Manga Rencontre avec VanRah et Izu autour d'Ayakashi
L’an dernier, nous rencontrions VanRah au sujet de Stray Dog, sa série passée du milieu du fanzine à la publication professionnelle chez Glénat, dans le cadre de l’édition 2015 de Japan Expo. Un an plus tard, l’autrice a de nouveau répondu présente, accompagnée du scénariste Izu, pour présenter leur collaboration, Ayakashi, une œuvre uchronique se déroulant dans un Japon féodal. Tous deux ont accepté de nous rencontrer afin de répondre à nos questions sur les origines de la série, leur style et leur collaboration…
Bonjour VanRah et Izu, pouvez-vous d’abord revenir sur la genèse d’Ayakashi ? Comment est née la série ?
Izu : Je fais du manga depuis plusieurs années ainsi que du franco-belge, je bosse aussi pour J-One à côté. J’étais à Mangazur en 2013, je préparais un reportage sur les artistes présents, puis je tombe à un moment sur le stand de VanRah. J’étais impressionné, je me demandais pourquoi elle n’était pas publiée professionnellement en France à ce moment-là. Mon âme de scénariste est ensuite revenue au galop, je lui ai donné des contacts d’éditeurs car je ne trouvais pas ça normal que ses autres séries, dont Stray Dog, ne soient pas éditées dans notre beau pays.
Il fallait aussi qu’on fasse quelque chose elle et moi. J’ai vu les univers de VanRah, et ça tombait bien vu que j’adore le Japon médiéval-fantastique. On pouvait y ajouter de la steam-fantasy, du gothique etc. Le projet a débuté par tous ces éléments que je lui ai proposés. J’adore travailler avec Glénat, on a donc réfléchi à ce qu’on pouvait soumettre à l’éditeur. Initialement, c’est comme ça qu’Ayakashi est né.
Une question sur vous-mêmes : D’où viennent les noms d’auteurs VanRah et Izu ?
VanRah : Pour ma part, c’est le nom d’un personnage d’une de mes premières séries. A l’époque du Cartoonist de Toulon, une édition avait organisé un concours de jeunes talents avec prix à la clé. Il fallait rendre une planche de bande-dessinée, au format que l’on voulait. J’étais membre d’un petit groupe où je n’avais pas trop mon mot à dire vu qu’on fonctionnait par hiérarchie, je n’avais pas non plus droit de publier mes histoires au sein de celui-ci. Je n’étais qu’une encreuse dans ce groupe. On m’a à un moment dit que quand j’aurais un projet à proposer, je pourrai soumettre une histoire à ce concours. J’ai donc participé à la compétition pour prouver aux personnes avec qui je travaillais que mes récits ne sont pas complètement nuls, et c’est au moment de proposer ma planche que l’organisateur m’a demandé si je désirais un pseudo d’auteur ou si on imposait mon vrai nom. Je viens d’un milieu où la bande-dessinée n’est pas vraiment perçue comme un travail sérieux, j’ai alors pensé que si on est nommés dans le journal, ma famille saura que je n’ai pas passé mon week-end à travailler mais au Cartoonist, ça n’allait pas le faire. (rires)
J’ai donc pris le nom du personnage que je proposais et heureusement car ma BD a été primée. J’ai ensuite gardé VanRah car les gens me connaissaient sous ce pseudo.
Izu : Dans les années 2000, j’étais éditeur aux Humanoïdes Associés, on éditait à ce moment Shogun qui était une collection de mangas de création. Deux raisons ont fait que j’étais obligé de choisir un pseudonyme. La première, c’est que j’ai un frère qui s’appelle Xavier Dorison et qui est peut-être l’un des trois scénaristes français qui marchent le mieux dans la bande-dessinée. J’en avais marre de voir indiqué « l’œuvre du frère de… » quand j’éditais un ouvrage, et je ne voulais pas qu’on fasse remarquer à mon frère que je m'étais lancé dans le manga… Je ne voulais pas lui faire honte dans le sens que si ça ne se vendait pas, c’aurait pu lui retomber dessus. En terme de communication pure et dure, je savais que je devais prendre un pseudo. La deuxième raison, c’est que j’étais éditeur mais aussi scénariste à côté. Je voulais un pseudo pour affirmer que c’est une carrière à part. Le nom « Izu » vient de mon autre passion qui n’a rien à voir : les jeux-vidéo de combat comme Street Fighter. A cette époque, un champion de Street Fighter 3 Third Strike avait gagné un grand tournoi japonais, le Tougeki, dont le pseudo était Izu. J’adorais ce mec, je regardais ses vidéos sur internet, donc… Izu est fait le nom d’un joueur qui a gagné le Tougeki en 2003 !
Dans Ayakashi, les créatures mythologiques sont des yokai issus du folklore japonais. Quelles ont été vos inspirations ? Les récits japonais comme le Dictionnaire des Yokai vous ont-il influencés ?
