Dvd Conférence Macross avec H. Mikimoto & T. Watanabe
A l'occasion du trentième anniversaire de la saga Macross, Japan Expo eut le plaisir de recevoir en tant qu'invité d'honneur anime Haruhiko Mikimoto, character designer de nombre d'épisodes de la saga.
Le dimanche, après une autre conférence la veille, Monsieur Mikimoto donna une conférence publique en compagnie de Takashi Watanabe, qui supervise le travail de Haruhiko Mikimoto sur des oeuvres comme Gundam – École du Ciel, et est également le producteur de nombreuses œuvres, à commencer par les films de Mamoru Hosoda (il était d'ailleurs déjà à Paris fin juin pour l'avant-première mondiale des Enfants Loups). Monsieur Watanabe fut journaliste au sein du magazine Animage, magazine japonais existant depuis 1978. Fort de cette expérience, il a pu suivre de près la saga Macross, ce qu'il prouvera dans les lignes suivantes par le biais de différentes anecdotes.
Après un léger retard, la conférence, animée par Yvan West-Laurence, débuta devant une salle bien remplie par une rapide présentation des deux hommes, avant que les choses n'entrent dans le vif du sujet : les trente ans de la saga Macross, qui a débuté en 1982, et qui est également connue en France sous le nom de Robotech, version américanisée. Cette série est passée au milieu des années 80 sur feu La Cinq, et créa un peu la surprise en lançant un grand nombre de personnes dans l'animation japonaise. Macross connut également un grand succès aux États-Unis.
Cette conférence eut pour but de revenir sur la place particulière de Macross dans le cœur du public.
Projet initié par le mecha designer Shôji Kawamori et produit par la Tatsunoko, Macross a été lancé en 1982 avant d'arriver quelques années plus tard en France. Monsieur Watanabe, très heureux de voir autant de fans d'animation japonaise en France, commença par apporter des informations sur la sortie de la série au Japon. A la fin des années 70 et début des années 80, la génération de Monsieur Watanabe a découvert les nombreuses possibilités de l'animation. Avant cette période, l'animation au Japon était principalement vue comme un loisir destiné aux enfants, et c'est à partir de cette époque que les choses ont commencé à changer. Deux œuvres ont particulièrement contribué à ce renouveau : Space Cruiser Yamato et Gundam, ce dernier datant de 1979. C'est à cette période que lui et Monsieur Mikimoto, issus de cette génération et alors étudiants, sont entrés dans le milieu de l'animation.
Haruhiko Mikimoto signala ensuite avoir effectivement été très impressionné par la découverte de Space Cruiser Yamato et Gundam dans sa jeunesse. A cette époque, les générations précédentes ne voyaient pas d'un très bon œil que des étudiants s'intéressent à l'animation, et en cherchant à les en éloigner, ils n'ont fait que rendre Mikimoto et les autres encore plus intéressés et passionnés.
Haruhiko Mikimoto a alors rencontré Shôji Kawamori, qui était étudiant avec lui, et tous deux ont passé beaucoup de temps à créer une sorte de petit cercle. A cette époque, Monsieur Watanabe était journaliste pour le magazine Animage, où l'on se demandait ce qui pourrait bien prendre la suite de Gundam, qui avait ouvert une nouvelle voie. Au sein du studio Nue, une équipe de personnes fans de Yamato et Gundam s'est mise à réfléchir à ce qui pourrait être fait de plus avec des mechas. Messieurs Watanabe et Mikimoto s'y sont retrouvés.
Yvan West Laurence fit ensuite remarquer que Macross réunit les éléments importants de ses prédécesseurs : Yamato propose des vaisseaux dans l'espace, Gundam se passe aussi un peu dans l'espace mais propose surtout des robots géants, et Macross a repris ce concept de robots et de vaisseaux géants en les mettant dans l'espace. Poussant sa passion au bout, il signala également qu'une série de robots, ou plutôt d'armures comme Gundam ne trouvait pas ses influences au Japon, mais dans un roman américain de 1959 adapté en film : Étoiles, garde à vous ! De Robert A. Heinlein, qui a inspiré le film Starship Troopers. En effet, dans ce roman, les soldats utilisent des armures qui leur permettent de décupler leur force et de combattre.
