Manga Interview de Youn Kyung Kim
Après quelques années d'absence, Youn Kyung Kim était de retour en France cette année, à l'occasion de Paris Manga. Ce fut l'occasion pour nous d'aller à la rencontre de cette pétillante artiste, pour revenir sur ses deux séries-phares : Yureka et Ping.
Quand, dans des interviews, on vous demande de décrire votre parcours, vous dites souvent être arrivée dans le manhwa par hasard ou par chance. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Youn Kyung Kim : Au départ, dessiner n'était qu'un loisir pour moi. J'aimais simplement prendre un crayon et faire des dessins, et n'envisageais pas d'en faire mon métier. Par la suite, ce sont des éditeurs qui m'ont repérée. Ils étaient intéressés par des personnes dessinant pour le plaisir, y voyaient du potentiel. Ce n'est pas moi qui suis allée vers les éditeurs, mais les éditeurs qui sont venus vers moi, c'est pour ça que je dis souvent que je suis arrivée dans le milieu du manhwa par hasard ou par chance.
Pensez-vous avoir des influences en particulier, des oeuvres qui vous ont marquée ?
Je pense pouvoir dire que je suis imprégnée par les dessins japonais. Je suis beaucoup d'auteurs japonais, j'aime leur style, et cela influe sans doute sur ma propre façon de dessiner.
Le fait que Yureka se passe dans le monde du jeu vidéo vous a-t-il poussée à vous documenter sur ce domaine ?
Pour être franche, personnellement je ne suis pas du tout branchée jeux vidéo. De ce côté-là, je laisse faire le scénariste et l'éditeur.
En Corée, Yureka se poursuit toujours, et cela fait déjà quelques années que vous dites être dans le dernier arc de la série. Savez-vous jusqu'où la série va aller ?
La série sera normalement terminée dans moins d'un an.
Et comment en êtes-vous venue à travailler sur Ping ?
Je voulais travailler avec un autre éditeur. J'avais des connaissances chez l'éditeur Daewon, qui m'a proposé de travailler sur cette histoire.
On sait que vous avez travaillé sur Ping tout en continuant Yureka. Qu'est-ce que cette période a changé dans votre façon de travailler ?
C'était très difficile de travailler sur les deux séries en parallèle, d'autant que j'ai eu des problèmes avec le staff et que mon père est décédé pendant que je dessinais Ping.
Je pense qu'à l'époque, je n'étais pas encore prête pour travailler sur deux séries en même temps. Quand on m'a proposé de dessiner Ping, je me suis jetée dessus parce que ça me faisait envie, sans vraiment réfléchir aux conséquences et au fait que ça doublerait mon rythme de travail.
En ce qui concerne ma façon de travailler, j'ai cherché des solutions pour ne pas être débordée. Ainsi, alors que je travaillais à la main, j'ai commencé à travailler par ordinateur pour Ping parce que ça allait plus vite. J'ai triché un petit peu, non ? (rires)
Que ce soit pour Yureka ou Ping, vous n'avez travaillé qu'en tant que dessinatrice. Aimeriez-vous, un jour, vous essayer à l'écriture de scénario ?
Après Ping j'ai dessiné une autre série. En ce qui concerne un scénario, j'y pense, j'ai un projet, mais je préfère attendre de finir Yureka.
Et sur Ping, avez-vous quand même proposé des éléments de scénario ?
La communication avec le scénariste de Ping n'était pas très bonne.
Quand on travaille avec un scénariste, il me paraît indispensable d'avoir des réunions pour parler de la série, pour débattre de certaines idées, pour en apporter de nouvelles. Dans le cas présent, nous n'avons pas pu faire beaucoup de réunions, donc j'ai préféré ne pas me mêler du scénario.
La situation est-elle différente sur Yureka ?
Il y a eu une période pendant laquelle ce fut encore plus difficile sur Yureka, parce que le scénariste s'est marié, puis sa femme a eu un bébé (rires). Du coup la communication a été très difficile pendant ce laps de temps, il était très pris par son enfant. Par la suite, le fait qu'il soit devenu père de famille a eu de gros points positifs.
Sur Ping, n'était-il pas difficile de s’approprier des personnages dont vous ne contrôliez pas la destinée?
Ce n'était vraiment pas facile. Un manhwa, ce n'est pas comme un roman où quelqu'un dirige tout. Ici, il y a les deux auteurs et l'éditeur, et il faut que l'auteur du scénario et l'auteur du dessin s'entendent bien sur ce qu'ils veulent faire. Sur Ping, j'aurais aimé proposé des idées sur la destinée des personnages, mais je n'ai pas eu l'impression de pouvoir m'exprimer pleinement sur ce point.
Et aviez-vous une totale liberté sur le design des personnages ?
