Manga Chronique Manga - Bestiarius
Masasumi Kakizaki, auteur au trait superbe et précis, est du genre à s'essayer à tous les styles, à ne pas se cantonner à un seul, ne pas s'enfermer dans un seul genre. Il explore les univers et nous propose des histoires sans cesse différentes!
Après s'être essayé, toujours plus ou moins avec brio, aux histoires de prisons (Rainbow), au western (Green Blood) et même à l'horreur (Hideout), l'auteur va cette fois nous proposer un récit mêlant l'Histoire et la fantasy, deux univers qui ne devraient pas se croiser en temps normal mais que l'auteur à jumelé pour un rendu encore plus percutant !
Terminé en sept tomes de qualités égales, Bestiarius connaît un parcours assez insolite : à l'origine cela ne devait être qu'une histoire courte en deux chapitres qui n'aurait pas du s'étendre, avant que l'auteur ne décide d'y revenir deux ans plus tard pour prolonger son essai…
L'auteur l'avouant lui même dans les commentaires en fin de volume, Bestiarius a vu le jour sur un coup de tête, une œuvre presque improvisée, qui ne devait être qu'une courte parenthèse dans la vie du mangaka. Cela n’empêche pas qu'on ressente son implication et que ce dernier ne laisse parler librement son talent ! Pour une série presque improvisée, celle ci va nous entraîner dans un monde passionnant et nous faire vivre des moments forts!
Ainsi nous découvrons un premier récit, relativement court mettant en scène un jeune gladiateur du nom de Finn et une Wyvern, dernière représentante de sa race, nommée Durandal, elle aussi prisonnière de l'empire romain qui ne cesse de s'étendre et de conquérir d'autres peuples, humains ou non !
Ce court récit va développer le lien unissant ses deux gladiateurs bien étranges tout en nous plongeant dans un univers remarquablement séduisant !
Ensuite nous ferons la connaissance de Zénon, lui aussi gladiateur, et de son grand frère Talos...un minotaure. Ayant été tous deux été arrachés du labyrinthe dans lequel ils ont été élevé par le redoutable gardien, ils vont tenter de racheter leur liberté en accumulant les victoires dans l'arène, quitte à devoir affronter un redoutable monstre !
Le lien entre ces deux histoires ? Il est minime, et s'il est bien présent, il ressemble plus à du rafistolage d’après coup qu'à une véritable relation !
Et pourtant tout va prendre forme plus tard. D'autres personnages viendront se greffer, d'autres "héros", qui pourraient tout à fait endosser le rôle de personnages principaux, et c'est ce qu'ils sont, les personnages principaux de leurs propres histoires! Et il y a bien un dénominateur commun: se sont tous des guerriers qui vont se rebeller contre Rome et son empereur mégalo, des guerriers prêts à se sacrifier pour la liberté qui vont tous se croiser pour renforcer les rangs de la résistance!
Ainsi au fil des tomes on va laisser de coté certains personnages, le temps que d'autres viennent prendre le devant de la scène, mais jamais l'auteur n'oubliera ses premiers amours, ceux avec qui il a entamé ce récit qui n'aurait pas du aller plus loin et n'aurait pas du voir la naissance de tous ces personnages.
De part la nature de l’œuvre, et surtout du fait de sa naissance, Bestiarius n'aurait du être qu'une histoire courte, c'est à dire le tout premier récit qu'on trouve dans le premier tome, à savoir l'histoire intégrant Finn et Durandal. Tout ce qui viendra après n'a vu le jour dans l'esprit de l'auteur que quelques années après, ainsi, ayant déjà conclu sa première histoire, il est ensuite parti sur une autre, bien que conservant l'univers. Et c'est ainsi que Bestiarius s'avère être une succession de différentes histoires nous plongeant dans cet univers violent et original, ce qui n’empêche les liens et clins d’œils d'une histoire à l'autre (un peu à la façon de « Monster Hunter Episodes » par exemple), avant que tout ceci ne prenne la forme d'une grande fresque où tous les éléments vont se relier.
Et pour que ce type de récits fonctionne dans un premier temps, il faut un univers suffisamment accrocheur et séduisant pour pousser les lecteurs à continuer de lire le titre s'ils n'y trouvent aucun fil rouge ; et à ce niveau Kakizaki gère cela sans le moindre problème ! Il nous propose un monde incroyable dont on devine immédiatement le potentiel. Il crée un univers à la fois séduisant et crasseux, violent et fascinant, fantastique et pourtant ancré dans la réalité ! En effet l'auteur va donc fusionner deux mondes : celui de la grande Histoire en nous plongeant au premier siècle après J.-C., en pleine période d'extension de l'empire Romain. Il va jusqu'à conserver certains éléments historiques comme la présence de l'empereur et tyran Domitien, et à cela il va ajouter le bestiaire de la fantasy et des mythes grecques ! Ainsi l'empire romain met à genoux de nombreux peuples, y compris ceux des créatures non humaines qui se retrouvent elles aussi réduites en esclavage et condamnées à lutter dans une arène au même titre que les gladiateurs humains.