Haruhiko Mikimoto rebondit ensuite là-dessus. A l'époque où, au studio Nue, des personnes comme Shôji Kawamori réfléchissaient au nouveau projet, il y eut un projet nommé Zero Cybers qui ne vit jamais le jour, car à la même époque va sortir Star Wars, qui possédait de nombreux points communs avec ce projet. L'équipe eut peur que l'on pense que ce projet était copié sur Star Wars même si ce n'était pas le cas. Monsieur Mikimoto déclara ensuite qu'il pense que l'équipe à l'origine de Macross a toujours eu la volonté d'amener quelque chose d'original, et que c'est pour ça que Zero Cybers a été mis au placard. Il affirma également que plusieurs personnes ayant travaillé sur Yamato ou Gundam se sont ensuite retrouvées sur Macross. Il s'agissait d'un point de départ, à partir duquel l'équipe a ensuite sans doute cherché à faire quelque chose de différent, à prendre un peu le contrepied de ce qu'on attendait d'elle. Il y a, par exemple, la présence de ces robots nommés Valkyries, le rapport entre avions de chasse et robots, l'importance de la musique qui peut servir d'arme contre les ennemis, et, de manière plus discrète, la naissance d'histoires sentimentales au sein de cet univers assez violent.
De nouvelles précisions furent alors apportées par Yvan West Laurence : l'une des particularités de Macross est d'avoir amené des caractères assez humains, avec des conflits aussi bien intérieurs qu'extérieurs. Cela arrive dans un contexte de fin du monde avec un vaisseau extraterrestre qui tombe sur Terre au moment où naît une sorte de troisième guerre mondiale. Ce vaisseau est reconstruit par les humains sur le lieu où il s'est écrasé, lieu où se développe alors une véritable ville : c'est la naissance du Macross. Quant à l'autre conflit opposant humains et extraterrestres, il voit apparaître une idol du Japon : la célébrissime chanteuse Lynn Minmay, qui va réveiller des sentiments positifs aussi bien du côté des humains que des extraterrestres, alors même que ces derniers n'avaient pas de sentiments.
L'heure de parler des musiques de la série fut alors venue, avec l'évocation de la personne qui les a portées : le compositeur Kentarô Haneda, aujourd'hui disparu, qui a également travaillé sur Cobra, entre autres. Messieurs Watanabe et Mikimoto estiment tous deux que grâce à lui, les musiques de Macross sont de grande qualité. De plus, comme la série met toujours en avant une chanteuse, au fur et à mesure des épisodes de nouvelles chansons étaient créées, et une attente du public s'est mise en place par rapport à l'arrivée des prochaines chansons. Cela n'a fait que conforter le succès de Macross.
L'expérience fut également marquante pour celle qui a interprété les chansons de Macross : Mari Iijima, qui a connu une belle carrière au Japon et est régulièrement en voyage dans le monde. Trente ans après, son succès perdure. Yvan West Laurence en profita pour signaler que l'on devait les compositions de Macross Plus et Macross Frontier, autres oeuvres de la saga, à la célèbre et talentueuse Yôko Kanno.
