Peach Boy Riverside - Nouvelle édition Vol.1 : Critiques

Peach Boy Riverside

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 16 Juillet 2025

Ca n'aura échappé à personne: après une année sans sorties ni communication, et quelques mois de rumeurs concernant une possible reprise de leur catalogue par les éditions Meian, les éditions Noeve Grafx font leur retour dès cet été. Bien que la direction reste la même, la distribution est désormais gérée par IDP, société derrière laquelle on retrouve notamment les éditions Meian (comme pressenti), Hana et Hot Manga ou encore la boutique en ligne Anime-Store. La production, elle, est à la charge d’IDP, mais la plupart des traducteurs historiques des séries restent en place et la charte graphique reste la même afin de garantir la meilleure continuité. Ce retour ne se fait toutefois pas sans compromis, afin d'assurer le maintien de toutes les séries en cours: ainsi, les éditions deluxe et collector telles que Noeve Grafx avait l'habitude d'en faire sur certaines séries sont vouées à être abandonnées. Enfin, ce retour de l'éditeur, annoncé fin juin, s'est fait en grandes pompes avec de nombreuses avant-premières pendant Japan Expo début juillet, en attendant la sortie officielle dans les mois à venir. Et parmi ces avant-premières se trouvait les volumes 1 à 4 de Peachboy Riverside, série que vous avions laissée sur le tome 2 en mars 2023 et qui fera officiellement son retour en septembre.


Malheureusement, pour ce retour en grandes pompes de l'éditeur, il faudra composer avec un changement considérable pour ce titre qui faisait partie de la collection XS, collection qui proposait des tomes sans jaquette à un petit prix de 3,95€: cette collection n'ayant été (très logiquement) pas du tout rentable, elle est abandonnée. Toutefois, les premiers tomes des séries concernées sont tous vouée à être réimprimés avec des surcovers. Les œuvres de la collection reviennent donc dans un format classique vendu 6,95€. Mais pour les personnes souhaitant conserver leurs premiers tomes à 3,95€, l'éditeur a tâché de respecter la charte graphique d'origine en gardant malgré tout le logo de l'éphémère collection. Egalement, une petite douche froide nous attend pour cette nouvelle édition: avec une trentaine de sorties prévues chaque mois jusque fin 2026 et la réimpression de très nombreux titres, il y avait de quoi se demander vers quel imprimeur l'éditeur s'est tourné pour pouvoir gérer tout ça sur un marché déjà saturé, et la réponse est simple: la grande majorité des titres, dont Peachboy Riverside, ont été imprimés à des milliers de kilomètres de chez nous, chez InkWize en Chine, ce qui non seulement n'est vraiment pas fou sur le plan écologique, mais en plus se révèle très inégal en terme de qualité d'impression et de papier. Dans le cas de la série ici présente, on a heureusement une impression globalement assez propre et avec peu de moirages, mais il faudra tout de même faire avec une légère transparence du papier. Si l'on fait fi de ces problèmes, on appréciera quand même la qualité des jaquettes dotées d'un vernis sélectif, ainsi que le retour de Yoan Giraud à la traduction.


Rappelons que, après le populaire et très sympathique Miss Kobayashi's Dragon Maid, ce manga marqua le retour chez l'éditeur de Coolkyousinnjya, qui n'est toutefois qu'au scénario cette fois-ci, tandis que la partie dessins a été confiée à Johanne (ou Yohane), une autrice dont ce fut la toute première série professionnelle mais qui s'est auparavant faite remarquer dans le milieu amateur pour plusieurs doujinshi sur la licence Touhou Project. Possédant déjà sa petite réputation grâce à son adaptation animée qui fut diffusée pendant l'été 2021 sur la plateforme Crunchyroll, l'oeuvre a été prépubliée au Japon entre 2015 et 2024 dans le magazine bimestriel Shônen Magazine R des éditions Kôdansha, pour un total de 16 volumes.