VanRah : Le Dictionnaire des Yokai de Shigeru Mizuki n’est pas vraiment une œuvre mais plus un dictionnaire dont je voulais m’inspirer pour Ayakashi. Chose que je n’ai pas faite car les ouvrages sont précis, mais pas assez pour ce que je voulais faire. Sur le plan graphique, j’ai pris les descriptions des yokai que je voulais représenter, plutôt des yokai terrestres, avisés et offensifs, je me suis ensuite reportée à des henge, mix entre un sanglier en charge et une bête féroce à l’aspect félin : des grandes griffes, des crocs acérés… Ils sont vraiment décrits ainsi dans le folklore japonais. J’ai rajouté ma pate personnelle, des défenses qui ressortent sur le dos par exemple, pour créer un monstre qui peut exister dans ses origines mais aussi à ma façon, selon mon univers personnel.
Autour du récit, on a fait des recherches sur les yokai à leur niveau pour que le récit reste réel, correspondant au folklore japonais auquel nous voulions rendre hommage avec Ayakashi.
Izu : Dès le début, on voulait une dose de fantastique dans ce Japon uchronique. Je savais que VanRah adorait tout ce qui tourne autour des yokai, je voulais alors des créatures fantastiques sachant que beaucoup d’autres concepts de la mythologie japonaise s’offraient à nous, par exemple les shinigami. J’adore une série de Robin Hobb qui s’appelle Les Aventuriers de la Mer, dans l’univers de L’Assassin Royal, exploitant des créatures mythologiques comme armes. Je suis parti de ce concept, même si ça ne se voit pas trop au final dans l’histoire, pour que le bestiaire ne soit pas là pour dérailler tout ce qui se trouve mais qu’il y ait une véritable implication entre les créatures humaines et les créatures fantastiques, pas qu’on ait les gentils d’un côté et les méchants monstres de l’autre. Pour ça, j’ai fouillé dans toutes les mythologies que je trouvais. J’ai trouvé une piste avec le Wuxing, un bouddhisme aussi adapté au Japon à cette époque-là avec les cinq créatures célestes comme Suzaku. Finalement, VanRah a suggéré qu’on trouve un concept qui soit notre « truc ». On s’est dirigés vers les Ayakashi présentés tels quels avec l’exploitation visuelle et leur intrication dans l’histoire qu’on découvrira plus tard dans le récit. On verra pourquoi il y a du bouddhisme là-dedans, mais on n’y est pas encore.
L’histoire d’Ayakashi est une uchronie qui réinterprète la bataille de Sekigahara en permutant les vainqueurs et les vaincus, pourquoi ce choix narratif ?
Izu : D’abord, j’adore les uchronies. J’en développe dans une série qui s’appelle Crusades, et même Omega Complex est une uchronie. Il y a selon moi deux manières de procéder si on veut faire du Japon médiéval-fantastique : soit tu ne te prends pas la tête et tu fais simplement de la fantasy, ce qui donne Samurai Deeper Kyo d’Akimine Kamikyo qui est historique mais sans prise de tête, ou faire une uchronie car celle-ci te permet de garder des bases historiques crédibles, tout en étant fun avec la question du « et si », par exemple qu’est-ce que serait devenu le monde si les nazis avaient gagné la Seconde Guerre Mondiale, l’uchronie la plus classique. C’est différent dans Ayakashi car c’est une uchronie sur un Japon, et qui se déroule un siècle après ce qu’on appelle le point de rupture de l’uchronie. Puisque dans notre histoire ce sont les Toyotomi et pas les Tokugawa qui remportent la bataille, qu’est ce qui ce serait vraiment passé si ça c’était déroulé ainsi ? J’ai posé la question à Julien Peltier qui est un historien qui a écrit notamment Le Crépuscule des Samouraïs. Il existait à l’époque cinq grands clans et, selon lui, si les Toyotomi avaient gagné, il y aurait eu une guerre civile entre ces clans puisqu’il n’y avait pas de grand unificateur à ce moment-là du côté des Toyotomi.
On part donc de cette uchronie pour créer ce Japon alternatif dans lequel on rajoutera plus tard, et ça a du sens, de la fantasy. Pourquoi cette uchronie ? Parce que j’aime le genre, et parce que ça permet d’avoir un terreau historique beaucoup plus solide que de la fantasy pure et dure, j’ai besoin de m’appuyer sur ces mécaniques. Enfin, il y a une chose toujours amusante, c’est que les lecteurs se demanderont ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas, ce qu’on a inventé ou non, le faux pourra alors être pris pour du vrai et inversement. C’est parfait pour manipuler le lecteur et c’est une chose que j’apprécie beaucoup.
VanRah, avec Ayakashi et Stray Dog tu as deux séries en cours sur le plan professionnel. On peut penser que ta quantité de travail s’est trouvée décuplée ces derniers mois. Quelle impact ces changements ont eu sur ton organisation, tes méthodes ?
