Enfant et le maudit (l') Vol.2 - Actualité manga
Enfant et le maudit (l') Vol.2 - Manga

Enfant et le maudit (l') Vol.2 : Critiques

Totsukuni no Shoujo - Siúil a Rún

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 31 Mai 2017

Critique 2
Infiltrée dans la maison du Professeur, une créature de l’extérieur touche Sheeva, désormais condamnée… Horrifié, le Professeur n’hésite pas à s’attaquer à la créature, mais quand lui et la petite-fille se lancent à sa poursuite, ils découvrent que les créatures de l’extérieur gardent un secret, un mystère qui aurait poussé le monstre vers Sheeva…
Derrière ses élans de poésie graphique, le premier tome de L’Enfant et le Maudit avait développé des péripéties très fortes, notamment sur sa fin qui amenait un cliffhanger riche d’intensité. C’est tout un arc narratif que cette étape a lancé, aussi le second volume se charge d’abord de raconter tout ce que Nagabe a à nous dire derrière l’apparition soudaine de cette créature de l’extérieur, qui n’a pas hésité à toucher Sheeva. C’est même un passage particulièrement éprouvant que nous offre le mangaka, une séquence qui dépeint toute la rage du Professeur et son attachement envers la petite-fille, mais tout en restant fidèle à l’aura quasi mystique de la série. La mise en scène, statique et portée par la patte de l’auteur, fait des merveilles en termes d’intensité, amenant ensuite quelques aventures où de premiers éléments d’informations sur l’univers imaginaire sont nous données. Ainsi, Nagabe ne se limite pas à la tranche de vie champêtre, rafraîchissante et poétique, elle amène tout un monde qui dévoile progressivement ses secrets, mais a encore beaucoup à nous dire, le tout sur une note mystique portée aussi bien par le graphisme que le parler employé par chacun des personnages. Ainsi, l’œuvre continue d’appuyer son aura de conte de fées, une touche qui ne cesse de marquer et maintient envoûtement du lecteur.
Et ce ne sont pas les seules péripéties qui imprègnent ce volume qui est d’une grande richesse à bien des égards. Outre les événements de fin de tome qui nous alarment et nous fait regretter de ne pas avoir la suite entre les mains, Nagabe insiste sur cette relation si particulière entre Sheeva et le Professeur, un binôme qui ne cesse d’attendrir par l’innocence de la petite fille, et de nous émouvoir par le poignant Professeur, en proie en permanence à de cruels dilemmes. Le sort qui marque Sheeva depuis la fin du tome précédent en rajoute même une couche, difficile alors de ne pas compatir aux remords du tuteur, bien plus humains que les véritables Hommes de la série. Ces derniers sont d’ailleurs présents, permettant à ce volet de préciser un peu plus l’univers et d’amener les péripéties de fin de tome, mais occupent un rôle plus minime cette fois-ci.
Quels que soient ses aspects, ce deuxième volet de L’Enfant et le Maudit procure un déluge d’émotion. On notera, une fois encore, que le style et la mise en scène de Nagabe continuent d’émerveiller et de faire jaillir les diverses émotions ressenties par les personnages. Le mangaka, par son très sombre, utilise souvent la nature et les décors comme moyen de créer des atmosphères et évoquer les ressentis des protagonistes. La large palette d’émotions devient alors plus palpable, et le récit plus puissant à chaque page.
L’excellente surprise du premier tome de L’Enfant et le Maudit se confirme alors avec cette suite, essentielle pour l’intrigue qui ne cesse de s’étoffer et l’univers qui s’approfondit, tout en continuant de charmer par son esthétique et la poésie de la relation touchante entre Sheeva et le Professeur. Après deux tomes, difficile de ne pas considérer la série de Nagabe comme une pépite.

Critique 1

Dans ce monde, il y a "L'intérieur", où vivent les humains, et "L'extérieur" où sont regroupés les "monstres" qu'il ne faut surtout pas toucher, sous peine de devenir à son tour l'un de ces "maudits". Deux univers séparés et qui, si possible, ne doivent jamais entrer en contact. C'est pourtant dans le monde de l'extérieur que le Professeur, un maudit, a recueilli la petite Sheeva, fillette humaine d'une pureté absolue. Il s'est promis de la protéger dans ce monde aux multiples dangers, et c'est avec sa douceur enfantine qu'elle lui rend bien cela, même si tous deux ne peuvent en aucun cas se toucher. Beauté cruelle d'un lien tendre et bienveillant de plus en plus fort, et où pourtant le moindre contact, le moindre câlin affectueux est impossible. Et pourtant, ce lien risque d'être bousculé quand un être de l'extérieur, qui a pu s'infiltrer dans la maison du duo, frôle Sheeva de ses mains...

