Webtoon Rencontre avec Lee Narae (Honey Blood, Maximum Ride)
A l'occasion de sa venue à Japan Expo, nous sommes allés à la rencontre de Lee Narae, artiste coréenne à qui l'on doit Maximum Ride et, plus récemment, le webtoon à succès Honey Blood proposé sur le site Delitoon.
Pouvez-vous nous présenter votre parcours, nous expliquer ce qui vous a amené vers la bande dessinée ?
Lee Narae : J'ai d'abord connu la bande dessinée à travers l'animation. A partir du collège j'ai commence à dessiner comme un hobby. Puis pendant ces années-là, j'ai décidé d'aller à la rencontre d'éditeurs pour montrer mes dessins, et ça m'a donné l'occasion de participer à quelques travaux en tant qu'assistante, avant de rentrer dans un lycée spécialisé dans l'animation et la bande dessinée. J'ai poursuivi sur la création de bande dessinée dans mon parcours universitaire.
En France, on vous a d’abord connue avec Maximum Ride, un manhwa basé sur les romans de James Patterson. Comment est né ce projet ?
Un éditeur coréen, à l'origine du projet, a eu l'occasion de voir mes dessins, a été séduit, et m'a ensuite contacté pour me proposer de créer un « manga à l'américaine », avec comme source ces romans.
Qu’est-ce qui vous a séduite dans ce titre ?
Dans la bande dessinée américaine, je ne connaissais que Marvel et DC. J'ai alors découvert autre chose, qui était plus typé asiatique que comics, et ça m'a beaucoup plu. Sinon, j'ai aimé que l'auteur d'origine me laisse libre champ pour m'exprimer par mon dessin.
Etant donné qu’il s’agit à la base d’un roman donc d’une œuvre avare en illustrations, comment avez-vous procédé pour rendre en visuels cet univers ?
J'ai juste lu les romans, et ça m'est venu tout seul, j'ai commencé à dessiner tout de suite après. Il n'y a pas eu d'influence particulière.
En 2015 on vous retrouve donc avec Honey Blood. Comment vous est venue l’idée de l’histoire ?
Maximum Ride a une histoire basée sur un roman, et après ça je voulais créer ma propre œuvre. Alors quand mon éditeur coréen m'a contactée pour me proposer de faire un webtoon, j'ai tout de suite accepté.
Le thème qui frappe en premier à la lecture est sûrement celui du harcèlement scolaire, que vous abordez avec humour et sans détour. Pour vous, quelle importance revêt ce problème, que ce soit en Corée ou ailleurs ?
C'est un sujet de société grave en Corée. A chaque fois que j'écrivais l'histoire, j'avais à cœur de transmettre cette idée. Mais si l'histoire est trop lourde, ça ne passe pas auprès du jeune public que je veux viser. Du coup, j'ai fait une histoire un petit peu plus légère, mais qui raconte directement ce sujet.
A cela s’ajoute le thème du vampire. Pourquoi ce choix ?
On me pose très souvent cette question (rires). J'ai choisi le vampire parce que mon personnage de Petesch vit depuis le Moyen-Âge en Transylvanie. On voit d'ailleurs son passé dans la saison 2. Je voulais montrer qu'avant en Europe on chassait les vampires ou les sorcières, donc c'est une personne qui a vu les erreurs de la société humaine et qui continue de les voir à travers les siècles jusqu'à maintenant. C'est un observateur. C'est ce qui me plaît le plus dans la figure du vampire.
Et pourquoi le choix d’offrir à l’héroïne la possibilité de le contrôler ?
C'était pour assouvir mes besoins (rires). Culturellement en Asie c'est généralement l'homme qui domine la femme, et je voulais inverser ça !
Un autre élément assez important est le fait que l’héroïne soit une populaire romancière anonyme. Que voulez-vous faire passer à travers cette idée, cette sorte de double vie où d’un côté, au quotidien elle est brimée, et de l’autre, en tant que romancière elle est appréciée ?
J'avais créé deux personnages : un sur le net et un réel, mais derrière il s'agissait d'une seule personne. Je voulais montrer que selon la situation et l'environnement, une personne peut être acceptée différemment.
Qu’est-ce que le format webtoon change dans votre façon de travailler, par exemple par rapport à Maximum Ride ?
Je fais partie d'une générations d'auteurs coréens qui a connu les deux formats, à la fois le papier traditionnel et le webtoon, donc ça ne m'a pas vraiment posé de problème de passer de l'un à l'autre. Pour Honey Blood, quand je dessine, je pense aux deux formats. Mais les deux ne sont pas en conflit.
Dans votre façon de mettre en scène les choses, est-ce que ça change quelque chose ?