VanRah : La quantité de travail n’a pas forcément augmenté puisqu’avant ça, je travaillais déjà sur beaucoup de séries différentes. Que mes séries soient en auto-publication ou en publication professionnelle, je les traite de la même manière. Ce n’est pas parce que le travail est auto-publié que je vais le bâcler, et ce n’est pas parce que la publication est chez un éditeur que je vais d’un coup avoir un trait cohérent, des décors plus riches… La dose de travail est quasiment la même, le seul changement c’est qu’Ayakashi n’était pas forcément prévu au programme immédiatement, ça a donc chamboulé mon planning sur les séries que j’ai en cours, Stray Dog compris. Après avoir fini sur Ayakashi, je me suis mis à travailler sur Mortician qui est le préquel de Stray Dog, et maintenant je peux me mettre à Stray Dog 3. Je continue comme je faisais avant : dès que j’ai fini sur une série, je me remets sur une autre. C’est le dossier de presse qui a été le plus éprouvant car comme on m’a demandé des illustrations et que je suis nulle en illustrations… (rires)
Tu as tout un univers dont Stray Dog fait partie. Est-ce un projet d’amener tous ces titres vers une publication professionnelle ?
VanRah : J’aimerais bien moi. (rires)
Ça serait effectivement mon souhait car, comme je l’ai dit dans notre précédente entrevue, je ne dis pas que « j’ai une série » à chaque fois que je dessine une œuvre. Les personnages que je dessine sont comme mes enfants, je les anime sur le papier. Quand une série est publiée professionnellement, je me dis plutôt que mon gamin est diplômé. Et comme tout parent bienveillant, j’aimerais beaucoup que tous mes enfants soient diplômés. Pour certains, ça demande plus de travail car les séries ne sont pas prêtes, elles ne font pas encore office de projets présentables. Quant aux projets plus aboutis et qui bénéficient d’un lectorat issu de l’auto-publication, comme Stray Dog en son temps, ce sont des séries que je pourrai en effet proposer. Ça me permettra peut-être d’avoir un autre diplôme à décerner à un de mes gamins. C’est comme lors des séances de dédicaces, je ne me dis pas que j’ai du succès mais plutôt que mes enfants ont beaucoup d’amis, ils ont des potes et ne sont pas tout seuls. (rires)
Beaucoup m’ont demandé si c’est une consécration et ça va peut-être paraître hautain de ma part mais c’est le fruit de beaucoup d’efforts que je fais en même temps que mes « enfants ». Quand une série est prise sous l’aile d’un éditeur, je suis content pour mes personnages car ça ne change pas mon travail. Quand une série est refusée, je suis aussi déçue que quand votre enfant échoue à son examen.
On en parlait avec Izu tout à l’heure, c’est vrai qu’il m’a, au départ, proposé une vision des personnages qu’on ne retrouve pas dans le volume final. Lui les voyait à sa manière, ce sont ces personnages qui se sont « présentés à ma porte ». Il avait la version imagée dans sa tête, et moi je suis venu lui apporter la personne vivante. Hiro, c’est ça, je n’aurais pas pu l’animer autrement. C’est pour ça que notre collaboration a été très fructueuse, il n’y a pas eu de heurt mais il y a eu un seul changement : je devais, à la base, être uniquement la dessinatrice de l’œuvre et Izu l’auteur mais je n’ai pas réussi à m’adapter à ses personnages parce que quand j’ai eu Hiro face à moi, je me disais qu’il ne se comportait pas comme ça et qu’il parlait différemment en réalité. Finalement, je me suis retrouvée co-scénariste de l’œuvre, ce qui a été enrichissant pour moi.
Il y a donc eu de vraies interactions entre vous deux. Est-ce que Glénat a aussi eu son mot à dire ? Par exemple comme dans le modèle éditorial qu’on retrouve souvent au Japon…
Izu : Non. Ça n’a rien à voir en France, on n’est pas au japon. L’auteur n’a pas le même statut en France qu’au Japon, et ses relations avec l’éditeur ne sont pas les mêmes. Ça ne marcherait pas sinon. (rires)
Les auteurs sont suivis, heureusement, mais ils sont beaucoup plus libres que les mangaka japonais.
VanRah : Ça dépend. J’ai soumis mes projets à différents éditeurs et si j’ai préféré Glénat, c’est parce qu’ils ont un respect total de la création. C’est sûr que si demain on dessine des samouraïs SS qui dézinguent à tout va en criant « vive le racisme », l’éditeur sera sceptique. Mais il y a effectivement l’intérêt de l’éditeur par rapport à ce qu’on peut apporter en création. C’est vrai que quand j’ai soumis des projets à d’autres éditeurs, des gros parfois, certains voulaient changer des personnages ou supprimer des points de l’histoire. Oui, on est auteurs de la série mais celle-ci ne nous appartient plus tandis que si on met notre nom sur la série, ça reste notre bébé.