La dernière page du magnifique premier volume de L'Enfant et le Maudit laissait le lecteur sur une scène cruciale, dotée d'une possible portée dramatique, car semblant vouer Sheeva à devenir à son tour maudite. La réaction du professeur ne se fait pas attendre : pour la première fois dans la série, c'est une explosion de violence envers cet être de l'extérieur, notre Maudit ne pouvant contenir sa colère, ne sachant maîtriser sa rage mêlée de désespoir face à ce qui vient d'arriver. Peut-être bien que la seule personne qui pourra l'arrêter sera cette toute petite humaine qu'il veut protéger et qui semble l'avoir tant touché... En attendant, le moment "d'action" que Nagabe propose est brillant, dans la mesure où il est plus suggéré qu'autre chose, collant à nouveau très bien à l'atmosphère d'ancien conte qui s'est développée. Cette violence est pourtant bien montrée, on y ressent la folie furieuse du Professeur, mais le style du dessinateur est surtout évocateur, avec son découpage imperturbable en cases carrées et rectangulaires bien délimitées, son travail de composition où les décors restent omniprésents, les silhouettes vaporeuses de ses deux créatures, ou la blancheur de Sheeva et du drap qui viennent tout contrebalancer.

Ce début de tome n'est pourtant que le prémisse d'une suite riche. Car en se lançant à la poursuite de cet être de l'extérieur, Sheeva et le Professeur vont être amenés à découvrir certaines choses. Enfin, surtout le Professeur... Qui est cette "Maman" que la créature évoque ? Quel est leur but, à lui et ses congénères, quand ils parlent de ramener à cette Maman ses âmes ? D'ailleurs, qui a volé ces dernières ? Alors que des éléments de réponse et des précisions arrivent sur cet univers, l'ensemble reste pourtant encore enveloppé dans cette atmosphère mystérieuse, nébuleuse, qui charmait déjà dans le premier tome.
Pendant tout ce passage, on appréciera à nouveau le don de l'artiste pour créer des lieux appelant l'observation et la lente exploration : ici, un lac aux allures de petite mer, perdu dans la haute forêt, qui semble aussi silencieux qu'il est profond, où la voix de Maman se fait entendre comme un chant venu des plus bas fonds marins sous la forme d'une trainée. L'un de ces lieux typiques de contes un peu inquiétants, où le commun des mortels ne semble pouvoir pénétrer...

A l'issue de ce passage, des questions continuent donc de s'immiscer, y compris autour du Maudit. D'où vient-il exactement, par rapport aux autres êtres de l'extérieur ? Et quel choix doit-il faire vis-à-vis de Sheeva ? Tout lui dire, ou tout lui cacher concernant sa tante et sa situation ?
On en apprendra aussi un peu plus  sur la condition de cet être qui n'a plus aucune sensation : il n'a pas besoin de manger ni de dormir, ne ressent plus le toucher, ne sent plus la chaleur... Pourtant, il conserve encore au moins une chose : ses émotions, comme le prouve sa relation avec Sheeva, son désir de la protéger, son inquiétude à l'idée qu'elle soit désormais maudite, son tiraillement entre dire ou ne pas dire... En tout cela, il apparaît une nouvelle fois amplement plus humain que les hommes de l'intérieur.

Quelle beauté que cette lecture qui se dévoile petit à petit dans une atmosphère toujours aussi soignée. Quelle émotion en observant le lien entre les deux personnages principaux pourtant si différents. Quel délice que de scruter chacune des planches de Nagabe, où à chaque fois le travail de mise en scène et de composition invite le regard à profiter de la moindre chose : les jeux sur la lumière, le blanc, le noir et le gris, les reflets de Sheeva et du Professeur se déformant sur l'eau du lac, un simple "toc toc" sur une porte... sans parler de ce nouveau climax de fin, où la blancheur des quasiment dernières pages aboutit sur une ultime planche où l'on s'enfonce dans un chemin sombre...


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

17 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs