Retour sur la conférence de Yasuyuki Muto (Rolling Girls, Basilisk, Deadman Wonderland, Bible Black...) à Paris Manga- Actus manga
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Dvd Retour sur la conférence de Yasuyuki Muto (Rolling Girls, Basilisk, Deadman Wonderland, Bible Black...) à Paris Manga

Lundi, 10 Avril 2017 à 17h00

La dernière édition de Paris Manga était l’occasion pour le public de rencontrer Yasuyuki Muto, un nom bien connu pour être le scénariste de Rolling Girls, Basilisk, Deadman Wonderland, Sengoku Basara ou encore Bible Black. Très sympathique et loin d’être venu les mains vides pour le public français, M. Muto tint le dimanche une conférence publique où il put mieux exposer son travail. Il commença par une petite présentation.



Yasuyuki Muto : Enchanté, je suis Yasuyuki Muto, je suis scénariste en animation. C’est la deuxième fois que je viens à Paris, la 1ère fois c’était en tant que touriste, et il s’agit donc de ma première participation à une convention parisienne. C’est un réel plaisir d’être ici car je ressens une grande chaleur chez le public. Merci !

Je vais commencer cette conférence en vous présentant un extrait exclusif de Rolling Girls, série animée dont j’ai écrit le scénario est qui a été diffusée au Japon en 2015 et en France la même année sur Wakanim. C’est une série originale qui a réuni le staff qui avait déjà travaillé sur l’anime Sengoku Basara. C’est l’histoire de jeunes filles sans particularités, sans pouvoirs spéciaux, qui vont essayer de faire quelque chose pour aider les autres. Dans bon nombre d’animes, les héros sont des « élus », des personnes capables de faire des choses fabuleuses comme piloter des robots…  Dans Rolling Girls les héroïnes sont des personnes comme tout le monde.


Le public a ensuite pu découvrir l’extrait de la série, non sans des applaudissements à la fin de celui-ci. Puis l’animateur de la conférence et agent de Mr. Muto, Emmanuel Bochew, enchaîna sur une question.


Le travail de scénariste en animation reste sûrement assez mal connu en France. Pouvez-vous nous expliquer en quoi cela consiste ?

Un scénariste ne va pas s’atteler simplement à écrire ce qu’est l’histoire, mais va aussi s’appliquer à définir les traits de caractère des personnages, leur passé, leurs motivations, et leurs évolutions au fil de la série, le tout en accord avec le réalisateur, le directeur de l’animation, les producteurs, voire parfois le créateur original. C’est lui qui va donner une vraie ligne directrice sur tout le projet. Sans un scénariste, pas d’ossature, et impossible pour les animateurs de se faire une idée bien précise de ce qu’ils doivent concevoir.

Ca ne concerne pas que les personnages, mais aussi les paysages, les ambiances… Dans le cas de Rolling Girls, la série se passe à Tokorozawa, une ville qui existe vraiment au Japon.

Le scénariste est aussi celui qui écrit les dialogues : tout ce que vous entendez en dialogues dans la série, c’est l’œuvre du scénariste.



La suite de la conférence fut consacrée aux questions du public pendant une quinzaine de minutes.


Comment on fait pour trouver l’inspiration pour créer un scénario, des personnages, etc ?

Lors de la création, si c’est une oeuvre s’inspirant déjà d’une base (manga, jeu vidéo, autre série…), il va falloir s’appuyer sur ces éléments déjà existants pour offrir quelque chose de fidèle et cohérent mais qui en même temps apporte quelque chose de nouveau. Tout dépend aussi de la cible que l’on va avoir : si on veut avoir en cible les fans de l’œuvre de base on reste fidèle, alors que si on veut ouvrir l’œuvre à un nouveau public on peut essayer d’apporter de nouvelles choses.

Dans le cas d’une œuvre originale,  il faut se fier aux demandes que l’on nous fait, et savoir à qui on veut adresser cette œuvre. 

C’est à peu près le même principe dans les deux cas, mais sur une œuvre originale il faut puiser plus profondément en soi.


Quand vous créez des personnages, puisez-vous dans votre entourage pour peaufiner leur personnalité ?

Oui. Pas parce qu’il y a des gens exceptionnels ou spéciaux dans mon entourage, mais parce que ça me semble important de m’inspirer d’attitudes réelles et de petits détails pour pouvoir concevoir des personnages crédibles. Les attitudes propres à chacun vont me permettre d’installer un personnage nuancé. Par exemple, pour Rolling Girls, au bout d’un moment je me suis rendu compte que le personnage de Kuranosuke Momiyama c’est Emmanuel (ndlr, Emmanuel Bochew, l'agent de M. Muto et animateur de la conférence) !



Y a-t-il un type d’histoires que vous préférez écrire ?

On dit souvent de moi que je suis doué pour écrire des choses tournées autour de l’art ou de l’esprit du sabre. Mais en réalité moi j’aime surtout écrire des choses où l’humain est  mis en avant, où les humains vont aller au bout des choses, quitte à risquer leur vie, pour défendre ou protéger ce qu’ils apprécient. C’est cet effort humain et ses relations humaines que j’aime écrire avant tout.


Comment gérez-vous les différences de points de vue dans l’équipe au moment de la création d’une série ? Par exemple, il y a des séries qui ont dû changer de cap en cours de route pour diverses raisons. Entre autres, après le séisme de 2011, toutes les séries de séisme ont été rayées au Japon pendant un an…

Très souvent, quand quelqu’un dit « je veux devenir scénariste », on lui répond qu’il faut apprendre à vivre en solitaire. Il paraît qu’il faut rester dans sa solitude et taper son scénario tout seul dans sa petite pièce, mais en réalité le sentiment d’être seul ne vient pas de là. Elle vient de ces changements d’orientation soudains dans le scénario, car le scénariste doit alors prendre sur lui, suivre les décisions, retravailler l’histoire en conséquence, tout revérifier, et concevoir des choses qu’il n’avait pas forcément envie de faire mais qu’il est bien obligé de faire. Qui plus est, après ça, les fans vont voir mon nom crédité au scénario alors que ce n’est pas forcément moi qui ai pris toutes les décisions. C’est face à ce genre de situation que j’ai compris ce que signifiait le fait d’être seul.


La conférence s’est ensuite terminée de bien jolie manière, Yasuyuki Muto ayant réservé une surprise au public : un jeu de jan-ken-pon  géant, au bout duquel deux gagnants ont pu repartir avec des cadeaux, à savoir deux scripts originaux numérotés et dédicacés !

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