Bien entendu dans ces conditions, il ne faut pas chercher de minuties historique ou de grandes précisions, il ne s'agit là que de toile de fond, pour autant l'auteur se base tout de même sur certains personnages ayant réellement existé ou sur des mythes qui parlent à tout le monde (tel que le Minotaure et son labyrinthe).
Le thème se dégageant de ce récit renvoie sans peine à ceux déjà traités par l'auteur dans ses précédentes œuvres : la recherche de la liberté et la lutte contre une quelconque oppression ou contre l'injustice ! Ici pas de demi mesure, l'empire Romain c'est le mal et il est légitime pour les personnages dominants les récits, et pour les races qui le combattent de s'opposer à cet envahisseur. Domitien n'est nullement nuancé, c'est une vision totalement manichéiste qui nous est proposé, seul un ou deux personnages qui apparaîtront plus tard dans le récit apparaissent nuancés et ambivalents.
L'univers c'est une chose, il est fascinant on l'a vu, les histoires en elles mêmes sont intéressantes dans un premier temps et deviendront passionnantes ensuite quand tous les liens seront faits, par contre visuellement...on prend une grande claque !
Kakizaki l'avait déjà démontré dans ses précédentes œuvres, son trait est unique et diablement efficace. Il le démontre une nouvelle fois ici. Il insuffle un dynamisme incroyable à ses histoires et réussit à rendre ses scènes d'actions bluffantes, on devine le mouvement dans son dessin.
Surtout il arrive à faire en sorte que tous ses personnages dégagent réellement quelque chose, des salauds (qui possèdent des gueules de salauds), aux héros aux visages purs en passant par les créatures qu'il arrive à rendre expressives.
L'édition est de qualité, comme souvent chez Kaze, l'encrage rend honneur au travail de l'auteur, on a même droit à des pages couleurs magnifiques, qui permettent d'insister encore une fois sur le talent de Kakizaki, l'adaptation est impeccable...de l'excellent travail !
Une série saisissante qui mérite largement de trôner dans votre bibliothèque!
Après s'être essayé, toujours plus ou moins avec brio, aux histoires de prisons (Rainbow), au western (Green Blood) et même à l'horreur (Hideout), l'auteur va cette fois nous proposer un récit mêlant l'Histoire et la fantasy, deux univers qui ne devraient pas se croiser en temps normal mais que l'auteur à jumelé pour un rendu encore plus percutant !
Terminé en sept tomes de qualités égales, Bestiarius connaît un parcours assez insolite : à l'origine cela ne devait être qu'une histoire courte en deux chapitres qui n'aurait pas du s'étendre, avant que l'auteur ne décide d'y revenir deux ans plus tard pour prolonger son essai…
L'auteur l'avouant lui même dans les commentaires en fin de volume, Bestiarius a vu le jour sur un coup de tête, une œuvre presque improvisée, qui ne devait être qu'une courte parenthèse dans la vie du mangaka. Cela n’empêche pas qu'on ressente son implication et que ce dernier ne laisse parler librement son talent ! Pour une série presque improvisée, celle ci va nous entraîner dans un monde passionnant et nous faire vivre des moments forts!
Ainsi nous découvrons un premier récit, relativement court mettant en scène un jeune gladiateur du nom de Finn et une Wyvern, dernière représentante de sa race, nommée Durandal, elle aussi prisonnière de l'empire romain qui ne cesse de s'étendre et de conquérir d'autres peuples, humains ou non !
Ce court récit va développer le lien unissant ses deux gladiateurs bien étranges tout en nous plongeant dans un univers remarquablement séduisant !
Ensuite nous ferons la connaissance de Zénon, lui aussi gladiateur, et de son grand frère Talos...un minotaure. Ayant été tous deux été arrachés du labyrinthe dans lequel ils ont été élevé par le redoutable gardien, ils vont tenter de racheter leur liberté en accumulant les victoires dans l'arène, quitte à devoir affronter un redoutable monstre !
Le lien entre ces deux histoires ? Il est minime, et s'il est bien présent, il ressemble plus à du rafistolage d’après coup qu'à une véritable relation !