Izu : Pour autant, ça ne veut pas dire que l’éditeur n’intervient pas. Au début de l’élaboration d’un album, on remet à l’éditeur un séquencier, un document qui contient les grandes lignes de l’histoire qui se déroulera dans le tome. Il peut y avoir une discussion sur ces éléments mais une fois que l’éditeur l’a validé, il te fait confiance sur le reste de ton travail. Ça ne veut pas dire qu’il n’interviendra pas à la fin pour raccourcir certains dialogues, ce qui est un travail très important de la part de l’éditeur, mais il ne viendra pas demander de grosses modifications après validation du séquencier. Le système n’est pas aussi intrusif qu’au Japon car le modèle économique n’est pas le même, nous n’avons pas ces magazines de publication où les lecteurs peuvent voter pour les séries qu’ils n’aiment pas ou pour les éléments qu’ils veulent modifier. Je lis actuellement un shônen que j’aimais bien et que je ne nommerai pas mais nous sommes au quatrième tome et paf, tournoi ! Ah bah tiens, ça faisait longtemps ! Est-ce que c’est l’auteur qui l’a voulu ou plutôt la pression du modèle qui a exigé ce tournoi ?
En France, c’est hors de question. D’ailleurs VanRah, ces éditeurs qui te faisaient des remarques sont ceux qui sont calqués sur le modèle japonais. Je fais beaucoup de bande-dessinée, je connais le modèle « classique » en France mais ce que tu me dis c’est de la science-fiction, jamais un éditeur ne devrait remettre en cause ton processus créatif, ce qui ne veut pas dire qu’il ne va pas t’aider.
Ta vision, Izu, correspond d’ailleurs à ce que VanRah nous disait l’an dernier, à savoir sa volonté de ne pas s’ancrer dans un style très codifié comme le nekketsu.
VanRah : Et je ne le ferai pas car ça ne me plairait pas. (rires)
Je dessine que ce qui me plaît et je ne mets en scène que les sujets qui me portent à cœur. Je pense l’avoir dit dans notre précédente interview mais quand je traite une idée, je le fais avec beaucoup de plaisir. Dans l’ensemble, je reste persuadée que les lecteurs auront autant de plaisir à lire que j’en ai eu pour le dessin. J’ai récemment dessiné sous la contrainte, chose qui ne m’était pas arrivée depuis très longtemps. J’ai dessiné une illustration pour un groupe de musique américain, celui-ci m’a donné énormément de consignes et ne me laissaient presque aucune liberté. J’avais au départ le champ libre, mais j’ai dû modifier énormément de choses pour le rendu final… Je ne dirai pas qu’ils vendent moins d’albums mais du coup, je pense que l’illustration est moins intéressante que si j’avais pu la dessiner librement. Ça marche ainsi dans une BD. Je peux me payer le luxe de dire ça mais je n’aurais jamais accepté un contrat juste pour avoir une porte d’entrée dans le monde professionnel. Je ne peux pas dessiner, ou très difficilement, sous contraintes. Je ne sais pas ce qu’en pensent les autres auteurs mais ça ne fonctionne pas chez moi.
Sur le plan graphique d’Ayakashi, as-tu une approche différente que sur tes autres œuvres ? Je pense à l’esthétique, à la mise en scène…
VanRah : Non parce que je travaille n’importe quelle série de la même manière. Ayakashi a peut-être été un tout petit peu différent car, pour mes autres œuvres, je ne suis jamais restée au même endroit niveau influences. D’habitude, je mêle les cultures et les folklores pour en faire un pot-pourri qui est une seule série. On ne m’avait jamais proposé le défi d’une série ancrée dans un seul univers, où on ne peut pas piocher ci et là les choses qu’on aime, les mettre en scène et passer à autre chose. On est forcés ici d’avoir une cohérence aussi bien graphique que scénaristique et historique. Ça n’a pas été forcément prise-de-tête mais la recherche de détails a été plus accrue, ce qui va m’aider pour les prochaines séries. Ca a demandé de la recherche dans les styles vestimentaires, je voulais par exemple que chaque personnage ait un armement qui est propre à chacun. Cette recherche approfondie est une chose que je ne savais pas faire, je sais dessiner un bateau mais pas une estafette chinoise du XVIIème siècle.
La mise en scène, elle, n’a pas changé. Les scènes de combats n’ont pas évolué depuis Stray Dog tome deux car j’ai toujours la même manière de voir les séquences d’affrontement. Pour les planches plus posées, c’est le même genre de découpage car j’estime que ce découpage doit être au service du scénario. Un passage un peu plus lent avec des émotions mises en avant bénéficiera de gros plans, pour les combats il s’agira de cases moins statiques… Je n’ai pas forcément fait autrement que d’habitude. Seuls les détails dans un seul domaine, le Japon médiéval du XVIIème siècle, ont changé par rapport à d’habitude.
