Rencontre avec Jérôme Alquié autour de Saint Seiya - Time Odyssey- Actus manga
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Manga Rencontre avec Jérôme Alquié autour de Saint Seiya - Time Odyssey

Dimanche, 02 Octobre 2022 à 18h00 - Source :Rubrique interviews

Vendredi, le premier volume de la bande-dessinée originale Saint Seiya - Time Odyssey, création écrite par Arnaud Dollen et Jérôme Alquié, a atteint nos librairies. Premier opus d'une saga de cinq épisodes, l'ambitieux projet, validé par Masami Kurumada en personne, intervient dans la collection "Classics" des éditions Kana, une série d'ouvrages croquant des univers nostalgiques et dessinées par des artistes francophones.


Des semaines avant, lors de Japan Expo 2022, le dessinateur Jérôme Alquié était présent sur le stand de l'éditeur afin de rencontrer son public, l'artiste ayant déjà signé la trilogie Capitaine Albator - Mémoires de l'Arcadia dans la même collection. A cette occasion, nous avons pu nous entretenir avec lui afin d'établir un rapide bilan sur le projet issu du monde de Leiji Matsumoto, et surtout nous pencher sur le très attendu Saint Seiya - Time Odyssey.


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Avant de parler de Saint Seiya – Time Odyssey, petit retour rapide sur Capitaine Albator : Mémoires de l'Arcadia. La série s'est achevée en trois tomes, comme convenu. Quel bilan tires-tu de cette parution ? As-tu pu exploiter tout ce que tu voulais de l'univers de Leiji Matsumoto ?


Jérôme Alquié : C'était une super expérience. Sachant que ce fut la première série de la collection "Classics" des éditions Kana, ça constituait une bonne carte de visite pour négocier de futures licences en vue des prochains projets.


Le bilan est très positif, tout comme la collaboration avec Leiji Matsumoto et les équipes d'Akita Shoten. Pour ma part, et même si ça peut paraître pompeux de dire ça, je suis fier d'avoir fait cette bande dessinée. C'est quelque chose qui me tenait à cœur pour une licence que j'adore tout autant que son auteur. Le maximum devait donc être donné, et je pense avoir pu développer tout ce que je voulais dans ces albums. J'ai respecté les consignes que M. Matsumoto m'avait donné, tout en parvenant à m'exprimer. Et aujourd'hui, l'aventure se poursuit sur Saint Seiya, une autre très belle saga !


  


Justemment, abordons maintenant Saint Seiya – Time Odyssey. Tu n'es pas seul sur ce projet, cette fois, puisque Arnaud Dollen t'accompagne sur l'aspect scénaristique. Peux-tu parler de la formation de votre binôme, puis de la naissance du projet ?


Jérôme Alquié : La formation du binôme date d'il y a très longtemps puisque nous nous sommes rencontrés il y a 27 ans, lorsque nous avons fréquenté la même école d'ingénieurs. J'étais fan de manga, et lui rôliste. Quand je suis arrivé dans cette école, nous étions dans les années 90, une période pas simple pour exprimer son amour du manga, aussi j'ai ouvert un club au sein de l'établissement. C'est comme ça que nous nous sommes connus. Arnaud a aimé les dessins que je pouvais faire, et moi j'aimais la manière dont il écrivait. C'est un maître de jeux de rôles, il a donc tendance à être assez littéraire dans ses descriptions d'univers. C'est ce qui m'a plu. Notre première collaboration fut une fan fiction autour de Saint Seiya, on peut donc dire que la boucle est bouclée aujourd'hui. C'était alors naturel d'aller vers lui pour le projet Time Odyssey. Et puis, il y a une excellente compréhension entre nous : Il sait ce que j'aime dessiner et je sais ce qu'il aime écrire. Il n'y a pas besoin d'interminables allers et retours entre nous deux.


Concernant la naissance du projet, ma première rencontre avec les éditions Kana fut justement pour Saint Seiya, à l'époque de l'anime Saint Seiya Omega. Il était peut-être question de faire une version manga, le Japon ayant contacté Kana dans ce sens, pour savoir si un artiste français était prêt à endosser le projet. Ca ne s'est finalement pas fait car ça reste Saint Seiya Omega, une série qui n'a pas eu une très bonne presse, bien que j'aime beaucoup personnellement.

