Manga Chronique série manga - Afterschool Charisma
L’académie St Kleio est un établissement des plus particuliers qui créé et éduque des clones de personnages célèbres historiquement, de Napoléon Bonaparte à Adolf Hitler en passant par Freud. Mais au milieu se trouve Shiro Kamiya, adolescent pourtant ordinaire dont le père travaille pour St Kleio. Bien qu’il évolue au milieu de sa bande d’amis, certains condamnent la présence d’un individu qui n’a rien d’illustre.
Mais plus important encore, est-ce qu’un clone est voué à embrasser sa propre voie, ou doit-il forcément connaître le même destin que son original ? C’est ce qui est sous-entendu lorsque la copie de John Kennedy, alors en pleine campagne présidentielle, est assassinée…
Afterschool Charisma est l’œuvre de Kumiko Suekane, un manga qui travaillait autrefois dans le jeu vidéo et qui s’est fait connaître en dessinant le titre Blood+ A puis la présente série, bien qu’elle ait quelques autres projets au compteur. Afterschool Charisma démarre en 2009 au Japon dans le magazine de prépublication Gekkan Ikki, et s’achève en 2014 en même temps que la revue pour un total de douze volumes.
Avec un thème pareil, le titre se classe clairement entre le thriller et la science-fiction. En effet, c’est assez rapidement que la série s’oriente vers une intrigue à rebondissement, une guerre des clones durant laquelle la condition de ces copies, conformes ou non, est remise en question. En s’orientant vers les personnages historiques, l’auteure appuie sa question sur les bienfaits du clonage ainsi que sur la condition même d’un clone : celui-ci doit-il être considéré comme une simple copie ou comme un être humain qui a la main mise sur sa destinée ? Le développement de cette thématique est plutôt lent, il n’est pas palpable dès les premiers chapitres puisqu’il fait attendre que l’intrigue s’enflamme pour saisir les enjeux et la portée du récit et de ses thèmes.
Dès lors, le scénario proposé par Afterschool Charisma est des plus complexes et étant donné la parution parfois longuette à cause du rythme de publication japonais, il n’était pas évident de se remettre dans le bain à la sortie d’un nouvel opus. Kumiko Suekane sait très bien quelle direction prendre pour son récit, et ce dès les tous premiers volumes. Pour le lecteur, ce n’est pas forcément chose évidente, mais une lecture sans interruption conséquente de l’intégralité de la série rend le cheminement clair. La complexité de l’intrigue est essentiellement due aux nombreux rebondissements et personnages secondaires, dont un long flashback qui s’oriente vers eux, mais grâce à une construction finalement claire du récit, tout devient très fluide dès lors qu’on procède à une lecture suivie.
En douze tomes et étant donné la richesse du scénario, difficile de s’ennuyer. Chaque opus apporte son lot de chamboulements, de révélations, changeant même parfois les enjeux du tout au tout. D’une part, la série affirme sa dimension de thriller, presque psychologique, mais ne se privent pas d’intégrer des éléments de grand spectacle grâce à la montée en puissance de l’intrigue et une richesse des rebondissements qui viennent souvent nous surprendre là où on s’y attend le moins.
A côté de ça, Kumiko Suekane gratte une galerie de personnage extrêmement nombreuse, si bien qu’on les reconnaît surtout grâce au personnage historique qu’ils représentent. Certains se conforment à leur version originale, d’autres non, ce qui rend l’ensemble intéressant à suivre et les choix de chacun toujours passionnants puisqu’ils suivent une réflexion. Shiro, bien qu’il apparaisse différent de ses congénères au début de l’intrigue, n’est pas un grand héros voué à s’élever parmi les siens. En tant que personnage, sa mentalité n’est pas très marquante et ce dernier est parfois tellement éclipsé par d’autres figures importantes du récit qu’on a tendance à l’oublier un peu avant la moitié de la série. En revanche, c’est par ses choix et sa propre vision de St Kleio que Shiro devient une figure majeure du récit réellement appréciable. A côté de lui, certains de ses camarades sont très peu exploités alors qu’ils ont un réel cachet de par la sympathie qu’ils transmettent. On peut aussi regretter la mise de côté de quelques petites intrigues sentimentales qui auraient apporté une belle ampleur à la série, ce qui aurait aussi mis en avant la dimension des clones par le chemin amoureux qu’ils empruntent.
La série a donc tout pour être passionnante et suffisamment originale dans son approche pour qu’on s’y intéresse. Pourtant, le seul défaut de l’œuvre semble indépendant de la volonté de son auteure : la fin de l’histoire. La série s’étant arrêtée sur le dernier numéro du magazine de parution lui aussi stopper, on imagine rapidement les contraintes imposées à Kumiko Suekane. Au final, les derniers chapitres contribuent à faire monter l’intensité et dénouent les thématiques de l’œuvre, mais les derniers rebondissements sont trop accélérés et reposent sur de trop grandes facilités scénaristiques, sans compte que le manque de finalité par rapport au sort des personnages est évident. Pour autant, on voit très bien où la mangaka a voulu en venir et même si elle semble précipitée, la conclusion se suffit aisément à elle-même.