Interview réalisée par Takato et Koiwai. Remerciements à VanRah et Izu ainsi qu’à Glénat pour avoir organisé la rencontre.
Bonjour VanRah et Izu, pouvez-vous d’abord revenir sur la genèse d’Ayakashi ? Comment est née la série ?
Izu : Je fais du manga depuis plusieurs années ainsi que du franco-belge, je bosse aussi pour J-One à côté. J’étais à Mangazur en 2013, je préparais un reportage sur les artistes présents, puis je tombe à un moment sur le stand de VanRah. J’étais impressionné, je me demandais pourquoi elle n’était pas publiée professionnellement en France à ce moment-là. Mon âme de scénariste est ensuite revenue au galop, je lui ai donné des contacts d’éditeurs car je ne trouvais pas ça normal que ses autres séries, dont Stray Dog, ne soient pas éditées dans notre beau pays.
Il fallait aussi qu’on fasse quelque chose elle et moi. J’ai vu les univers de VanRah, et ça tombait bien vu que j’adore le Japon médiéval-fantastique. On pouvait y ajouter de la steam-fantasy, du gothique etc. Le projet a débuté par tous ces éléments que je lui ai proposés. J’adore travailler avec Glénat, on a donc réfléchi à ce qu’on pouvait soumettre à l’éditeur. Initialement, c’est comme ça qu’Ayakashi est né.
Une question sur vous-mêmes : D’où viennent les noms d’auteurs VanRah et Izu ?
VanRah : Pour ma part, c’est le nom d’un personnage d’une de mes premières séries. A l’époque du Cartoonist de Toulon, une édition avait organisé un concours de jeunes talents avec prix à la clé. Il fallait rendre une planche de bande-dessinée, au format que l’on voulait. J’étais membre d’un petit groupe où je n’avais pas trop mon mot à dire vu qu’on fonctionnait par hiérarchie, je n’avais pas non plus droit de publier mes histoires au sein de celui-ci. Je n’étais qu’une encreuse dans ce groupe. On m’a à un moment dit que quand j’aurais un projet à proposer, je pourrai soumettre une histoire à ce concours. J’ai donc participé à la compétition pour prouver aux personnes avec qui je travaillais que mes récits ne sont pas complètement nuls, et c’est au moment de proposer ma planche que l’organisateur m’a demandé si je désirais un pseudo d’auteur ou si on imposait mon vrai nom. Je viens d’un milieu où la bande-dessinée n’est pas vraiment perçue comme un travail sérieux, j’ai alors pensé que si on est nommés dans le journal, ma famille saura que je n’ai pas passé mon week-end à travailler mais au Cartoonist, ça n’allait pas le faire. (rires)
J’ai donc pris le nom du personnage que je proposais et heureusement car ma BD a été primée. J’ai ensuite gardé VanRah car les gens me connaissaient sous ce pseudo.
Izu : Dans les années 2000, j’étais éditeur aux Humanoïdes Associés, on éditait à ce moment Shogun qui était une collection de mangas de création. Deux raisons ont fait que j’étais obligé de choisir un pseudonyme. La première, c’est que j’ai un frère qui s’appelle Xavier Dorison et qui est peut-être l’un des trois scénaristes français qui marchent le mieux dans la bande-dessinée. J’en avais marre de voir indiqué « l’œuvre du frère de… » quand j’éditais un ouvrage, et je ne voulais pas qu’on fasse remarquer à mon frère que je m'étais lancé dans le manga… Je ne voulais pas lui faire honte dans le sens que si ça ne se vendait pas, c’aurait pu lui retomber dessus. En terme de communication pure et dure, je savais que je devais prendre un pseudo. La deuxième raison, c’est que j’étais éditeur mais aussi scénariste à côté. Je voulais un pseudo pour affirmer que c’est une carrière à part. Le nom « Izu » vient de mon autre passion qui n’a rien à voir : les jeux-vidéo de combat comme Street Fighter. A cette époque, un champion de Street Fighter 3 Third Strike avait gagné un grand tournoi japonais, le Tougeki, dont le pseudo était Izu. J’adorais ce mec, je regardais ses vidéos sur internet, donc… Izu est fait le nom d’un joueur qui a gagné le Tougeki en 2003 !
Dans Ayakashi, les créatures mythologiques sont des yokai issus du folklore japonais. Quelles ont été vos inspirations ? Les récits japonais comme le Dictionnaire des Yokai vous ont-il influencés ?