Et pourtant tout va prendre forme plus tard. D'autres personnages viendront se greffer, d'autres "héros", qui pourraient tout à fait endosser le rôle de personnages principaux, et c'est ce qu'ils sont, les personnages principaux de leurs propres histoires! Et il y a bien un dénominateur commun: se sont tous des guerriers qui vont se rebeller contre Rome et son empereur mégalo, des guerriers prêts à se sacrifier pour la liberté qui vont tous se croiser pour renforcer les rangs de la résistance!
Ainsi au fil des tomes on va laisser de coté certains personnages, le temps que d'autres viennent prendre le devant de la scène, mais jamais l'auteur n'oubliera ses premiers amours, ceux avec qui il a entamé ce récit qui n'aurait pas du aller plus loin et n'aurait pas du voir la naissance de tous ces personnages.
De part la nature de l’œuvre, et surtout du fait de sa naissance, Bestiarius n'aurait du être qu'une histoire courte, c'est à dire le tout premier récit qu'on trouve dans le premier tome, à savoir l'histoire intégrant Finn et Durandal. Tout ce qui viendra après n'a vu le jour dans l'esprit de l'auteur que quelques années après, ainsi, ayant déjà conclu sa première histoire, il est ensuite parti sur une autre, bien que conservant l'univers. Et c'est ainsi que Bestiarius s'avère être une succession de différentes histoires nous plongeant dans cet univers violent et original, ce qui n’empêche les liens et clins d’œils d'une histoire à l'autre (un peu à la façon de « Monster Hunter Episodes » par exemple), avant que tout ceci ne prenne la forme d'une grande fresque où tous les éléments vont se relier.
Et pour que ce type de récits fonctionne dans un premier temps, il faut un univers suffisamment accrocheur et séduisant pour pousser les lecteurs à continuer de lire le titre s'ils n'y trouvent aucun fil rouge ; et à ce niveau Kakizaki gère cela sans le moindre problème ! Il nous propose un monde incroyable dont on devine immédiatement le potentiel. Il crée un univers à la fois séduisant et crasseux, violent et fascinant, fantastique et pourtant ancré dans la réalité ! En effet l'auteur va donc fusionner deux mondes : celui de la grande Histoire en nous plongeant au premier siècle après J.-C., en pleine période d'extension de l'empire Romain. Il va jusqu'à conserver certains éléments historiques comme la présence de l'empereur et tyran Domitien, et à cela il va ajouter le bestiaire de la fantasy et des mythes grecques ! Ainsi l'empire romain met à genoux de nombreux peuples, y compris ceux des créatures non humaines qui se retrouvent elles aussi réduites en esclavage et condamnées à lutter dans une arène au même titre que les gladiateurs humains.
Bien entendu dans ces conditions, il ne faut pas chercher de minuties historique ou de grandes précisions, il ne s'agit là que de toile de fond, pour autant l'auteur se base tout de même sur certains personnages ayant réellement existé ou sur des mythes qui parlent à tout le monde (tel que le Minotaure et son labyrinthe).
Le thème se dégageant de ce récit renvoie sans peine à ceux déjà traités par l'auteur dans ses précédentes œuvres : la recherche de la liberté et la lutte contre une quelconque oppression ou contre l'injustice ! Ici pas de demi mesure, l'empire Romain c'est le mal et il est légitime pour les personnages dominants les récits, et pour les races qui le combattent de s'opposer à cet envahisseur. Domitien n'est nullement nuancé, c'est une vision totalement manichéiste qui nous est proposé, seul un ou deux personnages qui apparaîtront plus tard dans le récit apparaissent nuancés et ambivalents.
L'univers c'est une chose, il est fascinant on l'a vu, les histoires en elles mêmes sont intéressantes dans un premier temps et deviendront passionnantes ensuite quand tous les liens seront faits, par contre visuellement...on prend une grande claque !
Kakizaki l'avait déjà démontré dans ses précédentes œuvres, son trait est unique et diablement efficace. Il le démontre une nouvelle fois ici. Il insuffle un dynamisme incroyable à ses histoires et réussit à rendre ses scènes d'actions bluffantes, on devine le mouvement dans son dessin.
Surtout il arrive à faire en sorte que tous ses personnages dégagent réellement quelque chose, des salauds (qui possèdent des gueules de salauds), aux héros aux visages purs en passant par les créatures qu'il arrive à rendre expressives.
L'édition est de qualité, comme souvent chez Kaze, l'encrage rend honneur au travail de l'auteur, on a même droit à des pages couleurs magnifiques, qui permettent d'insister encore une fois sur le talent de Kakizaki, l'adaptation est impeccable...de l'excellent travail !
Une série saisissante qui mérite largement de trôner dans votre bibliothèque!
De Rems, le 23 Octobre 2022 à 21h40
Par contre, une édition en format vintage 11x17cm, c'est vraiment moyen. On demandait pas une perfect mais le format standard actuel 13x18cm.