Dvd Chronique Animation - Saga of Tanya the Evil
Dans notre monde, quelque part dans la mégalopole japonaise, un homme d'affaires est sur le point de connaître une mort soudaine.
Véritable produit de ce que l'oppressante et déshumanisée société contemporaine peut faire de pire, il n'a jamais hésité, en suivant sa raison, à jeter comme des déchets les gens dont il n'a plus besoin et qu'il ne voit que comme des pions pour assurer son propre bien, son poste et grimper les échelons. Dès qu'il n'a plus besoin de l'un de ses employés, il le licencie sans scrupules, même si cela doit confiner les pauvres limogés au désespoir. Et c'est bien ce désespoir qui, un jour, pousse l'un des employés licenciés à se venger en propulsant l'homme d'affaires sous les roues d'un train.
Mais alors qu'il pensait simplement mourir, l'abject et arrogant homme d'affaires se retrouve face à un être surnaturel qui se présente comme étant le Dieu, le Créateur. Cet être, que l'homme d'affaires préfèrera appeler "Etre X", a pris soin de l'observer, constatant en lui un profond manque de foi... le pire étant que même dans sa situation, notre "héros" persiste en ne montrant aucune considération pour ce qui est de l'ordre du religieux. Se sentant insulté, l'Etre X choisit alors d'offrir une bonne leçon à l'homme, en le ressuscitant... mais dans un monde parallèle bien différent du sien. Un monde où, en somme, toutes les évolutions liées à la science n'ont jamais eu lieu, et où celles-ci ont été remplacées par la magie. Dit autrement, contrairement à notre monde qui est grandement régi par la science, cet univers alternatif est régi avant tout par la magie.
Dans ce monde dominé par la magie, toute personne ayant d'importantes facultés magiques est considérée comme "précieuse" à sa manière, en étant envoyée au front pour combattre, avec éventuellement la promesse de grimper les échelons en cas de hauts faits d'armes. Et l'Etre X étant d'un naturel plutôt "farceur", il a justement décidé d'offrir à Tanya, la réincarnation de notre homme d'affaires, de très puissantes capacités magiques, ce qui vaut à cette "fille" d'être expédiée en combat dès son plus jeune âge. A à peine 9 ans, Tanya Degurechaff se fait déjà beaucoup remarquer, et décide alors d'entrer dans une division spéciale de l'Empire, espérant ensuite atteindre un rang suffisamment élevé pour s'éloigner du champ de bataille. Mais rien ne sera aussi simple...
A l'origine de Yôjo Senki / Saga of Tanya the Evil, on trouve un light novel inédit en France. En cours de parution depuis 2013 au Japon chez l'éditeur Enterbrain, cette série de romans, écrite par Carlo Zen et illustrée par Shinobu Shinotsuki, est d'abord née en auto-publication sur le web, avant d'être repérée par la maison d'édition japonaise pour une publication professionnelle en volumes reliés. Si la version web s'est achevée après 122 chapitres, la version papier, elle, est toujours en cours avec 8 volumes.
C'est en 2016 que la série de romans connaît sa première déclinaison sur un autre support : le manga, qui a été lancé en 2016 chez l'éditeur japonais Kadokawa dans le magazine Comp Ace, et qui a pour point intéressant d'être scénarisé par l'auteur des romans lui-même.
Les dessins, eux, sont assurés par Chika Tôjô, une mangaka active depuis 2012 et qui a auparavant signé au Japon deux spin-off de la saga Code Geass : Sôbô no Oz et Sôbô no Oz 02, deux séries bouclées en cinq volumes.
A ce jour, le manga de Tanya the Evil est toujours en cours au Japon, mais aussi en France puisque les éditions Delcourt/Tonkam le publient dans notre langue depuis novembre 2017, en profitant bien du succès qu'au eue l'adaptation animée quelques mois auparavant.
Et l'adaptation animée, c'est ce qui nous intéresse ici. Diffusée au Japon pour la première fois du 5 janvier au 31 mars 2017, cette série en 12 épisodes de 24 minutes a eu droit chez nous à une diffusion en vostf en simulcast sur la plateforme Crunchyroll. Et elle ne semble pas destinée à s'arrêter là puisque grâce au soutien des fans, l'arrivée d'un film d'animation vient tout juste d'être confirmée.