VanRah : Le Dictionnaire des Yokai de Shigeru Mizuki n’est pas vraiment une œuvre mais plus un dictionnaire dont je voulais m’inspirer pour Ayakashi. Chose que je n’ai pas faite car les ouvrages sont précis, mais pas assez pour ce que je voulais faire. Sur le plan graphique, j’ai pris les descriptions des yokai que je voulais représenter, plutôt des yokai terrestres, avisés et offensifs, je me suis ensuite reportée à des henge, mix entre un sanglier en charge et une bête féroce à l’aspect félin : des grandes griffes, des crocs acérés… Ils sont vraiment décrits ainsi dans le folklore japonais. J’ai rajouté ma pate personnelle, des défenses qui ressortent sur le dos par exemple, pour créer un monstre qui peut exister dans ses origines mais aussi à ma façon, selon mon univers personnel.
Autour du récit, on a fait des recherches sur les yokai à leur niveau pour que le récit reste réel, correspondant au folklore japonais auquel nous voulions rendre hommage avec Ayakashi.
Izu : Dès le début, on voulait une dose de fantastique dans ce Japon uchronique. Je savais que VanRah adorait tout ce qui tourne autour des yokai, je voulais alors des créatures fantastiques sachant que beaucoup d’autres concepts de la mythologie japonaise s’offraient à nous, par exemple les shinigami. J’adore une série de Robin Hobb qui s’appelle Les Aventuriers de la Mer, dans l’univers de L’Assassin Royal, exploitant des créatures mythologiques comme armes. Je suis parti de ce concept, même si ça ne se voit pas trop au final dans l’histoire, pour que le bestiaire ne soit pas là pour dérailler tout ce qui se trouve mais qu’il y ait une véritable implication entre les créatures humaines et les créatures fantastiques, pas qu’on ait les gentils d’un côté et les méchants monstres de l’autre. Pour ça, j’ai fouillé dans toutes les mythologies que je trouvais. J’ai trouvé une piste avec le Wuxing, un bouddhisme aussi adapté au Japon à cette époque-là avec les cinq créatures célestes comme Suzaku. Finalement, VanRah a suggéré qu’on trouve un concept qui soit notre « truc ». On s’est dirigés vers les Ayakashi présentés tels quels avec l’exploitation visuelle et leur intrication dans l’histoire qu’on découvrira plus tard dans le récit. On verra pourquoi il y a du bouddhisme là-dedans, mais on n’y est pas encore.
L’histoire d’Ayakashi est une uchronie qui réinterprète la bataille de Sekigahara en permutant les vainqueurs et les vaincus, pourquoi ce choix narratif ?
Izu : D’abord, j’adore les uchronies. J’en développe dans une série qui s’appelle Crusades, et même Omega Complex est une uchronie. Il y a selon moi deux manières de procéder si on veut faire du Japon médiéval-fantastique : soit tu ne te prends pas la tête et tu fais simplement de la fantasy, ce qui donne Samurai Deeper Kyo d’Akimine Kamikyo qui est historique mais sans prise de tête, ou faire une uchronie car celle-ci te permet de garder des bases historiques crédibles, tout en étant fun avec la question du « et si », par exemple qu’est-ce que serait devenu le monde si les nazis avaient gagné la Seconde Guerre Mondiale, l’uchronie la plus classique. C’est différent dans Ayakashi car c’est une uchronie sur un Japon, et qui se déroule un siècle après ce qu’on appelle le point de rupture de l’uchronie. Puisque dans notre histoire ce sont les Toyotomi et pas les Tokugawa qui remportent la bataille, qu’est ce qui ce serait vraiment passé si ça c’était déroulé ainsi ? J’ai posé la question à Julien Peltier qui est un historien qui a écrit notamment Le Crépuscule des Samouraïs. Il existait à l’époque cinq grands clans et, selon lui, si les Toyotomi avaient gagné, il y aurait eu une guerre civile entre ces clans puisqu’il n’y avait pas de grand unificateur à ce moment-là du côté des Toyotomi.
On part donc de cette uchronie pour créer ce Japon alternatif dans lequel on rajoutera plus tard, et ça a du sens, de la fantasy. Pourquoi cette uchronie ? Parce que j’aime le genre, et parce que ça permet d’avoir un terreau historique beaucoup plus solide que de la fantasy pure et dure, j’ai besoin de m’appuyer sur ces mécaniques. Enfin, il y a une chose toujours amusante, c’est que les lecteurs se demanderont ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas, ce qu’on a inventé ou non, le faux pourra alors être pris pour du vrai et inversement. C’est parfait pour manipuler le lecteur et c’est une chose que j’apprécie beaucoup.
VanRah, avec Ayakashi et Stray Dog tu as deux séries en cours sur le plan professionnel. On peut penser que ta quantité de travail s’est trouvée décuplée ces derniers mois. Quelle impact ces changements ont eu sur ton organisation, tes méthodes ?
