Dvd Retour sur la conférence d'Akihiko Yamashita et Miho Shimogasa à Rétro Made in Asia
En septembre dernier à Namur, la première édition du festival Rétro Made in Asia accueillait deux jolis noms de l'animation japonaise : Akihiko Yamashita à qui l'on doit une grande partie de la conception de Giant Robo et le chara design du Château Ambulant, d'Arrietty et des Contes de Terremer, et Miho Shimogasa, chara designer de plusieurs animes principalement connue pour son rôle sur l'anime-fleuve Sailor Moon.
En plus des séances des dédicaces et de nos interviews que vous pourrez découvrir très bientôt, les deux artistes donnèrent ensemble une conférence, dont nous vous proposons aujourd'hui un petit compte-rendu.
Celle-ci fut notamment l'occasion pour Mr Yamashita de revenir sur plusieurs aspects de son travail sur Giant Robo et chez Ghibli, non sans nous présenter sur grand écran de précieuses archives souvent inédites, mais qu'il n'était malheureusement pas possible de prendre en photo, du fait qu'il s'agissait souvent de croquis refusés ou inutilisés.
Tout en présentant diverses illustrations de Giant Robo, Mr Yamashita insista sur l'importance qu'il y accorde sur la façon d'utiliser la lumière, de mettre dans la lumière les personnages ou les visages du robot, de façon à les mettre en valeur dans un léger contraste par rapport au reste de l'illustration. Egalement, il s'applique généralement à bien faire ressortir l'aspect très imposant et puissant du robot, notamment par l'utilisation de la contre-plongée.
Il aborda ensuite la façon dont il a dû concevoir les personnages pour les films du studio Ghibli dont il a été le character designer.
En s'appuyant sur des roughs et des dessins du Château Ambulant, il expliqua avoir d'abord reçu de brefs roughs directement de Hayao Miyazaki, lui présentant à peu près la dégaine de chacun des personnages. C'est sur cette base assez libre qu'il a dû travailler chacun des designs.
Tandis que les différents essais diffusés sur l'écran permettaient de cerner petit à petit l'évolution du design des personnages, Mr Yamashita s'attarda particulièrement sur Sophie âgée, en expliquant avoir eu beaucoup de difficultés à lui offrir son physique. Trop maigre, trop petite, pas assez marquée au niveau du visage et notamment du nez... l'artiste eut du mal à se rapprocher de la vision de Mr Miyazaki, jusqu'à ce que le physique final se dessine petit à petit, au fil des nombreux essais ratés.
Le même type de difficultés se posa pour la Sorcière des Landes, dont le caractère devait immédiatement transparaître à travers le physique.
Concernant Hauru, l'enjeu principal était de faire ressortir la beauté un peu androgyne du personnage ainsi que son côté un peu narcissique.
Au bout du compte, l'artiste affirma que c'est avant tout à force de discussions avec le réalisateur et de sketchs non retenus qu'il parvint au résultat final.
De son côté, Miho Shimogasa souligna l'importance dans son travail de bien suivre les directives du réalisateur pour la conception des personnages, tout en veillant à ne pas trahir le design du créateur original pour les animes adaptant des œuvres déjà existantes.
Par exemple, pour Kaitô Joker, l'un de ses derniers travaux en date (en cours de diffusion sur Crunchyroll, ndlr), il lui a fallu respecter le design assez simple et enfantin des personnages, tout en adoucissant un pue le trait du manga original.
Pour finir, voici quelques questions de l'animateur et du public posées pendant la conférence :
Mr Yamashita, pendant votre carrière vous avez eu la chance d'occuper divers postes : animateur, directeur de l'animation, character designer... Quelles sont les grandes différences entre ces postes ?
A. Yamashita : Le chara designer est celui qui fait les personnages, ça c'est assez facile à comprendre (rires).
Le directeur de l'animation doit principalement suivre les animateurs, veiller sur leur travail, vérifier que tout se passe bien. Il lui arrive de corriger, voire de redessiner.
Les animateurs sont généralement plusieurs et doivent faire chacun les dessins qui seront animés.
Je pense que parmi ces postes, le plus difficile est celui de directeur de l'animation, car il faut généralement superviser de nombreuses personnes. Si tous les animateurs étaient bons il n'y aurait aucun problème, mais certains ne sont pas terribles, alors il faut les reprendre, leur donner des conseils pour les aider à s'améliorer...