Le trait de l’auteure peut en rebuter certains, celle-ci misant sur de nombreux personnages dits « bishônen » et quelques aspects de fan-service qui deviennent finalement très discrets. Mais dans son trait, son style, sa mise en scène et sa manière de construire les visages, la dessinatrice fait ressortir la facette sombre de son récit. On ne le remarque pas d’emblée, mais après quelques volumes, l’atmosphère sombre d’Afterschool Charisma est visuellement palpable, le coup de crayon de l’auteure n’est donc pas en décalage avec le thème de l’œuvre.
Quant à l’édition, Ki-oon a livré une très bonne copie pour chacun des douze opus. Les épais volumes bénéficient d’un papier de qualité, d’une impression honorable, et surtout d’une traduction sans aucune fausse note, ce qui n’était pas forcément gagné étant donné l’intrigue complexe de la série. L’éditeur a fait un bel effort sur les couvertures qui bénéficient d’un vernis sélectif sur du papier couché mat, donnant un relief qui colle à la noirceur du titre.
En somme, Afterschool Charisma est à conseiller à ceux qui sont à la recherche d’un thriller efficace, d’un récit rythmé, intéressant et intelligent qui traite aussi bien son histoire que ses thématiques. Et si la conclusion peut sembler précipiter, bouder l’œuvre de Kumiko Suekane serait dommage, d’autant plus que la mangaka a su aller au bout de ses idées malgré les impératifs.
Mais plus important encore, est-ce qu’un clone est voué à embrasser sa propre voie, ou doit-il forcément connaître le même destin que son original ? C’est ce qui est sous-entendu lorsque la copie de John Kennedy, alors en pleine campagne présidentielle, est assassinée…
Afterschool Charisma est l’œuvre de Kumiko Suekane, un manga qui travaillait autrefois dans le jeu vidéo et qui s’est fait connaître en dessinant le titre Blood+ A puis la présente série, bien qu’elle ait quelques autres projets au compteur. Afterschool Charisma démarre en 2009 au Japon dans le magazine de prépublication Gekkan Ikki, et s’achève en 2014 en même temps que la revue pour un total de douze volumes.
Avec un thème pareil, le titre se classe clairement entre le thriller et la science-fiction. En effet, c’est assez rapidement que la série s’oriente vers une intrigue à rebondissement, une guerre des clones durant laquelle la condition de ces copies, conformes ou non, est remise en question. En s’orientant vers les personnages historiques, l’auteure appuie sa question sur les bienfaits du clonage ainsi que sur la condition même d’un clone : celui-ci doit-il être considéré comme une simple copie ou comme un être humain qui a la main mise sur sa destinée ? Le développement de cette thématique est plutôt lent, il n’est pas palpable dès les premiers chapitres puisqu’il fait attendre que l’intrigue s’enflamme pour saisir les enjeux et la portée du récit et de ses thèmes.
Dès lors, le scénario proposé par Afterschool Charisma est des plus complexes et étant donné la parution parfois longuette à cause du rythme de publication japonais, il n’était pas évident de se remettre dans le bain à la sortie d’un nouvel opus. Kumiko Suekane sait très bien quelle direction prendre pour son récit, et ce dès les tous premiers volumes. Pour le lecteur, ce n’est pas forcément chose évidente, mais une lecture sans interruption conséquente de l’intégralité de la série rend le cheminement clair. La complexité de l’intrigue est essentiellement due aux nombreux rebondissements et personnages secondaires, dont un long flashback qui s’oriente vers eux, mais grâce à une construction finalement claire du récit, tout devient très fluide dès lors qu’on procède à une lecture suivie.
En douze tomes et étant donné la richesse du scénario, difficile de s’ennuyer. Chaque opus apporte son lot de chamboulements, de révélations, changeant même parfois les enjeux du tout au tout. D’une part, la série affirme sa dimension de thriller, presque psychologique, mais ne se privent pas d’intégrer des éléments de grand spectacle grâce à la montée en puissance de l’intrigue et une richesse des rebondissements qui viennent souvent nous surprendre là où on s’y attend le moins.