Oui, il n'y a pas eu de problème de ce côté-là. Ils m'ont dit de faire ce que je voulais.
Pour chacune des deux séries, est-il arrivé que votre éditeur vous pose des limites ?
En dehors des petites difficultés rencontrées avec les scénaristes, il n'y a pas eu de problème avec les éditeurs.
Vous disiez tout à l'heure être passée du papier à l'ordinateur pour dessiner Ping. Quels outils ont été utilisés ?
Pour le travail sur ordinateur, j'utilise Photoshop et Painter.
En ce qui concerne le dessin sur papier, un crayon Zebra me convient parfaitement.
Quelles sont les étapes de création d'une planche ?
D'abord, un assistant m'aide au niveau des fonds, puis après un autre assistant y fait des retouches grâce à Photoshop. Ensuite, je dessine au dessus du fond puis retouche de nouveau l'ensemble.
A votre avis, quelles sont les principales différences entre manhwa et manga ?
J'ai déjà pu travailler sur des mangas, et je dirais que si la base technique est la même, la mentalité est différente dans la façon de travailler.
Ca fait maintenant plusieurs années que vous travaillez dans le milieu du manhwa, plus de dix ans que vous dessinez Yureka. Quel regard pouvez-vous porter sur votre parcours et sur votre propre évolution ?
Je ne vois pas vraiment de progrès. Il y a des choses sur lesquelles j'aimerais pouvoir revenir, notamment sur Ping, une série que je ne pensais pas finir aussi rapidement.
En suite, comme j'ai commencé avec Yureka et que je suis toujours dessus, je considère cette série comme mon oeuvre-phare, cependant en jetant un oeil en arrière je trouve que j'aurais pu faire plus, que Yureka ne représente pas encore tout ce que je suis capable de faire. Je n'ai pas de regrets, mais je pense que j'aurai parfois pu faire mieux.
De ce fait, comme vous disiez que Yureka va sûrement se terminer dans moins d'un an, cela va marquer un tournant important pour vous...
Ce sera un gros tournant, mais pour l'instant je préfère ne pas trop y penser : il faut d'abord finir la série. Des éditeurs me demandent si j'ai déjà d'autres projets pour faire suite à la fin de Yureka. Comme déjà dit j'ai des idées, et je souhaite ensuite travailler sur une histoire qui me fasse vraiment envie.
Depuis le temps que je travaille sur Yureka, je me rends également compte que mon dessin et ma façon de travailler deviennent très mécaniques, et je n'aime pas ça. C'est pour ça que je me suis jetée sur Ping : pour avoir une nouvelle énergie et de nouvelles références. La fin de Yureka me laissera sûrement un vide, mais me permettra aussi de prendre un nouveau départ, vers de nouvelles choses qui me stimuleront de nouveau.
Cela fait plusieurs fois que vous venez en France.
C'est un pays que j'adore ! Plus précisément, j'adore le peuple français. A Séoul le temps passe très vite, et je me souviens que quand je suis venue en France pour la première fois, j'ai trouvé le rythme beaucoup plus lent, tellement lent ! Même pour manger il faut attendre, alors que les Coréens n'aiment pas attendre et sont très impatients. Moi-même j'étais comme ça au tout début, je trouvais que tout était trop lent en France, puis après quelques jours je me suis demandé pourquoi je souhaitais vivre plus rapidement ? J'ai trouvé ça stupide. C'est pour ça que maintenant, quand je viens en France, j'apprécie beaucoup le rythme plus tranquille qu'en Corée. Prenons plus le temps de bien apprécier les choses !
Remerciements à l'auteure, à Booken Manga, à la KOCCA et aux organisateurs de Paris Manga.
Quand, dans des interviews, on vous demande de décrire votre parcours, vous dites souvent être arrivée dans le manhwa par hasard ou par chance. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Youn Kyung Kim : Au départ, dessiner n'était qu'un loisir pour moi. J'aimais simplement prendre un crayon et faire des dessins, et n'envisageais pas d'en faire mon métier. Par la suite, ce sont des éditeurs qui m'ont repérée. Ils étaient intéressés par des personnes dessinant pour le plaisir, y voyaient du potentiel. Ce n'est pas moi qui suis allée vers les éditeurs, mais les éditeurs qui sont venus vers moi, c'est pour ça que je dis souvent que je suis arrivée dans le milieu du manhwa par hasard ou par chance.
Pensez-vous avoir des influences en particulier, des oeuvres qui vous ont marquée ?
Je pense pouvoir dire que je suis imprégnée par les dessins japonais. Je suis beaucoup d'auteurs japonais, j'aime leur style, et cela influe sans doute sur ma propre façon de dessiner.
