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Evènemen Retour sur la conférence de Paru Itagaki au Festival International de la BD d'Angoulême

Dimanche, 10 Février 2019 à 17h00

L'un des mangaka invités phares du 46e Festival International de la BD d'Angoulême fut Paru Itagaki, autrice de Beastars, qui a passé quatre jours en compagnie de ses lecteurs. Entre quelques séances de dédicaces et avant notre propre interview, l'artiste a tenu une conférence publique durant laquelle elle est revenue sur son parcours et sur son œuvre.

L'entrée de Paru Itagaki sur la scène s'est faite remarquée. Plutôt timide et ne voulant pas être prise en photo par le public, l'autrice s'est affublée d'un masque géant en forme de tête de poulet, rendant sa montée sur scène difficile et la conférence particulièrement singulière. Le présentateur Fausto Fasulo, rédacteur en chef du magazine ATOM, après quelques salutations distinguées, a orienté la conférence vers une série de questions / réponses.


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Ma première question est davantage une réaction que j'aimerais recueillir concernant Rumiko Takahashi qui a été récompensée du Grand Prix du Festival. Qu'avez-vous ressenti ? Et quel rapport entretenez-vous avec l’œuvre de Takahashi-sensei ?

Paru Itagaki : Je suis très heureuse qu'une mangaka de son envergure ait reçu un tel prix. Personnellement, j'aimais beaucoup Juliette je t'aime (Maison Ikkokku) quand j'étais plus jeune.

Nous allons justement rester sur votre jeunesse. Quels sont vos premiers souvenirs de lectrice de manga ?

Paru Itagaki : Une autrice qui m'a beaucoup marquée est Momoko Sakura, mangaka de Chibi Maruko-chan. Elle est malheureusement décédée l'an dernier au Japon, mais elle fait partie de mes références.

Y a-t-il d'autres auteurs que vous ont marquée ? Des artistes que vous avez peut-être découverts quand vous étiez jeune et que vous continuez de suivre aujourd'hui, parce que leurs œuvres sont encore importantes à vos yeux ?

Paru Itagaki : Je lis toujours Vagabond de Takehiko Inoue. Désolée mais comme je ne suis pas une grande lectrice de mangas, je n'en n'ai pas d'autres qui me viennent en tête.

Quand vous lisez Vagabond de Takehiko Inoue, qu'est ce qui vous intéresse particulièrement ? Observez-vous plus la technique depuis que vous êtes mangaka ?

Paru Itagaki : Oui, ma façon de lire a beaucoup changé depuis que je suis autrice. Je regarde beaucoup plus les détails et la manière de construire les dialogues.


Tous les enfants dessinent et gribouillent des petites choses sur leurs cahiers. A partir de quel âge avez-vous commencé à vous intéresser au dessin de fiction ? C'est à dire ne plus simplement dessiner comme ça, mais réfléchir à des histoires ?

Paru Itagaki : Je dessine mes propres histoires depuis que je suis à la crèche. Au fur et à mesure de ma croissance, je leur ai données de plus en plus de caractéristiques.

C'est à dire qu'on pouvait déjà retrouver les personnages de Beastars dans vos cahiers quand vous étiez enfant ?

Paru Itagaki : Effectivement, j'aimais dessiner les animaux, comme beaucoup d'enfant. Mais je leur ajoutais des détails réalistes. Par exemple, je dessinais un ours et un écureuil, puis imaginais qu'ils étaient voisins. Je me demandais comment ils pourraient vivre et coexister ensemble. Dès le départ, je voyais mes dessins comme quelque chose de vraiment vivant.

Comment expliquez-vous ce goût pour l'univers animalier ? Vous auriez pu avoir un choc en visitant un zoo... Mais comment expliquez-vous cette fascination ?

Paru Itagaki : Il faut savoir que je ne dessine pas des animaux pour représenter notre société humaine. Je les dessine tels qu'ils sont justement parce que je suis humaine. C'est cette réaction chimique qui a donné un tel design dans mon histoire.

Vous avez suivi des études de cinéma à l'université, vous vouliez donc embrasser le septième art. Qu'est-ce qui vous intéressait à l'époque dans le cinéma ? Qu'est-ce qui vous a motivée, à l'époque, à suivre des études dans cette spécialité ?

Paru Itagaki : A la fin de mes études d'arts à la fac, je me suis posé cette question. Plutôt que travailler sur des peintures, je pensais que ce serait plus utile socialement d'entrer dans le milieu du cinéma. Je voulais vraiment faire quelque chose pour me rendre utile.