Pour en revenir à Mari Iijima, Messieurs Watanabe et Mikimoto s'attardèrent sur le choix qui s'est porté sur elle pour interpréter Lynn Minmay. A l'origine, l'équipe de Macross s'est dit qu'il serait bien qu'un personnage soit une chanteuse, que ce personnage parvienne à "sortir" de l'anime par l'intermédiaire du chant et de la voix, et qu'il touche un public très large via le succès de ses chansons. C'est une idée qui a été longue à se mettre en place, mais qui a ensuite mûri et a été beaucoup reprise par la suite. Dans la série, le personnage de Misa Hayase avait trouvé sa voix assez tôt, et à côté de ça l'équipe avait beaucoup plus de mal à choisir celle de Lynn Minmay, car il fallait que ce soit à la fois une voix qui corresponde et une chanteuse dans la réalité. L'équipe a alors fait appel au studio Victor, qui a proposé Mari Iijima, jeune chanteuse qui avait déjà fait plus de cent chansons à l'époque. Parmi les chansons qui ont connu un grand succès, il y a "Cinderella". Cette chanson était déjà dans le répertoire de Mari Iijima avant qu'elle n'arrive sur Macross, et c'est donc la série qui la lui a empruntée.
Toujours soucieux d'apporter des informations complémentaires, Yvan West-Laurence indiqua que pour asseoir le succès de Mari Iijima juste après le film Macross de 1984, est sortie en 1987 Macross Flashback, OAV composée d'extraits des chansons de Lynn Minmay.
Nouvelle anecdote de l'animateur : en ce qui concerne l'année 1984, elle fut particulièrement importante pour l'animation japonaise puisqu'elle vit sortir deux grands film : celui de Macross, à la qualité technique impressionnante pour l'époque, et Nausicaa de la Vallée du Vent qui a grandement contribué à faire connaître Hayao Miyazaki.
En ce qui concerne Macross 2 – Lovers Again, série de 1992 qui n'apparaît pas dans la chronologie officielle de la saga mais sur laquelle a largement travaillé Haruhiko Mikimoto, ce dernier signala que même si l'univers est le même, les créateurs et une partie du staff sont des personnes différentes. Le chara designer préféra ne pas en dire plus à ce sujet, hormis que l'un des membres centraux du staff restait malgré tout Shôji Kawamori, et que selon les séries de Macross il y a des orientations différentes qui sont voulues. Cela dit, selon lui, les éléments qui font vraiment Macross sont les Valkyries et le rapport entre les scènes de combat et les chansons.
Pris au dépourvu par le temps, Yvan West Laurence dût ensuite occulter Macross Plus pour évoquer rapidement Macross 7, qui a pour particularité de ne pas mettre en scène une chanteuse mais un chanteur, qui est en plus pilote de Valkyrie. Cette série a donné naissance à énormément de dérivés, à commencer par des Oav et par le manga Macross 7 Trash, manga dessiné par Haruhiko Mikimoto. De nombreux produits musicaux et concerts ont également vu le jour autour du groupe de la série, Fire Bomber. Le chanteur, Nekki Basara, apparaît plusieurs fois dans la saga, et l'on retrouve dans Macross 7 plusieurs personnages de la première série qui ont un peu vieilli, notamment le couple Maximilian Jenius/Milia Fallyna, dont le mariage donne naissance à des enfants que l'on découvre dans cette nouvelle série, enfants dont fait partie Mylene Jenius, membre des Fire Bomber.
Sur cette série, Haruhiko Mikimoto a donné naissance aux personnages avec des drafts, et l'illustrateur qui a réellement fignolé tout ça est Kenichirô Katsura, au sujet duquel il pense qu'il a fait du bon travail.
Le projet Macross 7 en lui-même était différent du résultat que l'on peut voir aujourd'hui. Shôji Kawamori était toujours aux commandes, mais il y a eu une autre personne qui a eu son importance : Tetsuro Amino. Haruhiko Mikimoto a travaillé le design des personne très en amont du travail de Mr Amino, et à l'époque l'équipe pensait faire faire quelque chose de très simplifié, de plus enfantin, avec moins de traits. Il y a des petits restes, comme un personnage qui a des cheveux un peu hirsutes façon Dragon Ball. Au départ, l'ensemble devait être très typé manga, puis Mr Amino a décidé de réorienter les choses de façon plus réaliste, et c'est là que Mr Katsura est intervenu pour retravailler un peu le design.
