Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 16 Octobre 2023
Afin d'échapper aux personnes qui en veulent à sa fortune, Masaru est en cavale en compagnie de Shirogane, et les deux jeunes gens tentent désormais de se faire embaucher par le cirque Nakamachi, qui est sur le déclin depuis quelques années en n'ayant quasiment plus aucun membre. Directeur du cirque ayant déjà bien assez de problème, le dénommé Shinobu Nakamachi, mangeur de pierre de 58 ans, est d'abord peu enclin à accepter ces deux inconnus. Mais la situation pourrait vite changer lorsque Beast, un colossal et terrifiant tigre, s'échappe de la cage où il était transporté et menace de semer la terreur et la mort en ville ! N'écoutant que leur courage, nos héros et les quelques membres du cirque Nakamachi s'élancent à la poursuite du terrible animal, dont la carrière est particulièrement imposante. Ils sont bientôt rejoints par une jeune et mystérieuse dompteuse de fauve, qui semble avoir un lien étroit avec l'animal...
Après un premier arc magistral formé par les deux premiers tomes de cette éditions Perfect, l'enjeu de Karakuri Circus s'est dirigé vers le besoin, pour Masaru et Shirogane, de trouver refuge quelque part où ils devraient être en sécurité, et le cirque Nakamachi apparaît comme la perspective idéale pour ça, si bien que l'intégralité de ce quatrième volume se consacre à leur arrivée dans cette très modeste troupe sur le déclin et à leur intégration, le tout au fil de plusieurs étapes.
Ainsi l'arc centré sur Beast, en plus d'offrir un rythme assez intense au vu de la dangerosité de l'animal, est-il l'occasion non seulement démontrer auprès de Shinobu ce dont Shirogane et Masaru sont capables, mais aussi d'installer un nouveau personnage importante à la personne de Talanda Lieselotte alias Liselotte, jeune fille qui, pour atteindre son rêve de devenir une dresseuse de fauve talentueuse, va devoir se confronter aux tragédies de son passé et à ce que représente pour elle Beast en tant qu'animal agressif à arrêter à tout prix.
La partie suivante, efficacement menée via une double-narration avec d'un côté Shinobu et Shirogane et de l'autre côté Masaru, Nori et Hiro, amène ce qu'il faut d'informations à la fois sur ces deux derniers, fils adoptifs du directeur excellant chacun dans un domaine (Noriyuki, 21 ans, est acrobate, et Hiroo, 20 ans, est funambule et expert en trampoline), et sur la façon dont ils sont arrivés au cirque Nakamachi vers leurs dix ans, le tout mettant en lumière une autre figure ayant marqué leur vie: Fusae, qui était l'épouse de Shinobu, et qui a pris soin d'eux comme une véritable mère.
Quant à la dernière partie du volume, tout en poussant Shinobu à aller voir d'anciens collègues du cirque géant Straw avec à la clé une participation de Shirogane, Lise et Masaru, elle permet de découvrir quelles odieuses rumeurs ont obligé, quelques années auparavant, le directeur à ferme son cirque. Désormais accompagné de quelques nouveaux membres, on en peut alors que lui souhaiter de réussir à relancer sa machine.
On ne va pas le cacher, il y a des petites facilités/coïncidences dans tout ça: la prise d'otages à la banque qui a lieu pile quand nos héros s'y rendent, le fait que la principale otage s'appelle comme par hasard Fusae, le fait que le cirque Straw soit justement celui où travaillait Shirogane quelques mois auparavant, l'intoxication alimentaire qui survient juste quand il faut... Néanmoins, ça ne gâche pas les nombreuses qualités de chacun de ces arcs, qui amènent à tour de rôle ce qu'il faut de développements autour de Liselotte, de Nori et Hiro puis de Shinobu, tout en consolidant la place de Masaru et Shirogane parmi eux. Evidemment, tous deux y trouvent ce qui leur manquait, à savoir une forme de famille soudée. Et c'est auprès de ces nouveaux compagnons qu'ils devraient continuer d'évoluer petit à petit, Masaru pour gagner encore en maturité, et Shirogane pour comprendre que si elle veut que son protégé se confie plus à elle elle devra apprendre à se comporter autrement que comme une gardienne, tout en apprenant à donner plus de valeur à sa propre vie. Tout ceci se déroule également avec une forte part d'humour (les prétendants de la sublime Shirogane étant nombreux mais pas toujours très malins), avec à quelques reprises le souvenir persistant de Narumi qui a tant apporté à nos deux personnages centraux, et avec quelques petites mises en valeurs des émotions que peut procurer le cirque, pour une lecture défilant toute seule grâce à la narration maîtrisée de Fujita et à son talent pour développer rapidement et avec une certaine émotion et expressivité ses personnages.