La série a été produite par le studio NuT, un studio tout jeune puisque Yôjo Senki est sa première production. Elle a été réalisée par Yutaka Uemura (Dantalian, Punch Line). Yuji Hosogoe a assuré le chara design et la direction de l'animation, tandis que Shûji Katayama (Overlord) a signé les musiques. Notons aussi, à la direction artistique, le nom de Satoru Hirayanagi (Death Parade).
Avec son pitch de base où un homme se retrouve propulsé dans un autre monde inconnu et différent du sien, l'oeuvre s'inscrit , comme beaucoup d'autres depuis quelques années, dans ce que l'on appelle l'isekai. Mais là où la très grande majorité des oeuvres dites "isekai" plongent leur personnage principal dans un monde plutôt typé fantasy, le récit imaginé par Carlo Zen parvient très vite à se dégager du lot, car malgré l'omniprésence de la magie, ici pas de monde fantasy, mais un univers qui s'apparente par bien des aspects au nôtre à la période des deux Guerres mondiales. Sous les traits de Tanya, le personnage principal se retrouve en pleine période de guerre, au sein de l'Empire, une nation ayant de fortes envies expansionnistes et étant alors entourées de nations frontalières hostiles.
Dans cette première saison, c'est avant tout l'influence de notre Europe à l'époque des deux guerres qui se ressent, le scénario de Carlo Zen se réappropriant à sa sauce autant des éléments de la 1ère Guerre mondiale voire d'avant, que d'autres de la 2nde Guerre mondiale et des années qui la précèdent. Ce n'est probablement pas pour rien que son histoire se déroule essentiellement dans les années 1920, donc entre les deux Guerres mondiales de notre monde. Ici, on comprend vite que l'Empire, la nation où Tanya est née et pour laquelle elle se bat, se base globalement sur L'Empire allemand et l'Autriche-Hongrie, et que les autres nations de la série, ennemies de l'Empire, suivent la même logique d'inspiration.
Au nord, en Scandinavie, la coalition de Legedonia s'inspire de l'Union entre la Suède et la Norvège. Principale nation ennemie de toute la dernière partie de la série, la République françoise se base évidemment sur notre République française. Et d'autres pays, pas forcément européens, sont aussi présents, par exemple les Etats-Unifiés basés sur les Etats-Unis, ou les russiens inspirés des russes. Carlo Zen pousse les inspirations jusque dans certains noms de personnages (par exemple, de Legaut, un personnage important de la République françoise, s'inspire librement de De Gaulle), et dans plusieurs avancées de son récit avec notamment l'Occupation et la Résistance (mais il serait difficile d'en dire plus sans en dire trop concernant l'histoire de la série). Cette façon d'offrir une réalité alternative, en se basant sur notre monde, mais où la science n'a pas eu toutes ses conséquences, est très intéressante sur le papier... mais est loin d'être parfaite dans la série. Car plus les épisodes défilent, plus un défaut est apparent : le récit a du mal à décoller autour de son contexte géopolitique. Hormis dans les grandes lignes, l'ensemble peine à bien faire ressortir les différents enjeux des conflits qui, pourtant, s'étendent de plus en plus.
C'est donc dans ce monde qu'évolue désormais notre homme d'affaires réincarné sous les traits de la jeune Tanya... mais cette expérience de réincarnation dans un autre monde va-t-elle vraiment le faire changer ? C'est sûrement sur ce point que la série régale le plus : derrière ses traits de fillette, Tanya renferme l'esprit d'un homme qui était une vraie ordure dans notre monde, et bien souvent il le reste dans sa nouvelle vie, en ne suivant pas franchement une voie de "rédemption" comme le souhaiterait visiblement l'Etre X. Comme le disent les derniers mots de la série, Tanya, sous son physique d'enfant, cache un monstre, un véritable antihéros qui ne cessera de confirmer ce statut tout du long. Lors des scènes d'action, Tanya expose habilement sa puissance, mais c'est avant tout pour son intérêt personnel : pas forcément pour le bien de sa nation ou même du monde, mais pour grimper les échelons et, comme dans sa vie d'avant, retrouver une place peinarde dans la haute hiérarchie et diriger les autres sans scrupules. Mais dans un monde qui n'est plus le nôtre, cela ne fonctionnera pas forcément comme notre antihéros le voudrait. Et on suit alors avec une pointe d'amusement son parcours souvent semé d'embûches. Surnommée le "Diable du Rhin" à juste titre, Tanya attire toute l'attention du spectateur sur elle. Dans son genre, le personnage est réussi, est tantôt flippant et détestable tantôt jouissif (surtout dans ses déclarations des dernières minutes de la série)... mais cela ne se fait pas sans contrepartie : concrètement, tous les autres personnages restent beaucoup trop secondaires. On retient éventuellement Sioux, ou surtout Viktoriya qui est peut-être le personnage qui reste le plus proche de Tanya, mais dans les faits absolument aucun ne se démarque vraiment. C'est bel et bien Tanya qui fait l'essentiel de la série. Et ça peut paraître un peu dommage, car couplé aux enjeux géopolitiques qui peinent à ressortir, ça n'aide pas vraiment à accentuer l'immersion.