A part ça, l'originalité du personnage de Nekki Basara est peut-être qu'il ne combat pas directement : quand il prend place dans la Valkyrie, c'est pour chanter, ce qui peut paraître un peu décalé, mais c'est peut-être aussi ce qui a amené sa couleur à la série.
Alors qu'il ne restait plus que quelques minutes, Yvan West Laurence décida d'occulter Macross Zero et Macross Frontier pour offrir au public la possibilité de poser quelques questions:
Les idols sont très importantes. Vous-même Mr Mikimoto, êtes vous fan des idols des années 80 ? Quelles sont vos préférées ?
Haruhiko Mikimoto: Aujourd'hui je ne m'intéresse plus aux idols, mais quand j'étais jeune j'étais fan de Seiko Matsuda et Akina Nakamori.
Concernant le manga Macross The First sur lequel vous travaillez depuis presque deux ans, vous êtes-vous inspiré de vos anciens travaux, ou avez préféré repartir sur de nouvelles bases ?
Haruhiko Mikimoto: Je suis parti du film, mais quand je travaille sur un manga je m'investis de façon très différente. Par exemple, quand il s'agit du packaging d'un DVD, je suis vraiment ce que j'avais fait au moment du film, tandis que pour le manga je préfère reprendre les personnages avec un sentiment nouveau. Je me sens très libre de les dessiner et de leur faire faire ce que je désire.
La conférence s'acheva sous un tonnerre d'applaudissements.
Dans les faits, impossible de résumer l'entièreté de la saga Macross en même pas une heure, et Yvan West Laurence ainsi que le public ont pu l'expérimenter. Une telle saga mériterait beaucoup plus de temps, mais force est de constater qu'en une heure, de nombreux éléments intéressants ont été abordés, des anecdotes éclaircies, d'autant que les deux invités étaient bavards et que l'animateur, passionné, savait rebondir et apporter des précisions pour ne pas laisser de blanc.
Mais le statut de passionné de l'animateur amenait en même temps que des qualités de gros défauts: une tendance à, justement, trop se laisser aller dans les anecdotes, au risque de parfois s'écarter largement du sujet de base qu'était les trente ans de Macross (vous pouviez notamment apprendre que Macross a lancé sa passion pour l'animation, joli HS), et surtout, d'enlever un temps de parole précieux à messieurs Mikimoto et Watanabe, qui ont finalement beaucoup moins blablaté que Mr West-Laurence, qui ne savait pas toujours s'arrêter au bon moment et a sans doute fait perdre de précieuses minutes qui auraient permis de revenir sur des éléments de Macross moins anecdotiques. Et l'on ne compte pas le nombre de fois où celui-ci, au sujet d'un élément de la saga, a dit "on y reviendra" sans jamais avoir eu le temps d'y revenir...
Au final, la conférence paraissait assez étrange, installée entre deux chaises : les novices dans l'univers Macross pouvaient découvrir de nombreuses anecdotes sans toutefois tout apprendre du minimum vital d'informations générales, tandis que les fans les plus acharnés ont eu droit à des détails sur des choses qu'ils savaient sans doute déjà pour la majorité, le plus frustrant étant sans doute pour eux le jeu de questions-réponses expédié après deux interventions par manque de temps. Dommage...
Le dimanche, après une autre conférence la veille, Monsieur Mikimoto donna une conférence publique en compagnie de Takashi Watanabe, qui supervise le travail de Haruhiko Mikimoto sur des oeuvres comme Gundam – École du Ciel, et est également le producteur de nombreuses œuvres, à commencer par les films de Mamoru Hosoda (il était d'ailleurs déjà à Paris fin juin pour l'avant-première mondiale des Enfants Loups). Monsieur Watanabe fut journaliste au sein du magazine Animage, magazine japonais existant depuis 1978. Fort de cette expérience, il a pu suivre de près la saga Macross, ce qu'il prouvera dans les lignes suivantes par le biais de différentes anecdotes.
