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Dvd Chronique animation - Digimon Aventure Tri - Film #1

Dimanche, 09 Octobre 2016 à 14h00 - Source :Chronique Animation

Annoncé l’été 2014, le projet Digimon Adventure tri. célébre les 15 ans de Digimon Adventure, ce que nous connaissons en France comme la première saison de la franchise animée. Après différents teasing et une arlésienne durable sur la date de diffusion de ce qui était planifié comme une série d’animation, le projet a finalement pris la forme d’une saga de six films qui seraient diffusés dans les salles obscures en simultanée à une sortie DVD et Blu-ray, sans compter la diffusion de chaque métrage sur internet sous forme d’épisodes classiques. Le 21 novembre 2015 sort le premier film, « Réunion », aussi proposé en quatre épisodes. A la réalisation, Keitaro Motonaga signe son premier projet Digimon même si nous avons déjà pu voir le réalisateur à l’œuvre sur Majestic Prince, School Days ou plus récemment le troisième film Persona 3. Au scénario, Yûko Kakihara est en charge des intrigues, scénariste déjà repéré sur Persona 4 : The Animation. Tous deux sont en tout cas familiarisés avec les séries scolaires à dimension fantastique, un binôme qui se montre particulièrement efficace sur cette première partie de Digimon Adventure tri.


Six ans après les événements de la première série, Taichi est désormais un lycéen de 17 ans. Si lui aimerait encore profiter d’un peu de bon temps avec toute l’équipe des enfants-élus, le début de l’âge adulte pousse chacun à emprunter une voix différente. Le passé de Taichi et les siens rattrape toutefois la bande quand des Digimon apparaissent aléatoirement au Japon pour y semer la terreur. Rapidement, ce sont les huit compagnons digitaux de la fine équipe qui font leur réapparition, signant le grand retour des enfants-élus… Mais quelle menace se cache derrière ces apparitions de Digimon ?


Une certaine appréhension peut exister avant de se lancer dans cette saga de six films. La première ère de Digimon comptant deux séries dont la seconde est nettement moins appréciée ainsi qu’une poignée de films, difficile de savoir ce qui serait pris en compte ou non. La réponse survient en fait assez vite et devient définitive à l’issue de ce premier métrage : toute l’épopée Digimon Adventure est incluse dans le canon officiel, ce qui nécessite alors un certain bagou pour le spectateur qui souhaiterait se lancer dans cette nouvelle aventure. Car loin d’être une série indépendante visant à faire découvrir Digimon aux plus jeunes, Digimon Adventure tri. est une série destinée à ceux qui ont découvert la série animée il y a plus de quinze ans et qui ont désormais grandi.

Pourtant, l’intrigue qui nous est présentée ici est assez banale et en soi, ce premier film de 1h20 est une bonne occasion pour retrouver la première équipe des enfants-élus dans de nouveaux combats. Le fait que les six films constitueront une seule grande histoire et non une succession d’arcs, comme peuvent le faire les séries Digimon en général, est une évidence et les événements qui nous sont présentés sonnent avant tout comme une mise en bouche qui nous prépare à la suite de l’œuvre. Car si les combats de Digimon se présentent rapidement, ils ne sont que l’amorce de l’intrigue et ne visent qu’à implanter un mystère épais dont les aboutissants ne seront donnés que bien ultérieurement. Ainsi, le ton est rapidement donné et l’intrigue n’en devient que plus passionnante. Cet intérêt, on le doit aussi à la manière dont la série évolue de manière cohérente et enrichit l’univers amorcé depuis la première série télévisée Digimon Adventure. C’est en ce sens que toutes les œuvres antérieures de Digimon, appartenant à cette ère, sont à inclure puisque le monde que nous découvrons, et ses nouvelles institutions liées au monde digital qui apporte une touche d’inédit à ces films découlent simplement des batailles livrées dans les titres précédents. Il demeure ainsi certains points d’interrogation par rapport à des points évoqués, mais souvent passés sous silence comme les autres enfants-élus que sont Daisuke, Miyako, Iori et Ken. On les sait toutefois présents, ne serait-ce par les digivice de Takeru et Kari qui sont de modèle D-3, ou tout simplement l’introduction qui nous présente l’un des plus gros mystères de l’intrigue, mystère peut-être lié à la non-présence des enfants-élus de deuxième génération… Oui, l’intrigue a matière à développer, et le scénario s’avère plus riche que de coutume, conformément au public ciblé par Digimon Adventure tri.