Reste qu'un autre point qui séduit beaucoup est le cynisme très prononcé de l'oeuvre, ne serait-ce qu'à travers Tanya qui est quand même une pourriture, mais que l'on aime suivre dans son parcours au front qui se déroule rarement comme elle le veut et dans son esprit de rébellion de plus en plus prononcé, essentiellement vis-à-vis de l'Etre X. Dans son scénario, l'oeuvre propose une certaine vision assez acide de plusieurs choses pouvant être liées à notre monde : l'égoïsme qui découle des pressions, bien sûr, mais également les aspects sans foi ni loi de la guerre, les hiérarchies, et, à travers l'Etre X qui est lui aussi assez antipathique dans son genre, la religion et certains de ses discours. Le ton cynique est très présent dans l'oeuvre, et il s'avère assez poussé, si bien qu'il ne plaira clairement pas à tout le monde. Toutefois, on le ressent sûrement plus dans le manga (et probablement aussi dans les romans), car l'anime joue également beaucoup sur le créneau du simple divertissement en soignant beaucoup sa réalisation.
En effet, la série a clairement pour elle une belle qualité technique, qui doit beaucoup à la caméra, rarement longtemps statique, offrant de nombreux angles de vue très bien trouvés, et cela que ce soit dans les moments calmes ou lors des scènes d'action. Côté action justement, les moments de guerre et de combats sont souvent prenants en pouvant compter sur une grosse richesse graphique, et l'on y retient notamment les combats aériens, assez nombreux grâce à l'utilisation de la magie, et qui bénéficient d'une mise en scène fluide et faisant appel à de très nombreux angles différents, y compris des angles vus d'en dessous. Pour une série animée de ce genre, c'est vraiment du bon boulot dans l'ensemble.
Qui plus est, un très grand soin a été apporté aux nombreux décors, surtout ceux de bâtiments, et là aussi on trouve des influences européennes d'époque claires dans les architectures imposantes et les costumes militaires. Il faut également souligner le character design réussi de Tanya, qui s'éloigne peut-être un peu plus des illustrations du roman par rapport au manga, mais qui fait ressortir quelque chose de très réussi dans le regard rond et bleu de notre héroïne. Le design des autres personnages est, globalement, assez réussi lui aussi, avec des gueules souvent assez marquantes, mais on y trouve un peu plus d'inégalités et de relâchement (surtout dans la deuxième moitié de la série). Ajoutons à cela des musiques très présentes, soignées et accentuant bien l'ambiance, et on peut dire que sur le plan technique Saga of Tanya the Evil est plutôt dans le haut du panier à de nombreuses reprises, en ayant un certain sens du spectacle (et cela, dès les toutes premières minutes).
Malgré son univers qui peine à bien s'approfondir, à son scénario qui ne pose pas toujours bien ses avancées, et à ses personnages rarement marquants hormis Tanya, la série s'avère prenante en mariant de l'action réussie, des phases plus posées et bavardes assez bien menées, et un ton cynique pouvant être assez jouissif. Surtout, l'oeuvre a pour elle une héroïne assez marquante, qui attire beaucoup l'attention... Ce qui fait qu'on suivrait volontiers la suite de ses aventures, surtout au vu de la toute fin qui ouvre des pistes.