Après un léger retard, la conférence, animée par Yvan West-Laurence, débuta devant une salle bien remplie par une rapide présentation des deux hommes, avant que les choses n'entrent dans le vif du sujet : les trente ans de la saga Macross, qui a débuté en 1982, et qui est également connue en France sous le nom de Robotech, version américanisée. Cette série est passée au milieu des années 80 sur feu La Cinq, et créa un peu la surprise en lançant un grand nombre de personnes dans l'animation japonaise. Macross connut également un grand succès aux États-Unis.
Cette conférence eut pour but de revenir sur la place particulière de Macross dans le cœur du public.
Projet initié par le mecha designer Shôji Kawamori et produit par la Tatsunoko, Macross a été lancé en 1982 avant d'arriver quelques années plus tard en France. Monsieur Watanabe, très heureux de voir autant de fans d'animation japonaise en France, commença par apporter des informations sur la sortie de la série au Japon. A la fin des années 70 et début des années 80, la génération de Monsieur Watanabe a découvert les nombreuses possibilités de l'animation. Avant cette période, l'animation au Japon était principalement vue comme un loisir destiné aux enfants, et c'est à partir de cette époque que les choses ont commencé à changer. Deux œuvres ont particulièrement contribué à ce renouveau : Space Cruiser Yamato et Gundam, ce dernier datant de 1979. C'est à cette période que lui et Monsieur Mikimoto, issus de cette génération et alors étudiants, sont entrés dans le milieu de l'animation.
Haruhiko Mikimoto signala ensuite avoir effectivement été très impressionné par la découverte de Space Cruiser Yamato et Gundam dans sa jeunesse. A cette époque, les générations précédentes ne voyaient pas d'un très bon œil que des étudiants s'intéressent à l'animation, et en cherchant à les en éloigner, ils n'ont fait que rendre Mikimoto et les autres encore plus intéressés et passionnés.
Haruhiko Mikimoto a alors rencontré Shôji Kawamori, qui était étudiant avec lui, et tous deux ont passé beaucoup de temps à créer une sorte de petit cercle. A cette époque, Monsieur Watanabe était journaliste pour le magazine Animage, où l'on se demandait ce qui pourrait bien prendre la suite de Gundam, qui avait ouvert une nouvelle voie. Au sein du studio Nue, une équipe de personnes fans de Yamato et Gundam s'est mise à réfléchir à ce qui pourrait être fait de plus avec des mechas. Messieurs Watanabe et Mikimoto s'y sont retrouvés.
Yvan West Laurence fit ensuite remarquer que Macross réunit les éléments importants de ses prédécesseurs : Yamato propose des vaisseaux dans l'espace, Gundam se passe aussi un peu dans l'espace mais propose surtout des robots géants, et Macross a repris ce concept de robots et de vaisseaux géants en les mettant dans l'espace. Poussant sa passion au bout, il signala également qu'une série de robots, ou plutôt d'armures comme Gundam ne trouvait pas ses influences au Japon, mais dans un roman américain de 1959 adapté en film : Étoiles, garde à vous ! De Robert A. Heinlein, qui a inspiré le film Starship Troopers. En effet, dans ce roman, les soldats utilisent des armures qui leur permettent de décupler leur force et de combattre.