Ainsi, portiez-vous en plus haute estime le cinéma, en matière d'art ? Le cinéma est-il le médium idéal pour porter un message, à vos yeux ?

Paru Itagaki : Pour moi, le cinéma est le seul médium qui permet de ressentir par le corps entier l'émotion des histoires. Je pense que beaucoup d'autres choses peuvent encore être faites par le cinéma.


Combien de temps avez-vous étudié le cinéma à l'université ?

Paru Itagaki : Je suis entrée directement en deuxième année d'études de cinéma. Du coup, j'ai étudié pendant trois ans.

Ce que vous avez appris durant vos études vous sert-il encore dans votre carrière de mangaka ? Toute cette grammaire du cinéma vous a aidée dans votre découpage ?

Paru Itagaki : Un point m'a énormément passionnée durant mes études de cinéma, c'est l'utilisation de l'éclairage pour exprimer les sentiments des personnages. Je l'utilise encore dans mes mangas.

Êtes-vous passé par le domaine dôjinshi, les histoires amateures, avant d'écrire des histoires en tant que professionnelle ?

Paru Itagaki : Oui, j'ai dessiné deux volumes amateurs utilisant le nom de Beastars avant de lancer ma série.

Quel regard portez-vous maintenant sur ces œuvres de jeunesse ? Trouvez-vous que tout était déjà là à l'époque ou, au contraire, qu'elles sont irregardables maintenant ?

Paru Itagaki : Effectivement, maintenant que je suis devenue professionnelle, que trouve que mes dessins d'époque sont nuls et que mon histoire était hyper bancale. Mais ce qui est au cœur du scénario ne change pas : ma série parle toujours d'une société où habitent herbivores et carnivores, et les problèmes de communication entre eux dans leur coexistence.

Vous êtes passée pro en 2016 avec une anthologie d'histoires courtes, Beast Complex. Dans quel état d'esprit êtes-vous passée à l'étape supérieure, et dans quel état d'esprit avez-vous conçu cette anthologie ?

Paru Itagaki : En quatrième année d'université, quand on doit déjà chercher un travail, j'ai échoué à tous mes entretiens d'embauche. J'ai pensé que le travail, ça n'était pas pour moi, c'est là que j'ai eu l'idée de devenir mangaka.


Dans quels types d'entreprises postuliez-vous ? Toujours dans le milieu du cinéma ?

Paru Itagaki : J'ai essayé de postuler dans le monde du cinéma, mais pas que. J'ai aussi tenté dans des entreprises de pompes funèbres.

Pourquoi les pompes funèbres ? C'est un domaine qui vous intéressait particulièrement ?

Paru Itagaki : Je pense que c'est un milieu intéressant car on aborde les thèmes de la vie de la mort, et comment on appréhende tout ça en tant qu'être humain. C'est aussi le seul secteur dans lequel j'ai atteint le troisième niveau d'entretien d'embauche, mais ce n'était pas le dernier. (rires)

A partir de quel moment avez-vous compris que le cinéma n'était pas un milieu pour vous ?

Paru Itagaki : Je me suis rendue compte que pour faire des films, il ne suffit pas de savoir faire des histoires. Il faut avoir des compétences de leader, être capable de convaincre des gens et d'investir de l'argent. C'est presque comme de la politique. Comme je ne pensais pas avoir suffisamment de confiance en moi dans tous ces aspects là, je me suis détourné du cinéma.

Dans quel état étiez-vous quand vous êtes allée présenter votre travail à l'éditeur Akita Shoten ? Etiez-vous inquiète à l'idée de présenter votre travail ?

Paru Itagaki : A une certaine époque, je présentais mes mangas aux éditeurs en même temps que ma recherche d'emploi. Akita Shoten a publié mes histoires courtes dans ses magazines, et ça a bien fonctionné. On m'a alors proposé de commencer une vraie série, et j'ai sauté sur l'occasion. J'ai dit oui tout de suite.

Etiez-vous intimidée à l'idée d'entrer dans la cour des grands, et d'entamer une relation de travail avec un responsable éditorial ? On sait que vous avez un univers bien pensé, que vous avez en vous depuis longtemps. Est-ce que le fait d'avoir un second regard sur votre travail, celui de votre éditeur, vous inquiétait un peu ?

Paru Itagaki : J'étais très inquiète. C'est un univers que j'ai toujours développé toute seule dans mon coin, et je n'avais aucune idée de la manière dont il serait vu par d'autres personnes. Si on m'avait vivement critiquée, que pense que je me serais vraiment sentie mal dans ma peau.