Le fait que Yureka se passe dans le monde du jeu vidéo vous a-t-il poussée à vous documenter sur ce domaine ?
Pour être franche, personnellement je ne suis pas du tout branchée jeux vidéo. De ce côté-là, je laisse faire le scénariste et l'éditeur.
En Corée, Yureka se poursuit toujours, et cela fait déjà quelques années que vous dites être dans le dernier arc de la série. Savez-vous jusqu'où la série va aller ?
La série sera normalement terminée dans moins d'un an.
Et comment en êtes-vous venue à travailler sur Ping ?
Je voulais travailler avec un autre éditeur. J'avais des connaissances chez l'éditeur Daewon, qui m'a proposé de travailler sur cette histoire.
On sait que vous avez travaillé sur Ping tout en continuant Yureka. Qu'est-ce que cette période a changé dans votre façon de travailler ?
C'était très difficile de travailler sur les deux séries en parallèle, d'autant que j'ai eu des problèmes avec le staff et que mon père est décédé pendant que je dessinais Ping.
Je pense qu'à l'époque, je n'étais pas encore prête pour travailler sur deux séries en même temps. Quand on m'a proposé de dessiner Ping, je me suis jetée dessus parce que ça me faisait envie, sans vraiment réfléchir aux conséquences et au fait que ça doublerait mon rythme de travail.
En ce qui concerne ma façon de travailler, j'ai cherché des solutions pour ne pas être débordée. Ainsi, alors que je travaillais à la main, j'ai commencé à travailler par ordinateur pour Ping parce que ça allait plus vite. J'ai triché un petit peu, non ? (rires)
Que ce soit pour Yureka ou Ping, vous n'avez travaillé qu'en tant que dessinatrice. Aimeriez-vous, un jour, vous essayer à l'écriture de scénario ?
Après Ping j'ai dessiné une autre série. En ce qui concerne un scénario, j'y pense, j'ai un projet, mais je préfère attendre de finir Yureka.
Et sur Ping, avez-vous quand même proposé des éléments de scénario ?
La communication avec le scénariste de Ping n'était pas très bonne.
Quand on travaille avec un scénariste, il me paraît indispensable d'avoir des réunions pour parler de la série, pour débattre de certaines idées, pour en apporter de nouvelles. Dans le cas présent, nous n'avons pas pu faire beaucoup de réunions, donc j'ai préféré ne pas me mêler du scénario.
La situation est-elle différente sur Yureka ?
Il y a eu une période pendant laquelle ce fut encore plus difficile sur Yureka, parce que le scénariste s'est marié, puis sa femme a eu un bébé (rires). Du coup la communication a été très difficile pendant ce laps de temps, il était très pris par son enfant. Par la suite, le fait qu'il soit devenu père de famille a eu de gros points positifs.
Sur Ping, n'était-il pas difficile de s’approprier des personnages dont vous ne contrôliez pas la destinée?
Ce n'était vraiment pas facile. Un manhwa, ce n'est pas comme un roman où quelqu'un dirige tout. Ici, il y a les deux auteurs et l'éditeur, et il faut que l'auteur du scénario et l'auteur du dessin s'entendent bien sur ce qu'ils veulent faire. Sur Ping, j'aurais aimé proposé des idées sur la destinée des personnages, mais je n'ai pas eu l'impression de pouvoir m'exprimer pleinement sur ce point.
Et aviez-vous une totale liberté sur le design des personnages ?
Oui, il n'y a pas eu de problème de ce côté-là. Ils m'ont dit de faire ce que je voulais.
Pour chacune des deux séries, est-il arrivé que votre éditeur vous pose des limites ?
En dehors des petites difficultés rencontrées avec les scénaristes, il n'y a pas eu de problème avec les éditeurs.
Vous disiez tout à l'heure être passée du papier à l'ordinateur pour dessiner Ping. Quels outils ont été utilisés ?
Pour le travail sur ordinateur, j'utilise Photoshop et Painter.
En ce qui concerne le dessin sur papier, un crayon Zebra me convient parfaitement.
Quelles sont les étapes de création d'une planche ?
D'abord, un assistant m'aide au niveau des fonds, puis après un autre assistant y fait des retouches grâce à Photoshop. Ensuite, je dessine au dessus du fond puis retouche de nouveau l'ensemble.
A votre avis, quelles sont les principales différences entre manhwa et manga ?
J'ai déjà pu travailler sur des mangas, et je dirais que si la base technique est la même, la mentalité est différente dans la façon de travailler.
Ca fait maintenant plusieurs années que vous travaillez dans le milieu du manhwa, plus de dix ans que vous dessinez Yureka. Quel regard pouvez-vous porter sur votre parcours et sur votre propre évolution ?