Véritable produit de ce que l'oppressante et déshumanisée société contemporaine peut faire de pire, il n'a jamais hésité, en suivant sa raison, à jeter comme des déchets les gens dont il n'a plus besoin et qu'il ne voit que comme des pions pour assurer son propre bien, son poste et grimper les échelons. Dès qu'il n'a plus besoin de l'un de ses employés, il le licencie sans scrupules, même si cela doit confiner les pauvres limogés au désespoir. Et c'est bien ce désespoir qui, un jour, pousse l'un des employés licenciés à se venger en propulsant l'homme d'affaires sous les roues d'un train.
Mais alors qu'il pensait simplement mourir, l'abject et arrogant homme d'affaires se retrouve face à un être surnaturel qui se présente comme étant le Dieu, le Créateur. Cet être, que l'homme d'affaires préfèrera appeler "Etre X", a pris soin de l'observer, constatant en lui un profond manque de foi... le pire étant que même dans sa situation, notre "héros" persiste en ne montrant aucune considération pour ce qui est de l'ordre du religieux. Se sentant insulté, l'Etre X choisit alors d'offrir une bonne leçon à l'homme, en le ressuscitant... mais dans un monde parallèle bien différent du sien. Un monde où, en somme, toutes les évolutions liées à la science n'ont jamais eu lieu, et où celles-ci ont été remplacées par la magie. Dit autrement, contrairement à notre monde qui est grandement régi par la science, cet univers alternatif est régi avant tout par la magie.
Dans ce monde dominé par la magie, toute personne ayant d'importantes facultés magiques est considérée comme "précieuse" à sa manière, en étant envoyée au front pour combattre, avec éventuellement la promesse de grimper les échelons en cas de hauts faits d'armes. Et l'Etre X étant d'un naturel plutôt "farceur", il a justement décidé d'offrir à Tanya, la réincarnation de notre homme d'affaires, de très puissantes capacités magiques, ce qui vaut à cette "fille" d'être expédiée en combat dès son plus jeune âge. A à peine 9 ans, Tanya Degurechaff se fait déjà beaucoup remarquer, et décide alors d'entrer dans une division spéciale de l'Empire, espérant ensuite atteindre un rang suffisamment élevé pour s'éloigner du champ de bataille. Mais rien ne sera aussi simple...
A l'origine de Yôjo Senki / Saga of Tanya the Evil, on trouve un light novel inédit en France. En cours de parution depuis 2013 au Japon chez l'éditeur Enterbrain, cette série de romans, écrite par Carlo Zen et illustrée par Shinobu Shinotsuki, est d'abord née en auto-publication sur le web, avant d'être repérée par la maison d'édition japonaise pour une publication professionnelle en volumes reliés. Si la version web s'est achevée après 122 chapitres, la version papier, elle, est toujours en cours avec 8 volumes.
C'est en 2016 que la série de romans connaît sa première déclinaison sur un autre support : le manga, qui a été lancé en 2016 chez l'éditeur japonais Kadokawa dans le magazine Comp Ace, et qui a pour point intéressant d'être scénarisé par l'auteur des romans lui-même.
Les dessins, eux, sont assurés par Chika Tôjô, une mangaka active depuis 2012 et qui a auparavant signé au Japon deux spin-off de la saga Code Geass : Sôbô no Oz et Sôbô no Oz 02, deux séries bouclées en cinq volumes.
A ce jour, le manga de Tanya the Evil est toujours en cours au Japon, mais aussi en France puisque les éditions Delcourt/Tonkam le publient dans notre langue depuis novembre 2017, en profitant bien du succès qu'au eue l'adaptation animée quelques mois auparavant.
Et l'adaptation animée, c'est ce qui nous intéresse ici. Diffusée au Japon pour la première fois du 5 janvier au 31 mars 2017, cette série en 12 épisodes de 24 minutes a eu droit chez nous à une diffusion en vostf en simulcast sur la plateforme Crunchyroll. Et elle ne semble pas destinée à s'arrêter là puisque grâce au soutien des fans, l'arrivée d'un film d'animation vient tout juste d'être confirmée.
La série a été produite par le studio NuT, un studio tout jeune puisque Yôjo Senki est sa première production. Elle a été réalisée par Yutaka Uemura (Dantalian, Punch Line). Yuji Hosogoe a assuré le chara design et la direction de l'animation, tandis que Shûji Katayama (Overlord) a signé les musiques. Notons aussi, à la direction artistique, le nom de Satoru Hirayanagi (Death Parade).