Par rapport à Maximum Ride qui avait beaucoup de cases horizontales, pour Honey Blood j'ai dû réfléchir à ce que ça rendrait sur les téléphones qui ont un écran vertical. Il y a plus de cases qui s'adaptent à l'écran dans Honey Blood.
Pour le dessin et les couleurs, comment fonctionnez-vous ? Quels outils utilisez-vous ?
J'utilise Photoshop, Comic Studio, et Sketch Up.
L’œuvre en étant à sa saison 2, comment faites-vous pour vous renouveler ?
Quand j'ai conçu l'oeuvre, je voulais dès le départ parler de Naerim dans une saison 1 et de Petesch dans une saison 2. Du coup il n'y avait pas de problème d'inspiration, j'avais déjà tout en tête.
La série étant un gros succès en Corée et en France sur Delitoon, comment expliqueriez-vous ce succès ?
C'est parce que tous les humains sont pareils (rires).
A votre avis, qu'est-ce qui plaît tant dans le format webtoon ?
Je pense que maintenant à peu près tout le monde dispose de smartphone, et qu'actuellement c'est le format le plus dans l'ère du temps pour la bande dessinée. Mais en soi, l'essence de la BD ne change pas.
Vous disiez tout à l'heure avoir connu à la fois le format papier et le format webtoon. Certains auteurs coréens que nous avons rencontrés, comme Hong Yeon-Sik, nous ont dit trouver que le format webtoon prend beaucoup plus le pas sur le format de BD coréenne traditionnel. Vous, que pensez-vous de ce changement ?
Je pense que ça peut s'apparenter au passage de la radio à la télé, ou de la télé aux ordinateurs, ou des ordinateurs aux smartphones. Le contenu reste le même, mais il s'adapte tout simplement à ce que les gens cherchent.
Après Honey Blood, quels autres sujets aimeriez-vous aborder ?
J'aimerais aborder le sujet des humains dans des situations catastrophiques (les catastrophes naturelles, par exemple), et la relation homme/femme à l'intérieur de telles situations.
Interview réalisée par Koiwai. Remerciements à Lee Narae, à son interprète, à Delitoon, et au staff de Japan Expo pour la mise en place de cette interview.
Pouvez-vous nous présenter votre parcours, nous expliquer ce qui vous a amené vers la bande dessinée ?
Lee Narae : J'ai d'abord connu la bande dessinée à travers l'animation. A partir du collège j'ai commence à dessiner comme un hobby. Puis pendant ces années-là, j'ai décidé d'aller à la rencontre d'éditeurs pour montrer mes dessins, et ça m'a donné l'occasion de participer à quelques travaux en tant qu'assistante, avant de rentrer dans un lycée spécialisé dans l'animation et la bande dessinée. J'ai poursuivi sur la création de bande dessinée dans mon parcours universitaire.
En France, on vous a d’abord connue avec Maximum Ride, un manhwa basé sur les romans de James Patterson. Comment est né ce projet ?
Un éditeur coréen, à l'origine du projet, a eu l'occasion de voir mes dessins, a été séduit, et m'a ensuite contacté pour me proposer de créer un « manga à l'américaine », avec comme source ces romans.
Qu’est-ce qui vous a séduite dans ce titre ?
Dans la bande dessinée américaine, je ne connaissais que Marvel et DC. J'ai alors découvert autre chose, qui était plus typé asiatique que comics, et ça m'a beaucoup plu. Sinon, j'ai aimé que l'auteur d'origine me laisse libre champ pour m'exprimer par mon dessin.
Etant donné qu’il s’agit à la base d’un roman donc d’une œuvre avare en illustrations, comment avez-vous procédé pour rendre en visuels cet univers ?
J'ai juste lu les romans, et ça m'est venu tout seul, j'ai commencé à dessiner tout de suite après. Il n'y a pas eu d'influence particulière.
En 2015 on vous retrouve donc avec Honey Blood. Comment vous est venue l’idée de l’histoire ?
Maximum Ride a une histoire basée sur un roman, et après ça je voulais créer ma propre œuvre. Alors quand mon éditeur coréen m'a contactée pour me proposer de faire un webtoon, j'ai tout de suite accepté.
Le thème qui frappe en premier à la lecture est sûrement celui du harcèlement scolaire, que vous abordez avec humour et sans détour. Pour vous, quelle importance revêt ce problème, que ce soit en Corée ou ailleurs ?
C'est un sujet de société grave en Corée. A chaque fois que j'écrivais l'histoire, j'avais à cœur de transmettre cette idée. Mais si l'histoire est trop lourde, ça ne passe pas auprès du jeune public que je veux viser. Du coup, j'ai fait une histoire un petit peu plus légère, mais qui raconte directement ce sujet.
