Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 22 Janvier 2024
Hikaru n'est plus de ce monde, et Yoshiki le sait très bien. Le jeune garçon a tout à fait compris que son si précieux meilleur ami, le jour où il a disparu dans la forêt, a été remplacé par autre chose, et que c'est désormais cette autre chose qui est revenue dans le village. Mais comment donc Yoshiki a-t-il immédiatement compris la chose ? Après un certain temps passé à se taire face au remplaçant de Hikaru, il finira enfin, à un certain moment de ce volume, par se confier à lui là-dessus, sur ce qu'il a vu de ses propres yeux dans la forêt au moment du drame. Bien sûr, cela réveille de plus belle la question du deuil, à travers l'infinie tristesse de Yoshiki à l'idée de ne plus jamais retrouver le Hikaru qu'il connaissait. Car c'est un fait: la chose ne pourra jamais devenir entièrement Hikaru, donc notre héros ne peut pas le traiter comme s'il était réellement son ami, même s'il aimerait tellement pouvoir le faire...
La question du rapport Yoshiki/Hikaru reste alors centrale, Mokumokuren continuant de dépeindre avec force et nuances ce lien ne ressemblant à aucun autre entre ces deux garçons dont un est n'est plus lui-même. Et ici, c'est encore l'ambivalence de Hikaru qui marque le plus: ce dernier peut être si dangereux et inquiétant, et en même si touchant, si attaché à Yoshiki et si protecteur envers lui en affichant des émotions qui semblent sincère. Peut-être que ce faux Hikaru semble dangereux simplement parce qu'il est ignorant sur beaucoup de choses ? Peut-être qu'il suffirait de l'aider à s'adapter et à s'intégrer pour que tout aille bien. Evidemment, les choses ne pourraient être si simple, car déjà on sent que, face à des événements anormaux qui commencent à se multiplier, certains personnes du village sont prête à agir. Des habitants qui, eux aussi, prennent alors un petit peu plus d'importance. Mokumokuren nous confronte notamment à certaines mentalités d'un petit patelin reculé de ce type. Un patelin trop petit pour Yoshiki qui a souvent l'impression d'y suffoquer...
Si Mokumokuren ne bouscule pas beaucoup son récit dans ce tome, c'est pour mieux nous laisser nous imprégner de son gros travail d'ambiance que ses dessins, ses cadrages et ses onomatopées servent à merveille, mais aussi pour mieux nous laisser graver dans notre esprit l'ambivalence de Hikaru, à travers plusieurs petits moments qui traduisent bien le fonctionnement du personnage, tour à tour attachant et inquiétant, et finalement encore très insondable. Autant dire que l'on reste sur une certaine réussite dans sa catégorie, en attendant la suite.