Dvd Chronique - Rosario + Vampire Intégrale Gold

Voici la chronique de Takato consacrée à l'intégrale Gold de l'anime Rosario + Vampire, édité en France chez Black Box.
 

 
 
C’est début 2008 que sort sur les petits écrans japonais Rosario + Vampire, court anime de 13 épisodes directement adapté du shônen éponyme d’Akihisa Ikeda, publié chez nous aux éditions Tonkam. La série a eu droit à une sortie complète chez nous, dans ses deux saisons, grâce à l’éditeur Black Box. Après un premier packaging simpliste ne contenant qu’une VOSFR, le début de la série nous revient par le biais de la collection Gold, avec un coffret digne de ce nom et un doublage français !

Rosario + Vampire, c’est l’histoire de Tsukune Aono, adolescent très médiocre qui s’est vu refusé le droit d’entrée au lycée qu’il convoitait. Par chance, son père trouve un prospectus et l’inscrit au lycée Yokai. En s’y rendant, Tsukune fait une agréable rencontre, celle de Moka Akishiya qui lui avoue être un vampire… Et forcément, car le lycée Yokai n’éduque que les monstres, dans le but de leur transmettre l’art de la cohabitation pacifique avec la race humaine ! Pour Tsukune, un cruel dilemme se présente alors : celui de rester au lycée Yokai, au risque de le payer de sa vie, mais ainsi profiter de la charmante compagnie qu’il se créera, dont la belle Moka… Mais c’est sans compter que celle-ci, lorsqu’on lui retire le rosaire qu’elle porte autour du coup, réveille sa seconde personnalité, celle d’un vampire effroyable, à l’opposé de la douce personne qu’est la jeune fille à l’ordinaire !

L'anime propose ainsi de suivre le quotidien de l'humain qu'est Tsukune au pays des monstres, les amis que ce dernier se fera, mais aussi les ennemis... A l'instar du manga, l'intrigue joue énormément sur les évènements quotidien du cadre scolaire, comme les clubs du lycée, les voyages éducatifs... Le tout est mêlé à une dose non modérée de comédie romantique, intégrant la série dans la lignée directe des séries "harem" comme ont pu l'être Love Hina ou Ichigo 100%. La recette est d'ailleurs la même : Un héros totalement neutre, à travers lequel chacun pourra s'identifier, des héroïnes aux caractères et aux design radicalement différents... Rien qui ne saurait trop bouleverser les standards du genre. Mais la série trouve sa propre voix grâce à l'univers fantastique dépeint. Celui-ci agit surtout pour apporter un contexte très particulier et justifier la présence d'ennemis et de micro-combats, mais tout n'est pas bien géré... Car chaque épisode suit le même schéma : Une situation de base, une rencontre, un ennemi qui se dévoile, Tsukune en danger, Moka qui vient lui porter secours... et rebelote.

A la base, le manga d’Akihisa Ikeda est une comédie romantique, cadrée dans un monde fantastique, sur fond de quelques bastons. Tout le long de la série, l’auteur a cherché à créer son propre style en alternant les genres et les références, de manière pas toujours maîtrisée mais qui prouvait la bonne volonté du mangaka de se démarquer. Dans cette adaptation animée, la recette est très simple : Prenez les personnages et intrigues des premiers chapitres du manga, gardez tout l’aspect comédie romantique, ajoutez une bonne dose de culottes, poitrines et sous-entendus malsains, et jetez tout développement scénaristique intéressant et prise de risques de l’auteur aux oubliettes. Vous obtenez alors cette première saison de Rosario + Vampire. En effet, ces 13 épisodes adaptent quelques scénarios des débuts de la série, notamment ceux qui introduisent les personnages principaux, et se conclut par le palpitant arc du Comité de sécurité. Seulement, tout est retouché de manière à donner la série la plus ecchi possible. Les scénaristes rajoutent des culottes là où rien n’apparaissaient sur le support papier, des sous-entendus inédits et bien souvent très malsains là où ce genre d’ingrédients coquins restaient de l’ordre du comique dans le manga… et les affrontements sont encore plus bâclés que sur la version papier. Les fans crieront d’ailleurs au scandale sur les deux derniers arcs de la série, celui de la Colline aux sorcières, extrêmement raccourci, et celui du Comité de sécurité dont le final est totalement changé pour se révéler classique, sans surprise et incohérent, alors que cette partie de l’intrigue apportait dans le manga tout le chamboulement qui mènera la série au rang de vrai shônen de baston. Aussi, on notera la présence de chansons interprétées par les différentes héroïnes, afin de faire passer Rosario + Vampire pour une comédie musicale…

En terme d’adaptation, Rosario + Vampire est donc un fiasco servant à ravir les plus coquins des spectateurs tant tout le fond intéressant de la série est gommé, même si celui-ci n’apparaît que durant certains passages correspondants à la fin de l’anime. Pourtant, on ne note pas que des défauts, et la série possède ses qualités : le chara-design est réussi et d’autant plus agréable lors des multiples scènes coquines, et les personnages restent toujours aussi attachant. Le fragment du manga adapté ici ne permet pas vraiment de les faire évoluer (sauf sur les tous derniers épisodes, et encore), mais la personnalité bien trempée de chacun des protagonistes amplifie l’humour et rend cette brochette de personnages plutôt attachants. Visuellement, les couleurs flashy et tape-à-l’œil ont de quoi séduire, même si l’animation assez faible du studio Gonzo ne lui rend pas justice lors des rares scènes de grande action. La bande originale arrive à nous séduire et instaurer une ambiance, allant du comique à l’épique en passant par le dramatique, une excellente musique que l’on doit au talentueux Kohei Tanaka dont le talent n’est plus à prouver depuis One Piece ou G Gundam.
Concernant les génériques, on remarque que si l’opening reflète toute l’ambiance survoltée et délirante de la série, l’ending se montre plus intéressant en se focalisant sur la Moka « sombre » et le côté action de la série.

La nouvelle édition Gold de Black Box est une réussite ! La visuel est très joli, de même des artworks utilisés pour les rabats du digipack, et la présence d’un petit livret fait de ce coffret un très bel objet, même s’il peut paraître bien épais pour seulement 3 DVD. Malgré une absence de bonus, on ne peut que féliciter l’éditeur d’avoir obtenu un doublage vraiment réussi. Là où dans ce genre d’anime, les voix des protagonistes féminins peuvent s’avérer criardes en raison du jeune âge des personnages et donc agaçant, les comédiennes sélectionnées arrivent à rendre leurs rôles bien plus supportables, et par conséquent attachants ! Les jeux d’acteurs sont aussi très bon, cohérents avec l’ambiance de la série. Il est presque sans fautes, même si on regrette un manque de diversité des voix de personnages secondaires…

Rosario + Vampire pourra donc plaire à certains, ceux qui aiment les anime courts, légers et frivoles, ou alors les fans du manga très bon public qui n’attendaient rien de particulier de cette adaptation animée. Les plus grands fans de l’œuvre d’Ikeda, eux, crieront probablement au scandale étant donné la rupture totale de l’ambiance du manga et la sur- abondance de petites culottes. Cette première saison est donc à prendre pour ce qu’elle est, un divertissement faisant la belle part à la légèreté et à la coquinerie, mais qui s’avère un véritable gâchis quand on voit les efforts qu’Akihisa Ikeda a fait pour approfondir son œuvre, et le manga palpitant que celui-ci est devenu depuis la fin de la saison 1 du format papier… Gageons que l’anime se poursuit (et se conclut) à travers une deuxième saison, disponible aussi chez Black Box et en édition Gold depuis peu !