Avant de soumettre votre travail aux éditeurs, aviez-vous déjà montré vos dessins à votre famille, voire peut-être à vos amis pour vous faire un premier retour ?

Paru Itagaki : Je suis la dernière d'une fratrie. Ma plus grande sœur est vraiment gentille, je savais qu'elle ne pourrait pas me blesser. C'est donc à elle seule que j'ai montré mon univers.

Vous disiez que l'univers de Beast Complex, puis Beastars, est quelque chose que vous avez en tête depuis toute petite. Comment travaillez-vous votre écriture ? Avez-vous votre scénario bien en tête avant de dessiner ? Ou vous autorisez-vous d'improviser au fil de la plume, sans forcément savoir ce que vous dessinerez au chapitre prochain ?

Paru Itagaki : Pour moi, le principe d'une publication hebdomadaire c'est de ne justement pas trop penser sur le long terme. L'important est d'étonner son lecteur à chaque chapitre. Je préfère réfléchir petit à petit mon intrigue, chaque semaine.

D'une certaine manière, laissez-vous vivre les personnages par eux-même ? Est-ce qu'il vous arrive que vos créations vous échappe un peu, et que vos personnages finissent par dicter l'histoire ?

Paru Itagaki : J'essaie toujours de rendre l'histoire intéressante et d'imaginer les événements en fonction, mais j'essaie aussi de réfléchir du point de vue des personnages pour éviter de faire des choses qui les mettraient en colère, d'une certaine façon.

Au tout début de la rencontre, vous disiez ne pas trop lire de mangas mais apprécier Vagabond de Takehiko Inoue. Quand on lit votre travail, on peut voir que vous aimez l'art européen. Est-ce que c'est quelque chose que vous revendiquez ? Est-ce que vos influences viennent plus de ce côté-là ?

Paru Itagaki : Oui il y a beaucoup d'inspirations européennes. Côté bande-dessinée je peux citer Nicolas de Crécy et Bastien Vives, puis Sylvain Choet et Michel Gondry pour le cinéma.

Avez-vous pu voyager en Europe pour rencontrer cette culture de manière frontale ?

Paru Itagaki : Je suis déjà allée en Italie, en Espagne et en Turquie.

Il y a des choses qui vous ont inspirée dans ces pays ?

Paru Itagaki : Les voyages à l'étranger sont toujours plein de surprise, donc c'est difficile de choisir une ou deux choses. Mais j'essaie toujours de conserver et de me rappeler des émotions que j'ai ressenties durant mes voyages.


Parlons un peu de vos personnages, à commencer par Legoshi dont le nom est inspiré de Bela Lugosi, l'acteur qui a incarné Dracula dans le film de Tod Browning. Qu'est-ce qui vous a interpellé chez ce comédien ? Pourquoi avoir choisi ce nom ?

Paru Itagaki : J'aime beaucoup les noms étrangers, car ils ont des sonorités très différentes du japonais. En réalité, je n'ai jamais vu ses films, c'est juste son nom qui m'a frappé. C'est resté.

Parlons du contexte du théâtre, que vous utilisez dans Beastars. Avez-vous un rapport particulier au théâtre ? Ou était-ce juste un moyen, pour vous, de placer vos personnages dans un environnement particulier ?

Paru Itagaki : Oui, j'aime beaucoup tout ce qui est théâtre et cirque. Mais plus que les représentations sur scène elles-mêmes, c'est l'envers du décor qui me fascine, et c'est pour ça que j'ai choisi ce milieu pour Beastars.

Le théâtre est un milieu particulier, très codifié, avec beaucoup d'éléments de décor importants en coulisses. Avez-vous fait du repérage dans des théâtres ? Avez-vous pu regarder ces éléments de décor pour représenter toutes les caractéristiques du théâtre dans Beastars ?

Paru Itagaki : Effectivement, quand j'ai choisi de mettre en scène un club de théâtre, j'ai fait des recherches et suit allée interroger des personnes qui s'occupent de l'envers du décor. C'était passionnant.

Le rapprochement qu'on pourrait faire avec Beastars, c'est que vous vouliez travailler dans le cinéma et être derrière la caméra auparavant. D'une certaine façon, vous vouliez être dans les coulisses. Dans Beastars, vous retournez dans les coulisses, non pas du cinéma mais du théatre...