Je ne vois pas vraiment de progrès. Il y a des choses sur lesquelles j'aimerais pouvoir revenir, notamment sur Ping, une série que je ne pensais pas finir aussi rapidement.
En suite, comme j'ai commencé avec Yureka et que je suis toujours dessus, je considère cette série comme mon oeuvre-phare, cependant en jetant un oeil en arrière je trouve que j'aurais pu faire plus, que Yureka ne représente pas encore tout ce que je suis capable de faire. Je n'ai pas de regrets, mais je pense que j'aurai parfois pu faire mieux.
De ce fait, comme vous disiez que Yureka va sûrement se terminer dans moins d'un an, cela va marquer un tournant important pour vous...
Ce sera un gros tournant, mais pour l'instant je préfère ne pas trop y penser : il faut d'abord finir la série. Des éditeurs me demandent si j'ai déjà d'autres projets pour faire suite à la fin de Yureka. Comme déjà dit j'ai des idées, et je souhaite ensuite travailler sur une histoire qui me fasse vraiment envie.
Depuis le temps que je travaille sur Yureka, je me rends également compte que mon dessin et ma façon de travailler deviennent très mécaniques, et je n'aime pas ça. C'est pour ça que je me suis jetée sur Ping : pour avoir une nouvelle énergie et de nouvelles références. La fin de Yureka me laissera sûrement un vide, mais me permettra aussi de prendre un nouveau départ, vers de nouvelles choses qui me stimuleront de nouveau.
Cela fait plusieurs fois que vous venez en France.
C'est un pays que j'adore ! Plus précisément, j'adore le peuple français. A Séoul le temps passe très vite, et je me souviens que quand je suis venue en France pour la première fois, j'ai trouvé le rythme beaucoup plus lent, tellement lent ! Même pour manger il faut attendre, alors que les Coréens n'aiment pas attendre et sont très impatients. Moi-même j'étais comme ça au tout début, je trouvais que tout était trop lent en France, puis après quelques jours je me suis demandé pourquoi je souhaitais vivre plus rapidement ? J'ai trouvé ça stupide. C'est pour ça que maintenant, quand je viens en France, j'apprécie beaucoup le rythme plus tranquille qu'en Corée. Prenons plus le temps de bien apprécier les choses !
Remerciements à l'auteure, à Booken Manga, à la KOCCA et aux organisateurs de Paris Manga.
De AngelMercury [1747 Pts], le 03 Décembre 2012 à 10h00
Je ne connais pas les deux séries mais cette interview me donne envie de m'y intéresser.
De yzoka, le 02 Décembre 2012 à 17h15
merci pour l'interview.
J'espère qu'un jour yureka reprendra en france en évitent de prendre encore une fois le meme staff de tokebi ou samji.
rené faisait du tres bon travail mais les personnes mal honnete avec qui il travait chez tokebi aurait pu lui donné la puce à l'oreil sur le caractère de ces personnes en les prenant dans se qui fut ca boite (samji)
De Squalex [3831 Pts], le 28 Novembre 2012 à 01h23
J'espère vraiment revoir cette excellente série qu'est Yureka chez nous!
Pour ce qui est de Ping c'est vrai que développer plus la série aurait été le bienvenue, faut dire qu'elle avait un certain potentiel!
Merci pour cette interview en tout cas!
De hitomit [2265 Pts], le 27 Novembre 2012 à 23h03
J'ai acheté Ping surtout pour son design (les couv sont très jolies : et surtout les filles ^^) car l'histoire est assez classique.
Si Yureka est rééditer un jour en France par un éditeur qui arrive à tenir le coup, je m'y attarderai volontier !!
De rocketwarrior [2127 Pts], le 27 Novembre 2012 à 22h56
C vrai, même si c en accéléré, elle est hyper rapide et le dessin est vachement balèze, j'suis bluffé O_o ! comme ça cash d'entrée elle te fait ça super bien proportionné et tout et tout sans coup de gomme, rien ! tout ça me fait penser qu'il faut que je me prenne les Ping. merci pour l'interview ^^
De yaku [1340 Pts], le 27 Novembre 2012 à 22h13
Je note la fin prochaine de Yureka ^^ Manque plus que la reprise en France (KWARI?)
Après, c'est pas sa faute si les éditeurs successifs de la série ont coulé, donc il me parait difficile de lui en avoir parlé...
De Flow [390 Pts], le 27 Novembre 2012 à 21h15
Je suis impressionnée par la vitesse d'exécution du dessin, même si ça ne m'étonne pas d'un coté vue l'expérience de l'auteure.
De ShiroiRyu [635 Pts], le 27 Novembre 2012 à 20h34
On aurait pu espérer une petite réclamation pour le retour de Yureka chez nous ! :)
Mais content de voir qu'elle va bien. ^^