Avec son pitch de base où un homme se retrouve propulsé dans un autre monde inconnu et différent du sien, l'oeuvre s'inscrit , comme beaucoup d'autres depuis quelques années, dans ce que l'on appelle l'isekai. Mais là où la très grande majorité des oeuvres dites "isekai" plongent leur personnage principal dans un monde plutôt typé fantasy, le récit imaginé par Carlo Zen parvient très vite à se dégager du lot, car malgré l'omniprésence de la magie, ici pas de monde fantasy, mais un univers qui s'apparente par bien des aspects au nôtre à la période des deux Guerres mondiales. Sous les traits de Tanya, le personnage principal se retrouve en pleine période de guerre, au sein de l'Empire, une nation ayant de fortes envies expansionnistes et étant alors entourées de nations frontalières hostiles.
Dans cette première saison, c'est avant tout l'influence de notre Europe à l'époque des deux guerres qui se ressent, le scénario de Carlo Zen se réappropriant à sa sauce autant des éléments de la 1ère Guerre mondiale voire d'avant, que d'autres de la 2nde Guerre mondiale et des années qui la précèdent. Ce n'est probablement pas pour rien que son histoire se déroule essentiellement dans les années 1920, donc entre les deux Guerres mondiales de notre monde. Ici, on comprend vite que l'Empire, la nation où Tanya est née et pour laquelle elle se bat, se base globalement sur L'Empire allemand et l'Autriche-Hongrie, et que les autres nations de la série, ennemies de l'Empire, suivent la même logique d'inspiration.
Au nord, en Scandinavie, la coalition de Legedonia s'inspire de l'Union entre la Suède et la Norvège. Principale nation ennemie de toute la dernière partie de la série, la République françoise se base évidemment sur notre République française. Et d'autres pays, pas forcément européens, sont aussi présents, par exemple les Etats-Unifiés basés sur les Etats-Unis, ou les russiens inspirés des russes. Carlo Zen pousse les inspirations jusque dans certains noms de personnages (par exemple, de Legaut, un personnage important de la République françoise, s'inspire librement de De Gaulle), et dans plusieurs avancées de son récit avec notamment l'Occupation et la Résistance (mais il serait difficile d'en dire plus sans en dire trop concernant l'histoire de la série). Cette façon d'offrir une réalité alternative, en se basant sur notre monde, mais où la science n'a pas eu toutes ses conséquences, est très intéressante sur le papier... mais est loin d'être parfaite dans la série. Car plus les épisodes défilent, plus un défaut est apparent : le récit a du mal à décoller autour de son contexte géopolitique. Hormis dans les grandes lignes, l'ensemble peine à bien faire ressortir les différents enjeux des conflits qui, pourtant, s'étendent de plus en plus.
C'est donc dans ce monde qu'évolue désormais notre homme d'affaires réincarné sous les traits de la jeune Tanya... mais cette expérience de réincarnation dans un autre monde va-t-elle vraiment le faire changer ? C'est sûrement sur ce point que la série régale le plus : derrière ses traits de fillette, Tanya renferme l'esprit d'un homme qui était une vraie ordure dans notre monde, et bien souvent il le reste dans sa nouvelle vie, en ne suivant pas franchement une voie de "rédemption" comme le souhaiterait visiblement l'Etre X. Comme le disent les derniers mots de la série, Tanya, sous son physique d'enfant, cache un monstre, un véritable antihéros qui ne cessera de confirmer ce statut tout du long. Lors des scènes d'action, Tanya expose habilement sa puissance, mais c'est avant tout pour son intérêt personnel : pas forcément pour le bien de sa nation ou même du monde, mais pour grimper les échelons et, comme dans sa vie d'avant, retrouver une place peinarde dans la haute hiérarchie et diriger les autres sans scrupules. Mais dans un monde qui n'est plus le nôtre, cela ne fonctionnera pas forcément comme notre antihéros le voudrait. Et on suit alors avec une pointe d'amusement son parcours souvent semé d'embûches. Surnommée le "Diable du Rhin" à juste titre, Tanya attire toute l'attention du spectateur sur elle. Dans son genre, le personnage est réussi, est tantôt flippant et détestable tantôt jouissif (surtout dans ses déclarations des dernières minutes de la série)... mais cela ne se fait pas sans contrepartie : concrètement, tous les autres personnages restent beaucoup trop secondaires. On retient éventuellement Sioux, ou surtout Viktoriya qui est peut-être le personnage qui reste le plus proche de Tanya, mais dans les faits absolument aucun ne se démarque vraiment. C'est bel et bien Tanya qui fait l'essentiel de la série. Et ça peut paraître un peu dommage, car couplé aux enjeux géopolitiques qui peinent à ressortir, ça n'aide pas vraiment à accentuer l'immersion.
