Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 28 Février 2024
Le tome s'ouvre sur l'arrivée d'un homme on ne peut plus mystérieux et qui semble en savoir long sur la situation au village et dans ses alentours. Dénommé Tanaka, il semble là pour aider les adultes à mener leurs investigations suite à la mort bizarre de madame Matsuura, mais les méthodes elles-même de ce nouveau venu apparaissent étranges... Quel est son but exact ? Quelle menace représentera-t-il pour l'être qui a remplacé Hikaru ? Sera-t-il une bénédiction ou une malédiction pour le village ? Que ce soit via les premiers agissements de cet homme ou à travers les quelques doutes de certains villageois eux-même à son égard, Mokumoku Ren entretient très bien, d'emblée, la curiosité autour de Tanaka.
Mais ce nouveau personnage n'est pas le seul à soudainement intriguer dans ce troisième volume: c'est également le cas de celle qui s'affiche joliment sur la jaquette, Asako. A travers quelques détails fort bien menés lorsqu'elle a une "bonne intuition" pour sauver son amie d'un possible danger, Mokumoku Ren nous fait doucement sentir que l'adolescente cache elle-même quelque chose, et cela va amener de nouveaux éléments intéressants: quelques détails du passé d'Asako, la faculté de "mêlée" qui est la sienne, et surtout ce qu'elle semble cerner sur Hikaru... à ses risques et périls ?
C'est là que ce tome interpelle le plus, au vu de ce que Hikaru est proche de faire à Asako pour se protéger lui-même. Et cela amène, de plus belle, différents tourments chez Yoshiki.
D'un côté, il sait bien que le vrai Hikaru n'est plus là, au point de se questionner encore sur l'identité de son ami: qu'est-ce qui fait qu'une personne est elle-même et pas quelqu'un d'autre ? Ses souvenirs, ses cellules, ses expériences ? Ou juste son apparence ? Dans ce cas, dans quelle mesure Yoshiki peut-il encore considérer que Hikaru est bel et bien Hikaru ? De plus, Yoshiki ne peut que constater que l'être qui a remplacé Hikaru n'a pas la même vision que lui et que les autres humains normaux au sujet de la valeur de la vie, si bien que s'il n'apprend pas cette valeur il pourrait devenir dangereux.
Et pourtant, de l'autre côté, il y a toujours, entre les deux personnages principaux, ce lien à-part, faisant que Yoshiki ne peut voir Hikaru comme un ennemi: il a le corps de son ami de toujours, rappelle à Yoshiki bien des souvenirs (même si Hikaru, lui, ne se souvient de rien de tout ça), a juré de le protéger car il a été touché d'être accepté par l'adolescent, découvre différents petits plaisirs humains avec une part d'innocence touchante, dégage quelque chose d'un peu fragile en ne sachant pas lui-même ce qu'il est... Alors justement, et si une clé de tout ceci pouvait se trouver dans la recherche de ce qu'est Hikaru exactement ?
C'est sur cet enjeu que nous laisse ce tome, en promettant forcément beaucoup pour le volume suivant. Et en attendant de voir ça, le moins que l'on puisse dire est que Mokumoku Ren entretient à merveille son récit: Tanaka et Asako interpellent, le lien inclassable entre les deux personnage principaux fascine dans ses moments inquiétants et malsains tout comme dans ses aspects plus innocents voire touchants, et bien sûr il y a toujours un gros travail visuel pour offrir une atmosphère très immersive, au coeur de cette saison tantôt agréable tantôt étouffante et de ce village teinté de légendes folkloriques et horrifiques.