On était donc parti pour travailler sur Albator, tout en ayant en tête Saint Seiya. A l'époque de Mémoires de l'Arcadia, nous parlions donc déjà de Time Odyssey. A savoir que notre correspondant de chez Akita Shoten, M. Kobayashi, est un immense fan de l'univers de Masami Kurumada. C'est lui qui a piloté The Lost Canvas, Saintia Shô et Next Dimension. Il était excité de faire du Saint Seiya avec nous, d'autant plus qu'il avait bien vu comment je travaillais, mon respect des deadline... La confiance était donc déjà installée. L'équipe était toute trouvée et Maître Kurumada était partant, alors le projet est né. Les étoiles étaient alignées !




Masami Kurumada a la réputation, peut-être à tort, d'être très stricte par rapport à son univers. On pense notamment au fait qu'il n'ait pas approuvé le final du Tenkai par Shigeyasu Yamauchi. Qu'a-t-il pensé d'une bande-dessinée française tirée de son histoire ?


Jérôme Alquié : Je pense que ce qui lui a plu au départ, c'est le fait que ce soit un média différent. Il nous a d'ailleurs écrit un message dans lequel il précise qu'il est excité de voir son univers retranscrit dans un média inhabituel pour la série, celui de la BD franco-belge. C'est un format qu'il connait bien, tout comme il a conscience du succès de Saint Seiya en France. En terme de contraintes, il valide absolument tout ce qu'on envoie, du scénario aux planches finales en passant par le storyboard. C'est vrai que je me suis questionné sur son degré d'implication quand j'avais peu de retours de sa part. Puis est arrivé une scène de l'album mettant en scène Deathmask. C'est là que Maître Kurumada nous a adressé beaucoup de remarques par rapport aux dialogues du personnage qu'il ne trouvait pas assez puissants. C'était tellement de l'ordre du détail qu'on a compris qu'il est regardant sur absolument tout. C'est un moment charnière de notre collaboration car j'ai compris qu'il pouvait être pointilleux, et que ce n'est pas par manque d'intérêt s'il ne faisait pas de retours jusqu'à présent. Ca m'a donné beaucoup de forces pour la suite !


Il y a aussi l'exemple du maître d'Ikki pour lequel peu d'indications ont été laissées. C'était pour nous laisser la liberté de s'exprimer à son sujet, nous avions carte blanche. Bien sûr, il ne faut pas sortir de sa vision, mais il nous permet d'exploiter ces libertés à fond, et je l'en remercie.


La bande dessinée est prévue sur cinq volumes, avec un tome pour chacun des chevaliers de bronze principaux. Ikki ouvre le bal avec le premier opus. Pourquoi ce choix, d'autant plus qu'Ikki est le plus marginal de la bande ?


Jérôme Alquié : Je ne pouvais pas choisir Seiya parce qu'il fallait terminer avec lui. L'équilibre de l'histoire de Masami Kurumada est tel que je dois finir par le héros. A partir de là, je voulais donner la part belle à un personnage que j'adore, Ikki étant mon préféré. Il est l'élément déclencheur de notre intrigue, l'antagoniste n'intervenant que parce qu'Ikki revient à la vie contre les chevaliers d'argent. Il était finalement logique de mettre d'abord un coup de projecteur sur lui.


 


Time Odyssey s'intègre entre plusieurs grands arcs du manga original. Quelle fut la difficulté à établir cette histoire sans trahir les événements futurs du manga ?


Jérôme Alquié : C'est vrai que c'est un exercice compliqué. Le tome 1 a lieu avant la bataille des douze maisons, et le deuxième opus se déroulera après. Il y a des sauts dans le temps, d'où le titre, et il y a fort à parier que la suite se tiendra à une autre période, tout en continuant de raconter la même histoire. C'est difficile de raccrocher le tout à l'intrigue principale du manga, mais c'est aussi excitant parce que ça nous permet de dessiner les personnages qu'on aime avec plusieurs niveaux d'armure. Et avec plusieurs niveaux de puissance, aussi, car leurs pouvoirs et leurs connaissances des sens n'est pas la même avant le Sanctuaire qu'après. Il faut aussi que les antagonistes évoluent en même temps que les protagonistes.


