Jeux Video Test retro- Sonic 3D Flikies Island

Un nouveau jeu Sonic est passé au crible aujourd'hui: Sonic 3D Flikies Island, sorti sur Megadrive il y a 15 ans.


 
 
En 1996 en France nous parvient un drôle de phénomène. La mascotte de Sega décide de se mettre à la 3D... Enfin, pas de la vraie 3D, une cartouche de jeu Megadrive étant bien incapable de contenir une telle prouesse graphique. C'est de la 3D isométrique que le studio de Traveller's Tales a utilisé. Pour rappel, la 3D isométrique, c'est une perspective particulière, une « vue du dessus ». Que retire-t-on de cette tentative d'instauration de nouveautés en matière graphique et de gameplay ? Autant le dire tout de suite, Sonic 3D a été une franche déception, malgré de bonnes idées et une volonté d'évolution louable.

Après avoir été défait par Sonic, Tails et Knuckles sur Angel Island, le Dr Robotnik s'en prend à un nouveau havre de paix : Flickies Island. Les Flickies, ce sont de petits oiseaux colorés qui, grâce au pouvoir des anneaux de dimension, peuvent voyager entre différents lieux de l'île. Ce pouvoir intéresse évidemment le savant fou pour récupérer les émeraudes du chaos. Robotnik transforme les frêles zozios en des sbires robotisés. Sonic se lance donc à l'aventure pour sauver les Flickies et défaire son éternel rival Robotnik. Du classique, pour le hérisson écolo.

Evidemment, la 3D isométrique change le gameplay du tout au tout. Le rapport à la vitesse est modifié, et ce Sonic mise incontestablement moins sur cet aspect que les précédents épisodes. Cependant, le changement de perspective donne lieu à de nombreux soucis dans la maniabilité. Déplacer Sonic relève d'une patience absolue. Car l'inertie du hérisson bleu a de quoi surprendre. Le manque de précision est flagrant, parce qu'on a l'impression de diriger un galet sur une patinoire ! De plus, le repérage dans l'espace lors des sauts est chaotique (sans jeu de mots), ce qui fait tache dans un jeu de plate-forme, et les phases en spin dash sont difficilement gérables et dans tous les cas pas du tout agréables. Tous ces problèmes sont dus à l'utilisation de la 3D isométrique, qui n'est clairement pas adaptée à un jeu de plate-forme/exploration. Quand bien même bon nombre de jeux du même genre ont utilisé ce format plus tard, ils se sont tous plantés niveau jouabilité. La 3D isométrique, c'est le format adapté pour le Tactical RPG ou le RTS, pas pour la plate-forme, ou alors pour les développeurs les plus doués qui savent maintenir un semblant de précision dans les déplacements.

Le gameplay est soumis à un autre grand changement : plus question de traverser simplement les niveaux en récoltant des anneaux, que ce soit en vitesse ou en s'adonnant à l'exploration. Il faut délivrer les Flickies de leur carapace robotique et les amener à des anneaux. Il existe plusieurs types de Flickies à capturer, dont certains le sont plus facilement que d'autres. Pour pouvoir changer de zone et donc évoluer dans les niveaux, vous devez obligatoirement mener à ces anneaux un nombre défini de Flickies. Une fois libérés des robots, les Flickies vous suivent à la trace. Dès lors que Sonic ou eux-mêmes sont touchés, les oiseaux ne suivent plus le hérisson et il faut les récupérer dans un temps imparti. Les bougres s'enfuient vite, mais le problème n'est pas là. Le problème se situe bien dans le fait que la maniabilité peu inspirée ne facilite pas la récupération des Flickies qui s'échappent après un contact inopiné avec un ennemi. Au bout d'un laps de temps, ils ne restent pas dans l'ère de jeu et retournent dans le robot d'origine... et il faut donc revenir sur ses pas, sachant qu'il est très difficile de se repérer dans les niveaux. La challenge de Sonic 3D est donc peu motivant puisque la maniabilité gâche tout. Et ne comptez pas sur un éventuel menu de sauvegarde ou à des codes donnés en fin de niveau. Il faut se farcir le jeu en un après-midi, sinon recommencer, comme au temps des premiers Sonic.

Seul Sonic est jouable. Tails et Knuckles font des apparitions en clins d'oeil. Vous devez les rechercher dans chaque niveau. Contre 50 anneaux, le renard ou l'échidné vous transportent dans un monde parallèle où vous pouvez récupérer des émeraudes du chaos, sur le modèle d'un mini-jeu proche de celui présent dans Sonic 2. Le challenge est faible, le plus difficile sera en fait de trouver les deux héros.

Côté graphismes, les modélisations sont soignées, idem pour la cinématique d'ouverture. Mais les décors sont peu variés. 7 mondes sont disponibles (monde tropical, monde de feu, monde de glace, monde industriel...), tous décomposés en 3 actes (dont l'un est réservé à un combat contre Robotnik). Les textures sont assez vomitives, comprenez que certains joueurs seront pris d'une sensation de nausée (comme dans certains jeux en vue subjective) face à une 3D isométrique et ses textures vulgaires.


Graphismes : La 3D isométrique est une innovation louable mais qui gâche en fait tout le plaisir de jeu.

Durée de vie : Pour ceux qui auront la patience de terminer le jeu, on ne peut pas dire qu'on soit servis de ce côté-là non plus. Comptez 3 heures au maximum (1 heure pour s'habituer au gameplay et pour faire quelques essais auxquelles s'ajoutent 2 heures à explorer chaque recoin).

Bande-son : C'est un comble après les superbes compositions des épisodes précédents : les musiques sont quelconques et les bruitages rudimentaires (insupportables piaillements des Flickies).

Jouabilité : L'inertie du hérisson bleu ne convainc clairement pas. Le jeu n'est pas destiné au jeune public, qui aura du mal avec les déplacements, ni aux plus vieux, dont la patience a des limites face aux imprécisions techniques nées de la mauvaise exploitation de la 3D isométrique. D'ailleurs, heureusement que les développeurs n'ont pas eu l'idée d'introduire Super Sonic, on se demande comment on aurait pu gérer ça.

Scénario : La nouvelle aventure est bien introduite par la cinématique du début mais l'histoire n'est en réalité pas exploitée au cours du jeu.

La 3D isométrique n'amène à ce Sonic que des inconvénients (maniabilité à oublier, gameplay inintéressant, décors peu réussis). Il manque clairement d'une identité globale, tant graphique que sonore, l'intérêt n'étant donc que purement nostalgique. Cet épisode s'apparente davantage à une commande de Sega à Traveller's Tales pour montrer ce que la Megadrive avait dans le ventre en fin de vie (juste avant l'arrivée de la Saturn) qu'à un bon jeu.