Haruhiko Mikimoto rebondit ensuite là-dessus. A l'époque où, au studio Nue, des personnes comme Shôji Kawamori réfléchissaient au nouveau projet, il y eut un projet nommé Zero Cybers qui ne vit jamais le jour, car à la même époque va sortir Star Wars, qui possédait de nombreux points communs avec ce projet. L'équipe eut peur que l'on pense que ce projet était copié sur Star Wars même si ce n'était pas le cas. Monsieur Mikimoto déclara ensuite qu'il pense que l'équipe à l'origine de Macross a toujours eu la volonté d'amener quelque chose d'original, et que c'est pour ça que Zero Cybers a été mis au placard. Il affirma également que plusieurs personnes ayant travaillé sur Yamato ou Gundam se sont ensuite retrouvées sur Macross. Il s'agissait d'un point de départ, à partir duquel l'équipe a ensuite sans doute cherché à faire quelque chose de différent, à prendre un peu le contrepied de ce qu'on attendait d'elle. Il y a, par exemple, la présence de ces robots nommés Valkyries, le rapport entre avions de chasse et robots, l'importance de la musique qui peut servir d'arme contre les ennemis, et, de manière plus discrète, la naissance d'histoires sentimentales au sein de cet univers assez violent.
De nouvelles précisions furent alors apportées par Yvan West Laurence : l'une des particularités de Macross est d'avoir amené des caractères assez humains, avec des conflits aussi bien intérieurs qu'extérieurs. Cela arrive dans un contexte de fin du monde avec un vaisseau extraterrestre qui tombe sur Terre au moment où naît une sorte de troisième guerre mondiale. Ce vaisseau est reconstruit par les humains sur le lieu où il s'est écrasé, lieu où se développe alors une véritable ville : c'est la naissance du Macross. Quant à l'autre conflit opposant humains et extraterrestres, il voit apparaître une idol du Japon : la célébrissime chanteuse Lynn Minmay, qui va réveiller des sentiments positifs aussi bien du côté des humains que des extraterrestres, alors même que ces derniers n'avaient pas de sentiments.
L'heure de parler des musiques de la série fut alors venue, avec l'évocation de la personne qui les a portées : le compositeur Kentarô Haneda, aujourd'hui disparu, qui a également travaillé sur Cobra, entre autres. Messieurs Watanabe et Mikimoto estiment tous deux que grâce à lui, les musiques de Macross sont de grande qualité. De plus, comme la série met toujours en avant une chanteuse, au fur et à mesure des épisodes de nouvelles chansons étaient créées, et une attente du public s'est mise en place par rapport à l'arrivée des prochaines chansons. Cela n'a fait que conforter le succès de Macross.
L'expérience fut également marquante pour celle qui a interprété les chansons de Macross : Mari Iijima, qui a connu une belle carrière au Japon et est régulièrement en voyage dans le monde. Trente ans après, son succès perdure. Yvan West Laurence en profita pour signaler que l'on devait les compositions de Macross Plus et Macross Frontier, autres oeuvres de la saga, à la célèbre et talentueuse Yôko Kanno.
Pour en revenir à Mari Iijima, Messieurs Watanabe et Mikimoto s'attardèrent sur le choix qui s'est porté sur elle pour interpréter Lynn Minmay. A l'origine, l'équipe de Macross s'est dit qu'il serait bien qu'un personnage soit une chanteuse, que ce personnage parvienne à "sortir" de l'anime par l'intermédiaire du chant et de la voix, et qu'il touche un public très large via le succès de ses chansons. C'est une idée qui a été longue à se mettre en place, mais qui a ensuite mûri et a été beaucoup reprise par la suite. Dans la série, le personnage de Misa Hayase avait trouvé sa voix assez tôt, et à côté de ça l'équipe avait beaucoup plus de mal à choisir celle de Lynn Minmay, car il fallait que ce soit à la fois une voix qui corresponde et une chanteuse dans la réalité. L'équipe a alors fait appel au studio Victor, qui a proposé Mari Iijima, jeune chanteuse qui avait déjà fait plus de cent chansons à l'époque. Parmi les chansons qui ont connu un grand succès, il y a "Cinderella". Cette chanson était déjà dans le répertoire de Mari Iijima avant qu'elle n'arrive sur Macross, et c'est donc la série qui la lui a empruntée.
