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Jmusic Rencontre avec le duo Salome no Kuchibiru

Samedi, 30 Novembre 2019 à 18h00 - Source :Rubrique interviews

Japan Expo est toujours l'occasion de découvrir des musiciens doués et atypiques, et Salome no Kuchibiru en faisait assurément partie dans l'édition 2019. Composé du fondateur-auteur-compositeur-bassiste Satoshi Mizuno et de la chanteuse Kyoko Tachibana, ce duo sympathique, régulièrement épaulé par des musiciens de soutien, aime mêler les genres, et notamment le showa kayo, un genre très populaire au Japon et dans le milieu de la culture psychédélique underground japonaise dans les années 1960 et 1970. Aujourd'hui on vous propose de découvrir notre interview du duo !

  

Comment vous êtes-vous rencontrés, et qu'est-ce qui vous a donné envie de former le duo ?

Satoshi : Cela fait déjà 16 ans que nous nous sommes réunis, et au tout départ de mon côté j'étais fan des chansons de l'ère Showa de la fin des années 1960 et début des années 1970. Je voulais reproduire ces chansons-là, mais pas les plus populaires. Je souhaitais avoir la touche psychédélique, et pour ça j'ai fait un appel à candidature afin de former une équipe. Et c'est Kyoko qui s'est dégagée du lot.


Kyoko, qu'est-ce qui vous a plu dans la proposition de Satoshi ?

Kyoko : Je suis la deuxième chanteuse de Salome no Kuchibiru. Il y a eu une première chanteuse avant moi, mais elle est partie au bout d'un an. C'est quand cette première personne est partie que j'ai vu l'annonce de Satoshi, et j'étais intéressée. Déjà à cette époque, je m'exerçais au chant, j'adorais ça, mais je ne savais pas dans quel style je pouvais chanter et m'exprimer. Dans l'annonce de Satoshi, il était question de ce type de chansons typiquement japonaises, et j'ai senti que ça pouvait coller. J'ai alors tenté le coup, et ça a marché.


Votre style musical est donc fortement influencé par le showa kayo, un genre très populaire au Japon dans le milieu de la culture psychédélique underground japonaise dans les années 1960 et 1970. Pouvez-vous nous expliquer un peu plus de quoi il s'agit ? Quelles sont les origines de ce mouvement ? Et qu'est-ce qui vous plaît autant dedans ?

Satoshi : Au départ, c'était de la musique inconnue pour moi car à l'époque je n'étais pas encore né. Mais plus tard, dans ma jeunesse, je me souviens qu'il existait des musiciens un peu indies qui entretenaient le genre showa kayo, quitte à y mêler du rock. Ils jouaient toujours quelque chose que l'on sentait influencé par le showa kayo, mais de façon libre et parfois éloignée. De mon côté, quand j'ai vraiment découvert le showa kayo j'étais déjà âgé de plus de 20 ans, j'étais même proche de la trentaine, et ça a été un choc. J'ai voulu approfondir mes connaissances ce genre, et c'est pour ça que j'ai créé Salome no Kuchibiru.

  

Vous avez aussi créé un nouveau style mêlant musique traditionnelle bouddhiste japonaise et d’autres genres tels que la musique psychédélique, le funk ou le rock progressif. Vous lui avez donné le nom de itan groove minyo. Comment définiriez-vous ce style, et quelles sont vos ambitions avec ?

Satoshi : Avec Salome no Kuchibiru, je fais beaucoup de chansons marquées par le showa kayo, mais ces 5 dernières années j'ai commencé à mixer d'autres genres, dont le minyo (ndlr, cela s'écrit aussi min'yô) qui est un type de musique traditionnelle japonaise pouvant être très différent selon les régions du Japon, surtout pendant le début du XXe siècle. On a reproduit des chansons minyo datant de plus d'un siècle, mais je voulais faire mon propre minyo original, et donc depuis 5 ans j'essaie ça. De plus, à l'université, j'ai étudié les sciences humaines, et j'étais très intéressé par l'histoire des peuples, des religions, des divinités shintô et du bouddhisme. Je voulais mélanger tout ça dans la musique.


Le côté psychédélique des années 60-70 se ressent vraiment bien dans vos musiques et vos clips. Que ce soit au Japon ou ailleurs, quels artistes vous ont marqués dans ce courant ?