C'est un gros challenge, et je pense que Maître Kurumada a été séduit par cette idée de suivre l'aventure à plusieurs moments de son histoire principale. Evidemment, ceux qui connaissent de loin Saint Seiya ne verraient jamais vu la moindre petite trahison à l'œuvre d'origine. Pour les fans plus hardcore, j'ai dû bachoter en relisant les mangas, consulter les différents guides... On s'est même pris la tête par rapport à une phrase prononcée par un personnage dans le manga original, qui remettait en question la cohérence de notre œuvre. Des spécialistes de Saint Seiya ont aussi relu l'album pour vérifier qu'il n'y avait pas de couac, de même pour Akita Shoten et M. Kobayashi qui est un puit de savoir de l'univers, sans compter l'œil de Maître Kurumada lui-même. Il est possible qu'on laisse passer de tout petits éléments qui puissent faire tiquer, mais on a mis toutes les chances de notre côté pour respecter à fond Saint Seiya.


Dans le premier album, il y a un grand respect des codes de Saint Seiya, ne serait-ce dans la fameuse entrée en scène du protagoniste et de ses Météores de Pégase. Mais à côté, il y a aussi une volonté d'apporter de la fraîcheur au mythe. Comment avez-vous établi cet équilibre avec Arnaud Dollen ?


Jérôme Alquié : On ne va pas réécrire Saint Seiya différemment qu'il est, en tant que nekketsu. On verra forcément les héros qui tombent puis se relève à force de courage, ce sont les codes. Mais ce qui m'intéresse, c'est gratter les forces et les faiblesses des personnages. On retrouve bien-sûr le Ikki tel qu'il est, surpuissant, mais aussi toute la noirceur au fond de lui, comme la culpabilité d'avoir vu mourir sa bien-aimée. C'est la faiblesse d'un personnage qui fait son intérêt. C'est ce qu'on essaie de faire avec Arnaud, se pencher sur les fissures de ces protagonistes pour rendre l'intrigue plus humaine et intéressante.




Qui dit nouvelle histoire dit nouveaux personnages. Peux-tu nous parler de la conception de ces nouvelles figures, et des nouvelles armures ?


Jérôme Alquié : Les nouveaux personnages sont les sbires du nouvel antagonistes, répartis en trois ordres comme c'est le cas chez les chevaliers d'Athena.


Pour les armures, j'avoue ne pas être un grand spécialiste. C'était un défi nouveau pour moi, et j'espère l'avoir réussi, et avoir fait en sorte de donner au moins des armures reconnaissables aux douze adversaires principaux. La petite particularité, qui ne sera pas dévoilée dans le tome premier, ça sera un lien vraiment fort entre le personnage et l'armure. C'est la différence avec les armures d'Athena, ces nouvelles armures sont crées par l'antagoniste par rapport à ceux qui vont la porter. C'est la psychologie de chacun d'eux qui définit son armure.


Chronos, l'antagoniste, a aussi un design atypique pour du Saint Seiya, peux-tu en parler ?


Jérôme Alquié : A la base, on ne devait pas savoir qui est l'ennemi avant la lecture du premier tome, ça a fuité via un synopsis qui n'aurait pas dû être publié. (rires)


Pour le moment, Chronos n'a pas encore sa vraie forme physique. On le voit sous une silhouette vaporeuse de dieu sans forme. Le sable qui s'effrite à ses extrémités renvoie au sablier du temps. Son objectif sera de récupérer un vrai corps, un peu comme Hadès. Nous le verrons donc vraiment de manière aboutie ultérieurement.




Pour finir, une question plus ouvertes. Saint Seiya a eu droit à des productions animées récentes, comme la série en CGI qui vient de s'offrir une deuxième saison. As-tu eu l'occasion de les visionner ?