Toujours soucieux d'apporter des informations complémentaires, Yvan West-Laurence indiqua que pour asseoir le succès de Mari Iijima juste après le film Macross de 1984, est sortie en 1987 Macross Flashback, OAV composée d'extraits des chansons de Lynn Minmay.
Nouvelle anecdote de l'animateur : en ce qui concerne l'année 1984, elle fut particulièrement importante pour l'animation japonaise puisqu'elle vit sortir deux grands film : celui de Macross, à la qualité technique impressionnante pour l'époque, et Nausicaa de la Vallée du Vent qui a grandement contribué à faire connaître Hayao Miyazaki.
En ce qui concerne Macross 2 – Lovers Again, série de 1992 qui n'apparaît pas dans la chronologie officielle de la saga mais sur laquelle a largement travaillé Haruhiko Mikimoto, ce dernier signala que même si l'univers est le même, les créateurs et une partie du staff sont des personnes différentes. Le chara designer préféra ne pas en dire plus à ce sujet, hormis que l'un des membres centraux du staff restait malgré tout Shôji Kawamori, et que selon les séries de Macross il y a des orientations différentes qui sont voulues. Cela dit, selon lui, les éléments qui font vraiment Macross sont les Valkyries et le rapport entre les scènes de combat et les chansons.
Pris au dépourvu par le temps, Yvan West Laurence dût ensuite occulter Macross Plus pour évoquer rapidement Macross 7, qui a pour particularité de ne pas mettre en scène une chanteuse mais un chanteur, qui est en plus pilote de Valkyrie. Cette série a donné naissance à énormément de dérivés, à commencer par des Oav et par le manga Macross 7 Trash, manga dessiné par Haruhiko Mikimoto. De nombreux produits musicaux et concerts ont également vu le jour autour du groupe de la série, Fire Bomber. Le chanteur, Nekki Basara, apparaît plusieurs fois dans la saga, et l'on retrouve dans Macross 7 plusieurs personnages de la première série qui ont un peu vieilli, notamment le couple Maximilian Jenius/Milia Fallyna, dont le mariage donne naissance à des enfants que l'on découvre dans cette nouvelle série, enfants dont fait partie Mylene Jenius, membre des Fire Bomber.
Sur cette série, Haruhiko Mikimoto a donné naissance aux personnages avec des drafts, et l'illustrateur qui a réellement fignolé tout ça est Kenichirô Katsura, au sujet duquel il pense qu'il a fait du bon travail.
Le projet Macross 7 en lui-même était différent du résultat que l'on peut voir aujourd'hui. Shôji Kawamori était toujours aux commandes, mais il y a eu une autre personne qui a eu son importance : Tetsuro Amino. Haruhiko Mikimoto a travaillé le design des personne très en amont du travail de Mr Amino, et à l'époque l'équipe pensait faire faire quelque chose de très simplifié, de plus enfantin, avec moins de traits. Il y a des petits restes, comme un personnage qui a des cheveux un peu hirsutes façon Dragon Ball. Au départ, l'ensemble devait être très typé manga, puis Mr Amino a décidé de réorienter les choses de façon plus réaliste, et c'est là que Mr Katsura est intervenu pour retravailler un peu le design.
A part ça, l'originalité du personnage de Nekki Basara est peut-être qu'il ne combat pas directement : quand il prend place dans la Valkyrie, c'est pour chanter, ce qui peut paraître un peu décalé, mais c'est peut-être aussi ce qui a amené sa couleur à la série.
Alors qu'il ne restait plus que quelques minutes, Yvan West Laurence décida d'occulter Macross Zero et Macross Frontier pour offrir au public la possibilité de poser quelques questions:
Les idols sont très importantes. Vous-même Mr Mikimoto, êtes vous fan des idols des années 80 ? Quelles sont vos préférées ?
Haruhiko Mikimoto: Aujourd'hui je ne m'intéresse plus aux idols, mais quand j'étais jeune j'étais fan de Seiko Matsuda et Akina Nakamori.
