Noah’s Ark Vol.3 - Actualité manga
Noah’s Ark Vol.3 - Manga

Noah’s Ark Vol.3 : Critiques

Noah’s Ark

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 20 Décembre 2019

Cinq nouveaux récits nous attendent dans le troisième et dernier volume de Noah's Ark, sorte de série d'histoires courtes au fil desquelles l'auteur Kei Honjô cherche à nous interroger sur notre cohabitation avec les animaux et, par la même occasion, la nature.

Le premier est le plus long des cinq et, au fil de ses 60 pages, nous plonge en pleine Seconde guerre mondiale, où les chiens ont pu avoir un rôle essentiel sous différents aspect, chose que l'on va bien entrevoir à travers le parcours déchirant d'un jeune garçon se voulant très patriote, mais qui, malgré les moments de fierté qu'a pu lui faire ressentir son toutou au départ jugé inutile, n'aura que les larmes aux yeux quand les cruelles conditions de la guerre l'obligeront à se séparer de lui pour le pire... Tour à tour animal vu comme encombrant et inutile, véritable héros canin ayant permis d'épargner des vies, et pauvre pion sacrifié pour des raisons absurdes qui ont pourtant bel et bien existé à cette époque, le brave toutou de cette histoire, comme tant d'autres, véhicule à merveille toutes les facettes importantes, belles ou beaucoup moins glorieuses, que ces animaux peuvent avoir dans nos vies. Surtout, il nous rappelle une triste réalité de la guerre ayant bel et bien eu cours au Japon (entre autres) et que l'on a malheureusement tendance à oublier.

"Quelle que soit l'époque, les humains ne sont pas toujours les seules victimes de la guerre..."

Les 3 récits suivants ne font que 20 pages chacun, sont plus simples, mais restent tout de même intéressants dans ce qu'ils véhiculent.
Le premier s'intéresse à un professer venu de Tokyo pour enseigner à Hokkaidô, et s'attirant la sympathie des élèves grâce à la façon dont il "apprivoise" une renarde sauvage qui lui fait confiance. Mais ce genre d'animaux pouvant être vecteur de maladies, on lui somme d'arrêter d'attirer l'animal et de le chasser, quitte à être un peu violent. Et c'est là que les choses dérapent pour lui... Tout en comptant vite fait la petite histoire peu joyeuse de ce prof (malmené par ses élèves, accusé par les parents, quitté par sa fiancée, etc... tout lui tombe dessus en fait), l'auteur montre rapidement à quel point on peut vite perdre la confiance d'un animal avant tout sauvage... Néanmoins, c'est bien en observant cette renarde que l'humain, face aux épreuves de la vie, trouvera un exemple à même de lui donner la force de se relever.
Le deuxième récit n'est rien d'autre qu'une sorte de petit documentaire sur les abeilles et certaines menaces naturelles se dressant face à eux: frelons et ours. Quand on s'intéresse un peu à l'environnement, on connaît forcément déjà tout ce qui est dit ici sur les abeilles, mais un témoignage de plus ne peut pas faire de mal, tant ces petits êtres vivants ont un rôle essentiel sur notre planète. Et pourtant, leur vie ne tient souvent qu'à peu de choses, et une simple reine qui disparaît peut condamner des milliers de représentants... Qui plus est, Honjô s'applique pas mal dans son dessin de ces toutes petites bêtes qu'il cherche pourtant à détailler suffisamment, y compris dans certains gros plans.
Le troisième récit, lui, voit l'auteur renouer brièvement avec son désir de donner la parole aux animaux, ce qui lui permet ici d'évoquer le destin d'un animal malheureusement éteint depuis 2012: la loutre de rivière japonaise. Vite et sans détours, l'auteur présente la façon dont cet animal n'a pu s'adapter, entre autres choses, à l'empreinte de l'homme (constructions humaines sur son territoire, vacanciers, lâchers de saumons non-adaptés à ce genre de rivière, détournements des cours d'eau...), jusqu'à finir par disparaître.

Le tout dernier récit, enfin, occupe une cinquantaine de pages et nous invite à suivre les affres d'un jeune garçon en vue d'une compétition de chiens de traîneaux. L'adolescent est vu comme un raté: incapable d'aller au bout de ce qu'il entreprend, ayant un comportement peu respectueux voire brutal envers ses chiens, s'attirant même l'antipathie d'autres personnes cherchant à lui mettre des bâtons dans les roues... Pourtant, une sorte de déclic a lieu en lui quand il croise la route d'une superbe et robuste chienne-louve qu'il prend sous son aile. Et au fil des pages, le garçon ne pourra que comprendre ses erreurs, remarquer les indéfectibles efforts de ses toutous, voire se dépasser lui-même pour enfin accomplir quelque chose à sa manière... En somme, une jolie leçon sur le dépassement de soi et l'entraide humain-animal, montrant à nouveau à quel point les animaux peuvent nous changer.

Au bout de tout ceci, un épilogue de 20 pages permet de relier un petit peu tous les récits de la série en remettant en scène le mangaka lui-même, comme au début, le tout nous laissant sur des questionnements essentiels autour de notre lien avec les animaux et la nature. Honjô, au fils de ces 3 tomes, a su offrir des exemples globalement assez divers, en croquant les rapports de l'homme avec l'animal sous des angles pouvant être aussi bien positifs que plus durs et cruels, mais en dégageant bien quelque chose: comme le laisse entendre le sous-titre "Un monde en partage" de la série, nous sommes tous sur la même planète, et la cohabitation et le partage y sont essentiels.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction