Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 11 Février 2011


Le Yin et le Yang. L'ombre et le feu. Le féminin et le masculin. Opposés mais pourtant indissociables. Bao nous propose, à travers les coups de crayon de trois auteurs chinois, de découvrir cet aspect fondamental de la culture asiatique et, ce, à différentes époques marquantes de l'empire chinois. Ainsi, on aura l'occasion de se plonger au VIème siècle après J-C, dans le quotidien du prince Ru, ou encore en 200 avant J-C en plein période de tourmente et de guerres interminables.

Si l'on se déplace allègrement sur la ligne du temps, on retrouve néanmoins à chaque fois les mêmes constantes. Un homme et une femme, un amour réciproque ou non, un désir insatiable de gouter à la chair de l'autre. Chacun des trois auteurs participant à cet ouvrage nous offre une vision différente de ces relations compliquées. Cela se met en exergue grâce aux mentalités qui changent à travers les siècles bien entendu, et à la place qu'occupe la femme au côté de l'homme. Tantôt optimistes, tantôt nettement moins joyeuses, ces histoires d'amour sont, quoi qu'il en soit, superbement bien représentées. Il n'y a en tout cas aucun sentiment de redondance qui s'installe et, pourtant, la sensation d'unité des trois récits se fait bel et bien sentir. Preuve que le tout aura été bien coordonné.

En outre, ces histoires mêlant érotisme esthétique mais bien réel et champs de bataille ravagés et parsemés de cadavres, le contraste entre les deux étant d'ailleurs remarquablement bien mis en scène, contiennent aussi une dimension historique fort intéressante. Dommage cependant que l'ensemble n'ai pas été ordonné de manière chronologique, afin de retracer avec davantage de clarté l'historique de la Chine. Dommage également que ces différentes histoires restent relativement courtes. On a, certes, l'occasion de comprendre ce qu'il se passe et d'avoir un aperçu des évènements marquants de l'époque mais, en contrepartie, les différents personnages que l'on aura l'occasion de croiser ne sont, finalement et à une ou deux exceptions près, que dépeints de manière très sommaire. Evidemment, on pourra toujours se dire que ces histoires courtes se suffisent à elles-même, ce qui en soit ne serait pas du tout faux. Mais, d'un autre côté, on aurait aussi pu espérer un petit plus, découvrir des développements plus conséquents autour de chacun.

L'un des atouts majeurs du titre reste cependant sa qualité graphique. Si les deux dernières histoires sont très joliment dessinées, chacune dans un style propre, c'est surtout la première qui retiendra notre attention tant Kim Chen vient nous éblouir de tout son talent artistique. Que ce soit au niveau des corps ou des décors, des plans choisis, de la couleur utilisée, c'est tout simplement somptueux ! Voila en tout cas encore un bel exemple de la splendeur des colorisations chinoises.

Côté édition, c'est du bon travail. La petite introduction qui nous est proposé et l'invitation à en découvrir un peu plus sur le sujet en nous renseignant sur un autre ouvrage traitant du même thème sont des initiatives tout à fait louables.

Ce premier tome de l'ombre et le feu nous entraine donc à la découverte des plaisirs charnels à travers le temps et les mentalités. Offrant des tableaux succincts mais réussis et contemplatifs à souhait de l'histoire chinoise, l'ouvrage se montre très plaisant à suivre même si l'on reste un tout petit peu sur sa faim une fois la lecture terminée.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Shaedhen
15 20
Note de la rédaction