Artiste - Un chef d'exception Vol.4 : Critiques

Sous le masque d’Elsa se cache une jeune femme amoureuse de Gilbert depuis l’enfance, et il ne tient qu’à elle de se montrer plus sincère envers son aimé. De son côté, le sous-chef a développé une relation de confiance avec ses camarades de cuisine. Mais tous se heurtent au caractère intransigeant du maître d’hôtel. Ce sont désormais entre les différentes spécialités qu’il convient de tisser des liens…
La mangaka ne cesse d’étoffer le parcours gastronomique de ses personnages, ce qui passe par un développement permanent de ces derniers. De manière surprenante, c’est Elsa qui ouvre le bal, avec un focus qui fait tomber le masque à proprement parler puisque nous découvrons une tout autre facette du personnage qui apporte un zeste de romance potentielle dans cette série qui ne manquait déjà pas de saveurs humaines. La jeune femme devient un poil plus classique en tant que personnage, certes, mais cela favorise ses possibles dynamiques avec Gilbert.

De son côté, le protagoniste a fort à faire avec la figure du maître d’hôtel. À travers elle, Taro Samoyed nous fait découvrir un autre pan de son univers gastronomique, tout en développant avec cette figure l’idée de l’écart générationnel, particulièrement bien trouvé et qui s’implante parfaitement dans une série culinaire où la tradition des établissements français occupe une place importante. Et, comme à chaque fois, l’autrice trouve le juste équilibre entre des caractères bien trempés et des fonds complexes et sincères. Artiste : Un chef d’exception garde donc cette chaleur qui lui est propre, et qui fait tout le charme de la série.

La mangaka n’oublie pourtant pas la deuxième facette essentielle de son histoire, celle qui donne son nom au récit : les artistes. Les moments de tranche de vie au sein de la résidence où crèche Gilbert sont donc nettement différents des épisodes en cuisine, mais aussi complémentaires et d’une grande chaleur de ton. Les autres voisins du héros nous sont introduits, ce qui augure des perspectives intéressantes dans le cadre de ces portraits de créateurs, avec un accent particulièrement mis sur l’un d’entre eux. Nouveau personnage, bien que précédemment croisé, Akio semble être d’une approche plus personnelle pour l’autrice. Avec un mangaka parmi les artistes de l’œuvre, elle aborde certaines facettes noires de son métier, notamment la précarité de celui-ci, face à des éditeurs parfois peu consciencieux. Qu’il s’agisse ou non de son propre vécu, le sujet est suffisamment profond pour résonner avec l’existence des artistes dans leur ensemble et leur diversité, rendant ce passage subtil et introduisant Akio comme véritable personnage au background étoffé.

Un quatrième volume dans lequel Taro Samoyed exprime toute la diversité de son récit, toujours avec beaucoup de sensibilité et d’humanité, tout en apportant une touche de personnalité avec la figure du mangaka qui fait office d’exotisme dans cette œuvre au cadre typiquement français.