VanRah : La quantité de travail n’a pas forcément augmenté puisqu’avant ça, je travaillais déjà sur beaucoup de séries différentes. Que mes séries soient en auto-publication ou en publication professionnelle, je les traite de la même manière. Ce n’est pas parce que le travail est auto-publié que je vais le bâcler, et ce n’est pas parce que la publication est chez un éditeur que je vais d’un coup avoir un trait cohérent, des décors plus riches… La dose de travail est quasiment la même, le seul changement c’est qu’Ayakashi n’était pas forcément prévu au programme immédiatement, ça a donc chamboulé mon planning sur les séries que j’ai en cours, Stray Dog compris. Après avoir fini sur Ayakashi, je me suis mis à travailler sur Mortician qui est le préquel de Stray Dog, et maintenant je peux me mettre à Stray Dog 3. Je continue comme je faisais avant : dès que j’ai fini sur une série, je me remets sur une autre. C’est le dossier de presse qui a été le plus éprouvant car comme on m’a demandé des illustrations et que je suis nulle en illustrations… (rires)
Tu as tout un univers dont Stray Dog fait partie. Est-ce un projet d’amener tous ces titres vers une publication professionnelle ?
VanRah : J’aimerais bien moi. (rires)
Ça serait effectivement mon souhait car, comme je l’ai dit dans notre précédente entrevue, je ne dis pas que « j’ai une série » à chaque fois que je dessine une œuvre. Les personnages que je dessine sont comme mes enfants, je les anime sur le papier. Quand une série est publiée professionnellement, je me dis plutôt que mon gamin est diplômé. Et comme tout parent bienveillant, j’aimerais beaucoup que tous mes enfants soient diplômés. Pour certains, ça demande plus de travail car les séries ne sont pas prêtes, elles ne font pas encore office de projets présentables. Quant aux projets plus aboutis et qui bénéficient d’un lectorat issu de l’auto-publication, comme Stray Dog en son temps, ce sont des séries que je pourrai en effet proposer. Ça me permettra peut-être d’avoir un autre diplôme à décerner à un de mes gamins. C’est comme lors des séances de dédicaces, je ne me dis pas que j’ai du succès mais plutôt que mes enfants ont beaucoup d’amis, ils ont des potes et ne sont pas tout seuls. (rires)
Beaucoup m’ont demandé si c’est une consécration et ça va peut-être paraître hautain de ma part mais c’est le fruit de beaucoup d’efforts que je fais en même temps que mes « enfants ». Quand une série est prise sous l’aile d’un éditeur, je suis content pour mes personnages car ça ne change pas mon travail. Quand une série est refusée, je suis aussi déçue que quand votre enfant échoue à son examen.
On en parlait avec Izu tout à l’heure, c’est vrai qu’il m’a, au départ, proposé une vision des personnages qu’on ne retrouve pas dans le volume final. Lui les voyait à sa manière, ce sont ces personnages qui se sont « présentés à ma porte ». Il avait la version imagée dans sa tête, et moi je suis venu lui apporter la personne vivante. Hiro, c’est ça, je n’aurais pas pu l’animer autrement. C’est pour ça que notre collaboration a été très fructueuse, il n’y a pas eu de heurt mais il y a eu un seul changement : je devais, à la base, être uniquement la dessinatrice de l’œuvre et Izu l’auteur mais je n’ai pas réussi à m’adapter à ses personnages parce que quand j’ai eu Hiro face à moi, je me disais qu’il ne se comportait pas comme ça et qu’il parlait différemment en réalité. Finalement, je me suis retrouvée co-scénariste de l’œuvre, ce qui a été enrichissant pour moi.
Il y a donc eu de vraies interactions entre vous deux. Est-ce que Glénat a aussi eu son mot à dire ? Par exemple comme dans le modèle éditorial qu’on retrouve souvent au Japon…
Izu : Non. Ça n’a rien à voir en France, on n’est pas au japon. L’auteur n’a pas le même statut en France qu’au Japon, et ses relations avec l’éditeur ne sont pas les mêmes. Ça ne marcherait pas sinon. (rires)
Les auteurs sont suivis, heureusement, mais ils sont beaucoup plus libres que les mangaka japonais.
VanRah : Ça dépend. J’ai soumis mes projets à différents éditeurs et si j’ai préféré Glénat, c’est parce qu’ils ont un respect total de la création. C’est sûr que si demain on dessine des samouraïs SS qui dézinguent à tout va en criant « vive le racisme », l’éditeur sera sceptique. Mais il y a effectivement l’intérêt de l’éditeur par rapport à ce qu’on peut apporter en création. C’est vrai que quand j’ai soumis des projets à d’autres éditeurs, des gros parfois, certains voulaient changer des personnages ou supprimer des points de l’histoire. Oui, on est auteurs de la série mais celle-ci ne nous appartient plus tandis que si on met notre nom sur la série, ça reste notre bébé.