M. Shimogasa : Je confirme la difficulté du poste de directrice de l'animation !
Le character designer est en charge de la conception des personnages. Est-ce que ça veut dire qu'une fois les personnages approuvés par le réalisateur son travail est fini ?
A. Yamashita : Ca dépend. Il y a des character designers qui sont sur beaucoup de travaux à la fois, et qui se contentent alors de faire ce qu'on leur demande sans trop s'impliquer dans les différents projets faute de temps. Mais dans d'autres cas, le character designer occupe également d'autres fonctions sur l'anime, dont directeur de l'animation, où il peut donc superviser les animateurs.
Passer d'animateur à chara designer c'est une sorte de promotion ?
A. Yamashita : On peut dire ça. Une fois qu'un animateur est suffisamment doué, il peut être amener à passer directeur de l'animation ou character designer.
A quoi ressemble pour vous une journée type de travail ?
M. Shimogasa : Je me lève, je prends mon petit-déjeuner, je dessine, je prends mon déjeuner, je dessine, je prends mon dîner, je dessine, je vais me coucher (rires).
Comment arrive-t-on sur un projet comme Sailor Moon en tant que directrice de l'animation ?
M. Shimogasa : En fait, c'est une connaissance qui m'a dit qu'il y avait un projet avec des jeunes filles en tenues de guerrières/magical girls. Elle m'a proposé d'y participer, et ça s'est fait comme ça (rires).
Elle m'a aussi vaguement parlé d'un garçon avec un masque qui doit les aider tout en restant mystérieux... J'avoue qu'au tout début, quand elle m'a proposé ça, je n'ai rien compris et me suis demandé si ça valait le coup (rires).
A
Le poste de directrice de l'animation étant dense, comment supportiez-vous la pression sur Sailor Moon ?
M. Shimogasa : La pression était bien présente, c'est sûr. Mais l'équipe était bonne et était là pour aider.
Aussi, pour décompresser, il m'est arrivé d'aller au karaoke et de chanter pendant 6 heures d'affilée (rires).
Dans les films du studio Ghibli où généralement on reconnaît tout de suite les personnages typiques du studio, il y en a un qui se différencie : Ponyo, qui n'a pas le même type de visage et connaît une transformation en poisson... Comment a été travaillée cette transformation ?
A. Yamashita : Pour Ponyo, Hayao Miyazaki avait une vision très précise du personnage. Personnellement, je n'ai pas été très impliqué sur ce personnage-là. Mr Miyazaki savait exactement ce qu'il voulait.
Vous avez réalisé un court-métrage au sein du studio Ghibli, et diffusé exclusivement au Musée Ghibli au Japon. Pour ceux qui n'auront jamais la chance de le voir, pouvez-vous nous en parler un peu ?
A. Yamashita : Chūzumō (A Sumo Wrestler's Tail) est un court-métrage de 13 minutes tiré d'un conte japonais assez connu, qui raconte l'histoire d'une souris attirée par le sumo.
Ce qui est bien avec ce genre de petits projets chez Ghibli, c'est que ça permet d'explorer des histoires un peu décalées comme celle-ci, que l'on ne peut pas forcément faire en long-métrage.
Une question que sûrement beaucoup de monde se pose : comment ça se passe, le travail avec Hayao Miyazaki ?
A. Yamashita : Avec toutes les récompenses qui l'ont distingué et ses succès critiques et publics, on se dit qu'il doit être impressionnant, mais quand on le côtoie tous les jours on se rend compte que c'est juste un vieillard (rires).
Je veux dire par là que quand on est à côté de lui, on oublie le prestigieux artiste qu'il est, tout comme on oublie les difficultés du travail. Car quand il parle et donne ses directives, tout paraît très clair, limpide, y compris pour les idées un peu plus dures à exprimer.
Par exemple, sur le Voyage de Chihiro, j'ai travaillé sur une scène où Chihiro tombe dans le ciel avec Haku. Normalement les vêtements et les cheveux flottent, mais pas quand les deux personnages se tiennent ensemble: Mr Miyazaki nous a fait comprendre très facilement que cela représentait le fait que leurs deux cœurs se trouvent, se comprennent, et que leurs sentiments sont en totale communion. C'était aussi pour faire ressortir la douceur de l'instant.
Remerciements à l'équipe de Rétro Made in Asia, à l'interprète Fabrice Renault, à Mme Shimogasa et à Mr Yamashita.