Et si la série se révèle mature, se destinant bien au public d’époque, c’est parce que le ton de la première série se retrouve aisément. Digimon Adventure, malgré son statut de série de monstres pour enfants, avait le mérite de ne pas prendre ses spectateurs pour des débiles, chose qu’a tenté de masquer la société Saban pour son adaptation occidentale déplorable, mais qui reste visible malgré tout. Des thèmes graves étaient abordés dans cette première œuvre et si besoin était, le scénario n’hésitait pas à tuer certains digimon alliés, ce bien que le concept de renaissance digitale évinçait toute idée de mort définitive. Dans ce premier film, cette ambiance plus sombre est de nouveau présente, cette fois principalement par les doutes de Taichi. Faisant écho à la première série, le développement de personnages est bel et bien présent et se concentre dans un premier temps sur les deux fidèles amis, dont la relation est teintée de rivalité, que sont Taichi et Yamato. Le point de vue intéressant qui est exploité est bien le rôle des enfants-élus… mais porté par un regard adulte. Ainsi, le chef d’équipe téméraire que fut Taichi hésite désormais à se lancer dans l’action, bien conscient des dégâts occasionnés par les batailles entre digimon et les pertes humaines qui pourraient en découler. Ce premier film n’hésite donc pas à remettre en question le rôle de ces enfants élus, de manière adulte tant il appuie les pensées du héros par différents plans et finalement peu de dialogues. Ce genre de démarche narrative tend ainsi à montrer Digimon Adventure tri. Comme une œuvre de monstres pour adultes, en espérant que la suite de cette série cinématographique développe différentes approches similaires.



Dans ce ciblage des adultes ayant connu Digimon durant leur enfance, on ne peut évoquer l’un des principaux arguments qui sont la pure réunion de la bande d’enfants-élus, réunion qui donne d’ailleurs son titre à ce premier film. Yûko Kakihara l’a bien compris dans son scénario, il fallait comprendre les personnages et retranscrire la dynamique entre eux, mais procurer de la nostalgie aux spectateurs, lui donner l’impression qu’il a grandi en même temps qu’une poignée de héros, mais que les choses n’ont pas forcément changée entre eux pour autant. Les retrouvailles avec Taichi, Yamato, Sora, Mimi, Izumi, Jô, Takeru et Hikari sonnent comme un véritable retour en enfance pour tout fan de la franchise tant le scénariste a compris l’écriture d’époque de ces personnages et propose ni plus ni moins des versions adultes d’eux cohérentes à souhait. Alors, la magie opère facilement par les interactions au sein de la joyeuse bande et, de la sorte, on se plonge avec un enthousiasme sans faille aux côtés des enfants élus pour ce nouveau combat… tout en sachant que cette dynamique entre eux est promise à être renouvelée dès le prochain film par le biais d’un nouveau personnage, Meiko, qui pourrait être au centre de l’intrigue.

Techniquement, on ressent un certain budget dans cette série de films. Certes, le fait que Toei Animation produise le projet est synonyme de quelques plans ratés quand les personnages sont en arrière-plan, mais pour le reste, l’esthétique globale est très fidèle à l’ambiance d’époque, tout en s’octroyant un petit gain de maturité grâce au character-design d’Atsuya Uki qui pouvait rendre sceptique sur certains artworks, mais qui, sur l’œuvre, contribue à apporter un vent de fraîcheur. Saluons aussi le grand dynamisme des combats, destructeurs au sens propre du terme qui, fan-service oblige, mettent toutes les créatures à contribution. Ce fan-service est néanmoins maîtrisé et légitime étant donné le passif de la saga et grâce à une animation de qualité et très dense par ses plans, les combats qui s’animent sous nos yeux sonnent comme de véritables plaisirs visuels.


La nostalgie s’empare aussi de nous sur le plan musical pour tous ceux qui auraient connu les génériques originels de Digimon Adventure chantés par Koji Wada et Ai Maeda puisque les deux artistes reprennent leurs génériques respectifs que sont Butterfly et I Wish, des réinterprétations plus modernes, mais conservant une certaine fraîcheur rendant les retrouvailles intactes. Ayumi Miyazaki signe aussi son retour en chantant une nouvelle version de Brave Heart, thème des digivolutions, très fidèle à l’originale. Mais désormais, c’est avec un certain chagrin que nous entendrons l’opening chanté par Koji Wada, l’artiste étant décédé d’un cancer au cours de ses derniers mois, Digimon Adventure tri. Sonnant ainsi comme le dernier hommage que nous pouvons lui rendre…

Soyons honnêtes : Digimon Adventure tri. n’en est qu’à ses débuts et a encore beaucoup à montrer, des personnages à faire évoluer et une intrigue à développer. Mais ces débuts, à travers ce premier film sur six, sont synonymes de retrouvailles intenses et nostalgiques avec la série aussi bien que les personnages, notamment parce que le ton est celui d’époque et le regard, plus adulte, correspond à l’immersion que nous souhaiterions avoir désormais, dans Digimon. L’aventure est relancée, c’est donc avec un immense enthousiasme que les fans peuvent se replonger aux côtés de Taichi et sa bande !

L'avis du chroniqueur
Takato

Dimanche, 09 Octobre 2016
17 20

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