Reste qu'un autre point qui séduit beaucoup est le cynisme très prononcé de l'oeuvre, ne serait-ce qu'à travers Tanya qui est quand même une pourriture, mais que l'on aime suivre dans son parcours au front qui se déroule rarement comme elle le veut et dans son esprit de rébellion de plus en plus prononcé, essentiellement vis-à-vis de l'Etre X. Dans son scénario, l'oeuvre propose une certaine vision assez acide de plusieurs choses pouvant être liées à notre monde : l'égoïsme qui découle des pressions, bien sûr, mais également les aspects sans foi ni loi de la guerre, les hiérarchies, et, à travers l'Etre X qui est lui aussi assez antipathique dans son genre, la religion et certains de ses discours. Le ton cynique est très présent dans l'oeuvre, et il s'avère assez poussé, si bien qu'il ne plaira clairement pas à tout le monde. Toutefois, on le ressent sûrement plus dans le manga (et probablement aussi dans les romans), car l'anime joue également beaucoup sur le créneau du simple divertissement en soignant beaucoup sa réalisation.
En effet, la série a clairement pour elle une belle qualité technique, qui doit beaucoup à la caméra, rarement longtemps statique, offrant de nombreux angles de vue très bien trouvés, et cela que ce soit dans les moments calmes ou lors des scènes d'action. Côté action justement, les moments de guerre et de combats sont souvent prenants en pouvant compter sur une grosse richesse graphique, et l'on y retient notamment les combats aériens, assez nombreux grâce à l'utilisation de la magie, et qui bénéficient d'une mise en scène fluide et faisant appel à de très nombreux angles différents, y compris des angles vus d'en dessous. Pour une série animée de ce genre, c'est vraiment du bon boulot dans l'ensemble.
Qui plus est, un très grand soin a été apporté aux nombreux décors, surtout ceux de bâtiments, et là aussi on trouve des influences européennes d'époque claires dans les architectures imposantes et les costumes militaires. Il faut également souligner le character design réussi de Tanya, qui s'éloigne peut-être un peu plus des illustrations du roman par rapport au manga, mais qui fait ressortir quelque chose de très réussi dans le regard rond et bleu de notre héroïne. Le design des autres personnages est, globalement, assez réussi lui aussi, avec des gueules souvent assez marquantes, mais on y trouve un peu plus d'inégalités et de relâchement (surtout dans la deuxième moitié de la série). Ajoutons à cela des musiques très présentes, soignées et accentuant bien l'ambiance, et on peut dire que sur le plan technique Saga of Tanya the Evil est plutôt dans le haut du panier à de nombreuses reprises, en ayant un certain sens du spectacle (et cela, dès les toutes premières minutes).
Malgré son univers qui peine à bien s'approfondir, à son scénario qui ne pose pas toujours bien ses avancées, et à ses personnages rarement marquants hormis Tanya, la série s'avère prenante en mariant de l'action réussie, des phases plus posées et bavardes assez bien menées, et un ton cynique pouvant être assez jouissif. Surtout, l'oeuvre a pour elle une héroïne assez marquante, qui attire beaucoup l'attention... Ce qui fait qu'on suivrait volontiers la suite de ses aventures, surtout au vu de la toute fin qui ouvre des pistes.
De SerGalaad, le 20 Janvier 2018 à 17h27
En effet la série souffre de quelques défauts comme des personnages de soutien trop secondaire et un manque de développement de l'univers autre que la géopolitique, on attend de voir ce que cela va donner dans la version manga. Mais niveau chara-design certains personnages de l'animé sont beaucoup moins travaillés que dans leur version LN ou manga.