A cela s’ajoute le thème du vampire. Pourquoi ce choix ?
On me pose très souvent cette question (rires). J'ai choisi le vampire parce que mon personnage de Petesch vit depuis le Moyen-Âge en Transylvanie. On voit d'ailleurs son passé dans la saison 2. Je voulais montrer qu'avant en Europe on chassait les vampires ou les sorcières, donc c'est une personne qui a vu les erreurs de la société humaine et qui continue de les voir à travers les siècles jusqu'à maintenant. C'est un observateur. C'est ce qui me plaît le plus dans la figure du vampire.
Et pourquoi le choix d’offrir à l’héroïne la possibilité de le contrôler ?
C'était pour assouvir mes besoins (rires). Culturellement en Asie c'est généralement l'homme qui domine la femme, et je voulais inverser ça !
Un autre élément assez important est le fait que l’héroïne soit une populaire romancière anonyme. Que voulez-vous faire passer à travers cette idée, cette sorte de double vie où d’un côté, au quotidien elle est brimée, et de l’autre, en tant que romancière elle est appréciée ?
J'avais créé deux personnages : un sur le net et un réel, mais derrière il s'agissait d'une seule personne. Je voulais montrer que selon la situation et l'environnement, une personne peut être acceptée différemment.
Qu’est-ce que le format webtoon change dans votre façon de travailler, par exemple par rapport à Maximum Ride ?
Je fais partie d'une générations d'auteurs coréens qui a connu les deux formats, à la fois le papier traditionnel et le webtoon, donc ça ne m'a pas vraiment posé de problème de passer de l'un à l'autre. Pour Honey Blood, quand je dessine, je pense aux deux formats. Mais les deux ne sont pas en conflit.
Dans votre façon de mettre en scène les choses, est-ce que ça change quelque chose ?
Par rapport à Maximum Ride qui avait beaucoup de cases horizontales, pour Honey Blood j'ai dû réfléchir à ce que ça rendrait sur les téléphones qui ont un écran vertical. Il y a plus de cases qui s'adaptent à l'écran dans Honey Blood.
Pour le dessin et les couleurs, comment fonctionnez-vous ? Quels outils utilisez-vous ?
J'utilise Photoshop, Comic Studio, et Sketch Up.
L’œuvre en étant à sa saison 2, comment faites-vous pour vous renouveler ?
Quand j'ai conçu l'oeuvre, je voulais dès le départ parler de Naerim dans une saison 1 et de Petesch dans une saison 2. Du coup il n'y avait pas de problème d'inspiration, j'avais déjà tout en tête.
La série étant un gros succès en Corée et en France sur Delitoon, comment expliqueriez-vous ce succès ?
C'est parce que tous les humains sont pareils (rires).
A votre avis, qu'est-ce qui plaît tant dans le format webtoon ?
Je pense que maintenant à peu près tout le monde dispose de smartphone, et qu'actuellement c'est le format le plus dans l'ère du temps pour la bande dessinée. Mais en soi, l'essence de la BD ne change pas.
Vous disiez tout à l'heure avoir connu à la fois le format papier et le format webtoon. Certains auteurs coréens que nous avons rencontrés, comme Hong Yeon-Sik, nous ont dit trouver que le format webtoon prend beaucoup plus le pas sur le format de BD coréenne traditionnel. Vous, que pensez-vous de ce changement ?
Je pense que ça peut s'apparenter au passage de la radio à la télé, ou de la télé aux ordinateurs, ou des ordinateurs aux smartphones. Le contenu reste le même, mais il s'adapte tout simplement à ce que les gens cherchent.
Après Honey Blood, quels autres sujets aimeriez-vous aborder ?
J'aimerais aborder le sujet des humains dans des situations catastrophiques (les catastrophes naturelles, par exemple), et la relation homme/femme à l'intérieur de telles situations.
Interview réalisée par Koiwai. Remerciements à Lee Narae, à son interprète, à Delitoon, et au staff de Japan Expo pour la mise en place de cette interview.
De Koiwai [12811 Pts], le 06 Février 2019 à 09h53
Bonjour,
Malheureusement non, de par leur format les webtoons sont quasiment toujours exclusifs à une lecture en ligne ;)
De didine86, le 06 Février 2019 à 01h34
Bonsoir
il n'y a pas de version papier alors ?
Merci
De ChtiPhil [1364 Pts], le 22 Novembre 2017 à 07h23
C'est sympa d'inviter une jolie coréenne dont l'une des oeuvres a été stoppée bien avant la fin !
Dommage, car Maximum Ride est très bien dessiné et plutôt pas mal...
Si un éditeur pouvait poursuivre la série...