Cette histoire nous immisce dans un monde de fantasy aux côtés de Saltherine Aldarake alias Sally, la princesse du royaume d'Aldarake, qui ne se fait aucunement à sa condition princière. Enfermée depuis toujours dans le château de son royaume, la jeune femme déteste l'idée que toute sa vie se trouve là et ne rêve que d'une chose: parcourir le monde, aller à sa découverte, malgré les dangers qui pullulent avec notamment des ogres toujours prêts à s'emparer du moindre pays. Et c'est précisément à l'aube d'une attaque d'ogres que la vie de la princesse va changer du tout au tout, dès lors qu'elle rencontre un mystérieux voyageur du nom de Mikoto Kibitsu, qui la sort d'une situation délicate et qu'elle souhaite remercier en le conviant au château. L'invitation de Saltherine n'est pas sans arrière-pensée: elle espère bien obtenir l'occasion de partir en voyage avec Mikoto. Mais la princesse va vite se rendre compte que la puissance destructrice et la soif de sang de Mikoto n'ont pas forcément grand chose à envier aux ogres et autres ennemis naturels des humains... Malgré tout, en étant nourrie par sa curiosité envers les monstres, par sa soif de découverte, par l'aventure, voire par quelques pulsions plus inquiétantes, Sally se décide enfin à partir seule en voyage, reniant sans hésitation son nom et son titre, et surpassant ce que la "bienséance" attendrait de son statut de femme.


L'idée d'un voyage à la découverte du monde dans un univers fantasy n'a évidemment rien de bien neuf, et dans ce registre on peut même dire que, globalement, ce premier volume suit un déroulement assez standard avec des premiers lieux visités, des premiers dangers, et surtout des premières rencontres. Mais ce schéma plutôt classique n'empêche aucunement l'oeuvre de trouver assez bien ses marques, ne serait-ce que pour l'attachement que l'on ressent immédiatement pour une héroïne très éloignée de la princesse naïve clichée ainsi que pour son premier compagnon de voyage, Frau, un homlap (lapin humanoïde, en gros) qui va déjà mettre en exergue et surtout mettre à mal le racisme et les préjugés des humains envers les demi-humains, cet aspect étant clairement le premier élément ressortant fortement du background de ce monde.


Mais sur ces bases, les deux mangakas parviennent à glisser des idées qui, sur la longueur, pourraient avoir de quoi se développer en rendant le récit assez unique, et on pense ici à trois choses dont la plus "légère" pour l'instant vient du goût de Coolkyousinnjya pour jouer sur des apparences trompeuses: Mikoto a des traits assez féminins mais serait a priori de sexe masculin, Frau revêt une jupe mais son genre n'est pas spécialement identifié... Quant aux deux autres éléments intrigants, ils proviennent du côté plus brutal et sanglant de Mikoto qui prend clairement plaisir à massacrer les ogres et autres monstres pour une "justice" très violente, et à ce que cela pourrait éveiller en Sally elle-même.


Sur le plan visuel, c'est franchement agréable pour une première série professionnelle. Au-delà de quelques inégalités anatomiques, Johanne propose surtout un rendu fluide, des décors suffisamment travaillés, et surtout des designs franchement cools autant côté humains que côté monstres et côté demi-humains, avec sans doute une mention spéciale pour Frau qui, avec son visage simpliste où seuls ressortent ses yeux, n'a pourtant aucune difficulté à véhiculer ce qu'il faut tout en dégageant quelque chose d'assez mignon.


A l'arrivée, comme dans nos souvenirs de l'édition XS abandonnée, ce premier volume reste une bonne petite surprise. Sous couvert d'un début de voyage aventureux à la découverte d'un monde fantastique et parsemé de dangers, les deux mangakas glissent juste ce qu'il faut de pointes d'originalité afin de nous rendre curieux quant à la suite. Affaire à suivre, donc !


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction