Pont entre les étoiles (un) Vol.3 - Actualité manga
Pont entre les étoiles (un) Vol.3 - Manga

Pont entre les étoiles (un) Vol.3 : Critiques

Seikan Bridge

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 04 Octobre 2019

Chronique 2

Au fil des mois, la petite Haru est de mieux en mieux parvenue à s'intégrer à la ville de Shanghai, essentiellement grâce à son ami chinois Xing, puis aux retrouvailles avec sa vieille copine de Nagasaki Chii. Si bien qu'à présent, la fillette crie elle-même qu'elle est "Haru de Shanghai" ! Mieux encore, avec son innocence tout enfantine, elle renvoie dos à dos la rixe qui menaçait d'éclater entre les gamins japonais et le Docteur... ce dernier n'étant autre que le père de Xing ! La petite fille est aux anges, car elle revoit enfin son cher ami... Mais que pensera donc le Docteur de cela, lui qui, par le passé, a été si meurtri par les horreurs commises par les Japonais qu'il en est arrivé à leur vouer une haine presque aveugle ? Un début de réponse pourrait arriver par l'intermédiaire d'une certaine personne: la mère de Haru, qui découvre la relation existant entre sa fille et le petit garçon chinois...

Désormais bien intégrée à la ville chinoise qu'elle a appris à aimer, Haru voit alors arriver devant elle d'autres étapes essentielles, qui ont toutes un point en commun: elles évoquent les rapports entre les enfants et leurs parents dans ce contexte de tension (et, on le sait, bientôt de guerre) entre Chine et Japon. Contrairement au tyrannique père de la fillette, la maman de Haru se montre bienveillante et attentive, soutient réellement sa fille au quotidien, et finit même par vite proposer une étonnante chose au Docteur: qu'il lui donne des cours de dessin. Quant au père de la fillette, que l'on a vu si tyrannique jusqu'à présent, quelle sera sa réaction en découvrant tout ça ? En constatant que Haru fréquente encore le petit Xing ? En voyant que sa fille suit des cours avec des "mendiants" chinois ? En voyant la nature de ces cours ? Quelque chose boue toujours en lui, il affirme refuser d'admettre ça... Et pourtant, il ne peut constater qu'une seule chose avant tout: le sourire que son enfant affiche à Xing ou au Docteur, un sourire qu'elle ne lui a jamais adressé. On sent alors le papa de la petite fille s'adoucir très légèrement, lui aussi, conserver son ton agressif mais montrer aussi un petit peu plus de compréhension. Et enfin, il y a le cas du Docteur, qui, lui aussi, montre d'autres facettes de lui-même, dès le départ en acceptant de donner des cours à Haru. Bien sûr, cet homme reste toujours assez froid voire brutal, surtout quand Haru a le malheur de faire une certaine bêtise en pensant bien faire, mais derrière cette façade on devine largement un homme endolori par les épreuves passé et, surtout, un père très aimant. Ce dernier point ne manque pas de se confirmer, avec émotion, quand il finit par avouer à Haru la vérité sur le passé de Xing, et ce qui se cache réellement derrière le si beau sourire du petit garçon. Et cet amour parental, le Docteur le prouvera encore plus fortement par la suite, dès lors que l'inévitable horreur de la guerre arrivera...

Car oui, l'heure est venue pour le conflit sino-japonais d'imprégner plus que jamais les pages, à partir de la deuxième moitié du tome. Là où la première moitié se veut assez belle, douce et chaleureuse sur plusieurs points, la deuxième moitié du tome apporte d'emblée un contraste saisissant, avec une Haru emportée soudainement hors de chez elle, avec uniquement ses parents, sans Ama et Xinlin, avec la peur de ne pas pouvoir revoir Xing et le Docteur... Tout ce passage est très bien rendu car, vécu du point de vue de Haru, il nous transmet toute l'incompréhension que peut avoir la petite fille dans cette situation d'urgence qui la dépasse complètement et face à laquelle elle ne peut absolument rien faire. Ce n'est pas nouveau: depuis le début, en nous faisant toujours vivre les choses du point de vue l'enfant, Kyukkyupon a effectué quelques merveilles aux tonalités faites de pacifisme et de compréhension d'une autre culture. Cela dit, l'autrice choisit au bon moment de s'écarter de cette narration afin de nous plonger, le temps du passage le plus tragique du tome, dans les pensées d'un homme, d'un père prêt à tout pour protéger son enfant face à l'horreur... Dans la façon dont il est amené et est mis en scène, ce passage frappe fort, et on a bien conscience que l'horreur de la haine a encore frappé, et qu'après ça plus rien ne sera comme avant.

