Poème du Vent et des Arbres (Le) - Edition spéciale Vol.2 : Critiques

Kaze to Ki no Uta

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 16 Juillet 2025

S’acclimatant à sa vie au pensionnat, Serge compose tant bien que mal avec l’insaisissable Gilbert, muse de bien des élèves et caractères nébuleux pour lequel le jeune métis éprouve une attirance incontrôlable. Gilbert lui-même ne semble pas rester de marbre face à Serge, il vient même à son secours quand son colocataire tombe inconscient suite à son entrevue avec un certain Lilias. Mais, à l’approche de Noël, Serge prend une certaine distance en se rendant à la demeure familiale de Pascal où il est invité pour les fêtes.


Envoûtant, dérangeant et fascinant, le premier volume du Poème du Vent et des Arbres ne manquait pas de qualificatifs. Œuvre aussi intense que dramatique et poétique, son amorce donne l’envie de se plonger immédiatement dans la suite. Aussi, les éditions naBan ne se sont pas trompées en publiant le deuxième opus en simultanée du premier.


Loin de rester sur un statu quo et une routine ciblant les mésaventures entre Serge et Gilbert, cette suite pousse beaucoup plus loin les idées déjà présentes. Après une petite « pause » marquée par l’épisode du séjour de Serge chez Pascal pour les fêtes, toute l’intrigue autour de Gilbert reprend de plus belle. Entre complots, révélations sur le passé du fougueux garçon et échanges de plus en plus ambigus entre les deux protagonistes, la suite du récit se montre encore plus rythmée que ne l’était le premier tome. Non seulement les péripéties semblent plus variées, mais les terrains abordés sont aussi plus riches. Keiko Takemiya a de la suite dans les idées et sait conjuguer cette histoire si déstabilisante et passionnante à différents thèmes marqués par les divers épisodes qui composent ce volet. À chaque fois, la mangaka parvient à subtilement aborder l’adolescence des personnages, cette période où l’on se découvre et on se questionne, tout en mettant en opposition les désirs des héros avec les mœurs sociales rigides où les codes des bonnes familles et les impératifs religieux empêchaient automatiquement toute relation entre hommes. Cette idée de tabou semble encore plus présente que dans le premier tome et aboutit à un vrai climat hostile pour Serge qui ne cesse de s’interroger sur son rapport à Gilbert. La relation entre eux est clairement riche, à la fois conflictuelle et fusionnelle, et se trouve mise en mouvement à chaque grand acte de ce volume. La fin, déroutante, joue habilement sur une plus grande intrigue parsemée de manipulations et de rapports toxiques où l’inceste se fraye une petite place tandis que certaines révélations ajoutent une profondeur psychologique supplémentaire.


Ainsi, tout n’est que richesse dans ce deuxième épais volet. Le Poème du Vent et des Arbres demeure une œuvre fabuleuse avec cette suite, certes éprouvante dans son ton et ses thèmes, mais à l’écriture d’une merveilleuse finesse tandis que la narration couplée au trait de Keiko Takemiya amène une majesté graphique dont on se régale. Alors qu’il nous reste encore 8 tomes à découvrir, on comprend déjà pourquoi le récit a fait date dans l’art du manga.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
18 20
Note de la rédaction