Chronique Animation - Mary et la fleur de la sorcière- Actus manga
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Dvd Chronique Animation - Mary et la fleur de la sorcière

Mardi, 20 Février 2018 à 17h00 - Source :Chronique Animation

L'événement animation de ce mois de février 2018 est sans conteste Mary et la fleur de la sorcière, première production du studio Ponoc sortie au Japon en juillet 2017.
Si le nom de ce studio ne dira peut-être rien à certains, normal puisqu'il fut créé en 2015, c'est ceux qui le composent qui ont attiré la curiosité. Ponoc fut fondé par Yoshiaki Nishimura, ancien producteur du studio Ghibli, et sera accompagné par bien des membres du studio dont un certain Hiromasa Yonebayashi, réalisateur d'Arrietty, le petit monde des chapardeurs et de Souvenirs de Marnie. C'est justement lui qui va diriger le premier long-métrage du studio Ponoc : Mary et la fleur de la sorcière...


L'histoire est celle de Mary Smith, jeune fille venant d'emménager chez sa tante, dans une contrée rurale un peu éloignée de tout. Mary souhaite se rendre utile, mais, malheureusement, elle est assez peu dégourdie et chacune de ses bonnes volontés se transforme en catastrophe. Ce qui lui vaudra les moqueries de Peter, jeune garçon du voisinage qui travaille en tant que livreur.
Par un détour dans la forêt voisine, Mary trouve une étrange fleur bleue dont les chats de Peter, Gib et Tib, semblent avoir peur. C'est la Fleur de la sorcière, une pousse qui n'aurait lieu que tous les 7 ans. Lorsqu'un des bourgeons éclate dans les mains de Mary, celle-ci se retrouve pourvue de pouvoirs magiques et atterrit malgré elle dans une cité céleste qui abrite l'école Endor, formant les sorciers de ce monde.
Mary va vite se montrer particulière par les incroyables prouesses magiques dont elle fera preuve, mais c'est aussi le début d'une aventure où elle apprendra ce qu'est la Fleur de la sorcière, et les dangers qui l'entourent...


Mary et la fleur de la sorcière n'est pas une histoire originale. Il s'agit en réalité de l'adaptation d'un roman de Mary Stewart intitulé The Little Brommsitck, publié en 1989. Il sera pourtant difficile pour beaucoup de juger le film pour ses qualités d'adaptation puisque le titre est l'un des romans de l'écrivaine à ne pas avoir été traduit en français.
Il faut pourtant peu de temps pour avoir l'impression que Mary et la fleur de la sorcière est une adaptation qui développe sa propre identité, ou plutôt celle du studio Ponoc. Le fait que le staff derrière le film sorte du studio Ghibli n'a rien d'anodin, au contraire même puisque cette patte propre à Ghibli se ressent à différentes reprises au cours du visionnage. Par l'esthétique, le character-design, ou encore cette alchimie mélangeant des éléments purement mystiques à de la mécanique pure façon steampunk nous permet de voir que, pour le moment, Hiromasa Yonebayashi ne s'éloigne pas encore de son passif en tant que réalisateur.


Certains pourront donc voir dans Mary et la fleur de la sorcière un « sous Ghibli », un film qui n'a pas la dimension grandiose des chefs d'oeuvre du studio, mais qui cherche à s'en rapprocher. Si on ne peut pas totalement leur donner tort, il serait faux de dire que le film est un ersatz et ne propose pas ses atouts puisque, globalement, le film constitue un divertissement familial enchanteur et de grande qualité, à plusieurs égards.
Mary et la fleur de la sorcière est un film qui dépayse par ses différents cadres, que ce soit ses environnements ruraux qui transmettent une sacrée dose d'air frais, ou son monde magique suffisamment crédible pour aider le spectateur dans son immersion. A partir de ce cadre propice au voyage, le long-métrage nous propose de suivre les aventures de Mary, une enfant maladroite, mais très attachante, qui a son petit caractère et qui évoluera tout le long du film. Partant d'un pitch basique, celui d'une préadolescente aménageant chez un membre de sa famille, Mary et la fleur de la sorcière a le mérite de très bien évoluer dans son rythme. Il faut un petit temps pour que l'aventure commence, mais les éléments scénaristiques s'avèrent bien plantés, et son introduction nous permet de rapidement nous attacher à quelques personnages, Mary bien entendu, mais aussi le duo de chats Gib et Tib.