Jérôme Alquié : Je dois dire que je ne suis pas client de ces productions, je préfère regarder les séries d'origines. Malgré tout, il y a des éléments intéressants, et ça me semble bien calibré pour les jeunes du moment. Si ça permet de faire découvrir Saint Seiya à de nouveaux fans, pourquoi pas ?


Interview menée par Takato. Remerciements à Jérôme Alquié et aux éditions Kana pour la tenue de la rencontre.

commentaires

fappy mbappé

De fappy mbappé, le 24 Décembre 2022 à 01h27

c'est très bon site
Dimitri

De Dimitri, le 16 Octobre 2022 à 19h24

Après avoir lu le tome 1 que dire.... c'est génial et enfin des dessins de grandes qualités ! J'ai adoré même si ça aurait été top d'en faire des dessins animés! Bravo et vivement le Tome2.

castiel

De castiel, le 12 Octobre 2022 à 12h45

Ce tome spin off a l'air incroyable, j'ai  juste une réserve, pourquoi ne pas avoir concervé les armures de l'animé ? Cela parlerait plus au fans nostalgiques du Club Do' ?

Question incohérences on s'en fou un peu surtout qu'elles doivent être subtiles. Il faut vraiment décortiquer les tomes de la série originale pour les voir et encore, celle de dire Shiryu est tout juste aveugle, il ne devrait pas pouvoir se battre, ça c'est pas vérifiable. On sait que les chevaliers ne sont pas des footballers, ils se relèvent vite ^^. 

Ce spin-off, je le vois un peu comme les films CDZ qui ne sont pas non plus canons. On est dans une volonté de créer une histoire qui aurait pu se dérouler mais en s'octroyant cette part de liberté propre aux spins-off. On se permet aussi de développer certaines intrigues laissées en suspens dans l'oeuvre originale, comme pour le cas de Guilty afin d'enrichir l'univers avec un autre regard que celui de l'auteur, tout en essayant de respecter au maximum sa vision. 

Aldébran

De Aldébran, le 08 Octobre 2022 à 15h33

C'est quand même dommage qu'il y ait tant d'incohérences avec le manga original. La supervision de Masami Kurumada n'a dû être bien lourde.

Redsdevils378

De Redsdevils378, le 08 Octobre 2022 à 23h57

Ah bon pouvez vous l'en citer svp, j'ai du passer à côté.

Pamex

De Pamex, le 19 Octobre 2022 à 14h31

Ce qui me gêne le plus, c'est de présenter Kronos / Chronos comme un dieu mineur aspirant à rejoindre l'Olympe (13ème Dieu), quand on sait qu'il est à l'inverse l'ancien chef suprême de l'univers, père de Poséidon, Hadès, Héra et Zeus, les ayant tous dévorés sauf Zeus. Zeus libérera ses frères et soeurs et renversera son père pour devenir le nouveau dieu suprême.

n

J'aurais préféré une posture d'un ancien Dieu très puissant, qui cherche à être réhabilité / faire la paix avec les Olympiens, plutôt qu'un Dieu inférieur qui souhaite s'élever au niveau des autres Dieux (ce qui parait incohérent avec son statut d'ancien chef suprême, déchu par ses enfants).

n

Bref, un détail de puriste.

castiel

De castiel, le 16 Novembre 2022 à 14h09

Chronos et Cronos ne sont pas les même dieux..check wiki

Cyril91

De Cyril91 [1477 Pts], le 09 Octobre 2022 à 17h59

Tant, c'est excessif ; mais j'en ai repéré certaines. Parler de résurrection d'Ikki n'a de sens que dans le dessin animé, pas dans le manga ; de même, Saori et ses chevaliers sont proches alors que ce n'est pas le cas dans le manga (ils refusent dans un premier temps de l'accompagner au sanctuaire). Juste après être devenu aveugle, Shiryu ne devrait pas être capable de se battre.

Superfenix007

De Superfenix007, le 05 Octobre 2022 à 20h43

Quand est prévu en France les tomes suivants ? 

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