Concernant le manga Macross The First sur lequel vous travaillez depuis presque deux ans, vous êtes-vous inspiré de vos anciens travaux, ou avez préféré repartir sur de nouvelles bases ?
Haruhiko Mikimoto: Je suis parti du film, mais quand je travaille sur un manga je m'investis de façon très différente. Par exemple, quand il s'agit du packaging d'un DVD, je suis vraiment ce que j'avais fait au moment du film, tandis que pour le manga je préfère reprendre les personnages avec un sentiment nouveau. Je me sens très libre de les dessiner et de leur faire faire ce que je désire.
La conférence s'acheva sous un tonnerre d'applaudissements.
Dans les faits, impossible de résumer l'entièreté de la saga Macross en même pas une heure, et Yvan West Laurence ainsi que le public ont pu l'expérimenter. Une telle saga mériterait beaucoup plus de temps, mais force est de constater qu'en une heure, de nombreux éléments intéressants ont été abordés, des anecdotes éclaircies, d'autant que les deux invités étaient bavards et que l'animateur, passionné, savait rebondir et apporter des précisions pour ne pas laisser de blanc.
Mais le statut de passionné de l'animateur amenait en même temps que des qualités de gros défauts: une tendance à, justement, trop se laisser aller dans les anecdotes, au risque de parfois s'écarter largement du sujet de base qu'était les trente ans de Macross (vous pouviez notamment apprendre que Macross a lancé sa passion pour l'animation, joli HS), et surtout, d'enlever un temps de parole précieux à messieurs Mikimoto et Watanabe, qui ont finalement beaucoup moins blablaté que Mr West-Laurence, qui ne savait pas toujours s'arrêter au bon moment et a sans doute fait perdre de précieuses minutes qui auraient permis de revenir sur des éléments de Macross moins anecdotiques. Et l'on ne compte pas le nombre de fois où celui-ci, au sujet d'un élément de la saga, a dit "on y reviendra" sans jamais avoir eu le temps d'y revenir...
Au final, la conférence paraissait assez étrange, installée entre deux chaises : les novices dans l'univers Macross pouvaient découvrir de nombreuses anecdotes sans toutefois tout apprendre du minimum vital d'informations générales, tandis que les fans les plus acharnés ont eu droit à des détails sur des choses qu'ils savaient sans doute déjà pour la majorité, le plus frustrant étant sans doute pour eux le jeu de questions-réponses expédié après deux interventions par manque de temps. Dommage...
De Casper [72 Pts], le 26 Juillet 2012 à 11h04
Le problème principal n'était pas le manque de temps, le problème était le fait de vouloir résumer la saga alors que la quasi-totalité de l'assemblée la connaissait déjà : on ne va pas à la conférence d'une personne au poste aussi spécifique que chara-designer pour parler d'une franchise dans sa généralité.
Ajoutons à cela le trop présent Yvan West Lawrence, et on obtient une conférence pendant laquelle on en apprend plus sur l'animateur de conférence que sur l'invité, c'est un comble quand même.
D'ailleurs, on le remerciera de traiter indifféremment de pirates tous ceux qui ont répondu par l'affirmative à sa question "Connaissez-vous Macross 7 ?". Connaître une série ne veut pas dire l'avoir vue, et certains l'ont peut-être regardée en VO légalement. C'était le genre de remarques désagréables auxquelles on a eu droit, pour nous prendre de haut. On s'en serait passés.
Je m'étais rarement autant ennuyé à une conférence. Merci M. Lawrence.
PS : qu'il se présente au début (et pas seulement en donnant son nom) aurait peut-être pu faire passer la pilule et justifier ses longues prises de parole.
De bakagoku [4628 Pts], le 25 Juillet 2012 à 21h24
Conférence somme toute décevante car effectivement beaucoup trop courte ! Dommage :(