A côté de ça, Kumiko Suekane gratte une galerie de personnage extrêmement nombreuse, si bien qu’on les reconnaît surtout grâce au personnage historique qu’ils représentent. Certains se conforment à leur version originale, d’autres non, ce qui rend l’ensemble intéressant à suivre et les choix de chacun toujours passionnants puisqu’ils suivent une réflexion. Shiro, bien qu’il apparaisse différent de ses congénères au début de l’intrigue, n’est pas un grand héros voué à s’élever parmi les siens. En tant que personnage, sa mentalité n’est pas très marquante et ce dernier est parfois tellement éclipsé par d’autres figures importantes du récit qu’on a tendance à l’oublier un peu avant la moitié de la série. En revanche, c’est par ses choix et sa propre vision de St Kleio que Shiro devient une figure majeure du récit réellement appréciable. A côté de lui, certains de ses camarades sont très peu exploités alors qu’ils ont un réel cachet de par la sympathie qu’ils transmettent. On peut aussi regretter la mise de côté de quelques petites intrigues sentimentales qui auraient apporté une belle ampleur à la série, ce qui aurait aussi mis en avant la dimension des clones par le chemin amoureux qu’ils empruntent.
La série a donc tout pour être passionnante et suffisamment originale dans son approche pour qu’on s’y intéresse. Pourtant, le seul défaut de l’œuvre semble indépendant de la volonté de son auteure : la fin de l’histoire. La série s’étant arrêtée sur le dernier numéro du magazine de parution lui aussi stopper, on imagine rapidement les contraintes imposées à Kumiko Suekane. Au final, les derniers chapitres contribuent à faire monter l’intensité et dénouent les thématiques de l’œuvre, mais les derniers rebondissements sont trop accélérés et reposent sur de trop grandes facilités scénaristiques, sans compte que le manque de finalité par rapport au sort des personnages est évident. Pour autant, on voit très bien où la mangaka a voulu en venir et même si elle semble précipitée, la conclusion se suffit aisément à elle-même.
Le trait de l’auteure peut en rebuter certains, celle-ci misant sur de nombreux personnages dits « bishônen » et quelques aspects de fan-service qui deviennent finalement très discrets. Mais dans son trait, son style, sa mise en scène et sa manière de construire les visages, la dessinatrice fait ressortir la facette sombre de son récit. On ne le remarque pas d’emblée, mais après quelques volumes, l’atmosphère sombre d’Afterschool Charisma est visuellement palpable, le coup de crayon de l’auteure n’est donc pas en décalage avec le thème de l’œuvre.
Quant à l’édition, Ki-oon a livré une très bonne copie pour chacun des douze opus. Les épais volumes bénéficient d’un papier de qualité, d’une impression honorable, et surtout d’une traduction sans aucune fausse note, ce qui n’était pas forcément gagné étant donné l’intrigue complexe de la série. L’éditeur a fait un bel effort sur les couvertures qui bénéficient d’un vernis sélectif sur du papier couché mat, donnant un relief qui colle à la noirceur du titre.
En somme, Afterschool Charisma est à conseiller à ceux qui sont à la recherche d’un thriller efficace, d’un récit rythmé, intéressant et intelligent qui traite aussi bien son histoire que ses thématiques. Et si la conclusion peut sembler précipiter, bouder l’œuvre de Kumiko Suekane serait dommage, d’autant plus que la mangaka a su aller au bout de ses idées malgré les impératifs.
De Yumemi [3764 Pts], le 13 Décembre 2015 à 15h03
Je viens justement de relire les T1-11 (en attendant le 12, il a du retard chez mon libraire), et bof bof, je dois dire que même s'il est juste de dire qu'un lecture ininterrompue est beaucoup plus profitable qu'un tome tous les X mois, je ne suis toujours pas convaincue. J'ai beaucoup de mal à développer de l'empathie pour les personnages, à tel point que peu importe l'issue du T12, je me contrefiche de qui sortira vainceur.
Lors du flashback géant des clones du fondateur, j'ai complètement perdu le fil et qui était qui. De plus, je m'attendais plus à une réflexion sur le clonage. J'ai beaucoup de mal à comprendre les motivations des élèves de StKleio (à part le fait de devenir une personne à part, pas seulement une copie). Au final, ce sont des adolescents quasi normaux qui cherchent leur voie. Peut-être que s'ils avaient quitté plus tôt l'Académie, l'intrigue aurait été plus passionante?
Un point du dossier avec lequel je ne suis pas d'accord est celui du subplot amoureux: pour moi ces mini intrigues gènent plus qu'autre chose.
En fait, je me rends compte que je m'attendais à plus de ce manga, et que tous les aspects comédie romantique au lycée (vie au lycée, uniformes, amourettes, etc.) trop charactéristiques de certains mangas japonais me lassent. J'avais choisi ce titre pour le côté SF/Thriller, pas parce que je voulais une énième histoire slice-of-life au lycée.
Pour moi ça reste un titre ambitieux, mais inachevé, et pas seulement parce que le magazine s'est arrêté.