Satoshi : Ce sont des musiciens américains des années 1960 : Jimi Hendrix et Janis Joplin. En fait, j'ai formé un groupe de rock psychédélique à côté de Salome no Kuchibiru. Ca fait partie de moi.


Et concernant la composition des chansons, à quoi faite-vous le plus attention quand vous écrivez les mélodies et les paroles ?

Satoshi : Les paroles et les mélodies sont très importantes. La composition des paroles et des mélodies me viennent en simultané.

  

Quels sont les grands thèmes de vos chansons ?

Satoshi : Il y en a plusieurs. C'est difficile de dire ça comme ça. Mais actuellement, il s'agit de la mort et la vie d'un être humain. J'aime aussi mêler des problèmes d'actualité à mes musiques.


Du coup, quels sujets d'actualité vous préoccupent actuellement ?

Satoshi : Ca faisait un petit moment que je n'avais pas souhaité mélanger musique et politique, mais en ce moment je m'intéresse beaucoup à ça. Entre autres, au Japon, le pouvoir ne change pas, c'est Shinzo Abe depuis longtemps. Je vois beaucoup de jeunes discuter là-dessus, qu'ils soient pour ou contre Abe, et je trouve ça très stimulant. Et pourtant, ils ne vont pas voter. Du coup, je me suis dit que la musique avait quelque chose à faire de ce coté-là, et j'ai commencé à travailler là-dessus avec ma propre musique, mais de façon métaphorique, pas directement. Un autre sujet qui me tient à cœur concerne la communauté LGBT+, et là aussi j'essaie d'en parler à travers la métaphore.


Vos clips sont également très psychédéliques, notamment celui de la chanson Heparapera-Bushi. Comment imaginez-vous et créez-vous ce genre de clip ?

Satoshi : On choisit un réalisateur de clip pour chaque morceau. Par exemple, pour Heparapera-Bushi, le réalisateur du clip avait déjà fait beaucoup d'images psychédéliques, et on l'a choisi pour ça. On a aussi placé notre désir de faire un peu de collage sur la scène avec un fond vert pour qu'il puisse s'exprimer derrière, et le résultat était super.

 

Justement, vous collaborez régulièrement avec des illustrateurs, des peintres, des photographes et des créateurs d’animation actifs au Japon comme à l’étranger pour produire leurs disques et leurs clips vidéo. Par exemple, la couverture de votre quatrième album sorti en 2017 a été illustrée par Akira Uno, un illustrateur très connu. Comment naît ce genre de collaborations et qu'est-ce qui vous attire dedans  ?

Satoshi : On collabore ainsi pour faire passer plus facilement notre univers auprès des auditeurs, parce que nous on est musiciens, mais sur le plan artistique nous ne sommes pas professionnels. On aime donc travailler avec de vrais professionnels spécialisés, car ça grandit notre univers. On s'applique à choisir des artistes (réalisateurs, peintres, etc) qui collent avec telle ou telle chanson.


Satoshi, on a lu que vous êtes très fan de la chanteuse française Barbara. Qu'est-ce qui vous attire dans son travail ?

Satoshi : J'écoute très souvent l'un de ses albums live. C'est une chanteuse, mais aussi une compositrice, et quand on écoute son album live les arrangements sont vraiment chouettes. J'aime bien son univers, et sa voix est magnifique. Pour tout vous avouer, là je suis allé voir la scène où Barbara a chanté pour son live, je voulais vraiment voir cet endroit car c'est un lieu mythique. Il y avait une fille qui travaillait là, je lui ai demandé où trouver la photo de Barbara, mais elle ne savait pas. Un autre employé m'a expliqué que malheureusement les jeunes français ne connaissent pas forcément Barbara.


Vous avez aussi un look, des tenues, des coiffures très travaillés. Comment les imaginez-vous ?

Kyoko : Au tout début, je ne connais pas du tout cette culture du showa kayo, et je n'avais ni l'admiration ni l'idée de cela. Quand je suis devenue la chanteuse de Salome no Kuchibiru, j'ai un peu étudié ce style. J'ai pu voir des images de chanteuses de showa, j'ai pu voir comment elles s'habillaient, et j'ai alors travaillé leur style jusqu'à me l'approprier.


Interview réalisée par Koiwai. Un grand merci au duo de Salome no Kuchibiru, et l'interprète, et à Japan Expo.
 



commentaires

wARRiba

De wARRiba, le 30 Novembre 2019 à 22h10

Sympa le groupe, bonne découverte pour moi. 

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