Paru Itagaki : Ce n'est pas vraiment ça... Je pense que beaucoup de gens sont intrigués par ce qu'il y a derrière le monde de l'entertainment. Pour moi, ce milieu était une bonne manière de mettre en scène des drames humains, et de manière intéressante.

Comment travaillez-vous les caractéristiques des personnages ? Tenez-vous des fiches détaillées pour chacun d'eux, avec leurs caractères, leurs tenues vestimentaires... ? Il y a ce genre de fiches en fin de tome, mais en faites-vous pour vous ?

Paru Itagaki : En réalité, ce genre de petites fiches est uniquement pour le lecteur, comme une sorte de fan-service. Pour ma part, je n'en n'ai pas. J'aurais trop peur qu'elles me créent des limites inutiles.

Il y a quelque chose de frappant quand on regarde vos personnages, c'est leurs costumes. Vous faîtes un travail proche de celui d'une costumière ou d'un designer de mode. Est-ce que la mode vous inspire ? Avez-vous de la documentation pour dessiner les vêtements de vos personnages ?

Paru Itagaki : J'aime beaucoup la mode et les vêtements. Je fais attention à choisir des habits qui conviennent à mes personnages, à leur silhouette notamment.

Est-ce que certains personnages sont plus difficiles à dessiner que d'autres ? Arrivez-vous à tous les dessiner avec la même aisance ?

Paru Itagaki : C'est Haru qui est la plus difficile à dessiner, car ses yeux sont uniquement composés d'un point noir au milieu de blanc. C'est compliqué de faire passer des émotions à travers ce type de visage.


Une question qui intéresse souvent les lecteurs qui n'ont pas forcément conscience du rythme d'un mangaka : Pouvez-vous nous détailler une semaine type de travail ? Quels sont vos méthode et votre rythme ?

Paru Itagaki : J'ai pour devoir de rendre 20 planches par semaine. En un jour je fais la structure du scénario, et en deux jours l'encrage des personnages. Les trois jours suivants, mes assistants travaillent sur les détails comme les décors et la pose des trames. Puis je rend l'ensemble à mon éditeur, et on commence à parler de l'histoire du chapitre suivant.

Vous parliez de la difficulté à dessiner l'expression de Haru. Y a-t-il des scènes qui vous posent difficultés, et sur lesquelles vous réfléchissez-vous ? Par exemple, sur des scènes où les personnages sont en mouvement...

Paru Itagaki : Mes assistants sont chargés des décors, mais je fais l'ensemble des personnages qui apparaissent sur les planches. Dès qu'il y a de la foule dans une scène, ça devient un enfer. (rires)

Vous le dites dans vos tomes, vous êtes très reconnaissantes envers vos assistants. Comment les choisissez-vous ?

Paru Itagaki : C'est mon éditeur qui me présentent mes assistants. Une seule fois, j'ai reçu une lettre d'un fan qui souhaitait devenir assistant, mais j'ai dû refuser car il était encore lycéen. Tous mes assistants veulent eux-même devenir mangaka.

Avez-vous déjà été assistante, où êtes-vous directement passé au stade de mangaka ?

Paru Itagaki : Je n'ai jamais été assistante, mais c'est un peu le fruit du hasard maintenant que j'y pense. Je recommanderait à tous ceux voulant devenir mangaka d'être d'abord assistant.

Vous auriez donc pu être assistante ? Quand on a un univers si riche comme le votre, est-ce possible de travailler pour quelqu'un d'autre et mettre de côté sa sensibilité ?

Paru Itagaki : Ça aurait été peut-être compliqué, et je me serais possiblement faites virer. Mais ça m'aurait permis de voir l'organisation d'un atelier, et à quel point il est difficile de dessiner un manga.

Revenons sur une scène précise. Vous évoquiez tout à l'heure le personnage de Haru. La scène de sa rencontre avec Legoshi est particulière car elle est chargée en tension sexuelle, et elle marque un vrai point de bascule dans l'histoire. Avez-vous travaillé cette scène de manière différente ? Vous a-t-elle posé des difficultés ?

Paru Itagaki : Pour moi, c'était une scène centrale dans l'entièreté de Beastars, car c'est là qu'on voit la ressemblance entre les pulsions sexuelles et meurtrières des carnivores envers les herbivores. C'est quelque chose que je voulais développer, et c'est la première fois que j'ai pu mettre cette idée en image.

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Avez-vous beaucoup réfléchi à cette scène en amont ? Ou vous est-elle venue rapidement en tête ?

