Subaru, danse vers les étoiles! - Actualité manga

Subaru, danse vers les étoiles! : Critiques

Dance! Subaru

Critique de la série manga

Publiée le Mercredi, 04 Janvier 2012


Généralement, quand les petites filles décident de faire de la danse, on les habille d’un joli tutu rose, on les met face à un miroir et on leur apprend à suivre un mouvement aussi gracile que la courbure du cou d’un cygne. Mais Subaru ne danse pas comme ça. Pour elle, ce n’est pas un loisir mais plus un moyen d’expression. Tous les soirs, elle se rend à l’hôpital pour aller voir son frère atteint d’une tumeur au cerveau et tous les soirs, elle danse pour lui. Par quelques sauts, une combativité exemplaire, une endurance remarquable et beaucoup d’improvisation, Subaru lui raconte le monde hors de sa chambre, lui montre ce qu’elle voit tous les jours, à lui qui ne peut que regarder sans mot dire. Elle vit pour deux et partage avec son frère ce dont il est à présent privé. Mais Subaru reste une petite fille et une telle charge n’est pas évidente. Il lui suffira d’un moment de faiblesse pour lui faire perdre cette volonté qui l’anime, et toute sa vie elle portera la souffrance et la culpabilité des derniers instants passés avec Kazuma. Grandissant dans l’indifférence et la solitude, ce n’est que plus tard que Subaru pourra de nouveau se lancer dans la danse, dans laquelle elle trouvera un véritable moyen d’expression, un réconfort et une torture mais surtout quelque chose qui lui devient aussi vital que de respirer. C’est à partir de cet instant que Subaru se jette à corps perdu dans la danse, découvrant les obstacles, les réussites comme les échecs, les déceptions et l’épanouissement.

Tant de choses peuvent être dites sur ce manga que si l’on en retient une, ce sera bien évidemment la progression de Subaru, qui parfois prend des allures de périple où elle devra constamment se surpasser. De plus, afin que l’on prenne conscience de la portée de certaines scènes et du génie de la jeune femme -qu’on a l’habitude de trouver remarquable-, on est accompagnés tout le long de la série par les personnages secondaires qui nous commentent sa danse, son cheminement. Subaru passera par de nombreuses mains, de nombreux endroits, mais son caractère ne nous aurait jamais permis de ressentir autant les choses. Car le visuel très fort et très expressif de la jeune femme est une chose, mais la technique et l’évaluation d’un art en est une autre, et les deux sont nécessaires à la grande réussite de ce manga. Les émotions sont ainsi projetées brutalement sur le lecteur, qui ne peut que recueillir ce que Masahito Soda veut bien lui donner : joie, larmes, tout est guidé par le récit habile du mangaka qui nous emmène peut à peu le long des obstacles et vers un épanouissement complet, lors duquel Subaru va apprendre à se remettre en question plus d’une fois. Chaque étape est un cap, une découverte, une révélation mais à aucun moment cela ne parvient à lasser. D’ailleurs, le fait de se dépasser dans le domaine de la danse n’est pas aussi restrictif : Subaru est une marginale qui ne parvient à communiquer que par sa passion, qui est aussi son fardeau. Aussi, les sentiments sont d’autant plus forts que la danse l’est, et dans ce cas on pardonne bien facilement les quelques exagérations qu’on peut apercevoir, sans pour autant s’en offusquer.

Enfin, et bien sûr, les graphismes donnent toute la profondeur au manga. Le trait s’améliore de volume en volume, mais le style reste haché, brouillon, parfois disgracieux mais toujours merveilleusement expressif et singulier. Seul ce manga parvient à nous émouvoir devant tant de défauts de proportions, reproches qu’on ne peut même pas faire tant l’esthétique est bel et bien là. On trouve la grâce de la thématique dans chaque coup de crayon, qui semble anarchique mais trouve sa place dans un tout au visuel très réussi. Le cadrage est excellent, les vues en pleine page permettent d’exploser le talent de Subaru et de son créateur, faisant parfois passer quelque chose de très fort sur quelques pages sans la moindre parole. L’imperfection du trait rend vivants les protagonistes de l’œuvre de l’auteur. A chaque page, on entend la musique, on sent ses pieds bouger, bref on participe au manga, et c’est seulement l’alliance du scénario et des dessins qui permet cette belle alchimie. Un manga sur l’art soutenu par un dessin très caractériel, voilà qui plaira automatiquement aux amateurs de belles aventures, et même ceux qui ne s’intéressent pas à la danse peuvent trouver satisfaction dans ce formidable récit de vie d’une fille qui, au final, cherche à être normale en pouvant s’exprimer comme les autres, d’une manière juste moins conventionnelle. Bref, une lecture remarquable qu’il faut absolument avoir tentée. Delcourt permet alors de retenir l’attention sur son catalogue, apparemment plein de bonnes surprises.


NiDNiM


Note de la rédaction
Note des lecteurs
19.5/20

Evolution des notes des volumes selon les chroniques:

20.00,19.00,19.00,20.00,19.00,17.00,18.00,18.00,19.00,19.00,18.00

Les critiques des volumes de la série