La suite n'en est que plus savoureuse, l'apparition du monde magique lançant définitivement le film et rendant le divertissement particulièrement saisissant à partir de cet instant. Explorant les thèmes de la magie et de la nature, le long-métrage amènera alors bon nombre d'éléments classiques à ce type d’œuvre, un fort rapport à la nature par exemple, des entités mystiques et des personnages hauts en couleur, avec un petit quota de révélations pour expliquer quelques mystères autour de la Fleur de la sorcière.


En tant que divertissement pur, Mary et la fleur de la sorcière est un film travaillé et qui ne souffre pas de temps morts. Si certains regretteront peut-être une introduction un poil longuette, il est difficile de s'ennuyer au cours du film tant celui-ci évolue à très bon rythme, permettant de soulever ses enjeux au fil de temps, mais aussi de renouveler son univers enchanteur, faisant de lui un long-métrage qui séduira sans mal les plus jeune, mais aussi les spectateurs adultes, que ce soit par sa petite poésie ou encore sa réalisation aux petits oignons, argument clef pour découvrir le film sur le grand écran d'une salle de cinéma.
En effet, c'est une réalisation d'excellente facture que nous propose Hiromasa Yonebayashi. Les environnements ruraux sont magnifiés par ses éclats verts, leur crédibilité surtout, tandis que l'esthétique des environnements magiques se révèle ainsi inspirée, malgré quelques comparaisons inévitables avec certains grands films de Ghibli. A ceci s'ajoutent une animation sans fausse note et des jeux de couleur assez spectaculaires, par exemple en ce qui concerne tous les éclats magiques, ainsi que la réalisation de l'ultime phase du film. Le studio Ponoc a ainsi mis les moyens, financiers et techniques, sur cette première production, une bonne volonté qu'on ne pourra retirer au jeune studio d'animation.


Pourtant, Mary et la fleur de la sorcière n'est pas sans défaut. Outre ses ressemblances avec le folklore Ghibli, que certains pourront considérer comme une force et d'autres comme un manque d'inventivité, c'est peut-être le caractère prévisible du scénario qui fera grincer des dents certains. En effet, il est assez aisé de comprendre au premier coup d’œil la tournure de l'histoire ou la vraie nature de certains personnages. Dommage, car c'est bien sur ses quelques rebondissements que le film manque de surprise. De même, on regrettera un sujet peu approfondi, puisque la Fleur de la sorcière n'est pas un élément de scénario plus travaillé que ça. Il est un enjeu du film, certes, et la scène d'introduction permettra au spectateur de se poser quelques questions, mais l'intrigue n'ira pas chercher trop loin pour développer son sujet.
Le sujet de débat viendra aussi de la bande originale composée par Takatsugu Muramatsu, un défaut qui n'en est pas un dans le sens où si la musique manque globalement d'ampleur, elle accomplit sans mal son office. C'est surtout sur la deuxième partie du film que quelques grands thèmes musicaux se feront entendre et resteront en tête, soulevant des ambitions d'ambiance et de réalisation plus grandes et donnant un autre relief à l'aventure de Mary.


Un choix de composition finalement cohérent puisqu'un contraste a clairement lieu entre ses deux parties de l'histoire, reste qu'on aurait souhaité une bande originale qui se fasse remarquer dès la première phase du film. Qu'à cela ne tienne, les mélodies appuient les ambiances et restent d'une belle qualité d'écoute, y compris hors contexte de visionnage.

Mary et la fleur de la sorcière possède un statut particulier, du fait que le film est la première réalisation d'un studio aux grandes ambitions. Malgré quelques défauts, une intrigue parfois prévisible et un manque d'affranchissement par rapport au studio Ghibli, le long-métrage constitue un spectacle familial d'excellente facture, avec plusieurs niveaux de lecture, jouissant d'une réalisation soignée et de personnages attachants. Ponoc réussit donc son lancement avec un premier film convaincant, un visionnage qui émerveillera sans mal la plupart de ses spectateurs.

Pour gagner des places pour voir le film c'est par la ...

L'avis du chroniqueur
Takato

Mardi, 20 Février 2018
15.5 20

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