien là.

La réalisation de Gundam SEED n’est pas exempt de lacunes. L’aspect graphique de la série a en effet quelques côtés gênant, non pas à propos du chara-design globalement réussi, mais surtout à propos des personnages, mal proportionnés sur certains plan, au chara-design très simpliste. Pour faire simple, Hisashi Hirai (que l’on connaît majoritairement sur des séries méchas) ne fait que changer la coupe de cheveux et la forme des yeux de ses personnages qui se différencient physiquement très peu. L’autre point gênant réside dans l’animation. Très correcte dans son ensemble, elle est entachée par des reprises quasi-systématiques de certains plans, par exemple concernant le décollage du Strike Gundam de Kira. Parfois, c’est simplement la couleur des Mobile Suit qui change, mais l’animation reste la même.
Qu’à cela ne tienne, ce constat technique est irrégulier. D’un côté, nous avons une animation assez pauvre mais de l’autre, une qualité musicale vient satisfaire le spectateur. Toshihiko Sahashi, connu pour ses travaux sur Hunter X Hunter ou Reborn, signe les compositions sonores et force est de constater que celles-ci sont très réussies. On navigue entre des thèmes épiques et pêchus mais aussi des musiques douces et tragique, ou encore des séquences graves et inquiétantes. Ainsi, la série est dotée d’une ambiance qui accentue le rythme ou le tragique de certains épisodes. En parallèle à ces BGM, on remarque la présence récurrente d’Insert Song, ces chansons lyriques que l’on peut entendre au cours de la série. Elles se traduisent ici par la chanteuse Lacus Clyne mais aussi par des thèmes propres aux scènes de combat les plus marquantes. T.M.Revolution et FictionJunction Yuuka nous signent deux musiques intenses et sublimes, deux chansons qui, à elles seules, peuvent justifier l’achat de la bande originale. Quant aux génériques, nous allons du très bon au passable. Les premiers thèmes d’ouvertures sont très entrainants avant de partir dans la J-Pop très classique tandis que les génériques de fin sont dans l’ensemble très jolis. Musicalement, Gundam SEED satisfait au plus haut point.

Beez ayant mis la clef sous la porte, se procurer l’intégrale de la série est devenue une chose peu aisée. La première édition en date fut une série de 10 unitaires de 5 épisodes chacun avant de se décliner en deux coffrets collectors. Maintenant, l’édition la plus simple d’accès réside dans les coffrets Anim Legend, à prix très abordables qui réunissent chacun d’eux 25 épisodes.
L’édition de Beez nous propose l’excellente version originale sous-titrée mais aussi un doublage français de qualité. De manière surprenante, seul Thierry Bourdon nous livre un jeu très maladroit dans le rôle du Kira, notamment lors des scènes où le jeune homme est soumis aux larmes ou à la colère. A côté, l’ensemble des comédiens nous livre une prestation rythmée et juste, en particulier Constantin Pappas qui campe un Mwu La Fraga des plus sympathiques ou Susan Sindberg qui nous livre une Cagalli plus garçon manqué que jamais.

Gundam est une saga qui attire mais qui effraie à cause de sa densité et des robots géants. Seulement, le robot n’est ici qu’un simple véhicule de guerre, et le conflit est avant tout humain. Gundam SEED se révèle être une très bonne option pour se lancer dans la saga tant elle ne nécessite aucune connaissance particulière préalable. Un scénario rythmé et intéressant, des personnages globalement jeunes et intéressant et des batailles souvent épiques, parfois tragiques, voici les atouts de la série. Si on déplore quelques défauts, notamment au niveau de l’animation, la bande originale rattrape le reste. Que l’on soit fan ou non de Gundam, Gundam SEED se révèle être une bonne série très divertissante, pas la plus profonde ni la plus marquante de la saga, mais qui réserve son lot de bon moment et dont le scénario très rythmé permet un visionnage rapide. Il faut toutefois savoir que la série a deux déclinaisons en France : Un manga en 5 tomes édité par Pika et très moyen en tous points, ainsi qu’une suite animée directe qui hante le quotidien des fans de la saga tant elle s’avère ratée : Gundam SEED Destiny. Mais ça, c’est une autre histoire…

Chroniqueur: Takato

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