En plus des séances des dédicaces et de nos interviews que vous pourrez découvrir très bientôt, les deux artistes donnèrent ensemble une conférence, dont nous vous proposons aujourd'hui un petit compte-rendu.
Celle-ci fut notamment l'occasion pour Mr Yamashita de revenir sur plusieurs aspects de son travail sur Giant Robo et chez Ghibli, non sans nous présenter sur grand écran de précieuses archives souvent inédites, mais qu'il n'était malheureusement pas possible de prendre en photo, du fait qu'il s'agissait souvent de croquis refusés ou inutilisés.
Tout en présentant diverses illustrations de Giant Robo, Mr Yamashita insista sur l'importance qu'il y accorde sur la façon d'utiliser la lumière, de mettre dans la lumière les personnages ou les visages du robot, de façon à les mettre en valeur dans un léger contraste par rapport au reste de l'illustration. Egalement, il s'applique généralement à bien faire ressortir l'aspect très imposant et puissant du robot, notamment par l'utilisation de la contre-plongée.
Il aborda ensuite la façon dont il a dû concevoir les personnages pour les films du studio Ghibli dont il a été le character designer.
En s'appuyant sur des roughs et des dessins du Château Ambulant, il expliqua avoir d'abord reçu de brefs roughs directement de Hayao Miyazaki, lui présentant à peu près la dégaine de chacun des personnages. C'est sur cette base assez libre qu'il a dû travailler chacun des designs.
Tandis que les différents essais diffusés sur l'écran permettaient de cerner petit à petit l'évolution du design des personnages, Mr Yamashita s'attarda particulièrement sur Sophie âgée, en expliquant avoir eu beaucoup de difficultés à lui offrir son physique. Trop maigre, trop petite, pas assez marquée au niveau du visage et notamment du nez... l'artiste eut du mal à se rapprocher de la vision de Mr Miyazaki, jusqu'à ce que le physique final se dessine petit à petit, au fil des nombreux essais ratés.
Le même type de difficultés se posa pour la Sorcière des Landes, dont le caractère devait immédiatement transparaître à travers le physique.
Concernant Hauru, l'enjeu principal était de faire ressortir la beauté un peu androgyne du personnage ainsi que son côté un peu narcissique.
Au bout du compte, l'artiste affirma que c'est avant tout à force de discussions avec le réalisateur et de sketchs non retenus qu'il parvint au résultat final.
De son côté, Miho Shimogasa souligna l'importance dans son travail de bien suivre les directives du réalisateur pour la conception des personnages, tout en veillant à ne pas trahir le design du créateur original pour les animes adaptant des œuvres déjà existantes.
Par exemple, pour Kaitô Joker, l'un de ses derniers travaux en date (en cours de diffusion sur Crunchyroll, ndlr), il lui a fallu respecter le design assez simple et enfantin des personnages, tout en adoucissant un pue le trait du manga original.
Pour finir, voici quelques questions de l'animateur et du public posées pendant la conférence :
Mr Yamashita, pendant votre carrière vous avez eu la chance d'occuper divers postes : animateur, directeur de l'animation, character designer... Quelles sont les grandes différences entre ces postes ?
A. Yamashita : Le chara designer est celui qui fait les personnages, ça c'est assez facile à comprendre (rires).
Le directeur de l'animation doit principalement suivre les animateurs, veiller sur leur travail, vérifier que tout se passe bien. Il lui arrive de corriger, voire de redessiner.
Les animateurs sont généralement plusieurs et doivent faire chacun les dessins qui seront animés.
Je pense que parmi ces postes, le plus difficile est celui de directeur de l'animation, car il faut généralement superviser de nombreuses personnes. Si tous les animateurs étaient bons il n'y aurait aucun problème, mais certains ne sont pas terribles, alors il faut les reprendre, leur donner des conseils pour les aider à s'améliorer...
M. Shimogasa : Je confirme la difficulté du poste de directrice de l'animation !
Le character designer est en charge de la conception des personnages. Est-ce que ça veut dire qu'une fois les personnages approuvés par le réalisateur son travail est fini ?
A. Yamashita : Ca dépend. Il y a des character designers qui sont sur beaucoup de travaux à la fois, et qui se contentent alors de faire ce qu'on leur demande sans trop s'impliquer dans les différents projets faute de temps. Mais dans d'autres cas, le character designer occupe également d'autres fonctions sur l'anime, dont directeur de l'animation, où il peut donc superviser les animateurs.
