Scumbag loser - Actualité manga

Scumbag loser : Critiques

Saiteihen no Otoko

Critique de la série manga

Publiée le Jeudi, 27 Mars 2014

Sorti un peu de nul part, Scumbag Loser était pourtant attendu par pas mal de monde, et une fois encore Ki-oon a su satisfaire son lectorat en proposant des titres toujours plus surprenants et sortant des classiques sentiers battus. Le titre s’est montré étonnant de bout en bout et à réussi à prendre son lectorat à contre-pied avec un récit sans cesse bouleversé.

Autant pour attirer le regard que pour choquer, les couvertures, aux couleurs criardes (outrancièrement jaune, rose puis verte) sont à l’image du contenu, quelque chose de grossier, d’outrancier, vulgaire et peu flatteur…mais pour le coup on ne passe pas à coté sans les remarquer, cela attire l’œil et nous prend au piège. On y découvre des personnages immondes, pathétiques…pas forcément une invitation à la lecture ; pourtant ces couvertures (superbement réalisées de la part de l’éditeur, avec des éléments en relief, là n’est pas la question) collent parfaitement avec le titre et l’idée qu’on peut s’en faire.
Maintenant que le ton est donné, plongeons dans l’univers glauque de cette courte série, terminée en seulement trois volumes.

Très rapidement on découvre Masahiko Murai, un lycéen persécuté par ses « camarades » de classe. Il est gros, porte des lunettes, est associable…ce qui semble être suffisant pour être le souffre douleur de sa classe. Il est détesté par les autres et le leur rend bien ! Il classe les gens en fonction de leurs odeurs, parce qu’il possède bien un talent, c’est d’avoir un odorat super développé. Au lieu d’essayer de remédier à cette situation, l’objectif de Murai est de ne pas être le pire loser de son lycée, car malgré ce qu’on pourrait croire il y a un autre élève, Yamada, encore plus pathétique dont Murai lui même se moque au lieu de le soutenir.
Très rapidement le ton est donné et il n’est pas forcément très agréable, bien au contraire. On s’attend à suivre le quotidien d’un jeune homme qui souffre et essaie de surmonter ce calvaire, mais au lieu de ça l’auteur nous présente un personnage principal détestable ; le pire étant qu’au fil des pages on en viendrait presque à se dire qu’il mérite ce qui lui arrive…c’est dramatique ! Du coup on prendrait presque le parti des bourreaux, l’auteur nous mettant alors dans une situation assez peu confortable…mais c’est le but qu’il recherche !
Cependant, très vite le titre prend une tournure inattendue lorsque Murai décide d’annoncer qu’il possède une petite amie : une amie d’enfance dont les photos ornent sa chambre. Tout se complique quand cette même jeune fille débarque dans sa classe et décide de jouer le jeu en contrepartie d’odieux chantages…une jeune fille morte il y a cinq ans…à ce stade bien des questions se posent… Et à partir de là l’horreur commence. Des gens sont sacrifiés pour être dévorés par des créatures prenant l’apparence d’adolescents…une lutte va être menée pour stopper l’avancée de ces créatures…mais pour cela il faudra d’abord prouver qu’elles existent !
Et voilà comment on passe d’un titre portant un regard sur la société actuelle et ses travers à un titre d’horreur sans qu’on ne le voit réellement venir !

Pour ceux qui ne l’auraient pas encore compris, ce titre est glauque, sombre, malsain et on pourrait même aller jusqu’à dire qu’il met mal à l’aise.
Sans aller jusqu’à dire que le phénomène traité dans le titre est exclusivement Japonais, cela semble malgré tout être un sujet sensible qui nous parle moins. Cependant on a tous entendu parler d’élèves persécutés par d’autres et on était en droit de s’attendre à un titre avec une approche plus social. Du coup se retrouver avec un personnage principale détestable nous prend totalement au dépourvu et on ne sait plus sur le coup comment appréhender ce titre qui nous surprend sans cesse. Ca c’est le premier choc, puis vient le second qu’on subit dés le premier tome : le virage radicale vers le manga d’horreur. A partir de là le titre n’est plus du tout le même et la façon de l’aborder diffère également. Cependant il demeure toujours aussi malsain et dérangeant…
Pourtant à bien y regarder l’auteur continue jusqu’à sa conclusion à porter un regard acerbe sur la société en nous présentant coup sur coup des personnages tous plus détestables les uns que les autres : le père de famille pervers et violent, le fan hardcore qui délaisse sa famille et bat sa femme pour assouvir sa passion lié à une adolescente, les enfants ingrats et dédaigneux et les parents démissionnaires qui préfèrent sacrifier leurs enfants plutôt que d’affronter la réalité. Ces monstres à l’allure grotesque seraient alors le reflet de notre société, une société individualiste qui se nourrit des plus démunis dans l’indifférence générale et laissant de coté ceux qui ne veulent pas se fondre dans la masse, ou pire les dévorant pour qu’ils se mettent dans le moule et soient comme les autres.
Ou alors on peut aussi lire ce titre au premier degré et le voir simplement comme un titre horrifique malsain et dérangeant où des marginaux luttent contre une menace silencieuse et invisible !

L’ironie dans ce titre c’est que justement le salut vient de trois individus laissés pour compte qui pour des raisons différentes vont se retrouver dans la même situation dans le troisième et dernier tome pour se heurter aux créatures. Trois personnages marginaux ne correspondant pas à ce que la société attend d’eux, trois individus pathétiques, mais qui pourtant seront les seuls à pour pouvoir faire face à ces entités.

Malgré des défauts flagrants, comme certains point de narration (pour exemple Murai, qui n’est qu’un pauvre lycéen maltraité, va réussir à retrouver un tueur en série en quelques heures alors qu’il est recherché par les autorités depuis un bon moment), des lourdeurs (on trouve un peu partout des tueurs d’enfants, ils semblent courir les rues au Japon), on ne peut nier l’originalité de ce titre et son coté fascinant malgré un aspect très dérangeant. On plonge dans un univers fantastique surprenant et inattendue.
D’un titre à caractère sociale on se retrouve face à une invasion extra terrestre (ou de démons, on ne le saura pas) nous renvoyant au film « The faculty ».
Nous irons de surprises en surprises jusqu’à un final où tout nous éclatera au visage mais où tout ne sera pas révélé, l’auteur préférant garder une part de mystère et ne répondre qu’à ce qui méritait des révélations. Un parti pris audacieux qui pourrait en décevoir certains mais a le mérite d’être courageux.

Un titre surprenant à tous les niveaux, proposant plusieurs degrés de lecture, bluffant au sens large mais qui reste dérangeant…il faut accepter d’être un peu secoué.
Une aventure à tenter mais en connaissance de cause !


Chroniqueur: Erkael

Note de la rédaction
Note des lecteurs
16.5/20

Evolution des notes des volumes selon les chroniques:

15.00,14.00,17.00

Les critiques des volumes de la série