Paru Itagaki : J'avais décidé dès le début de présenter une scène où Haru se dénude, et d'intégrer le lecteur à cette scène.

Concernant le personnage de Louis, le cerf, vous dîtes en postface du deuxième tome que "c'est quand on entrevoit ses faiblesses" que vous vous sentez le plus proche de lui. Pouvez-vous nous l'expliquer ? Est-ce l'un des personnages du manga dont vous vous sentez le plus proche ?

Paru Itagaki : Louis ne me ressemble absolument pas, car il est plus charismatique. Mais c'est quand il dévoile ses faiblesses qu'il devient plus humain, et donc plus proche de moi. C'est alors plus facile de le dessiner.

Mettez-vous de vous-même dans vos personnages plusieurs traits de votre propre caractère ? Un personnage vous représente-t-il plus que d'autres ?

Paru Itagaki : Les personnages de mon histoire contiennent tous une partie de moi-même, et je pense que c'est le cas pour tous les mangas. C'est comme si on partageait un même ADN.

Votre manga est publié dans le Shônen Champion, un magazine qui cible un public plutôt jeune et masculin. Vous posez-vous la question de votre lectorat ?

Paru Itagaki : Effectivement, Beastars est un shônen particulier qui peut se rapprocher d'un shôjo. Il faut parfois que je fasse des efforts pour me rapprocher du lectorat shônen.

Comment faîtes-vous ce rapprochement ? Par des scènes d'action pour vous rapprocher d'un public shônen ? En mettant moins de romance ?

Paru Itagaki : Oui, je met consciemment des scènes d'action. J'essaie aussi de donner un côté SF à certaines scènes. Puis, on ne le voit pas encore très bien, mais Legoshi a une certaine brutalité dans son caractère. Ce sont des éléments qui me rapprochent du shônen.

Ainsi, ça vous intéresserait de faire quelque chose de plus "personnel" ? Par exemple, un pur shôjo...

Paru Itagaki : Non, je n'ai jamais vraiment pensé vouloir faire du shôjo. L'avantage du shônen, c'est que c'est un type éditorial extrêmement large, qui permet de toucher beaucoup de monde. Je suis très contente d'être publiée dans une revue shônen.

Beaucoup de jeunes nous écoutent, et certains d'entre-eux voudraient peut-être faire carrière. Avez-vous des conseils à donner à des dessinateurs débutants ?

Paru Itagaki : Le seul conseil que je pourrais donner, c'est faire lire son œuvre au plus de monde possible. Pour moi, un manga est une œuvre qui a une portée large et universelle, il doit donc être lu. Peu importe si c'est par vos amis ou votre famille, mais faites lire votre travail.


Entrant dans sa phase finale, la conférence est passée à une série de questions / réponses de la part du public. Entre temps, le présentateur relate une information supplémentaire confiée en expresse par Ahmed Agne, directeur éditorial des éditions Ki-oon. Pour Paru Itagaki, l'animal le plus difficile à dessiner est le cochon, suite au traumatisme du film Le Voyage de Chihiro de Hayao Miyazaki. A ce jour, la mangaka n'a pas dessiné de cochon dans sa série. Suite à cette anecdote, la conférence a pu reprendre.


Est-ce la personnalité des personnages dépend des animaux qui les représentent ?

Paru Itagaki : Je créé des personnages au fur et à mesure, selon les besoins de l'histoire. Leurs designs dépend de mon humeur du moment. Je pense d'abord leur personnalité pour l'histoire, puis je décide ensuite de la forme de l'animal.

Quelles étaient vos intention en créant Beastars ? Y a-t-il des choses que vous essayer de démontrer à travers votre récit ?

Paru Itagaki : Je veux montrer que chacun est différent, et que c'est très bien comme ça. Je veux aussi me rapprocher de la réalité de ce que sont les clashs entre rapports humains de personnes différentes.

Connaissez-vous et appréciez-vous d'autres œuvres dont les personnages sont animaliers, comme Aggretsuko ou Sherlock Holmes de Miyazaki ?

Paru Itagaki : Inconsciemment, j'ai été influencée par les films de Walt Disney.

Arriveriez-vous à écrire un manga s'inscrivant dans un autre univers que celui que vous avez créé jusqu'à présent ?

Paru Itagaki : Oui, je ne veux pas finir ma carrière en étant simplement l'autrice de Beastars. J'aimerais créer d'autres univers et d'autres œuvres.

La conférence s'est ainsi terminée, sous les applaudissements généraux.

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