Passer d'animateur à chara designer c'est une sorte de promotion ?
A. Yamashita : On peut dire ça. Une fois qu'un animateur est suffisamment doué, il peut être amener à passer directeur de l'animation ou character designer.
A quoi ressemble pour vous une journée type de travail ?
M. Shimogasa : Je me lève, je prends mon petit-déjeuner, je dessine, je prends mon déjeuner, je dessine, je prends mon dîner, je dessine, je vais me coucher (rires).
Comment arrive-t-on sur un projet comme Sailor Moon en tant que directrice de l'animation ?
M. Shimogasa : En fait, c'est une connaissance qui m'a dit qu'il y avait un projet avec des jeunes filles en tenues de guerrières/magical girls. Elle m'a proposé d'y participer, et ça s'est fait comme ça (rires).
Elle m'a aussi vaguement parlé d'un garçon avec un masque qui doit les aider tout en restant mystérieux... J'avoue qu'au tout début, quand elle m'a proposé ça, je n'ai rien compris et me suis demandé si ça valait le coup (rires).
Le poste de directrice de l'animation étant dense, comment supportiez-vous la pression sur Sailor Moon ?
M. Shimogasa : La pression était bien présente, c'est sûr. Mais l'équipe était bonne et était là pour aider.
Aussi, pour décompresser, il m'est arrivé d'aller au karaoke et de chanter pendant 6 heures d'affilée (rires).
Dans les films du studio Ghibli où généralement on reconnaît tout de suite les personnages typiques du studio, il y en a un qui se différencie : Ponyo, qui n'a pas le même type de visage et connaît une transformation en poisson... Comment a été travaillée cette transformation ?
A. Yamashita : Pour Ponyo, Hayao Miyazaki avait une vision très précise du personnage. Personnellement, je n'ai pas été très impliqué sur ce personnage-là. Mr Miyazaki savait exactement ce qu'il voulait.
Vous avez réalisé un court-métrage au sein du studio Ghibli, et diffusé exclusivement au Musée Ghibli au Japon. Pour ceux qui n'auront jamais la chance de le voir, pouvez-vous nous en parler un peu ?
A. Yamashita : Chūzumō (A Sumo Wrestler's Tail) est un court-métrage de 13 minutes tiré d'un conte japonais assez connu, qui raconte l'histoire d'une souris attirée par le sumo.
Ce qui est bien avec ce genre de petits projets chez Ghibli, c'est que ça permet d'explorer des histoires un peu décalées comme celle-ci, que l'on ne peut pas forcément faire en long-métrage.
Une question que sûrement beaucoup de monde se pose : comment ça se passe, le travail avec Hayao Miyazaki ?
A. Yamashita : Avec toutes les récompenses qui l'ont distingué et ses succès critiques et publics, on se dit qu'il doit être impressionnant, mais quand on le côtoie tous les jours on se rend compte que c'est juste un vieillard (rires).
Je veux dire par là que quand on est à côté de lui, on oublie le prestigieux artiste qu'il est, tout comme on oublie les difficultés du travail. Car quand il parle et donne ses directives, tout paraît très clair, limpide, y compris pour les idées un peu plus dures à exprimer.
Par exemple, sur le Voyage de Chihiro, j'ai travaillé sur une scène où Chihiro tombe dans le ciel avec Haku. Normalement les vêtements et les cheveux flottent, mais pas quand les deux personnages se tiennent ensemble: Mr Miyazaki nous a fait comprendre très facilement que cela représentait le fait que leurs deux cœurs se trouvent, se comprennent, et que leurs sentiments sont en totale communion. C'était aussi pour faire ressortir la douceur de l'instant.
Remerciements à l'équipe de Rétro Made in Asia, à l'interprète Fabrice Renault, à Mme Shimogasa et à Mr Yamashita.
De lilianneterre [1651 Pts], le 17 Décembre 2014 à 20h22
N'y a-t-il pas une vidéo de l'interview ?
Lire un tel pavé...doit rebuter plus d'un !!
De Luna5 [765 Pts], le 17 Décembre 2014 à 19h31
Je trouve quand même dommage que l'on ai pas demandé à A. Yamashita comment il a vécu la fermeture du studio d'animation Ghibli.
Et
Pourquoi M. Shimogasa ne s'est pas porté volotontaire pour faire Sailor Moon Crystal ^^
Mais bon voila c'est déjà bien comme petit interview