C'est après ces événements marquants et riches que la fin du tome, après une ellipse de 4 ans, entame une nouvelle et sans doute dernière partie qui suscite autant d'attente que d'angoisse, tant ne se demande comment pourra évoluer le lien entre deux enfants qui se sont autrefois fait la promesse d'êtres des xiondhi. La dernière page laisse d'ailleurs sur de fortes craintes, et en attendant, Kyukkyupon offre ici un avant-dernier volume puissant.


Chronique 1

Haru s'est parfaitement intégrée à son nouveau pays. Elle doit notamment son épanouissement à son amitié avec Xing, toujours plus forte au fil des jours. La mère de la jeune fille découvre leur lien particulier et l'accepte sans sourciller, un soutien qui apporte du baume au cœur de la demoiselle. Mais qu'en sera-t-il de son père ?
Tandis que le quotidien de Haru et Xing semble être radieux, les tensions entre chinois et japonais gagnent peu à peu en intensité, si bien que la vie paisible de notre héroïne pourrait voler en éclat d'un jour à l'autre...

L'intégration de Haru à Shangai aura été difficile, mais elle semble avoir atteint son apogée, si bien qu'il est temps pour la protagoniste de l'histoire de jouir d'un quotidien apaisé... enfin ! C'est d'ailleurs tout le propos de la première partie charmante de ce troisième volume, montrer que Haru se sent bien chez elle en Chine, au point de profiter d'une vie classique de petite fille écolière. L'espoir est le thème central de cette première grande partie, un axe bouclé lorsque Kyukkyupon s'intéresse aux parents de l'héroïne, au point de les développer avec une jolie subtilité. Le message est évident et rend une première partie de tome qui fait chaud au cœur, rendant les péripéties du quotidien de Haru vraiment touchantes. Un terrain que l'autrice a minutieusement préparé, pour mieux aborder la suite de son histoire...

Avec la seconde grande moitié du volume, Un pont entre les étoiles prend encore plus de sens. A cette paix symbolique crée par l'amitié puissante entre Haru et Xing, la mangaka y oppose la réalité de la guerre et la cruauté dont peuvent être capables les êtres humains. Les tensions entre chinois et japonais, omniprésentes depuis le début de la série et née d'une réalité historique, viennent porter le propos du récit encore plus loin. Face à de tels drames, nos deux protagonistes peuvent-ils garder leur pureté et leur humanité ? C'est tout le questionnement de ce troisième volet, ce à travers une succession d'événements tous plus marquants les uns que les autres. Le récit proposé à du sens, et il parvient en même temps à nous paniquer, nous alarmer, nous faire craindre le pire pour certains personnages, et nous planter un sacré coup de poignard en plein cœur à quelques instants précis. Toute la dimension humaine nouée par les deux premiers tomes et demi vole en éclat, et c'est ce qui rend ce troisième opus aussi puissant qu'une grande baffe en plein visage.

La toute fin du volume semble aborder l'arc final de la série, celui de l'après. Et si Kyukkyupon tente de nous avoir en revenant à une ambiance plus paisible, on sait bien que les choses ne seront pas si simples. La dernière page, en particulier, aura de quoi donner quelques frissons tant elle semble explicite. On redoutera alors particulièrement le dernier volume d'Un Pont entre les Étoiles... comme on l'attendra. Et s'il semble certain que la conclusion ne nous épargnera pas, on ne peut que croiser les doigts pour un avenir radieux pour Haru et Xing. Réponse et point final dans le prochain tome !


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

16.5 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
17 20
Note de la rédaction