Izu : Pour autant, ça ne veut pas dire que l’éditeur n’intervient pas. Au début de l’élaboration d’un album, on remet à l’éditeur un séquencier, un document qui contient les grandes lignes de l’histoire qui se déroulera dans le tome. Il peut y avoir une discussion sur ces éléments mais une fois que l’éditeur l’a validé, il te fait confiance sur le reste de ton travail. Ça ne veut pas dire qu’il n’interviendra pas à la fin pour raccourcir certains dialogues, ce qui est un travail très important de la part de l’éditeur, mais il ne viendra pas demander de grosses modifications après validation du séquencier. Le système n’est pas aussi intrusif qu’au Japon car le modèle économique n’est pas le même, nous n’avons pas ces magazines de publication où les lecteurs peuvent voter pour les séries qu’ils n’aiment pas ou pour les éléments qu’ils veulent modifier. Je lis actuellement un shônen que j’aimais bien et que je ne nommerai pas mais nous sommes au quatrième tome et paf, tournoi ! Ah bah tiens, ça faisait longtemps ! Est-ce que c’est l’auteur qui l’a voulu ou plutôt la pression du modèle qui a exigé ce tournoi ?
En France, c’est hors de question. D’ailleurs VanRah, ces éditeurs qui te faisaient des remarques sont ceux qui sont calqués sur le modèle japonais. Je fais beaucoup de bande-dessinée, je connais le modèle « classique » en France mais ce que tu me dis c’est de la science-fiction, jamais un éditeur ne devrait remettre en cause ton processus créatif, ce qui ne veut pas dire qu’il ne va pas t’aider.
Ta vision, Izu, correspond d’ailleurs à ce que VanRah nous disait l’an dernier, à savoir sa volonté de ne pas s’ancrer dans un style très codifié comme le nekketsu.
VanRah : Et je ne le ferai pas car ça ne me plairait pas. (rires)
Je dessine que ce qui me plaît et je ne mets en scène que les sujets qui me portent à cœur. Je pense l’avoir dit dans notre précédente interview mais quand je traite une idée, je le fais avec beaucoup de plaisir. Dans l’ensemble, je reste persuadée que les lecteurs auront autant de plaisir à lire que j’en ai eu pour le dessin. J’ai récemment dessiné sous la contrainte, chose qui ne m’était pas arrivée depuis très longtemps. J’ai dessiné une illustration pour un groupe de musique américain, celui-ci m’a donné énormément de consignes et ne me laissaient presque aucune liberté. J’avais au départ le champ libre, mais j’ai dû modifier énormément de choses pour le rendu final… Je ne dirai pas qu’ils vendent moins d’albums mais du coup, je pense que l’illustration est moins intéressante que si j’avais pu la dessiner librement. Ça marche ainsi dans une BD. Je peux me payer le luxe de dire ça mais je n’aurais jamais accepté un contrat juste pour avoir une porte d’entrée dans le monde professionnel. Je ne peux pas dessiner, ou très difficilement, sous contraintes. Je ne sais pas ce qu’en pensent les autres auteurs mais ça ne fonctionne pas chez moi.
Sur le plan graphique d’Ayakashi, as-tu une approche différente que sur tes autres œuvres ? Je pense à l’esthétique, à la mise en scène…
VanRah : Non parce que je travaille n’importe quelle série de la même manière. Ayakashi a peut-être été un tout petit peu différent car, pour mes autres œuvres, je ne suis jamais restée au même endroit niveau influences. D’habitude, je mêle les cultures et les folklores pour en faire un pot-pourri qui est une seule série. On ne m’avait jamais proposé le défi d’une série ancrée dans un seul univers, où on ne peut pas piocher ci et là les choses qu’on aime, les mettre en scène et passer à autre chose. On est forcés ici d’avoir une cohérence aussi bien graphique que scénaristique et historique. Ça n’a pas été forcément prise-de-tête mais la recherche de détails a été plus accrue, ce qui va m’aider pour les prochaines séries. Ca a demandé de la recherche dans les styles vestimentaires, je voulais par exemple que chaque personnage ait un armement qui est propre à chacun. Cette recherche approfondie est une chose que je ne savais pas faire, je sais dessiner un bateau mais pas une estafette chinoise du XVIIème siècle.
La mise en scène, elle, n’a pas changé. Les scènes de combats n’ont pas évolué depuis Stray Dog tome deux car j’ai toujours la même manière de voir les séquences d’affrontement. Pour les planches plus posées, c’est le même genre de découpage car j’estime que ce découpage doit être au service du scénario. Un passage un peu plus lent avec des émotions mises en avant bénéficiera de gros plans, pour les combats il s’agira de cases moins statiques… Je n’ai pas forcément fait autrement que d’habitude. Seuls les détails dans un seul domaine, le Japon médiéval du XVIIème siècle, ont changé par rapport à d’habitude.
Interview réalisée par Takato et Koiwai. Remerciements à VanRah et Izu ainsi qu’à Glénat pour avoir organisé la rencontre.